de Augustin Carre
Attirer une carpe vers son piège suppose, par un moyen visuel, olfactif ou autre, de détourner le poisson de son occupation initiale pour l’orienter vers une zone privilégiée, à savoir ce que le carpiste appel « son spot ».
L’espace subaquatique étant tridimensionnel, la carpe peut autant se trouver en surface, sur le fond ou entre deux eaux.
Générer un départ, c’est faire en sorte que l’esche et le poisson se rencontrent, mais cela peut devenir très compliqué si ces deux protagonistes n’évoluent pas dans la même couche d’eau…
Parfois, on peut observer le poisson et cibler la hauteur d’eau dans laquelle il évolue, mais il est des situations où c’est beaucoup plus compliqué et c’est justement lorsque ce scénario se présente qu’une bonne maîtrise de la densité de ses attractants devient un atout conséquent pour aiguiller les carpes vers son esche : c’est ce que je vais aborder au travers de cet article.
Tout d’abord, qu’est-ce que la densité d’un attractant ? C’est d’une certaine façon le « poids » de l’attractant qui définit si ce dernier « flotte », « coule » » ou « lévite entre deux eaux ».
Nous avons tous en tête l’idée que l’huile est un attractant qui « flotte », c’est pour cette raison que c’est un bon outil pour générer de l’attraction en surface.
Il existe beaucoup d’attractants qui ont des densités différentes et savoir jouer avec ces dernières permet de former un nuage intéressant dans la colonne d’eau choisie.
Ces fluides peuvent prendre le rôle d’attractants ou même de moyen de transport d’attractant.
A titre d’exemple, les microgouttelettes d’huiles qui remontent à la surface peuvent emporter des particules d’épices telles que le piment et ainsi « pimenter » la surface de l’eau.
L’alcool est un autre attractant qui « flotte », alors bien sûr, il ne faut pas amorcer à la vodka, mais sachez que les arômes et attractants sur base d’alcool sont nombreux et ils auront tendance à remonter vers la surface pour aromatiser les couches supérieures de l’eau.
A l’inverse, une eau légèrement salée « coulera » et fixera les attractants sur le fond ce qui va conduire les carpes à rester le nez sur le plancher.
Une astuce assez intéressante consiste à « spoder » un mélange légèrement salé qui va provoquer un courant gravitationnel.
Ce dernier n’est autre qu’une sorte d’avalanche attractive qui va non seulement plonger vers les couches d’eau inférieures, mais en plus cette dernière va s’étendre sur une grosse surface et marquer profondément le fond de votre spot.
Pour donner un exemple d’attractant qui va se répandre entre deux eaux, nous pouvons citer tout simplement l’eau de votre lac (attention, bien prendre de l’eau à la même température que votre lieu de pêche, car la chaleur change la densité).
Si vous aromatisez cette eau et l’insérez dans votre spod mix, vous allez générer un nuage d’attractants « entre deux eaux ».
Si l’eau de votre seau est un peu plus chaude (restée au soleil par exemple) alors votre mélange restera plutôt en surface et à l’inverse, une eau un peu plus fraîche se stabilisera dans les couches plus profondes.
Ces premiers exemples montrent qu’en utilisant des attractants avec des densités judicieusement choisies, on arrive à réaliser un nuage dans la colonne d’eau recherchée.
On peut aussi faire le choix de sélectionner un fluide ayant une densité particulière et à le mélanger avec les additifs de choix (par exemple de l’eau salée mélangée à des épices, du liquide de foie ou un arôme) et l’utiliser comme vecteur des attractants (comme moyen de transport).
Le liquide va ici jouer le rôle de transporteur d’attractant : cet Uber de la pêche relie la carpe à votre spot.
Dernier point de physique à maîtriser : la miscibilité. Ce terme barbare défini simplement si deux fluides peuvent se mélanger.
Le plus connu étant évidemment l’huile et l’eau qui ne se mixent pas facilement.
C’est pourquoi il est illusoire de croire que vous allez pouvoir mélanger une huile essentielle avec de l’eau froide et espérer faire « descendre » votre huile dans la colonne d’eau de cette façon-là.
Ainsi, il faut être prudent avant de s’inventer chimiste fou, tous les fluides ne sont pas miscibles et c’est pourquoi il vaut mieux faire un petit test en bordure pour assurer la valider de sa création.
Une fois ce dernier point abordé, vous êtes prêt à mettre en place une stratégie d’amorçage dans la colonne d’eau escomptée.
Enfin, que vous pêchiez au pain en surface, à la bille sur le fond ou au zig entre deux eaux, vous trouverez forcément un fluide qui permettra soit de faire « monter » les carpes, de les faire « descendre » ou encore de les maintenir dans votre niveau d’eau pour espérer les faire rencontrer le plus rapidement possible votre esche.
Globalement, la densité et la miscibilité sont deux notions de physiques simples à comprendre et faciles à mettre à profit dans le cadre de la réalisation d’un amorçage stratégique.
Je ne peux que vous encourager à réfléchir à ces notions lors de votre prochain amorçage pour jouer sur les différentes colonnes d’eau et ainsi, à aimanter les carpes vers votre montage !
Osez et vous serez récompensés…
