Martin Jandík
Je fais partie des pêcheurs qui ont trop de travail pour passer beaucoup de temps au bord de l’eau.
Des sessions de plusieurs jours, ce n’est pas pour moi. Le mieux que je peux faire est une journée ou une nuit complète, mais le plus souvent, je pars pour quelques heures seulement.
Du coup, j’en ai fait un style de vie.
Bien sûrs, les petites pêches à l’arrache sont loin d’être idéales quand on veut cibler les plus gros poissons.
Toutefois, à travers les années, j’ai appris quelques astuces qui me permettent de réaliser régulièrement de très belles pêches avec des beaux poissons à la clé.
Je ne vais pas vous parler du choix du poste, ni de l’activité des carpes, de la chance ou encore d’autres facteurs qui influencent les résultats.
Dans cet article, je me concentre seulement sur les appâts et leur préparation. En utilisant une grande variété de produits qui permettent d’optimiser l’attractivité et auxquels les carpes ont du mal à résister, quelques heures de pêches sont souvent suffisantes pour enregistrer des touches.
Je connais pas mal de carpistes qui arrivent au bord de l’eau, eschent leurs montages à la bouillette, amorcent quelques kilos de billes puis attendent la touche.
C’est une façon de pêcher qui peut aussi porter ses fruits ou même rapporter un très gros poisson, quand on a le temps d’attendre les touches…
Avant je pêchais comme ça aussi, mais la remise en question m’a poussé sur d’autres voies depuis.
La saveur des arômes
Les cartes que je joue pour déclencher des touches rapidement sont les saveurs spécifiques, les pop-ups, les pop-balls et les pellets.
Les arômes que j’utilise sont Elite Strawberry, Black Pepper, Garlic, Banana and Cream. Et il est tout à fait possible de les combiner entre eux.
Attention toutefois avec le Garlic (l’ail) qui a tendance à dominer sur les autres.
J’applique ses arômes pas seulement sur mes pop-ups et pop-balls mais également sur mes billes denses destinées à l’eschage.
Je mets simplement les appâts d’eschage dans un pot, j’ajoute un bouchon d’arôme, je mélange le tout et je les laisse au repos pendant une quinzaine de jours avant de les utiliser, le temps que l’arôme imprègne bien les esches en profondeur.
Les esches boostées de cette façon ramollissent un peu, mais une fois dans l’eau, diffusent instantanément leur arôme en créant un signal fort que les carpes détectent très bien.
Il m’arrive fréquemment d’enregistrer une touche seulement quelques minutes après avoir placé une ligne. L’une de mes combinaisons préférées est l’Elite Strawberry avec le Black Pepper, que j’applique sur mes pop-ups Strawberry Elite de 20mm.
Un bouchon de chaque dans le pot des pop-ups. Attention toutefois de ne pas compromettre la flottabilité des esches. Après environ un mois, il est nécessaire d’ôter le liquide restant du pot et de le laisser ouvert pendant quelques jours afin de laisser respirer et sécher les pop-ups un peu.
Ensuite, je rajoute de nouveau quelques gouttes d’arôme puis je referme le pot. Préparés ainsi vous êtes sûr que les pop-ups flottent bien tout le temps.
Des autre appâts parfaits pour avoir de l’action rapidement sont les Amino-Pellets, dont j’utilise les versions 4 ou 25mm.
Les micro-pellets sont parfaits pour les sticks solubles. Je les prépare à l’avance en les boostant avec du In Liquid, qui ne fait ni fondre le PVA ni les pellets.
Les sticks préparés ainsi se conservent pendant des mois, il suffit de les stocker dans un seau avec un couvercle.
J’utilise les sticks surtout sur des fonds vaseux. Avec les gros pellets de 25mm j’utilise de l’Amino Complex Liquid pour les rendre plus attractifs et plus solubles.
La procédure est simple. Mettez les pellets dans un seau, aspergez-les d’Amino Complex Liquid, secouez le tout et laissez reposer quelques jours.
Ensuite, il suffit d’enfiler les pellets sur un fil soluble que l’on attache directement à l’hameçon.
On peut aussi les amorcer à l’aide d’un spod. Une fois dans l’eau les pellets se désintègrent rapidement en créant de forts signaux attractifs sur la zone de pêche.
Dans la pratique…
Une semaine avant, les températures avaient brusquement chuté, ce qui avait un impact négatif sur l’activité des carpes.
Malgré un froid de canard, je me suis quand même forcé à aller passer deux nuits au bord de l’eau après le boulot, en programmant deux sessions, une le mardi et une le jeudi.
Pour les deux jours, la météo prévoyait 6° Celsius et de la pluie, pas très agréable, mais c’était ainsi.
Le mardi, j’arrive au bord de l’eau, il pleut, en effet. Comme toujours, je prépare une canne avec un montage chod que j’esche avec une pop-up Strawberry Elite pré-boostée avec des arômes et enrobée d’une fine couche de pâtes.
Cette combinaison m’a déjà rapporté tellement de carpes que je l’utilise systématiquement sur une ligne à chaque fois que je pêche.
Sur ma deuxième canne, j’utilise un montage classique avec une agrafe-plomb et un bas de ligne en fluorocarbone de 15lb.
Je décide d’escher cette ligne avec une bouillette Monster’s Paradise 20mm pré-boostée avec un arôme puis retraitée avec un dip et un gel du même nom.
Sur les deux montages je rajoute quelques pellets de 25mm que j’attache à l’hameçon à l’aide d’un fil soluble.
À la tombée de la nuit, j’enregistre une première touche sur le montage chod.
En courbant la canne sur le poisson, je sens que le fil est pris dans quelque chose.
Probablement des racines. Je n’ai pas envie de perdre ce poisson, mais à chaque fois que je récupère un peu de fil, je sens que ça gratte.
Finalement, le corps de ligne finit par céder. Zut ! À peine ai-je perdu le contact avec ce premier poisson que ma deuxième ligne déroule.
Je saute sur la canne et cette fois-ci, en courbant la canne, je sens bien le poisson, tout est ok. Je prends du plaisir à combattre ce poisson.
Il n’est pas énorme, mais se bat vigoureusement. Une fois sur le tapis, je comprends pourquoi : il ne fait qu’une dizaine de kilos mais possède une queue énorme.
J’admire le poisson pendant un court instant puis je le relâche sans prendre de photo. Il pleut toujours et il fait très froid maintenant.
Ça suffit pour aujourd’hui. Je prépare mes lignes pour le lendemain matin, puis je me couche.
Quand mon smartphone me réveille, il me reste à peine deux heures pour pêcher avant de retourner au boulot.
Mais la pluie s’est transformée en neige maintenant, et il ne se passe plus rien.
Le jeudi, il pleut toute la journée. Il pleut tellement que cela me décourage et depuis le matin j’hésite si oui ou non je partirai à la pêche ce soir.
En rentrant du boulot, j’en parle à ma femme. Elle me dit qu’il faut être fou pour aller passer une nuit au bord de l’eau avec un temps pareil.
Elle a raison. Après le dîner, vers 18h30, je m’allonge un peu sur le canapé et je suis toujours dans le doute.
Est-ce que j’y vais ou est-ce que je n’y vais pas ?
C’est insupportable, je dois y aller quand même, on ne sait jamais ! Il fait déjà noir quand j’arrive sur mon poste.
Je vais parier sur le matin et ne pas pêcher ce soir.
Dans la soirée je prépare déjà mes deux cannes (de la même façon que le mardi précédent) et j’amorce mes deux spots.
Quand le jour se lève je suis déjà debout. La pluie s’est arrêtée.
J’essaye de faire le moins de bruit possible car l’un des deux spots que je vais pêcher est situé près du bord.
En observant l’eau je vois des carpes se manifester sur et autour de mes deux spots ! Elles ne sautent pas, elles roulent en douceur.
J’en vois plusieurs qui n’ont pas l’air vilaines. Discrètement, je place mes lignes sur mes deux spots amorcés la veille.
En fait, je n’ai que deux heures pour faire ma pêche. C’est à la fois peu et suffisant.
Les carpes sont toujours là, je suis excité et hypnotisé.
Vous connaissez sûrement cette montée d’adrénaline, en voyant les carpes en pleine activité pas loin des montages.
On attend juste qu’il y en ait une qui commette une erreur. Au bout d’une demi-heure, j’ai une touche timide sur la canne de bordure.
J’arrache la canne des piques et la courbe sur un poisson. Le spot que je pêche avec cette ligne est délicat car il y a plusieurs obstacles à proximité.
La carpe se bat en douceur mais joue de son poids. C’est bon signe, mais en même temps, je suis inquiet.
L’espace de combat est étroit, mon frein est bien serré, la canne pliée en deux. Je ne dois surtout pas permettre à ce poisson de prendre du fil.
Malgré tout le poisson réussit à atteindre un obstacle. Je pense à la carpe que j’ai perdu le mardi.
Pas une fraction de seconde à perdre, je bloque mon frein et tire de toutes mes forces.
La carpe se retourne et s’éloigne des branches. Ouf !
Maintenant qu’elle repart en pleine eau je desserre un peu le frein.
Après d’interminables minutes, la carpe finit enfin par entrer dans le triangle. C’est une miroir, un bon fish, yes !
Pendant que je pèse la carpe, l’indicateur de mon autre canne émet trois bips. Je jette vite un coup d’œil, mais la canne ne bouge pas.
Peut-être un poisson qui s’est cogné dans le fil, me dis-je. Après avoir pesé mon poisson, je le mets dans un sling, puis je me dirige vers l’autre canne pour voir de près ce qui s’est passé.
Le swinger est tout en bas et le fil complètement détendu. Je décide de remonter la ligne et suis surpris de découvrir qu’il y a bel et bien un poisson au bout !
Heureusement, cette ligne pêche avec un montage chod. Avec ce montage, les carpes qui se piquent n’arrivent pas à se défaire de l’hameçon, même au bout de deux minutes !
Cette fois-ci, le combat ne dure pas longtemps. C’est encore une jolie miroir, mais un peu plus petite que la première.
Je suis sur la Lune. J’ai bien fait d’aller à la pêche quand même !
Je me dépêche pour faire quelques photos puis au moment où je relâche les deux poissons, il recommence à pleuvoir.
Je me dépêche de plier mes cannes. Il est temps de partir au boulot…
Voilà juste deux petites anecdotes de deux petites pêches comme je les pratique souvent.
En jouant à fond la carte de l’attractivité, il est rare qu’il ne se passe rien en quelques heures de pêche.
Selon moi, c’est vraiment la meilleure tactique quand on a une vie très occupée et qu’on ne peut que passer de courts moments au bord de l’eau.
Puis c’est à chaque fois un réel défi aussi de tenter de capturer une ou plusieurs carpes en seulement quelques heures de pêche. En fait, j’adore !
