Sessions - Récits

Road trio en lac de barrage : Acte 3

A peine six semaines se sont écoulées depuis notre dernière venue, mais nous revoilà déjà.

Nous mettons une pièce de plus dans le juke-box pour une même logistique, pour un même itinéraire, pour la même destination.

Tout va plus vite quand on sait où on va, surtout quand il s’agit de pêche. Dès notre arrivée au lieu de rendez-vous, notre enthousiasme est d’autant plus grand lorsque nous découvrons la mise à l’eau dépourvue de véhicules. C’est plutôt bon signe pour construire notre pêche comme on désire dans la zone ciblée.

Plan de bataille

Lors de notre dernière visite nous avons pu constater que les poissons étaient très mobiles et que par chance, cette transhumance quasi-quotidienne se traduisait par un beau balai de sauts provenant de la zone aval.

Nous décidons donc de migrer pour nous installer sur un nouveau poste, environ trois cents mètres plus bas que celui où nous avons pêché lors de notre précédente venue.

De cette manière nous pêcherons au plus près de ce que nous identifions être une zone de tenue, dans l’espoir d’intercepter un maximum de poissons durant leur déplacement vers des lieux d’alimentation.

Tout ceci n’est que théorique, nous sommes experts pour faire des plans sur la comète sans jamais voir la lueur d’une étoile, mais nous y croyons, dans le pire des cas nous avons quelques jours devant nous pour ajuster le tir.

Les amorçages n’ayant pas joués en notre faveur en ce lieu, nous privilégierons une pêche en spot en adaptant la quantité à la fréquence des touches.

Le matériel est vite déballé pour ne pas perdre de temps et être rapidement opérationnel dans l’espoir de valider notre plan de bataille. Mesdames les carpes, à présent jouons.

Road trio en lac de barrage : Acte 3
La pêche s’effectue principalement avec des amorçages ciblés au spot !

Tous les espoirs sont permis, ou presque…

La première nuit d’une session est toujours très particulière, vous connaissez certainement ce doux mélange de sentiments, partagé entre la fatigue, la crainte du syndrome du détecteur muet, l’euphorie d’une touche imminente et la plénitude d’être tout simplement au bord de l’eau.

Dès les premiers rayons du soleil, nous devons nous rendre à l’évidence que nous avons passée une bonne nuit de repos, sans touche.

A nous de vite revoir la copie avec comme seul indice, le peu de sauts entendus en début de nuit, bien loin sur notre gauche.

Nous passons la journée à sonder, à repérer de nouveaux spots, quelques-uns plus profonds, bref nous essayons de mieux s’appliquer que dans l’assurance de la veille.

Malheureusement, la nuit suivante sera la copie conforme de la première, rien à signaler. Rendons-nous à l’évidence que nous nous sommes loupés quelque part. Sur le choix du poste ? Sur la stratégie ?

Soyons humble et avouons-nous que sur ce coup-là, le pire ennemi du pêcheur n’est autre que l’excès de confiance.

Nous pensions tellement être sûrs de notre plan de bataille pour espérer reproduire très facilement une pêche identique à la session précédente, que nous avons foiré notre départ.

Vous voyez bien l’image du sprinter qui se claque sur la première accélération, qui grimace en boitillant, victime d’un claquage musculaire ?

Bref, nous venons de subir le claquage du pêcheur, reste à voir où nous terminerons en boitillant.

Road trio en lac de barrage : Acte 3
Côté appât, nous restons sur nos valeurs sûres !

Diviser pour mieux régner

Nous sommes confrontés à un dur dilemme, si nous quittons ce poste, nous risquons de ne pas pouvoir faire marche arrière et regretter de voir une autre équipe s’y installer dessus.

La conviction qu’il puisse se mettre à produire à tout moment ne nous quitte pas. Puis en parallèle, bouger n’est pas un mauvais choix pour voir ce qu’il se passe ailleurs.

D’un commun accord, nous décidons de nous diviser, Tix garde le siège ici et moi je bouge en mode light pour une nuit à la belle étoile sur le secteur aval.

Nous ne tardons pas à positionner les cannes, pour ma part, j’ai la chance de bénéficier d’un large angle de pêche et de rapidement trouver de beaux spots qui m’inspirent confiance.

Depuis mon balcon, j’espère bien ne pas passer à côté du moindre signe d’activité pour mieux comprendre le cinéma des carpes.

A la tombée de la nuit j’ai le plaisir d’envoyer un message à Tix : Deuxième saut sur ma canne de gauche.
-RAS de mon côté.
-En milieu de nuit l’activité est vraiment plaisante, elles sont là elles marsouinent bien sur ma gauche.
-Chez moi elles doivent bien y être aussi, j’ai une vingt au sac…
-Cool, bien joué mon pote, mais ça ne va pas arranger notre prise de décision pour la suite.

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Au petit matin les sauts se sont bien calmés et je suis un peu déçu de ne pas avoir eu de départ, je cogite, je ne comprends pas tout…

Mais à ce moment-là une canne se courbe sous mes yeux, magique. Enfin un magnifique poisson, autour de seize.

Qu’est-ce qu’on fait ?

Je ne sais pas, j’ai quand même entendu des sauts ce matin sur ma droite, il ne faudrait pas se faire avoir, peut-être qu’elles migrent d’un cran vers l’amont.

Comment on fait ? Pile ou face ?

Pffff, allez c’est la plus grosse qui gagne, je remballe et je reviens au QG pour une belle séance photo. On y fait vingt-quatre heures et si on ne fait rien de plus, on bougera pour la fin de session.

Road trio en lac de barrage : Acte 3

La sagesse de la patience

Ces deux beaux poissons nous remontent à bloc pour la suite de la session. Nous les avons prises dans des profondeurs assez similaires (6 et 6,5 mètres) ce qui nous donne enfin un semblant d’indice pour mieux recentrer notre pêche.

Une nouvelle nuit se profile avec une activité un cran au-dessus, enfin et un peu à l’image de notre précédente session, un balai de sauts semble se déplacer en notre faveur, purée que c’est bon.

Allez, il nous reste trois nuits pour en découdre avec ces dames du lac. Pour une fois notre intuition aura été bonne, car nous prenons trois poissons cette nuit, toujours dans une cohorte qui est loin de nous déplaire.

La journée sera bien calme, il faut croire que la vague est passée, alors attendons la suivante en peaufinant le stratagème.

La nuit tombe au rythme de notre casse-croute, nous sommes bien rassasiés, puis à peine endormis quand tout s’emballe du côté de Tix.

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On est prêt, bien rodé, on embarque vite à deux. C’est la canne qui a produit la vingt l’autre nuit, est-ce un signe ? Est-ce une canne à porc ?

Comme on aime bien le dire.

En tout cas à voir la tournure du combat, la battante semble sérieuse. Plusieurs minutes s’écoulent jusqu’à ce qu’on arrive à apercevoir une belle masse, qui ne tarde pas à replonger pour un petit tour.

La seconde arrivée en surface se profile beaucoup mieux, c’est jouable, on se synchronise, oui, elle est dans l’épuisette. Quel poisson formidable ! Le lac nous à bien gâtés et comme deux gosses qui plantent leur tête dans leur cadeau, on ne peut s’empêcher de longuement la contempler.

Mais ne s’agirait-il pas du même gros poisson de notre première session ici ?

On l’admire plus en détail sur le tapis dont elle prend toute la longueur, c’est bien elle avec quelques centaines de grammes d’embonpoint, quel super poisson sauvage !

 

Merci pour la visite

La nuit sera courte car deux autres grassouillettes nous rejoignent, ce qui promet une sacrée séance photo matinale.

Choses faites, nous savons que la journée sera sûrement très calme, alors Tix se décide pour filer à sa voiture pour récupérer la bouteille de champagne des grandes occasions (elle doit sûrement dater…).

Un petit quart d’heure plus tard, mon pote m’appelle, il est dépité car il manque un léger détail à sa voiture. Son attelage est en berne, nous venons de nous faire braquer une remorque malgré ses cadenas.

Nous vous épargnerons ici les mots que nous avons longuement prononcés dans ce moment que nous ne souhaitons à personne.

Dans notre malheur, en jouant un peu à Tetris, le Zod de Tix, une fois dégonflé devrait rentrer dans sa voiture, ce qui n’aurait pas été possible avec ma bonne vieille barque.

Revenons à notre pêche et faisons péter ce bouchon de champagne qui nous laisse malgré tout un arrière-goût amer.

Quoi de mieux pour oublier cette mésaventure qu’un départ en pleine journée, il n’y a pas photo les combats de jour c’est le pied, tellement bon que quinze minutes plus tard on remet ça.

Deux beaux poissons bonus, c’est parfait pour entamer notre dernière nuit en toute confiance (sauf pour ma remorque). Les carpes sont bien là et nous gratifieront à notre rythme final de trois poissons dans la nuit, dont une avec une robe pleine de grosses écailles magnifiques.

Road trio en lac de barrage : Acte 3
Une session qui donne le smile !

Malheureusement, c’est le jeu, nous devons quitter le lac pour rejoindre notre quotidien, c’est toujours difficile de plier surtout quand les poissons sont devant nous, mais nous sommes ravis de cette semaine dans ce cadre si paisible.

Ravis de notre pêche avec une belle moyenne, non pas parce que nous avons bien pêché, mais simplement à l’image du cheptel du lac.

Et nous sommes ravis d’avoir recroisé en bonne santé ce grand poisson, signe du destin comme si la boucle était bouclée.

Road trio en lac de barrage : Acte 3

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