Le Sommaire | Carp Lsd Article
Depuis les années 2000, je n’étais pas revenu sur cette destination. À l’époque, prendre une carpe de 20kg était quelque chose de phénoménal !
La majorité des prises étaient des carpes communes, je pense qu’il n’y avait que très peu de miroir, ce qui, des années après n’était plus la norme…
L’après covid, je me devais d’y revenir ! Mon objectif après celui de faire une plus grosse commune que celle d’il y a 20 ans, était de toucher une belle miroir du lac.
Mais pour ce faire, il allait falloir affronter ce géant à nouveau, qui, il faut le dire, peut te mettre la tête à l’envers !
Je parle bien sûr du lac du Salagou, EL DIABLO, ce lac de sang qui en a mis plus d’un à l’amende !
Il arrive toujours une péripétie bizarre dans ce grand lac. Je n’ai jamais compris pourquoi en fait, jusqu’à cette session de 15 jours d’un automne ventilé à l’extrême. Suivez-moi dans cette aventure pour le moins rocambolesque, ou plutôt rocan’diablesque !!! Rentrez au cœur d’une session au démarrage plutôt maléfique qui se transforme en session diabolique et extrême !
Les années 2000
Il y a de ça à peu près 20 ans, je capturais avec mon pote un beau poisson, c’était effectivement pour l’époque un très beau fish.
Je me devais pour ce retour, près de 20 ans sans fouler les berges de ce géant, affronter à nouveau ce lieu mystérieux et pourquoi pas, faire mieux que cette session des années 2000 !
La main du diable
Un départ endiablé ! Et un et deux et trois Diablooo !
Ou plutôt, les miches dans l’eau !
Tout commence par une mise à l’eau à peu près normale. Le vent souffle fort sur le lac, une fois le boat chargé au taquet, je pars garer ma voiture à 300 bons mètres.
Au retour, je distingue un petit raccourci de 5 mètres de large pour atteindre mon chargement. Équipé bien sûr de mes waders (sinon l’histoire n’aurai pas eu de sens…), je fonce tête baissée pour traverser sans me méfier de ce « petit passage » qui ne paye pas de mine.
Ni une ni deux, je glisse sans faire gaffe, trou oblige, je tombe dans la mini fosse, du moins dans les quelques mètres d’eau qui me font suffisamment paniquer.
J’ai tout de même un petit peu d’expérience à gérer ces situations, mais en réalité, j’ai un bon coup de stress.
L’adrénaline monte d’un coup, je tente de m’agripper tant bien que mal au bord, mais en vain.
L’eau rentre un peu dans les waders, je commence à ne pas être serein, ma main droite attrape la seule « branche » qui me tend la main.
J’arrive tant bien que mal à m’extirper de cette mascarade, je sais qu’à une branche prête, El Diablo aurait pu me faire la misère. Sinon à part ça, tout baigneeeee !
Moralité de l’histoire : Le Salagou reste fidèle à sa légende ! Un changement express, puis me voici sur le boat prêt à naviguer et prêt à en découdre avec ce lac.
Percer le mystère d’El Diablo
Me voici parti à l’aventure pour 15 jours sur la terre rouge riche en fer, peut-être ce nom El Diablo au pays de « l’enfer » n’est pas si anodin que ça au vu de ce départ folklorique.
A peine arrivée sur le poste, un carpiste m’explique qu’il a déjà auparavant pris 2 fois la foudre sur la tronche, avec de bonnes séquelles, je suis scotché ! Rien de bon pour motiver mon âme de passionné là…
En effet, il m’explique que le lac est en fait très riche en fer et est placé sur une zone qui favorise ces éclairs diaboliques.
Cette terre friable rouge du Salagou appelé aussi « la ruffe » est une terre démoniaque en réalité !
Je sais déjà que cette session sera inoubliable sachant que je n’ai toujours pas posé un plomb dans l’eau. Alors, est-ce le début du cauchemar ou du rêve absolu ?
L’installation
Une fois le biwy posé, je décide d’aller sonder ma zone puis d’amorcer un secteur. Je verrai ensuite ce que je dois faire.
Le vent est violent, je m’informe sur ce qu’il prévoit les prochains jours, la météo est plus que propice à une belle pêche car j’aurai un vent dominant intense dans ma direction.
Je profite de placer mes marqueurs dans différentes hauteurs d’eau, au maximum dans 15m pour commencer.
Je décide de préparer une grande zone avec un amorçage très large, puis je place mes 4 cannes.
Le lendemain, je retire mes cannes pour voir comment se comportent mes appâts par rapport aux écrevisses et autres nuisibles.
La session devenue culte à mes yeux ne faisait que débuter et pour continuer sur la lancée, je retire ma canne de gauche coincée dans un obstacle. Je tire une fois, deux fois dessus, je pète ma canne !
Waouh incroyable, je suis dégoûté… Heureusement, comme un tennisman qui change sa raquette, je procède à sa remplaçante.
J’appelle mon collègue Herve pour lui faire part d’une future réparation de canne ; bref, j’essaye d’oublier cet épisode et je me concentre sur ma pêche, quelque chose de top devrait se passer, car « plan galère » rime avec « cerise sur le gâteau ! »
Amorçage lourd versus Amorçage light ?
Dans ce grand lac de plusieurs centaines d’hectares, directement en arrivant, j’ai parsemé de la graine et de la bille en 24mm en amorçage. Environ 20kg en tout, sur à peu près 100m de largeur dans toutes les profondeurs.
Puis, au bout du troisième jour, toujours pas une touche, de quoi se poser plein de questions ! Le vent accélère son rythme, les vagues ne s’arrêtent jamais sur ma zone, tout est réuni pour cartonner.
N’ai-je pas trop amorcé ?
Cette fameuse question qui turlupine chacun de nous lors de nos parties de pêche me revient sans cesse !
En fait, ce quatrième jour fut capital, tout rentrait dans l’ordre, mais comment ?
Étonnement ce fut sur une canne posée hors amorçage avec une simple poignée de tiger qui changea ma pêche. Je ne savais pas à cet instant que j’allais vivre 10 jours de folie !
10 jours démoniaques !
Le départ est fulgurant, le combat est titanesque, le bateau et le pêcheur se font malmener, le bruit de ce vent incessant raisonne en moi, depuis tous ces jours, je sais qu’à la prise de contact, on est sur du lourd !
Je tire sur la canne comme un buffle, le vent m’emmène à l’opposé, je gère avec le moteur tant bien que mal.
J’arrive enfin à la faire monter des abysses, il y a au moins 18 mètres où je suis.
C’est juste extraordinaire ce qu’il se passe, je la vois monter une première fois, je vois que c’est un beau fish écaillé, bien dodu.
Finalement, grâce à une mise à l’épuisette en règle à la cuillère, je la glisse enfin en sécurité. Waouh, je suis comblé !
En effet, je viens de faire un super poisson du Salag, probablement la plus massive carpe que je prendrais dans cette session et le reste de la session me donnera raison.
Une carpe démoniaque
Il est 14h environ, mon pote JC et son acolyte passe manger un bout sur le poste. Mais entre deux croques, subitement ça se met à dérouler grave !
Nous nous en souviendrons longtemps ! Cette touche-là en live, on la regarde comme des gosses, on reste bouche bée, presque sans réaction, on ne s’y attendait pas !
Ce départ de fou furieux, ni une ni deux, on s’équipe, on file sur l’eau, la tête déjà dans les nuages, on arrive dessus, le vent nous pousse, il est violent !
Bref, on gère la crise tant bien que mal, le combat est rude. La belle se dirige dans les abysses, on arrive à contrer les rushs, ça monteeeeee JC !
Allez hop dans le filet. Nos regards se croisent, on vient de partager un instant magistral, on le sait.
Arrivé à quai, on valide tout ça, la big miroir repartira dans les ténèbres après quelques clichés fantastiques !
Le vent du diable a encore frappé !
Voilà plusieurs jours que le vent tape fort, jamais d’accalmie. C’est usant moralement, habituellement, il y a un cycle naturel des vents, ce qui permet de temps en temps d’avoir un peu de calme, et pour mieux reposer ses montages, cela facilite vraiment le job.
Et du coup, avec ce vent incessant, qu’en est-il des résultats ?
En fait, la légende des vents forts face à soi est-elle une légende urbaine ou est-ce une vérité ?
La chance que j’aie eue est de passer 15 jours sur le même spot et du coup, j’ai évidemment pu tirer quelques conclusions.
Tout d’abord, malgré tout, je tenais à dire qu’une vérité d’un jour ne signifie pas tout le temps vérité toujours.
Pour cette session, je dirais que oui à 95% c’est cette force des vents dans la même direction, cette puissance du diable qui a fait pencher la balance du côté obscure de la force, j’en suis convaincu, les poissons suivaient les vents.
Je me rappelle cette nuit, à minuit précis, mon détecteur se met à hurler, départ démoniaque !
Le vent est terrifiant, le diable dans toute sa splendeur, impossible de mettre le bateau à l’eau.
Je suis bouche bée devant cette canne qui déroule, je ne peux rien faire.
Je suis spectateur de ce qu’il se passe, je crois que c’est une première !
C’est tout simplement démoniaque, il n’y a que ce type de lac pour te rendre dingo à ce point ! Ce ne sera que le lendemain matin que j’irai épuiser la belle !
Au cours de cette session, j’ai eu l’honneur de capturer de belles pièces d’une vieille génération de carpes du lac, une typologie si particulière, cela me faisait un instant repenser au passé !
Mes essentiels pour aborder ce lac
-Être équipé d’un bateau de minimum 3m + rames avec bon moteur et suffisamment de batteries
-Kit réparation bateau
-Gilet de sauvetage
-Balise/ bouée (fluo) pour signaler présence ou installer en sécurité un sac à carpe
-Bon biwy solide avec de grandes sardines
-Double attaches 2 points différents pour l’amarrage du bateau
-Rod pod relativement lourd ou rajouter des poids pour le maintenir
-Gros plomb de pêche de minimum 170g, voire plus de 200g
-Lumière de présence biwy pour revenir sur le poste la nuit et signaler notre présence
-GPS
-Echosondeur de qualité
-Marqueurs visibles
Au rythme endiablé de cette déesse
Une poignée de tiger et le diable se transforme en ange !
Amorçage au spot : une arme redoutable, en effet grâce à cette technique, j’enchaînais les touches régulières sur cette zone propice aux passages des poissons.
J’ai eu la chance dans ce laps de temps d’identifier plusieurs zones de passage de poissons, du fait des sauts du matin notamment et de fait, je replaçais judicieusement à heure précise les cannes de façon à les intercepter.
Une poignée de tiger et bingo. J’avais essayé un amorçage à long terme puisque j’avais du temps et ça n’a pas forcément payé.
Pour finir
Après une arrivée en trombe sur ce lac que j’ai réussi à dompter après quelques jours seulement, j’ai pu trouver la pêche et être très régulier sur une dizaine de jours.
J’ai capturé une belle miroir, une belle coco ainsi qu’une vingtaine d’autres fishs, objectif atteint !
Quoi de plus, si ce n’est de revenir un jour pour, peut-être, réaliser un de mes rêves ultimes, prendre une 30kg +.
Mon âme de passionné est toujours intacte malgré toutes ces péripéties. Je suis passé par toutes les émotions.
Ce lac endiablé, fidèle à lui-même, m’aura donné du fil à retordre et même plus, il sera définitivement pour moi le lac le plus paranormal que j’aurai arpenté.
