Sessions - Récits

Le plaisir des berges

Thierry Seon

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L’automne est déjà bien installé et le week-end précédent a été le théâtre des premières neiges. Inspiré par la quiétude et ses profondeurs abyssales, je prends la route pour un 48 heures sur un lac chargé d’histoire que je connais bien pour l’avoir pêché assidûment au milieu des années 2000.

Les notes du passé

Le plaisir des bergesMi-novembre le soleil se couche vite… encore plus vite entre les montagnes. Le temps joue contre moi, charger le bateau, accéder au poste, l’obscurité me rattrape et envahis l’atmosphère. Contraint de bafouer la sacro-sainte règle de l’observation, je m’en remets aux points GPS de mon Humminbird et à mes archives, reflets de mon histoire halieutique en ce lieu.
Cailloux, sable, glaise tous les substrats dans des profondeurs variant de 2 à 4,5m sont exploités.

Minutieusement et avec précision je cale sur les spots mes montages eschés de bouillettes équilibrées en 24mm. Je disperse une à une environ trente à quarante billes par montage, ce qui me semble suffisant sur ce lac faiblement peuplé. Je peux me poser sur le brolly et profiter de la paix des berges.

Ça pêche ! Un café à la main, je consulte mon application météo pour prendre connaissance de la pression atmosphérique. A cet instant précis la pression est de 1024 hectopascals, stable la courbe s’infléchit à partir de 7 heures demain matin et va atteindre 1009 hPa dimanche après-midi. Top les conditions de pêche vont aller en s’améliorant avec cette dépression attendue pour dimanche soir.

Le plaisir des bergesL’aube tape à la porte de mon abri Pioneer. J’aime avec ou sans carpe ce contact avec la nature et ces premières nuits réparatrices d’une semaine de boulot exténuante.

Comme à l’habitude, je me lève aux aurores. A l’affût, j’observe le miroir à la recherche des carpes… 9h, 11h… les swingers n’ont pas exprimé le moindre mouvement, je m’active et j’enjambe le boudin du bateau pour trouver les carpes.

La vérité du présent

Animé par cette réflexion : « La région a connu ses premières neige quelques jours avant ma venue, les eaux ont fatalement baissé en température. Je n’ai pas pêché assez profond lors de cette première nuit faute de temps ».

Le plaisir des bergesJ’ai pêché sur des notes et à des spots du passé faisant fi du présent. Je décide d’aller sonder et observer plus au large pour des profondeurs entre 6 et 12m, une couche d’eau plus abyssale à la température plus stable et plus chaude moins enclin à subir le choc des gelées nocturnes.

L’œil alerte, je suis interpellé par un chapelet de bulles qui éclate à la surface. Immobile j’observe le phénomène, les bulles sont en mouvances, « mark » je sauvegarde la zone sur mon GPS convaincu d’avoir assisté à la phase d’alimentation d’une carpe. Patiemment, j’attends la fin du repas de la carpe et explore le fond armé d’une canne lestée d’un plomb de 200g.

Huit mètres de flotte sur la marche d’une belle cassure, un fond meuble mélange d’argile et de sable, j’esquisse un sourire en enregistrant le spot. Je poursuis ma navigation, le pied de la cassure à 10m semble intéressant pour intercepter du poisson. Les spots pour l’ultime nuit de cette session sont mémorisés.

Le plaisir des bergesL’amorçage en billes de 24mm Ocean Blend distillé le long de la cassure est dans l’intention construit pour arrêter le poisson et le conduire vers mon montage. Tout est callé, les pressions sont en chute libre, je suis confiant. Le froid gagne l’atmosphère au fur et a mesure que la nuit tombe.

La petite flamme de ma lampe Primus accompagne mon repas autant qu’elle réchauffe l’intérieur de l’abri. Il n’est pas minuit quand mon rythme cardiaque s’accélère, réveillé par la sonnerie de la centrale. Aidé de la profondeur abyssale, l’adversaire ne rend pas les armes aussi facilement.

Le plaisir des berges

Dans le frimas de la nuit je glisse dans le filet après quelques minutes de combat une miroir pas énorme mais le plaisir est intense. J’ai eu raison d’aller chercher les carpes dans des couches d’eau plus stables, plus chaudes que les premiers mètres sous la surface. La canne reposée, je regagne le duvet pour me réchauffer.

Le soleil éclaire encore l’autre hémisphère quand un second run coupe mon sommeil. Ce réveil il est kiffant n’est ce pas ! Cette fois c’est la canne sur la marche sous 8m d’eau qui s’emballe. Au contact je comprends que c’est plus sérieux.

A la lueur de la frontale, les courbes de la carpe apparaissent, « Thierry ne fait pas le con ! ». Au deuxième passage devant l’épuisette, dans une ultime extension du bras droit je mets le fish dans l’épuisette, yessss !

Sur la berge, je place la carpe dans le sling pour des photos au petit matin en m’assurant de la sécurité de celle-ci. La brume dissipée, je me soumets à la séance photo qui seule relève souvent du défit. Après le shooting, je remballe le matos heureux de cette session partagée avec la nature… jusqu’à la prochaine carp’aventure !

 

Le plaisir des berges

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