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Road trip en lac de barrage : Acte 2

de Vincent Bouteiller

Voilà dix mois que le nom de ce barrage trotte dans nos esprits avec une note d’espoir et d’interrogations : avons-nous eu de la chance lors de notre première venue ?

Où avons-nous seulement vu la face visible de l’iceberg ?

Le seul moyen de le savoir, c’est de se rendre au bord de l’eau pour faire de plus amples connaissances avec le cheptel du lac.

C’est une des facettes passionnantes dans la pêche de la carpe, les populations sont tellement variées d’un barrage à l’autre que nous pouvons aussi bien rencontrer des grands groupes de petits poissons et à leurs côtés une poignée de plus trapus, ou aussi bien une cohorte d’une seule génération…

Et c’est souvent là où les belles pêches ont lieu et où une importante moyenne de poids est envisageable.

Comme un parfum de vacances

Road trip en lac de barrage : Acte 2 | CARP LSD MAGAZINE
Fraise épice, une combinaison de deux saveurs détonantes !

C’est parti, comme à notre habitude tout est ficelé avant le départ, les congés sont posés bien à l’avance, le plan de bataille est dressé et la logistique organisée aux petits oignons.

Ce coup-ci, nous avons l’avantage de connaître notre hôte.

Tix arrivera le premier sur place avec un jour d’avance sur moi, ça lui permettra de prendre la température et de jauger l’activité des poissons.

Lorsqu’il m’appelle le premier soir, les nouvelles sont rassurantes…

Ça sent bon les vacances avec un soleil radieux qui illumine cet antre de nature luxuriante, de plus par chance une seule équipe est en place, exactement au même emplacement que Pascal à l’automne dernier.

Tix s’est installé sur le poste où nous avions pris quelques poissons lors de notre dernière venue avec une vue panoramique qui permet de ne pas louper un seul saut à plusieurs centaines de mètres à la ronde.

La première nuit pour mon ami ne donnera rien, mais ce n’était pas du temps de perdu, bien au contraire, car Tix a pu entendre pas mal de sauts un peu plus en aval, entre lui et l’autre équipe.

Lorsque je le rejoins au petit matin, nous ne traînons pas pour nous rendre dans la « jump zone ».

Nous troquons donc le confort d’un poste pour une berge escarpée, on va la jouer façon chamois durant six jours sur un poste étriqué entre les blocs de pierre.

Tant pis, nous ne sommes pas là pour faire du camping, même si la météo s’y prête bien, croisons juste les doigts pour finir notre semaine sans égratignure.

Notre zone de pêche située sur une grande ligne droite ne présente rien de bien extraordinaire, elle est typique du profil des barrages escarpés avec des pentes abruptes qui se terminent dans une vallée bordant l’ancien lit du cours d’eau, ici dans des profondeurs maximales de sept mètres.

Nous allons donc débuter une pêche en spot afin d’essayer un maximum de profils et de profondeurs, dans l’espoir de toucher des poissons de passage.

Parallèlement à cela, nous construisons un amorçage sur notre gauche aux abords du lit. Place à présent à un instant que nous apprécions tout particulièrement lors de nos sessions.

L’instant où la fatigue laisse place au bonheur de se retrouver entre potes, une petite bière à la main accompagnée de quelques olivettes à grignoter devant un coucher de soleil flamboyant, le tout dans une ambiance d’espoir infini.

C’est Tix qui ouvre les hostilités en milieu de nuit sur une canne placée en bordure du lit à une centaine de mètres de l’amorçage.

La tête dans le gaz, nous redoublons de vigilance pour rejoindre le bateau au beau milieu des éboulis rocheux.

Tout se passe comme sur des roulettes, on ne pouvait pas espérer mieux pour une première nuit et c’est un poisson en super forme qui vient donner la note.

Ça s’est fait. La ligne est rapidement reposée sur le même spot, quant à nous, on va aussi rejoindre notre zone de confort.

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La magie opère à nouveau !

L’attente devient insoutenable

C’est toujours plus sympa de se réveiller en sachant que la journée va débuter par une séance photo dans l’eau sous un beau soleil.

Chose rapidement faite nous reparlons ensemble de notre stratégie et nous actons le fait de disposer une paire de cannes de plus sur des spots similaires à celui qui a produit cette nuit.

Nous n’abandonnons surtout pas notre amorçage et nous y ajouterons quelques kilos de bouillettes fraîches, un mélange de billes roulées par Tix et de fraise-épices bouillette-maison.fr.

La journée passe plus vite qu’au boulot surtout qu’en fin d’après-midi, c’est ma canne de droite qui démarre en trombe.

Le combat est bref, mais quel plaisir de faire un poisson en journée en mode farniente. Nous voilà rassurés de disposer d’un second spot productif…

La suite nous montrera qu’il ne fallait pas se réjouir aussi vite. La soirée est gastronomique et conviviale, mais ce qui nous enthousiasme le plus, ce sont les gros « plouf » que nous entendons, les carpes arrivent dans un splendide ballet, signe de déplacement.

Les sauts commencent loin sur notre droite et petit à petit se rapprochent de nous, l’attente d’une touche en devient insoutenable.

A la même heure que la veille, ça démarre pour Tix, encore sur une autre canne et toujours pas sur l’amorçage.

Le combat est mal engagé, le poisson est bloqué dans un obstacle alors on zigzague autour du point d’accroche en espérant trouver l’axe libérateur.

Après de nombreux coups de poignet sur le sélecteur du moteur, à la façon de nos anciennes 103 SPX, le poisson se libère, mais ne décroche pas le fond pour autant.

C’est du sérieux, mais Tix mène bien sa baguette et petit à petit, c’est une magnifique miroir qui se rend. Ce sera le seul poisson de la nuit, mais il suffit largement à notre bonheur.

Une nouvelle journée peut débuter, certes un peu routinière : photo, amorçage, casse-croûte, sieste… Départ ! Comme la veille, une canne démarre en pleine après-midi et devinez quoi ? Encore sur un nouveau spot.

On part comme deux touristes, torse nu en bateau, sans un brin de vent, ça fleure bon les vacances tout ça. Surtout que pour ne pas nous déplaire, le combat est lent et puissant.

Qu’est-ce qu’on est bien sûr ce rafiot, sans s’affoler, sans vouloir abréger ce moment de plénitude, le poisson fait surface dans un remous qui raisonne encore dans la vallée.

Une belle ventripotente tombe à pic pour parfaire cette magnifique journée. A peine les photos terminées en mode baignade, nous replaçons notre dispositif à l’identique dans l’espoir que lors de cette nouvelle nuit tout s’accélère.

Malheureusement, ce soir-là, le doute s’installe pendant l’apéro, les carpes n’entrent pas dans leur festival de sauts habituel, c’est un petit peu trop calme à notre goût.

Nous sommes tout de même réveillés en plein milieu de la nuit, non pas par un départ, mais par le fracas d’une harde de sangliers déboulant dans les éboulis proche de notre campement.

Les chats noirs ne sont pas de bon augure, il en sera de même avec ces maudits cochons noirs, pour cette nuit RAS.

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Chaque poisson offre son lot de sensation !

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Rectifions le tir

Il est temps de se projeter vers la suite de notre session où nous allons essayer de palier au fait que ce soit toujours un nouveau spot qui ait fait mouche.

Jusqu’à présent, nous avons pris quatre poissons sur quatre spots différents, dans différentes configurations et couches d’eau.

Nous décidons de changer notre fusil d’épaule, tout d’abord nous abandonnons les deux lignes qui pêchent sur l’amorçage et qui n’ont rien produit, pour se consacrer à la périphérie de celui-ci.

Deuxièmement, nous déplaçons d’une dizaine de mètres les lignes productives, tout en conservant les mêmes particularités de spots. Pour les deux autres, nous ne changeons rien, advienne que pourra.

Les heures d’attente sont de plus en plus longues, mais la patience fait partie intégrante du jeu sur ces lieux où la pêche est souvent rythmée par les déplacements de poissons.

Alors lorsque la nuit arrive, nous prions pour que quelques carpes rejoignent notre zone pour qu’au moins l’une d’entre elles tombe dans nos pièges.

Il semblerait qu’à trois heures du matin un traquenard se referme sur un poisson furieux de s’être fait duper, le combat est engagé pour Tix et je l’accompagne dans la manœuvre.

Les sensations sont claires, il s’agit d’un nouveau beau poisson à priori dans la moyenne du lac.

Des sensations confirmées au moment où la combattante rend ses armes et vient percer la surface de l’eau.

A ce moment-là, nous sommes bien heureux d’être sortis de la torpeur d’une attente stérile pour reprendre du service, le fait d’avoir révisé notre copie pourrait-il porter ses fruits ?

La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est de la nécessité de ne pas se reposer sur ses acquis et de toujours chercher à modifier notre approche.

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Les touches ne s’enchaînent pas, mais dans ce genre de lieu et face à des poissons aussi beaux les uns que les autres, nous arrivons amplement à nous contenter d’un à deux départs par 24 heures !

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Fish, beer and sun !

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Simple, costaud, efficace !
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Une des 2300 retenues hydroélectriques de France !

Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas la folie de touche, mais dans ce genre de lieu et face à des poissons aussi beaux les uns que les autres nous arrivons amplement à nous contenter d’un à deux départs par 24 heures dans une ambiance de dilettante : fish, beer and sun.

Mais vu que les poissons ne tombent pas du ciel, nous comptons bien tirer profit des deux derniers jours que nous avons devant nous pour optimiser la moindre chance de croiser une carpe.

Bien évidemment l’idée de changer de secteur nous a traversé l’esprit, mais au fond de nous, nous savons que ce poste peut encore produire de bonnes surprises.

Il semblerait que midi approche et nos estomacs sont là pour nous le rappeler, mais aujourd’hui les cloches sonnent annonçant un départ, histoire de se mettre en appétit d’une façon qui est loin de nous déplaire.

Nous apprécions à sa juste valeur cette nouvelle capture en pleine journée qui mérite bien une petite baignade et quelques beaux clichés dans ce cadre idyllique.

Le temps passe vite, trop vite est une nouvelle nuit se profile au travers d’un nouveau coucher du soleil flamboyant.

Une nouvelle nuit pour une nouvelle touche et pour un nouveau beau poisson, telle est notre cadence nocturne.

Nous entrons alors dans les derniers moments de cette session, c’est avec regret que le matériel commence à se condenser petit à petit, prêt à être transporté.

La joie d’une partie de pêche entre potes laisse place à une nostalgie de fin de vacances, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser abattre.

Nous devons rester appliqués pour tirer profit de la moindre minute qui nous reste sur ces berges.

Malheureusement, le bilan de la journée est stérile, mais nous restons confiants pour la dernière nuit.

Bien nous en a pris, car à quatre heures une canne se met à dérouler, le combat est assez bref, mais pas assez, car au moment où nous sommes sur l’eau une autre canne démarre, arrrf !!!

A ce moment-là les secondes sont des minutes, d’un côté il faut prendre soin de notre captive qui repart vite dans son élément et d’un autre côté un poisson est en train de faire du chemin jusqu’à en faire chauffer le détecteur.

Nous revenons aussi vite que possible au bord, la canne est vite empoignée et c’est reparti pour un tour.

C’est sans grande surprise que la sensation annonce une partie perdue d’avance, le fil frotte dans tous les sens, nous arrivons bien à le débloquer de quelques obstacles, mais finalement, nous remontons un montage en berne.

C’est le jeu et c’est bien dommage de finir sur cette note.

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Les beaux poissons sont au rendez-vous !

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Ce genre de semaine passe toujours trop vite, surtout lorsque de beaux poissons sont au rendez-vous et que les galères ne nous tombent pas sur le bout du nez.

Le moment est venu de prendre la route chacun de notre côté et lorsque les heures au volant s’enchaînent nous avons largement le temps de cogiter et de dresser un bilan personnel.

Tout juste arrivé à la maison, nous nous passons le traditionnel coup de fil pour savoir si la route s’est passée sans encombre, mais ce jour-là la conversation ira au-delà, car sur la route nous avons eu la même pensée, nous sommes tous deux satisfaits de notre pêche…

Mais qui nous laisse un goût d’inachevé. En élèves motivés, nous savons que nous pouvons mieux faire…

Et si nous revenions très vite ? Affaire à suivre…

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