de David Monterrat
Cet hiver, j’ai soif de pêche, fortement d’ailleurs ! Pour ne rien arranger, un ami me chauffe comme jamais !
Nous avions entrepris d’essayer un coup de fusil sur une gravière à spécimen, malheureusement, la mentalité qui y règne finit par nous dissuader sans même y avoir trempé les lignes.
Du coup, je décide de me faire quelques petites pêches rapides de maximum 24 heures sur quelques lieux que je connais déjà.
Malgré la capture de quelques beaux sujets, ça ne pousse pas vraiment ma motivation à son maximum.
Je ne me plains pas, mais il manque quelque chose, de l’inconnu, de l’excitation, bref… des sensations !
J’aime énormément me fixer des objectifs ou des petits défis personnels, et j’avais placé dans un coin de ma tête l’idée d’essayer un jour, de capturer le maximum de carpe sur une rivière de ma région.
En somme, l’objectif est de réussir à comprendre la pêche, les déplacements de poisson, etc.
Ensuite, si j’arrive à comprendre tout cela et que mes résultats sont réguliers, j’essayerais de toucher mon Graal, un gros poisson de la rivière.
Un poisson inconnu, miroir ou commune de 25 kilos ou plus, en gros une carpe fantôme en imaginant qu’elle existe…
Printemps 2021…
Ma motivation est à son comble, la rivière est découpée par plusieurs barrages, c’est beau, très encombré et surtout calme à souhait.
Je me fixe une limite d’une vingtaine de kilomètres de rivière à pêcher. De quoi m’offrir déjà un sacré terrain de jeu !!!
Je débuterais comme bien souvent en pêchant au spot avec très peu d’appâts bien étalés autour de chaque montage.
Mes premières pêches me donnent de la confiance. En essayant de pêcher le plus possible de postes différents, je prends quelques poissons.
Le cheptel semble pyramidal comme je l’imaginais, avec beaucoup de petites communes. L’eau est encore froide et mes résultats sont assez maigres, mais réguliers, ce qui permet de garder une certaine motivation.
Pour l’instant, les quelques poissons qui sortent du lot sont des communes d’environ 14 kilos.
On n’est clairement pas à « bœuf land » et ça rajoute les piments que je cherchais !
Les pêches se suivent et se ressemblent, je prends beaucoup de plaisir à chaque fois, découvrant un nouveau poste, capturant quelques carpes sympas et même une petite koï !
Cependant, pas la moindre trace d’une géante, mais je garde espoir, il doit bien en avoir une qui hante les lieux…
Nous sommes déjà au mois de mai, et cela fait déjà plusieurs mois que je pêche cette rivière presque exclusivement.
Une semaine de vacances se profile début mai, le choix de la destination sera bien sûr, toute vu ! Un ami pêche justement, l’occasion de se rejoindre pour un 48 heures, nous prendrons quelques petites communes comme d’habitude.
Je coupe ma semaine en deux en rentrant bricoler un peu à la maison. Je me remotive et repars pour un 72 heures avant de reprendre le travail.
Après avoir checké Géoportail, je choisis de m’installer sur un nouveau secteur qui me semble propice. On charge le matos et c’est parti !
La pluie battante de ces derniers jours annonce une petite montée des eaux, espérons que ça fera bouger un peu plus les poissons.
Ma première nuit se soldera par deux communes. Je décide donc de retenter une deuxième nuit qui se soldera elle par un capot.
Je décide donc de changer de spot pour les dernières 24 heures. Le beau temps et l’ouverture du carnassier ne me facilitent pas la tâche.
Il y a du monde absolument partout et il me faudra naviguer longtemps avant de trouver un secteur vide et qui me parle un minimum…
Combat de titan !
Une fois installé, je répète pour la énième fois mes habitudes, sonder l’ensemble de la zone devant moi, définir 3 ou 4 spots qui accueilleront mes montages.
Au bout de deux heures toutes mes lignes pêche, je m’allonge pour profiter un peu du beau temps.
Assez rapidement un départ me fait bondir, je capture un belle miroir d’une dizaine de kilos avec quelques belles écailles. De quoi rebooster un peu la confiance.
La fin de l’après-midi sera calme. À la tombée de la nuit, après un repas copieux, un RX met fin à mon attente et donne le départ d’un combat dont je me rappellerais longtemps.
À la prise de contact, c’est lourd… Je saute dans le bateau, le poisson prend la direction d’un gros arbre mort sur la berge opposée, exactement comme la petite miroir d’avant, sauf que, cette fois, j’ai un mal fou à la détourner. Pas le choix, je lui mets une pression de malade qui finit par la faire monter en surface.
À quelques mètres entre moi et cet immense arbre, le poisson crève la surface. Oh putain, elle est grosse et c’est une commune !
Elle se retourne et replonge dans un énorme remous en prenant la direction du chenal.
Mon cœur tape à 200 pulsations minutes ! Je me fais balader par une commune géante au milieu de la rivière face à un coucher de soleil éblouissant, moi qui cherchais des sensations, c’est extraordinaire !
Je prie pour qu’elle ne se tanke pas dans un des obstacles omniprésents sur la rivière.
Elle ne lâche rien, les rushs sont tellement puissants, impossible de la faire monter, un véritable bras de fer est en train de se jouer.
Si je ne l’avais pas vue au début, je mettrais ma main au feu qu’il s’agit d’un silure…
Les minutes passent et j’ai vraiment peur de la perdre.
Au bout d’un moment le poisson monte une première fois avant de replonger, puis une deuxième. Elle semble commencer à montrer des signes de faiblesse. Elle finit par rentrer péniblement dans l’épuisette.
La pression retombe instantanément, la joie me submerge, l’instant est irréel.
Une fois la carpe posée dans le tapis, je suis surexcité, je commence à réaliser ce qu’il vient de se passer.
J’ai comme beaucoup d’amateurs de pêche en rivière, souvent rêvé de carpe géante fantôme.
Mais cette fois, elle est là, devant moi ! Une magnifique commune de 26,200 kilos bicolores, parfaitement proportionnée avec une bouche énorme !
Gravé à jamais…
Il me sera impossible de dormir cette nuit-là et pour couronner le tout, quelques petites communes viendront me rendre visite.
La séance photo du lendemain matin est incroyable, la joie est plus que palpable, et d’ailleurs merci à mon pote avec qui j’ai pu partager ce moment et qui se sera tapé presque une heure de route pour pouvoir immortaliser le moment.
À l’heure où je termine cet article, presque deux ans après ce moment incroyable, je suis toujours aussi émerveillé.
Même si on a eu la chance de capturer de très gros ou beaux poissons depuis sur d’autres lieux, il s’agit tout simplement du poisson de ma vie.
Celui qui à ce jour m’aura fait passer par le plus d’émotion…
Couplé à tout un contexte autour de cette capture, le lieu, l’attente, le rêve, parfois la déception, ce combat titanesque, ce poisson incroyable complètement inconnu (du moins pour nous), je souhaite vraiment à tout le monde de pouvoir vivre un jour un moment aussi intense.