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Orellana | Joyau d’Extremadura (2ème partie)

Hubert Lachize

Dans cette seconde partie de l’article, nous voilà sur place, et maintenant il va falloir pêcher, se faire plaisir et en prendre plein les yeux. Eh oui, nos potes qui sont restés en France et qui ne rêvent que d’être avec nous en ce moment, hein ! Il va falloir que nous ayons des trucs de dingue à leur distiller pendant tout notre séjour via les réseaux sociaux et une fois rentrés en France, ils vont vouloir tout savoir et nous envier d’être allés là-bas sans eux.

Le choix est difficile

Bon, une fois au bord du lac, il faut se mettre en place. Seulement nous avons roulé toute la nuit et nous ne sommes pas dans une grande forme, même si très motivés. Nous visitons les postes ciblés sur Google Earth lors des précédentes semaines.

Certains ne nous plaisent plus du tout, pour diverses causes : état du poste peu carrossable, manque d’ouverture, carpistes à proximité, etc. D’autres ne sont plus accessibles car déjà occupés. Heureusement que nous sommes en plein milieu de semaine, d’où la nécessité de ne jamais arriver un weekend sur des destinations comme celle-ci. On roule, nous ouvrons des barrières, nous refermons des barrières, nous nous trompons de chemin, nous faisons demi-tour, nous recommençons le cycle, et la journée avance.

En ce mois d’avril, l’idée d’arriver sur le lac vers 8h du matin n’était pas si mauvaise que cela, car de son canapé, il est facile de tirer des plans, mais une fois sur place, certains s’écroulent plus vite qu’un château de cartes. Bien que la préparation ait été minutieuse, le choix est difficile.

Donc, en début d’après-midi on décide de se caler sur un poste prometteur et tranquille : beau poste avec obstacles, en zone de nuit, très ouvert, inoccupé, face au vent…Allez c’est parti, on déballe !

Pour plus de rapidité on lance le drone, car vu la limpidité de l’eau, cela permettra peut-être de cibler plus facilement les spots de pêche, ou tout du moins de perdre le moins de temps possible pour que les 6 cannes pêchent avant la nuit. Tout est prêt, la première nuit est calme.

Le lendemain, le va-et-vient incessant de nouveaux arrivants sur le lac nous conforte quand même dans le choix du poste car on les sent embêtés qu’il soit déjà occupé… Tout cela, sent bon la future réussite !

Elles veulent que du bio !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Le plus gros problème pour nous !!!
Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Ce que nous laisse une carpe, après 3h en sac !

Au bout d’une semaine et deux changements de poste, il fallait réagir et essayer de comprendre pourquoi les carpes restaient aussi timides vis-à-vis de nos appâts. On savait qu’il y avait une nourriture naturelle conséquente, et aussi des écrevisses en nombre.

Vu la gueule de nos montages au petit matin, le blindage de nos bouillettes totalement ruiné, on avait un aperçu de ce qu’il se passait la nuit au fond du lac. Cependant, les cannes eschées de noix tigrées ne s’en sortaient pas trop mal cotées tenues face à ces mêmes écrevisses. Il est vrai que l’ampleur des dégâts ne laissait pas transparaître le nombre d’assaillants.

Au 9ème jour, une seule canne nous avait rapporté 2 carpes, dont une 20+, mais cela reste très maigre quand on connaît le cheptel de ce lac. Lors du 3ème changement de poste, il a fallu rencontrer deux pêcheurs pros d’écrevisses, qui sont depuis devenus des amis, pour être informé de ce qu’il se passait réellement au fond, dès que la nuit tombait.

Voici quelques chiffres : 15000 nasses à écrevisses dans le lac, chaque pêcheur pro en possèdent 100 (maximum autorisé) et en très haute saison de leur pêche, le poids récolté par jour est totalement hallucinant…jusqu’à 700kg par jour/par pêcheur (servant à la fabrication de farine animale au Portugal), et cela depuis des années sans que la population régresse !

Devant cet état de fait, il était clair que détourner les carpes de leur nourriture, dans une période ou celle-ci commençait à être abondante, ne serait pas la chose la plus aisée. Mais grâce aux nombreuses discussions avec les carpistes rencontrés le long des berges, et surtout en fonction de leurs échecs et aussi de leurs réussites à certaines périodes, il en est ressorti un semblant de stratégie à mettre en place.

Le choix de l’appât est sans appel !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Carpe avec des stigmates de la fraie !

Quand un appât est mis en difficulté, et surtout si l’on sait que celui-ci est fonctionnel si la durée le permet, il faut quand même l’utiliser en moindre mesure, mais l’utiliser ! Sur Orellana, on sait que les bouillettes fonctionnent, elles sont mises à rude épreuve, voire même disparaissent avant d’avoir été efficaces.

Cependant, il s’agit simplement d’avoir un timing précis sur une pêche si possible à courte distance, 100 mètres maximum, pour pouvoir recharger le montage souvent et éviter qu’il soit totalement inopérant lors du passage des carpes.

Facile à dire, mais beaucoup de postes sur le lac ne permettent pas de le faire. Donc, il faut emmener des bouillettes, mais il ne faut surtout pas miser toute votre pêche sur elles. Il s’agit de réussir votre session, donc évitez le chant des sirènes.

Je suis moi-même sponso par une grande marque anglaise, et croyez-moi, si nous avions tout misé sur les bouillettes, bien qu’elles soient de très bonne qualité, la réussite n’aurait pas été là. Dans ce lac, vos adversaires sont plus nombreuses au m2, que vos appâts dans un sac de 1kg !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Passage de l’autre côté du miroir…

Les bouillettes ne pouvaient pas délivrer pleinement leur potentiel, car finalement, bien qu’ayant permis 2 touches de carpes, leur durée de vie au fond de l’eau, malgré le blindage thermorétractable, était très faible. Nous avons donc tout misé sur les graines.

Beaucoup de carpistes locaux se servent de maïs pour l’amorçage des postes, parce qu’il est courant dans cette région reculée et donc peu onéreux. La noix tigrée à l’air d’être utilisée couramment en eschage. Une chose est sure, les « Dip » et autres « Liquid Food » sont indispensables pour les graines sur Orellana.

Donc, pendant toute la seconde partie de la session, même si ce n’est pas une pratique courante chez moi, je me suis mis à faire tremper des grosses noix tigrées pour l’eschage dans différents types d’arômes. Les mélanges de graines d’amorçage, principalement du mélange pour tourterelles pour moitié et des micro-tiger pour le reste, ont été aussi boostées avec des « Liquid Food » du même type.

Les cerveaux fument !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Mon ami Rafa et son lingot !

Le concept retenu était d’attirer le plus grand nombre d’écrevisses dans un espace assez restreint pour permettre que le montage reste attractif. Ma stratégie consistait à placer mon montage à la limite de visibilité de la surface, c’est-à-dire dans les 6 mètres, pour des questions de facilité de la pose à vue, qui permet une précision chirurgicale dans le placement de l’esche, du plomb et aussi du corps de ligne, pour que celui-ci ne gêne pas le déplacement des carpes sur la zone.

Ensuite, choisir la distance, à un ou deux mètres d’une cassure, d’un éboulis ou de toutes autres concentrations de pierres. Vous comprendrez ensuite ma vision de la chose ! Le plus laborieux étant de trouver ces « spots » sur un passage supposé des carpes, puisque la transparence de l’eau me laissait présager que les zones de tenues se trouvaient certainement dans des profondeurs plus conséquentes, n’ayant pas à cette époque de sondeur avec la vue « Side » qui permet une vision latérale du fond.

La distance des obstacles était calculée pour plusieurs raisons. Etre assez près de ceux-ci pour que les écrevisses en sortent pour venir sur l’amorçage. Qu’ils fassent assez de vibrations pour se signaler aux carpes passant dans les alentours, toujours assez près pour que la majorité d’entre elles ait le temps de retourner se planquer quand les carpes arrivent, mais à une bonne distance pour qu’il en reste sur place. Les retardataires se faisant consommer par les carpes sur le spot, au même titre que les appâts présents.

Pour cela, il faut une quantité raisonnable d’appâts, que ceux-ci soient résistant aux attaques des écrevisses, qu’ils soient mélangés à des micro-graines en parts supérieures et surtout que le tout soit très odorants pour diffuser large. La touche finale étant que l’esche soit mobile, en légère suspension.

De ce fait, le visuel joue son rôle, et prendre en compte l’effet « leurre », car je vous rappelle qu’elles ont tendance à se foutre royalement de ce que l’on leur propose, surtout quand la nourriture naturelle est à son apogée. Il faut essayer le côté « friandise attractive » pour les poissons solitaires ou miser sur leur instinct grégaire qui est de se nourrir à tout prix avant les autres, lorsqu’elles sont en groupe.

La majorité des carpes que nous avons prise, ne laissait aucune trace de consommation à outrance de graines sur les postes visités (certains carpistes sur site, avaient la main lourde). Cependant, chacune d’entre-elles nous laissait parfois jusqu’à un demi-litre de carapace d’écrevisse pour une carpe de 18/20kg. Totalement impressionnant d’en voir une telle quantité dans les sacs de conservation ! Vous allez me dire, dans ce cas, il faut pêcher directement à l’écrevisse !

Nous l’avons bien sûr testé ! Sans succès, car en ayant mis une queue d’écrevisse en esche, elle est aussitôt consommée par ses congénères, et une entière vivante a subi le même sort ; le cannibalisme règne au fond du lac !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
C’est bon, je peux y aller…

C’est toujours dans ma tête

Pendant la seconde partie de la session, j’ai testé une canne à 450 mètres du bord, sur le tombant d’un haut-fond perdu au milieu de nulle part. Oui je sais, vous allez me dire « pourquoi pêcher si loin ? » Eh bien, quand les touches se font rares, on teste toutes les possibilités que le lac nous offre !

Là, la berge d’en face était à environ 2km, donc j’ai essayé, un spot prometteur à la limite de capacité de mes bobines de moulinet. Une idée comme une autre, pour un « Bip ». Dommage que le vent ne m’ait pas permis de tester ce spot très longtemps, car je pense que cela aurait été instructif.

La suite des évènements a été plutôt étonnante, voire « Amazing » dans la langue de Shakespeare. Entre l’eschage, le trempage, la préparation de l’amorçage, le trajet jusqu’au spot à la rame pour économiser les batteries, le placement minutieux du montage et de l’amorce (à cette distance, on ne peut pas se permettre de jeter le plomb n’importe où !), le retour jusqu’au poste en faisant attention à ne pas se prendre dans les 30/40 nasses à écrevisses disséminées sur le parcours, il fallait au moins 1h30 de boulot pour permettre à cette canne d’être opérationnelle.

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Christian a fait le job !

On avait le temps me direz-vous ! Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, mais je n’ai toujours pas saisi la notion d’EXTREME ponctualité sur ce spot. Celui-ci ne permettait qu’une touche de même calibre à la même heure et ce pendant 4 nuits de suite…

Parce que franchement, qu’elles soient de passage ou non, pourquoi uniquement 2 heures du matin et pas 2h15 une fois sur 4 jours. La 3ème nuit, il m’est même arrivé d’être debout à 1h50 pour des besoins naturels. Donc ensuite, j’ai attendu, forcement ! Biiiiipppp, j’en étais sûr ! Je ferre… et je la rate.

Non, je n’y crois pas ! Je retends la bannière, 30 secondes puis Biiiiipppp…. Putain je rêve ! Et une commune de 19kg plus tard, je me recouche. J’ai toujours cette action en tête aujourd’hui, et toujours pas de réponse.

Le bilan de tout cela !

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Le rêve devient réalité !

Le cheptel d’Orellana est composé en grande majorité par des communes dont la moyenne de poids est assez élevée. Personne ne saurait dire ce qui se cache sous la surface, mais pendant notre session, nous n’avons été confrontés qu’à 2 populations de carpes, sur les quatre présentes.

En effet, en avril, aucune carpe inférieure à 10kg n’est venue nous rendre visite, idem pour mes amis espagnols présents sur site. Nous avons touché 5 carpes dans la couche supérieure de 10 à 16kg, ce qui déjà rendait notre session à moitié réussie.

Orellana Joyau d’Extremadura 2ème partie
Le jour se lève, la tempête est finie, du bon travail !

La troisième catégorie de poisson, que j’avais surnommé « les ados » nous on fait briller les yeux pendant la seconde partie de la session, des carpes d’un poids compris entre 18 et 21kg (23kg pour mon ami « Rafa », juste avant de lui reprendre le poste). Pour nous il était totalement impensable de mettre à l’épuisette 7 carpes de 18 à 20kg en 5 nuits.

Sans compter les deux carpes perdues pendant le combat en bateau dans des nasses à écrevisses, qui faisaient largement le poids à la lueur de la frontale, dans une eau aussi limpide. Là notre aventure était une réussite. La cerise sur le gâteau aurait été qu’un de ces grands poissons supérieurs à 25kg qui sillonnent le lac, apparemment en nombre assez conséquent, nous honore de sa présence.

J’ai pourtant fait un vœu à chaque étoile filante que j’ai vue dans le ciel, comme quoi, cela ne suffit pas !

NB : Qui sait, on se retrouvera peut-être un jour là-bas ! Et si vous voulez des infos ou des renseignements plus précis, n’hésitez pas à me contacter sur ma page Facebook dédiée : Tribun Hub – Let’s take a walk.

 

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