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Une saison sur la rivière

Charles Souilhol

Dans le passé, j’avais laissé tomber la rivière pour me concentrer sur quelques gravières qui proposaient un beau cheptel de très belles et grosses carpes. Des coins encore peu pêchés qui m’ont permis de très belles captures avec pas mal de carpes pesants de 20 jusqu’à 29,700 kilos !

Mais ce genre d’endroit fini toujours par être connus et la pression de pêche devient inévitable. Difficile de pouvoir garder une certaine tranquillité, nécessaire à mon équilibre au bord de l’eau. Prendre et vouloir ne faire que des grosses carpes est un état d’esprit dans lequel je ne veux pas rentrer !

Savourer sa pêche et apprécier une carpe de 12 kilos autant qu’un spécimen de 25 kilos me permet de continuer de vivre ma passion comme aux premiers jours. Il est temps pour moi de laisser de côté ses eaux trop pêchées et de me tourner vers des berges plus calmes. Etant proche de la Saône pourquoi m’en priver !

Un début de saison prometteur

En rivière la taille n’a pas grande importance, chaque poisson est le bienvenu et me comble de bonheur !

Nous sommes mi-mars, la température de l’eau a du mal à excéder les 12 degrés ! Mais le soleil commence à bien briller depuis une bonne semaine. La nature s’éveille petit à petit, il est temps de retourner au bord de l’eau. N’ayant que les week-ends de libre avec une vie de famille bien remplit, il faut partager son temps…

Donc moins pêcher, mais mieux pêcher !
Je décide de mettre en place un amorçage 48 heures avant, le vendredi matin, qui est constitué de 4 kilos de bouillettes bien étalé et qui, je l’espère, portera ces fruits…
Nous sommes dimanche matin, je suis réveillé bien avant le réveil, la première pêche de l’année est toujours plus qu’attendue, les autres aussi d’ailleurs !

Une miroir bien grasse de la Saône !

Ça y est, les cannes sont tendues et le moment de l’attente et de la patience reprend toute sa dimension dans la pêche de la carpe. En apercevant un peu d’activité, je ne m’attends pas à faire un grand nombre de touches, mais la capture d’un ou deux poissons me semble bien envisageable. L’attente aura duré jusqu’en fin de journée pour enfin entendre un détecteur qui s’emballe et admirer une magnifique commune de 18,900kg rejoindre mon tapis de réception. Quelle joie énorme de mettre un tel poisson de rivière au sec ! Mon amorçage aura bien porté ces fruits. Un début de saison qui semble prometteur…

Le mois de mars se termine, place au mois d’avril, les températures sont de plus en plus clémentes. Les carpes commencent à se mettre bien en activité. Je change de secteur, je compte maintenant pêcher un poste de passage plus que de tenue.

Pour ce secteur, je décide d’amorcer juste en bas de la cassure, à une quinzaine de mètres du bord, sur une longueur de 200 mètres 5 kilos de bouillettes. Mes trois cannes seront positionnées chacune sur des piques, bien espacées entre elles. Mes montages seront eschés de présentations snowmans constitués d’une bouillette de 24mm et d’une pop-up de 20mm.

A peine une heure de pêche et j’enregistre ma première touche, une belle commune toute en longueur de 12 kilos. Puis plus un bip ! Est-ce que les silures ont pris place ? Est-ce que juste quelques grosse carpes se baladent ? Les questions s’enchaînent… En fin d’après-midi une canne me fait signe, je prends contact, c’est puissant !

Après un bon quart d’heure j’aperçois une belle carpe, je devine que c’est une miroir. Elle finit dans mon épuisette et je me sens chanceux devant la belle qui affiche sur mon peson 21,500kg ! La capture de ce genre de carpe en rivière n’a pas de prix… La journée se terminera avec une magnifique petite pépite. Je suis comblé…

A l’abri du courant

Une saison sur la rivière
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Quelques jours plus tard un autre secteur m’intéresse depuis un bon moment, une retenue de la rivière qui n’est absolument pas pêchée, pas d’info sur ce lieu, mais je n’en ai pas besoin. Je tente ma chance, on verra bien. Cette retenue a beaucoup de profondeur avec une moyenne de 12 mètres. Il n’y a pas trop d’herbiers et le fond est très argileux, ce qui fait le bonheur des anodontes, il y en a partout. Les carpes doivent bien en profiter et rentrer dans cette retenue en quête de cette nourriture abondante.

Après un sondage méticuleux, je pêcherais le fond de cette retenue plutôt que l’entrée. Mon expérience me dit qu’il y a de jolies poissons à dénicher en plein cœur de cette retenue plutôt que de pêcher l’entrée et ainsi éviter d’intercepter les bancs de petites communes qui font des va-et-vient entre la rivière et cette darse. Sur le poste que j’ai choisi, il y a une grosse cassure très prononcée à moins de 10 mètres du bord, avec un joli plateau sur la gauche.

Une saison sur la rivière
Une morphologie qui use les blanks de nos cannes !

Les profondeurs varient de 4 mètres pour le plateau où je positionne ma canne de gauche, de 13 mètres pour ma canne du milieu, puis une remonté à 7 mètres pour ma canne de droite. Chacune pêchera dans des profondeurs bien différente, ce qui me plaît bien. Pour ce genre de poste, j’effectuerais un amorçage de 5 kilos à la bouillette en forme de V à l’envers. Mon intuition va s’avérer plus que satisfaisante avec en première touche une grosse carpe commune qui frôle les 23 kilos !

Quelle joie de pouvoir piquer ce genre de poisson de ce gabarit en rivières ou bien souvent les bancs de petite commune comprise entre 8 et 13 kilos prennent le dessus et se servent en priorité sur nos amorçages ! C’est pour cela que j’amorce toujours le plus large possible pour éviter au maximum de tout me faire dévorer par le premier banc de petite carpe ou encore par les moustachus qui ne se privent pas de nos offrandes.

Pousser un maximum les poissons à nager le plus possible sur nos amorçages me semble important, mis à part les pêches en spot ou les montages seront placés à des endroits très précis pour cibler un poisson sur une seul zone à chaque fois. Ce qui s’avère être la solution par moment.

Ne pas les déranger SVP

Une saison sur la rivière
Mon montage de base, costaud et efficace !

Le mois de mai s’annonce assez chaud pour la saison et très ensoleillé, la température de l’eau frôle les 18 degrés, on commence à apercevoir les carpes qui se rassemblent pour préparer le fraie. Il est temps de les laisser tranquille et de pouvoir les repêcher de plus belle quand elles se seront remises en activité alimentaire. Entre le mois de juin et le mois de juillet les températures montent radicalement, sans une goutte de pluie pendant près de deux mois.

C’est un calvaire, nous frôlons les 40 degrés pour une température de l’eau qui s’élève à presque 30 degrés ! Les rivières et les gravières perdent considérablement de leur niveau habituel. Les carpes évoluent très souvent au ras de la surface, à l’ombre des branches qui surplombe l’eau. Le taux d’oxygène devient très faible, difficile de tirer son épingle du jeu quand les carpes se nourrissent très peu ! Je laisserais place aux vacances avec ma femme et mes deux enfants en attendant un changement de temps.

Le mois d’août semble un peu plus propice avec quelques orages par-ci par-là qui rafraîchissent légèrement l’atmosphère. On y croit, mais les poissons se font assez discrets, c’est quand même avec une grande satisfaction que je glisse dans l’épuisette une magnifique carpe commune de 15 kilos suivie d’une autre petite commune de 13 kilos.

Septembre approche, mais ce mois-là reste encore très chaud et pas simple à négocier. J’attendrai la venue du mois d’octobre avec une certaine chute de températures et de basses pressions pour se réarmer de courage et pouvoir repartir sur les berges gonflé à bloc mais quel bloc…

Un nouveau record

Une saison sur la rivièreDébut octobre, je mets le paquet, je me redirige sur mon secteur que j’avais pêché en tout début de saison. J’amorce copieusement toute la zone avec 8 kilos de billes carnées, je le sens bien, je suis sûr que les carpes ont repris une certaine activité, j’aperçois des fouilles bien visibles et quelques sauts, je suis confiant.

Mes cannes seront bien espacées et pêcheront chacune une zone bien différente afin de pouvoir parvenir à intercepter la moindre carpe qui passerait dans le coin !

L’attente ne fut pas longue avec pas moins de trois heures de pêche quand un détecteur se met à hurler ! Je prends contacte, mais malheureusement cela se soldera par une décroche ! Sur la premières touche il n’y a rien de plus rageant…

J’attendrais la fin de matinée pour enregistrer un deuxième départ avec un poisson d’une rare puissance, un fish qui semble lourd et infatigable. C’est seulement au bout de vingt minutes d’un puissant combat que je glisse dans l’épuisette une commune hors norme de 24 kilos… Quel bloc ! Je suis aux anges, je bats mon record de commune et en rivière quelle chance !

Une saison sur la rivière
Un poisson hors norme de rivière !

Avant le retour de l’hiver

Les températures se mettent à chuter radicalement courant octobre et novembre, les précipitations prennent le dessus. Le niveau de l’eau monte, la température et comprise en moyenne entre 10 et 12 degrés en surface, il est temps de revoir les quantités d’amorçage et les stratégies qui suivent.

Une saison sur la rivière
La pêche se pratique la plupart du temps à moins de 50 mètres du bord.

Pour ma part je pécherai mi-novembre, sur un secteur de tenue. J’amorcerais ce secteur avec deux fois 2,500kg de bouillettes sur deux jours consécutifs.
Arriver sur le poste mon premier amorçage datait de 48 heures et le second de la veille.

A peine arriver j’aperçois déjà des poissons qui fouillent. Ces 12 heures de pêche devant moi me donnent un bon pressentiment.

Mes cannes seront eschées avec une bouillette de 18mm à base d’épices accompagnés d’une pop-up en 14mm orange fluo, enrobés d’une pâte d’enrobage sur ma bouillette dense.
Malgré une chute brutale des températures dans l’air, et un refroidissement considérable de l’eau, le résultat fut sans appel, je cumulerais trois touches avec de belles carpes communes comprises entre 12 et 15 kilos quelle joie !

Pour moi la pêche se termine, non pour la saison, car j’affectionne particulièrement la pêche de la carpe l’hiver, mais à l’arrivée du mois de décembre un break s’impose, place aux idées cadeau et toutes aux autres bonnes choses que nous trouverons dans nos assiettes.
En attendant le mois de janvier qui s’annoncera plus calme et qui me permettra de tremper à nouveau les lignes…

Une saison sur la rivière

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