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Le placement des lignes fait partie intégrante de la stratégie de pêche. C’est un acte anodin à première vue, mais essentiel pour la bonne réussite de la pêche au même titre que le placement de l’amorce, du choix du montage ou de l’esche.
Faut-il caser un maximum de cannes sur un poste pour prendre un maximum de poissons ? Je n’en suis vraiment pas certain, je suis même sûr du contraire ; sûr qu’un poste supporte un nombre maximum de bannières (puisque c’est vraiment le problème).
D’après moi, le nombre de cannes à placer sur un poste dépend uniquement de la superficie amorcée et non pas du nombre de spots disponibles. Il est simple de comprendre que vous n’avez pas suffisamment de place pour quatre lignes sur un amorçage de quelques mètres carrés même si vous avez trouvé quatre spots vraiment intéressants, à l’inverse une zone de 3000M2 supportera facilement trois cannes, encore faut-il les répartir correctement et c’est à mon avis sur ce point qu’il y a le plus d’erreurs ou de négligences.
J’ai quelques exemples qui démontrent l’impact négatif que peut avoir une bannière.
Passage bloqué !
Juin 2012, je suis sur un poste qui me rapporte beaucoup de poissons. La pêche sur ce plan d’eau de 10 hectares est simple, la pression de pêche est quasi nulle depuis un an environ. Je le pêche tous les 2/3 jours uniquement le matin. Je replace après chaque micro-session quelques kilogrammes de la regrettée N-Gage XP.
J’y attrape des carpes à 10m du bord au lever du soleil puis au fur et à mesure de la matinée, les poissons s’éloignent de la bordure et je les prends sur la ligne placée à environ 80m. Un matin, un ami me rejoint pour une journée et se place à une centaine de mètres à ma droite.
Mon poste est situé sur l’aile gauche du lac, ce qui veut dire que la plus grande partie du lac se trouve à ma droite. Comme d’habitude, j’arrive au lever du soleil et lui environ 2 heures plus tard, ce qui me laisse le temps de prendre 2 ou 3 poissons.
Dès le moment où ses lignes sont à l’eau, je ne prendrai pratiquement plus une seule carpe (5 en tout pour la journée, alors qu’il va en prendre une bonne quinzaine). Mon poste étant situé dans un recoin du lac, les carpes sont pratiquement obligées de venir de ma droite mais elles tombent sur les lignes de mon pote avant les miennes, il crée ainsi un barrage qui empêche les poissons d’accéder à mon poste.
Je précise que mon poste est copieusement amorcé en quasi-continu depuis 2 semaines alors que le sien n’avait encore jamais reçu la moindre bille.
Octobre 2012. Sur un autre lac, je prends des carpes à la limite dur/mou du substrat, soit environ à 20m du bord. Deux pêcheurs arrivent vers 10h et s’installent à 50m de moi…
Leurs lignes sont placées en bateau amorceur près d’un grand banc de nénuphars à 120m du bord et certaines passent même au-dessus de mon poste. J’avais pris avant leur arrivée une belle commune, et il y avait pas mal d’activité sur le poste, mais suite à leur installation, plus rien du tout.
Je décide de bouger beaucoup plus à droite et j’arrive à sauver ma pêche en prenant 2/3 poissons sur le reste de la journée. Le soir, les pêcheurs me certifient ne plus revenir et je mets à l’eau 2kg de billes sur mon poste initial pour y repêcher le lendemain. J’y attraperai 5/6 poissons en moins de 4h. La preuve que les lignes des deux pêcheurs me gênaient. J’avais pris la bonne décision en me déplaçant.
Un chemin bien tracé
La carpe comme tous les animaux fonctionne grâce à des réflexes lui permettant d’assurer sa propre survie et celle de son espèce. Se nourrir, se reproduire, trouver une zone de confort et surtout une zone de sécurité sont les principes qui régulent son rythme de vie.
Toutes ces zones sont reliées par des chemins très précis qui ne varieront qu’en fonction des saisons et de la disponibilité de la nourriture et dans certains cas extrêmes de la pression de pêche mais ils sont à mon avis le plus court possible (des lignes droites).
L’ensemble des animaux sauvages ou pas, fonctionnent de la même façon et empruntent le même chemin de façon quasi immuable. Sur une colline par exemple, l’herbe est écrasée à tel point qu’on devine facilement le déplacement des animaux ; ils savent qu’il est sûr et n’en changent pas d’un mètre ; ils sont aussi associés à des chemins qui servent de sortie de secours en cas de danger.
Vous ferez la même constatation dans une pâture à vache alors que ces animaux n’ont plus rien de sauvage et n’ont plus de prédateur.
Nous-même utilisons toujours la même route pour aller et revenir du travail par exemple parce que nous la connaissons et qu’elle est rassurante.
Évidemment trouver les chemins reliant les zones d’alimentation des carpes n’est pas essentiel pour les attraper. Intercepter des poissons en déplacement et les inciter à se nourrir n’est pas chose aisée s’ils nagent entre deux eaux ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas l’habitude de trouver de la nourriture à cet endroit.
Il est bien plus rentable de présenter une esche sur une zone de nourrissage précédée d’un amorçage. Par contre connaître les chemins d’accès empruntés par les poissons pour rejoindre cette zone vous permettra de l’exploiter pleinement avec forcément des meilleurs résultats. L’idée est toujours d’avoir sur le poste des poissons en confiance et j’ai de nombreux exemples qui montrent que les bannières même plaquées sur le fond sont vraiment un gros problème.
Rendre chaque canne utile
Imaginez : deux nuits consécutives sur un poste d’une dizaine de mètres de large à environ 30m du bord et préparé la veille avec 2kg de Pacific Tuna en 18 et 24mm. Le jour J, l’amorçage est en place vers midi et les lignes sont placées en début de soirée sur un lit très dense de pellets CSL et de billes coupées.
La première nuit est assez incroyable avec au moins 50 sauts (je n’avais jamais connu ça) tous situés entre la berge à ma gauche et ma première ligne (soit environ 50m) pour une dizaine de touches. En analysant la situation au petit matin, c’est en fait la canne de gauche qui prend la quasi-totalité des poissons mais le plus bizarre étant que la deuxième canne ne touche qu’au moment où la première n’est pas à l’eau.
Bref, j’en déduis que la première agit comme une barrière infranchissable empêchant toute touche pour sa copine alors que les esches, les montages sont identiques et les bannières bien calées sur le fond.
Il faut bien comprendre que pour prendre des poissons votre montage doit être pêchant (non emmêlé avec un hameçon bien piquant) mais aussi et surtout que votre piège soit accessible. Dans cet exemple c’est pour moi le seul problème possible.
J’entends ou lis souvent sur Facebook : « X poissons, tous pris sur la même canne » et très franchement je ne comprends pas qu’un pêcheur peut se satisfaire d’une telle situation, si vos cannes sont en place toutes doivent être utiles (donc enregistrer des touches) sinon elles sont aux mieux inutiles, aux pires handicapantes.
Dans tous les cas vous ne devez pas vous satisfaire d’une telle situation et pour résoudre ce problème penchez-vous d’abord sur l’interaction de vos lignes entre elles.
Pourtant je pensais vraiment être dans le vrai puisque je n’avais que 50m d’eau à ma gauche et plusieurs hectares à ma droite, il était parfaitement logique que les poissons viennent du large à ma droite.
J’avais donc placé mes deux cannes en escalier à une vingtaine de mètres du bord pour la canne de droite et trente pour celle de gauche, les carpes devant pouvoir accéder sans soucis aux deux montages. J’ai donc fait l’inverse la deuxième nuit (30m à droite et 20 à gauche) pour un résultat forcément complètement différent au petit matin. Rien de magique, juste un peu de réflexion, de logique et surtout une volonté d’être efficace.
Une méfiance accrue
Tous ces exemples sur des eaux faciles ou sans pression de pêche montrent à quel point une carpe peut être méfiante et très franchement je suis le premier surpris. J’imaginais que la faim et la concurrence alimentaire jouaient en notre faveur avec des poissons ne prêtant pas attention à mes bannières (pourtant coulées) ou alors les confondant avec quelque chose de naturel. Mais il n’en est rien, tous les poissons même affamés analysent la situation en permanence.
Comprenez bien qu’il ne faut accorder aux carpes aucune forme d’intelligence mais un instinct de survie très pointu régi par des réflexes. Elles sont capables de ressentir un changement même minime dans leurs environnements habituels et une bannière même plaquée sur le fond est suffisante pour les perturber.
Je considère maintenant une bannière comme une barrière vraiment infranchissable. Même si j’utilise tous les artifices possibles pour la rendre aussi indétectable que possible, c’est loin d’être suffisant et il faut tout mettre en œuvre pour que toutes les cannes à l’eau puissent être accessibles.
La meilleure des solutions serait de ne pêcher qu’avec une seule canne à l’eau et en sortant le minimum de ligne. Dans ce cas il y a très peu de chances qu’un poisson soit ennuyé dans ses déplacements, malheureusement cette configuration ne représente pas la majorité de nos sessions loin de là. Il y a pourtant dans cette idée un point majeur qu’il faut absolument respecter : « Sortir le minimum de ligne ».
Vous avez déjà remarqué qu’un poste est plus productif si vous le pêchez à partir d’une berge plutôt qu’une autre ou avec un angle au lieu d’un autre. La réponse est simple moins de longueur de bannière égal moins de gêne, donne plus de touche.
C’est une vision très réductrice mais complètement vraie et facilement vérifiable par tous. Dans la pratique, il faut se placer sur la berge la plus près et la plus en face possible du spot afin de générer un minimum de perturbation, permettant à une carpe d’arriver sur votre piège depuis quasiment n’importe quelle direction.
En plus, cela améliore grandement la détection des touches. (Ce sera d’ailleurs le sujet d’un prochain article). La réflexion est la même si vous décidez de placer plusieurs lignes mais en y ajoutant je l’ai déjà dit, l’interaction entre elles.
La meilleure des solutions est de placer les lignes à des distances différentes en escalier et surtout de laisser un maximum de distance entre elles. Analysez chaque moment, chaque bip, chaque capture. Si vous enregistrez plusieurs bips sans suite c’est peut-être que des poissons tapent dans vos fils et non pas forcément des brèmes grignotant vos esches.
Essayez de relancer cette canne un peu plus près pour être fixé. De même la capture du premier poisson doit vous indiquer le sens d’arrivée des carpes sur votre amorçage et corrigez le placement des lignes s’il il y a lieu.
Ne vous contentez surtout pas de cette seule prise car vous passez peut-être à côté d’une vraie bonne pêche.
De tout cela retenez qu’une ligne que vous pensez invisible parce que vous utilisez une couleur proche de la teinte du substrat, que vous avez pris soin de couler n’est en aucun cas suffisamment «Safe». Je pense qu’une carpe connaît très bien son environnement et le moindre changement suffit à les mettre en alerte. Un minimum de fil sorti et un minimum de canne à l’eau (il en faut au moins une tout de même…) est la meilleure des configurations. Si vous avez suffisamment de place pour plusieurs lignes alors il faut être certain que tous les pièges seront accessibles.
Mon expérience me conforte de plus en plus dans l’utilisation de deux cannes ; c’est un très bon compromis pour l’exploitation d’une zone et l’interaction entre les lignes. Je pêche quasiment partout de cette façon (même les grandes rivières) sans avoir l’impression de louper des poissons.
La seule entorse que je fais est de n’en utiliser qu’une seule et pas simplement en stalking mais bien sûr des pêches d’une nuit ou journée entière.