Nous sommes à la mi-mars, je n’ai pas encore posé les lignes et l’envie ainsi que le besoin s’en fait ressentir.
Je surveille la météo et me décide, ce sera le samedi 26 mars la première de l’année.
Le temps est plutôt au beau pour la saison, avec des températures au-dessus de la norme.
Le choix de la destination et du poste est déjà acté dans ma tête, ce sera une baie avec environ 1,60 à 2 mètres de profondeur, dans un lac de plaine.
J’amorce ma zone de pêche modérément tous les soirs de la semaine jusqu’au jeudi soir, le vendredi je laisse le poste au repos. Le vendredi après-midi est pris par les préparatifs et par le chargement de la voiture.
Samedi, c’est parti !
Le réveil sonne de bonne heure, je saute dans les habits, j’avale un café en vitesse, toilettage de la bête rapidos et hop, en route pour l’aventure !
Il est de bonne heure avant le lever du jour quand j’arrive sur mon poste après une marche de plusieurs centaines de mètres avec la chariote du diable.
Première étape, basculer toutes les affaires derrière les barbelés. Parfois, nos pêches demandent un investissement physique assez dur !
Je prépare mes piques et lance mes 4 cannes sur les spots qui étaient réfléchis par avance.
La première à gauche sera devant un arbre mort, la seconde pêchera devant une roselière en bordure dans à peine 1m d’eau, la troisième est posée devant un autre arbre mort devant moi, et la dernière canne sera au milieu de la baie au plus profond dans environ 2m de profondeur.
Les dés sont jetés, maintenant il n’y a plus qu’à attendre. Je sais que les poissons sont déjà rentrés dans la baie, j’en ai vu les jours précédents lors de mes amorçages.
Les heures passent doucement et ma confiance est au beau fixe. Je passe mon temps entre la relecture d’un bouquin sur les récits d’un pêcheur, et amusement avec une de mes deux fidèles fifilles malinoises, aujourd’hui ce sera Olly.
Au mauvais moment…
J’ai le temps de manger tranquillement, j’ai aussi le temps de mettre le level en mode couchette et me taper un petit roupillon.
Après un vif échange par sms avec mon ami et binôme de pêche, il m’annonce qu’il va passer en début de soirée me voir.
Il est maintenant aux alentours de 17h, le temps commence à se faire long et la confiance se perd peu à peu.
Mon ami est arrivé, on discute quelques minutes avant d’aller repérer un poste un peu plus loin à une trentaine de mètres de là.
La centrale autour du cou, on marche, on repère le fameux poste où la nature a repris ses droits.
Et bien entendu, vous connaissez tous la suite, c’est toujours pareil ! La centrale sonne, je cours, je suis en excès d’excitation, je perds une chaussure en cavalant comme un dératé, tant pis !
J’arrive sur la canne, je la saisis et commence un combat le souffle au taquet. Il faudrait bien que je me remette à la course un de ces jours !
C’est la canne devant la roselière qui est partie. Le match ne dure pas tellement longtemps à cause de la faible profondeur, mais je devine un poisson puissant.
On met à l’épuisette une belle commune bien orangée avec une queue énorme. Après une rafale de photo, il est temps d’embrasser la belle et la remettre dans son élément.
La confiance m’est revenue, il reste une bonne heure de pêche, assez pour relancer la canne au même endroit.
Une quinzaine de minutes plus tard, c’est la canne devant l’arbre mort sur ma droite qui déroule.
Toujours le même geste et le combat peut commencer. Malgré la faible profondeur, je sens un poisson bien plus lourd que le précèdent.
Un coup à gauche, un coup à droite, mais pas de coup de tête violent, cela me laisse penser à un beau poisson…
Arrivée au-dessus de l’épuisette, le filet se rabat sur elle, et là, c’est la stupéfaction, une grosse miroir large est emprisonnée dans le filet !!! Pour lever le filet, je confirme, c’est lourd !
La joie sur nos visages se laisse voir. Je suis aux anges de faire un si beau poisson la première sortie de l’année, le tout en compagnie de mon ami.
On décide de prendre les photos un tout petit peu plus loin pour protéger ce superbe poisson des potentiels pêcheurs malintentionnés (mieux vaut prévenir que guérir n’est-ce pas !).
On se met en place pour les photos, quand mon binôme me demande ; « Tu as ta centrale ? » ce à quoi je réponds : « Non, de toute manière, il faudrait vraiment être cocu pour qu’une troisième ait l’idée de dérouler à ce moment-là ! » Ce à quoi il me répond : « Va la chercher quand même, on ne sait jamais, je surveille le poisson t’inquiète ».
Je vais chercher ma centrale, et là, je crois entendre un bruit de détecteur sans être sûr, alors dans le doute je cours quand même.
Le truc le plus improbable, ou le plus incroyable, la troisième canne est bel et bien partie, celle au milieu dans 2m d’eau…
Mon acolyte me rassure, en me disant qu’il va s’occuper de la grosse miroir et la mettre en sac en attendant.
Je combats pour la troisième fois en l’espace d’environ 30mn, un poisson pas lourd mais là encore puissant.
Il fonce à droite, ce que je redoute, car c’est ici pourri de grosses roches et de souches sur le bord.
J’essaye de la brider, mais il est plus rapide que moi, je sens le fil qui frotte, puis qui bloque, NON !!!
La furie a réussi à ce tanker, Je ne m’avoue pas vaincue, je sais que la grosse prise juste avant est en sécurité, alors je rentre dans l’eau, à ras bord des waders pour aller jusqu’au poisson bloqué sur ma bordure à droite.
Je longe sur environ 30 mètres tout de même avant d’arrivé à l’aplomb. Je tourne, je plonge le sillon de la canne sous l’eau, mon nœud de tête de ligne est là, alors je ne suis plus loin, je tourne encore, je fais tout ce que je peux et d’un coup le fil se libère de l’obstacle, avec le poisson au bout !
Je vois une petite miroir monter à la surface, j’appelle mon copain pour qu’il m’emmène l’épuisette et capture une jolie miroir aux belles couleurs.
A ce moment-là, je suis au maximum de mon état de joie, j’en perds mes moyens après les 30mn qui viennent de s’écouler.
Maintenant place aux photos pour la grosse miroir en premier avant de lui redonner sa liberté, puis la seconde presque miraculeusement prise.
Après les photos puis la remise à l’eau des deux poissons, la pression a du mal à redescendre.
Les larmes, de joie bien sûre, sont au bord de mes yeux, je ne peux m’empêcher de remercier au moins 10 fois mon ami, sans qui le dernier poisson aurait très certainement été perdu, mais également le remercier pour les sublimes photos qu’il m’a faits, et aussi et surtout pour le remercier de tout simplement être là et avoir partagé ces moments intenses ensemble.
La journée est terminée, il est temps de plier et de remonter jusqu’à la voiture puis rentrer à la maison.
Ce samedi 26 mars était pour moi la première sortie de l’année, une journée ou plutôt une soirée tout simplement mémorable, et inoubliable, par ces poissons, par ce moment que la vie nous a offert.
Merci à la vie de nous donner ces moments-là, qui font simplement de nous des gens heureux.
Je dédie ce texte à Jean-Luc, mon fidèle ami sans qui peut-être que je n’aurais pas fait ces 3 magnifiques poissons, sans qui je n’aurais peut-être pas écrit ce récit. Alors mon ami, merci, merci pour tout.
Cette soirée m’a rappelée qu’il faut toujours y croire un minimum, car en l’espace d’un rien de temps, votre session peut basculer du tout au tout, avec des moments que vous n’imaginiez pas vivre quelques minutes avant.
Tôt ou tard, la nature vous offrira ces moments intenses de joies !
A bientôt pour de nouveaux récits…
