Sessions - Récits

Autopsie d’une session automnale

Quand la météo merdouille…

de Leon Hoogendijk

Petit retour sur la saison 2016. Au départ j’avais programmé trois sessions d’une semaine sur la période septembre-octobre. La deuxième semaine de septembre je devais pêcher avec Christophe et la quatrième avec David, mais début septembre j’ai un dilemme : il fait jusqu’à 35° les après-midis, sans un poil de vent, et là où j’ai l’intention de pêcher – un réservoir dans l’est de la France – on ne pêche pas de nuit, on n’y songe même pas car les gardes y passent 3 ou 4 fois par semaine et ne font pas de cadeau !

La météo annonce le même temps caniculaire pour la deuxième semaine de septembre. Christophe demande à son employeur s’il peut repousser sa semaine de vacances et ce dernier lui l’accorde.

Du coup nous partons une semaine plus tard que prévu, et du coup, moi, je pêcherai une session de deux semaines en continu, la première avec Christophe et la deuxième avec David, deux semaines de pêche qui vont s’avérer être très différentes l’une de l’autre, deux semaines de pêche chacune avec son lot de certitudes, de doutes et de remises en question…

Vendredi 16 septembre. Je pars tôt le matin pour arriver au lac au lever du jour. Je suis déjà passé voir quelques jours plus tôt pour vérifier la disponibilité des postes. Il y avait déjà deux équipes installées mais pas sur le poste qui m’intéresse.

À vrai dire je n’ai jamais pêché ce lac avant, ce sera la toute première fois pour moi, mais j’ai quelques amis qui l’ont pêché ces dernières années et qui m’ont expliqué que sans vent c’est mort ici. Ce lac produit surtout par mauvais temps, grand vent stable créant de belles vagues accompagné de bonnes averses.

Plus il fait mauvais, mieux c’est, et plus il fait beau plus c’est dur, tous sont unanimes là-dessus. Hier il faisait toujours très beau, 32° à l’ombre, grand ciel bleu et pas de vent, débile pour un mois de septembre…

Il y a toutefois un point d’espoir : un changement de temps assez radical est annoncé pour le week-end. Déjà pour aujourd’hui le vent tourne au nord et la température ne devrait pas dépasser les 20°.

La pluie arrive à partir de ce soir et pour demain le mercure ne devrait même pas dépasser les 12° l’après-midi, c’est-à-dire que l’on perd 20° en deux jours ! Comment les carpes vont-elles réagir ? Est-ce bien ? Est-ce trop d’un coup ? Quoi qu’il en soit, après le week-end on devrait avoir des températures de saison et les choses devraient peu à peu rentrer dans l’ordre. Avec deux semaines devant moi je ne me fais pas de souci à ce niveau.

J’y suis presque, le jour commence à se lever. Je passe par un dernier virage et prends le tout petit chemin à droite qui mène au lac. Je suis terriblement angoissé, comme à chaque fois que j’arrive sur un plan d’eau pour m’y installer.

J’ai toujours peur que le poste que je veux est déjà pris et que je dois me contenter d’un choix B, voire un plan B sur un autre lac… Ça y est j’y suis enfin, mon poste est libre, et même les deux autres équipes qui étaient installées ailleurs ont abandonné les lieux. Je suis tout seul sur le lac. Quelle chance !

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Le poste de mon choix n’a rien de particulier, sauf qu’il est situé de façon centrale sur le lac et nous offre beaucoup d’espace. Certes, avec une direction de vent stable sur plusieurs jours, d’autres postes me semblent être bien plus stratégiques.

Mais ce n’est pas ce que la météo annonce pour la semaine à venir, le temps sera variable avec des vents tournants. Je préfère donc me contenter de (et me concentrer sur) ce poste central où, théoriquement, tous les vents sauf celui dans le dos sont susceptibles de nous emmener quelques poissons.

Je dois installer le camp, sonder le poste, installer des repères et amorcer. Christophe me rejoint après le boulot, en fin d’après-midi. Je sais que les fonds sont relativement monotones sur ces réservoirs.

Il s’agit des fonds de glaise en pente douce avec quelques petits cailloux, pas de souches, pas d’obstacles, pas d’herbiers sauf dans le fond du lac où il reste à peine assez d’eau. Dans une telle configuration les carpes nagent en bancs en pleine eau et font le tour du lac au gré des vents et de leur humeur. La nuit elles se rapprochent des berges et cherchent des écrevisses et autres bestioles.

Le jour elles se tiennent bien plus au large et ne font que picorer de temps en temps, se contentant du peu de nourriture qu’elles trouvent. Étant donné que nous allons pêcher que de jour, la meilleure approche me semble de mettre en place un amorçage d’interception classique en V inversé à une bonne distance de la berge. J’utilise cette approche sur les grands réservoirs depuis plus de 25 ans, et cela marche toujours aussi bien…à condition que les carpes nagent et s’alimentent un peu…

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Après un sondage méticuleux qui ne m’apprend pas grande chose et ne fait que confirmer la monotonie des fonds je place un repère tige droit devant le poste à 250m de la berge. La profondeur à cet endroit est d’environ 4m20.

Un autre repère est placé une bonne centaine de mètres à gauche, à 200m de la berge dans 3m90, et une troisième est installé une bonne centaine de mètres à droite à 220m de la berge dans 4m70 de profondeur.

Le fond ne descend donc pas seulement en pente douce depuis la berge mais aussi au large de gauche à droite, ce qui permet de couvrir une zone assez large avec différentes profondeurs. Entre les trois repères j’amorce une bande de 20m de large, j’y éparpille une bonne quinzaine de kilos de billes de 20mm, il s’agit d’un mélange de 50% Tutti Frutti et de 50% Crab N°1 Special, un mélange qui m’a déjà bien réussi sur un autre grand réservoir de la région au mois de juin.

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Mélanger deux types de bouillettes dans le même amorçage, ici Tutti Frutti et Crab N°1 Special, permet de mieux stimuler les carpes et de les garder plus longtemps sur le coup !

J’ai bien pris mon temps, vers 16h00 tout est installé et l’amorce est en place. Christophe se pointe vers 17h00 et n’a plus qu’à monter son rod-pod et ses cannes. Toutefois, aujourd’hui nous ne pêchons pas, on va laisser travailler l’amorce et on attaque pour de bon demain matin. Nous sommes motivés et confiants.

Le lac en question, même s’il n’héberge pas de véritables monstres, a un beau cheptel de carpes aux morphologies et écaillures très variées. Il y a pas mal de poissons entre 10 et 15 kg, un peu moins entre 15 et 20.

Il produit aussi régulièrement quelques poissons entre 20 et 22 kg et les 3 ou 4 plus gros spécimens connus du lac peuvent dépasser les 25 kg quand on a la chance de les prendre en toute fin d’année ou juste avant le frai.

Nous ne sommes donc pas là pour battre des records mais plutôt pour tenter de faire une série de belles carpes, pour dérouler un peu, pour une pêche fun plutôt que pour une pêche impressionnante ou historique…

Premières carpes de la session…

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Samedi 17 septembre. Au réveil il pleut et il fait horriblement froid. Il pleut même très fort et apparemment il a bien plu une bonne partie de la nuit car le bateau est rempli. Il pleut tellement fort ce matin-là qu’on attend que cela se calme un peu avant d’emmener les cannes. On attend même jusqu’à 11h00 avant d’avoir le courage d’affronter les éléments.

Vers midi toutes les cannes pêchent, nous avons amorcé quelques poignées de billes autour de chaque montage. Quatre cannes pêchent avec un bonhomme de neige Tutti et quatre autres avec un bonhomme de neige Crab. Durant l’après-midi la pluie s’arrête par moment. On a une touche toutes les heures, 6 au total sur 5 cannes différentes.

Nous prenons de très jolis poissons pour ce lac : 2 petits, 3 de plus de 15 kg et même une belle miroir de 20,5 kg. Notre stratégie semble fonctionner. Vers 18h00 on retire les cannes et on remet une bonne couche d’amorce. On entre dans une phase de construction, ce n’est pas le moment de faire du forcing, on risque de tout casser. La suite est pour demain.

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Un poisson tout en longueur…
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Une 20+ dès le premier jour. Ça commence bien !
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Christophe dans son élément…

L’âge de la raison…

Dimanche 18 septembre. Ce jour-là la météo est extrême : grand froid, grand vent du nord et pluie torrentielle non-stop, toute la journée, c’est l’horreur, du coup on ne pêche pas du tout !

En début de soirée, malgré le fait qu’il pleuve toujours des cordes, nous mettons nos combinaisons de pluie et nous partons au large pour remettre une bonne couche de billes entre les repères. Certains d’entre vous auront peut-être du mal à comprendre qu’en 3 jours complets nos cannes n’ont que pêché pendant 6 heures, alors quelques explications s’imposent.

Tout d’abord, pour Christophe et moi, bien que nous soyons très passionnés, la pêche est un loisir dont le seul but est de prendre un maximum de plaisir. Il y a dix ou quinze ans en arrière, dans les même conditions, j’aurais fait le guerrier et pêché coûte que coûte ce dimanche, et j’aurais probablement même pris des poissons.

Mais je l’ai déjà trop fait par le passé, et aujourd’hui, à 52 ans, je ne prendrais aucun plaisir à prendre des carpes en faisant du forcing dans des conditions épouvantables. Cette pluie torrentielle était passagère et une amélioration était annoncée pour le lendemain. Ayant encore toute la semaine devant nous (et même 2 dans mon cas) nous n’étions pas pressés du tout. Le plus important à ce stade était de mettre en confiance les poissons par rapport à nos appâts.

Et tant qu’il y avait de l’amorce sur notre zone le temps travaillait à notre avantage. Dans ce cas précis le temps qui passe sans lignes dans l’eau n’est pas du temps perdu, bien au contraire.

L’amorce travaille, le coup se construit, il mûrit doucement. Et mieux on construit, mieux on peut espérer bien récolter après.., et surtout tomber sur des poissons qui autrement ne sortent que très rarement ! Si on pêche full time dès le départ on chope les premiers poissons qui arrivent sur le coup, les fameux « poissons pilotes », les poissons les plus faciles, et du coup on ne construit pas grande chose derrière…

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Un jeune poisson de belle taille. Ça promet pour l’avenir du lac !

C’est pour ces mêmes raisons que je me contente aujourd’hui, dans la grande majorité des cas, de ne pêcher que de jour. Cela fait déjà plus de 15 ans que c’est comme ça et je n’ai pas l’impression que je prends moins de carpes ou moins de grosses carpes que d’autres pêcheurs qui pêchent les mêmes eaux que moi 24h sur 24h.

Dans bien des cas je constate même le contraire, notamment en ce qui concerne les grosses carpes qui, dans beaucoup d’eaux, tombent de toute façon plus souvent de jour que de nuit. Le fait d’amorcer un coup et de ne pas le pêcher de nuit est très souvent bénéfique.

Une fois la zone amorcée bien repérée par les carpes durant la nuit il y en a pas mal qui revisitent la même zone durant la journée pour y picorer un peu. Et vu le fait que globalement les grosses carpes mangent beaucoup plus, celles-ci sont bien plus susceptibles de revenir sur la zone amorcée la journée pour assouvir une petite faim.

D’où l’intérêt aussi de ne pas trop amorcer la zone le jour et de pêcher avec des esches qui se font remarquer plus facilement en se posant délicatement sur le substrat plutôt que de s’enfoncer dedans. C’est pour ça que pour ce type d’approche j’ai une très grande confiance dans les bonhommes de neige, et mes résultats me donnent très souvent raison.

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Une vieille et grosse miroir capturée en fin d’après-midi…

À fond sur les billes !

Lundi 19 et mardi 20 septembre. Ces deux jours le ciel est encore chargé avec de rares petites averses. Le vent est modéré N/O. Au petit matin il fait 10° et l’après-midi il fait 17-18°. Au total 18 carpes sont accueillies dans notre cradle, 9 le lundi et 9 le mardi. Toutes les cannes produisent et tous les poids passent la revue, de 10 à 21 kg, communes, miroirs, poissons longs et bouboules. Tous expulsent de la pulpe de nos billes dans le cradle, elles sont conditionnées à fond ! Comme quoi le repos du week-end a bien fini par payer.

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Les communes sont particulièrement combattives ici…

Sur ces deux jours de vraie bonne pêche nous faisons une observation intéressante. Nous combattons en bateau sans trop déranger la zone de pêche car, le temps d’arriver au-dessus du poisson, celui-ci est déjà revenu vers nous sur près d’une centaine de mètres.

Par contre, le fait de replacer ensuite le montage sur la zone avec la grande barque en plastique retarde les touches suivantes de près de 2 heures. C’est ce qu’on constate sur le côté droit où Christophe procède de la sorte.

À gauche, sur mon côté, je replace mes lignes avec le bateau amorceur. Du coup il n’est pas rare d’avoir une autre touche seulement 10 minutes après. Ceci se produit à plusieurs occasions, trop pour que ce soit un hasard. Du coup nous décidons de replacer toutes les lignes en bateau amorceur à partir de mercredi.

Le doute s’installe…

Si pour la suite la météo avait été stable, je suis sûr qu’on aurait pu réaliser un carton impressionnant. Mais nous sommes dans une année où la météo est capricieuse, ne respecte pas les saisons et déconne en permanence. Le mercredi 21 septembre il fait 5° à 7h le matin et un brouillard épais remplit toute la vallée.

On voit à peine à 15m et ça dure jusqu’à midi ! Impossible de poser les lignes, on ne trouvera jamais les repères, et même si on les trouve, on ne retrouvera jamais la berge ensuite. En fait ce n’est pas tout à fait vrai, on aurait pu se servir de mon combiné écho-GPS, si seulement j’avais enregistré des Waypoints, chose que j’ai oublié de faire – Christophe est en droit de me retirer une étoile !

Vers midi-trente le brouillard se lève enfin et nos lignes sont replacées sur la zone. L’après-midi est ensoleillé avec un petit vent d’est dans le dos et le mercure monte à 21°. Ce jour-là les carpes font la grève.

Seulement deux touches, une petite commune de 10 kg et un poisson d’une quinzaine de kilos qui décroche en fin de combat. Ce dernier n’était pas piqué dans la bouche mais dans la joue. La pointe du Deep Gripper n’avait que pénétré sur 3mm dans la plaque osseuse et a fini par s’ouvrir, chose complètement impossible avec cet hameçon quand une carpe est piquée normalement.

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Le cheptel est très varié avec des poissons de toutes tailles. C’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber…

Les deux jours précédents nous avions vu des carpes sauter et marsouiner sur notre zone de pêche. Aujourd’hui nous n’avons vu que deux poissons à plus de 200m derrière nos repères. Il semble que le brouillard de la nuit et de ce matin, ou peut-être le coup de froid au petit matin, avait cloué le bec aux carpes.

Et ce petit vent d’est dans le dos durant l’après-midi semblait éloigner les carpes de notre zone de pêche. Le soir venu le doute s’installe. Faut-il réamorcer la zone ou pas ? Si la nuit dernière les carpes ne se sont pas ou à peine alimentées il se pourrait qu’il ne reste pas de billes sur la zone. Et ce matin, les rappels assez généreux autour de nos montages n’ont apparemment pas été touchés non plus. Si on remet une couche et que les carpes ne mangent pas, on ruine notre pêche pour demain. Bon, c’est décidé, nous n’amorçons pas ce soir !

Jeudi 22 septembre. Rebelote, super froid au petit matin et brouillard jusqu’à 10h30. Vers 11h30 les cannes pêchent, le soleil perce comme il le faut et la température va monter à 23°. En début d’après-midi un vent d’ouest se lève, plein face, c’est mieux que hier. Vers 16h30 notre optimisme s’est effacé, nous attendons toujours la première touche de la journée.

Puis, tout d’un coup les carpes sont là, venues de nulle part semble-t-il car nous n’en n’avons pas vu une seule sauter ou rouler de la journée. Entre 16h45 et 19h30 ça déroule grave et en peu de temps nous capturons 8 poissons avec encore un très beau sujet de 20+ ! Étant donné que deux fois de suite deux carpes mordent en même temps nous sommes obligés de les combattre depuis la berge, et finalement ça se passe assez bien.

Cela ne prend pas plus de temps que d’aller les chercher en barque et vu qu’il n’y a pas d’obstacles il y a peu de risques de les perdre. La seule chose que je redoute est que pendant le combat une carpe ramasse mes autres lignes, mais ce n’est pas le cas.

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Les bonhommes de neige montés à ma façon, avec un hameçon Deep Gripper taille 4, une perle et un line-aligner. C’est une valeur sûre !

Le fait de ne pas avoir amorcé la veille au soir était finalement un bon choix. Mais que faire ce soir ? Un coup d’œil sur la météo nous indique que, demain, le vent tourne au sud-est, encore dans le dos. Ne prenons pas de risques. On n’amorce pas ce soir et on mettra un bon rappel autour des montages demain matin.

Vendredi 23 septembre. Vers 8h30 les cannes sont en action de pêche. Christophe pêchera jusqu’à midi. En fin de matinée David va arriver pour le relayer. Il se pointe à 11h exactes et à peine on s’est dit bonjour que Christophe a un départ d’enfer. Nous partons en combat et revenons un petit quart d’heure plus tard sur la berge. David se rapproche de la barque et découvre une superbe miroir de plus de 20 kg, le premier poisson qu’il voit, tout de suite en arrivant, ça motive !

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Juste avant de nous quitter Christophe termine sa semaine avec une 20+ …

Christophe défait son bivvy et laisse ses trois cannes restantes encore pêcher un peu. Vers midi il a un dernier départ qui lui offre une vraie carpe mopse, un poisson de 8 kg avec une déformation génétique typique de la tête, une anomalie extrêmement rare. Cette déformation ne l’empêche pas de se nourrir et de se battre normalement. Je n’en ai vu que deux en vrai dans ma vie.

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Une très rare carpe « mopse » pour Christophe…

Pendant que Christophe enlève ses autres cannes pour laisser la place à David, c’est une de mes cannes qui part. Cette fois-ci je décide de combattre depuis le bord, comme hier en fin de journée.

Et là encore tout se passe bien. Une belle miroir d’une quinzaine de kilos est relâchée une dizaine de minutes plus tard. Vers 14h David est à son tour en action de pêche, mais il y a une baisse d’activité. Je prends encore une seule carpe vers la fin de la journée, mais une belle de 21,8 kg. Le soir on a encore un dilemme. Faut-il amorcer ou pas ?

Cela fait deux fois de suite que nous n’amorçons pas le soir et aujourd’hui, sur seulement 4 poissons, nous en faisons 2 de plus de 20 kg, ce qui est assez rare ici. Peut-être c’est LA façon de faire tomber les grosses ? Nous nous mettons d’accord, pas d’amorçage ce soir, mais si jamais cela ne paye pas demain il faudra revoir notre approche.

Une météo merdique…

David a la malchance d’arriver à un moment où la météo devient vraiment merdique, avec d’énormes écarts de températures entre le jour (25°) et la nuit (6°), et des petits vents qui tournent plusieurs fois par jour.

Ce n’est pas du tout la météo qu’on espère avoir à cette époque de l’année, ce n’est pas un temps qui permet de construire sa pêche. À partir de samedi 24 septembre la pêche devient plus difficile, plus irrégulière, plus imprévisible…

Ce jour-là nous ne prenons qu’une petite carpe chacun et David en décroche une aussi. Ce soir nous amorçons comme il le faut, 20 kg de billes sur l’ensemble de la zone, ça passe ou ça passe, nous aurons la réponse demain.

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Temps estival avec peu ou pas de vent. La météo merdouille.., mais il reste quelques beaux poissons à prendre.

Dimanche 25 septembre. Après avoir pris une carpe chacun la malchance nous frappe. Une touche chacun, en même temps. Ma carpe fonce vers la droite, celle de David vers la gauche, les fils finissent par se croiser et par s’emmêler.

Malgré tout, avec beaucoup de patience et en y allant molo nous arrivons à ramener les carpes assez près de la berge quand tout d’un coup celle de David se décroche. J’ai encore la mienne au bout, elle monte en surface, je vois que c’est un beau poisson.

Puis « toc » je perds le contact, le poisson se retourne et disparaît. La tresse de David a coupé mon bas de ligne. Ce sont des choses qui arrivent.

Quatre touches pour la journée, ce n’est pas assez par rapport à l’amorce qu’on a mis hier soir. Ce soir on réamorce que quelques kilos et on fera le bilan demain.

Lundi 26 septembre est la plus mauvaise journée de la session. Une carpe prise et une autre décrochée. Le doute s’installe de nouveau. On n’a pas l’impression de maîtriser quoi que ce soit. On a remarqué que depuis quelques jours seules les cannes centrales produisent quelques touches, celles de l’extérieur rien. Nous ignorons pourquoi mais du coup je décide de décaler mes deux lignes de gauche un peu plus vers l’extérieur avec l’une d’entre elles eschée à la pop-up décollée de 15 cm.., mais cela ne fonctionne pas. Le lundi soir nous n’amorçons pas.

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David entre dans l’arène…

 

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et assure sa part du gâteau !

 

Mardi 27 septembre. Rempli d’incertitude je décide de pêcher avec une pop-up, une bouillette de fond et deux bonhommes de neige. David insiste avec des bonhommes de neige sur ses quatre lignes.

En fin de journée on a 5 poissons au compteur. Les quatre bonhommes de neige au centre ont tous produit une carpe, mais ma bouillette de fond décalée vers la gauche a également produit un poisson. Cinq touches dans la journée ce n’est pas mal, cela pourrait indiquer une reprise d’activité alimentaire. Ce soir-là, pour ne passer à côté de rien, nous amorçons une bonne douzaine de kilos sur l’ensemble de la zone.

Mercredi 28 septembre. Ça y est, j’ai décidé de resserrer mes lignes et d’en mettre deux au bonhomme de neige et deux à la bouillette dense. Je m’imagine que, comme le bonhomme de neige est mieux présenté et plus facile à trouver, cela peut inciter certaines carpes à mordre par réflexe mais d’autres carpes de caractère moins impulsif ou plus posé pourraient peut-être bien s’en méfier.

Après tout, jusqu’à maintenant nous avons capturé la quasi-totalité des carpes avec des bonhommes de neige, alors que nous les conditionnons sur des bouillettes denses. David décide de le jouer autrement ; trois bonhommes de neige et une noix tigrée. Ce jour-là nous prenons 7 carpes sur 7 cannes différentes, seule la ligne à la noix tigrée ne produit pas.

Toutes les touches se produisent entre 11h le matin et 15h l’après-midi, comme la veille. Le coup du soir ne nous apporte rien, c’est étrange. Nous amorçons de nouveau une douzaine de kilos de billes juste avant la tombée de la nuit.

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La pose des lignes avec le bateau amorceur s’avère être bien plus discrète que poser les lignes avec la grande barque. Dans ce dernier cas on retarde clairement les prochaines touches.

 

Jeudi 29 septembre. Vers 11h nous attendons impatiemment la première touche, prêts à courir vers nos cannes, mais il ne se passe rien… Le vent a encore tourné, il tourne sans cesse, c’est désespérant.

Puis, ce qui s’est produit le jeudi dernier se reproduit aujourd’hui. Tout d’un coup, vers 16h45, quelqu’un appuie sur un bouton et c’est parti : en l’espace de deux heures et demi nous enchaînons cinq captures de belles carpes puis tout s’arrête. Pas d’amorçage ce soir car demain nous ne pêchons que la matinée puis nous rentrons à la maison où une montagne de travail nous attend.

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Une bouboule…

 

Le vendredi matin est stérile, nous ne voyons pas de carpes et nous n’avons pas de touches. Peut-être en poussant jusqu’au soir nous pouvons encore prendre quelques poissons, mais la pluie va arriver et on préfère tout ranger tant que c’est sec. Je déteste plier sous la pluie et à chaque fois que c’est possible je l’évite. On devient plus sage à mon âge…

Conclusion

Sur les 2 semaines que nous avons passées sur ce poste, avec finalement un nombre d’heures de pêche assez limité, nous avons au total pris 59 carpes dont 5 de plus de 20 kg. Par rapport à les conditions météo très instables et très inhabituelles pour cette époque de l’année nous n’avons pas à nous plaindre, même en sachant qu’avec de vraies bonnes conditions (une dépression durable) et en pêchant un peu plus d’heures il aurait certainement été possible d’en prendre deux fois plus.

Mais nous avons tous les trois pris beaucoup de plaisir car pour nous la qualité signifie beaucoup plus que la quantité. Et cette impression, par moment, de ne rien maîtriser, cette remise en question permanente, la gestion d’amorçages réfléchis (sans pour autant être sûrs d’avoir pris les bonnes décisions) a rendu cette session intéressante, pleine de couleurs et de rebondissements. C’est tellement plus intéressant que d’arriver, de benner et de récolter ou cartonner sans réfléchir, comme cela arrive parfois à certains.

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On dirait une ancienne miroir du Der…

Je pense que notre approche en termes de placement de notre amorce afin d’intercepter un maximum de carpes qui circulaient sur notre secteur était l’un des facteurs clés qui nous a permis de sortir notre épingle du jeu.

Cette approche stratégique est très basique, très classique, mais c’est une valeur sûre sur les réservoirs où les carpes se déplacent beaucoup et de façon assez aléatoire. J’en veux pour preuve les deux autres équipes qui se sont installées sur le lac au cours de notre session, une en face de nous et une à quelques centaines de mètres sur notre droite. Ils ont tous pratiqué des pêches en spot à toutes les distances pour finalement ne prendre que quelques tanches…

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David avec une jolie commune dans une lumière rasante en fin de journée…

 

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Modèle « pizza » !

Lors des premiers jours de la session Christophe et moi avons clairement réussi à bien conditionner les carpes de toutes tailles et classes d’âge qui résidaient sur notre zone. Puis la météo a fait que l’activité alimentaire des poissons a pris une claque et que par moment les carpes s’éloignaient trop de notre poste.

Mais ensuite on a eu chaque jour des bancs de nouvelles carpes qui, à un moment ou un autre, passaient par là. Des bancs de carpes par classe d’âge. Parfois on prenait surtout des 10-13 kg, parfois on faisait une série de 14-17kg et quelques fois on tombait sur des poissons de 18-22kg. À chaque jour ça changeait, à chaque fois c’était la surprise.., et c’est bien comme ça que j’aime la pêche de la carpe…

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