Techniques & Stratégies

Side Imaging ou sonder large !

Jurgen Lievens & Glenn Labie

Side Imaging, tout le monde en a entendu parler mais très peu de carpistes s’en servent réellement. Là où dans l’univers de la pêche des carnassiers un grand nombre de pratiquants a adopté cette technologie et en tire un vrai bénéfice, on voit que dans le monde de la carpe on hésite, on doute, on ne sait pas trop quoi en penser.

Le but de cet article est de bien expliquer de quoi il s’agit réellement, de vous expliquer l’utilité et de vous enlever les doutes.

En ce qui nous concerne, nous aimons traquer la carpe en nous servant d’un bateau. Il y a 6 ans l’arrivée du Side Imaging (SI) moderne nous semblait donc être une vraie évolution sur le plan technologique, et c’était bien le cas, même bien plus que nous l’avions imaginé !

Le SI est pour nous devenu un outil indispensable. Bien sûr, sans le SI nous prendrons bien des carpes, mais grâce à l’interprétation des images SI sur l’écran nous apprenons tellement plus sur les carpes, leur comportement et leur milieu de vie. Le SI a indiscutablement boosté considérablement notre courbe d’apprentissage dans la pêche de la carpe !

Notre façon de procéder est en fait très simple. Nous commençons une session en faisant un tour de bateau sur l’eau avec comme premier objectif de localiser des carpes (oui vous le lisez bien !).

Il n’est pas toujours possible de scanner un plan d’eau entier. Nous n’allons pas déranger les postes déjà occupés par des carpistes, ou, si un plan d’eau est vraiment très grand, nous nous limitons à un secteur précis. Bien sûr nous ne cherchons pas seulement des poissons mais aussi des plateaux, des fosses, des cassures, des herbiers, des obstacles, bref, tout ce qui peut attirer des poissons à un moment donné.

Grâce au SI et la bonne interprétation des images qui défilent sur l’écran, vous apprenez énormément de choses sur un plan d’eau ou un poste en un minimum de temps. L’information que le SI nous fournit nous permet tout de suite de mettre en place une approche bien plus réfléchie et bien plus efficace, tout en évitant bien des erreurs ou une perte de temps inutile.

Avec le SI on découvre une réalité qu’on s’était imaginée autrement, ou encore des choses qu’on n’aurait jamais découvertes sans le SI. Tout d’un coup la vraie topographie des fonds devient très claire.

Avec un écho 2D classique on peut détecter ou louper (!) la présence d’un obstacle, mais avec le SI il ne nous échappe pas et on peut vraiment voir sa forme, sa taille, son positionnement sur le fond… On apprend également plus sur le comportement des carpes, à quel moment de la journée ou avec quelles conditions météo elles se trouvent à tel ou tel endroit, comment elles réagissent par rapport au vent, etc. Cela nous permet aussi d’accumuler une expérience qui nous servira sur d’autres plans d’eau qu’on pêchera plus tard.

Side Imaging ou sonder large !

Est-ce qu’un sondeur SI remplace-t-il un sondeur classique ? Bien sûr ! Il possède systématiquement le mode 2D classique aussi. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour choisir le mode d’affichage que l’on souhaite.

Et bien souvent le mode 2D est bien mieux sur un sondeur SI ! Mais le SI apporte tellement plus que la mesure des profondeurs…

Certains d’entre vous se souviennent peut-être de l’arrivée des premiers échosondeurs. L’appareil a tout d’abord suscité beaucoup de critiques. Les carpistes disaient que ce n’était plus de la pêche, que c’était de la triche, que jamais de leur vie ils s’en serviront.

C’était déjà la même histoire quand les indicateurs de touches électroniques sont arrivés dans les rayons, et on connaît la suite… Sur ce point de vue l’univers carpe a toujours été un peu rouillé dans ses principes, les carpistes il ne faut pas les bouleverser avec des nouveautés trop révolutionnaires, ils ont besoin de leur temps d’adaptation…

Comment ça marche ?

Eh bien, comparons-le d’abord avec le signal d’un échosondeur classique. Dans ce dernier cas la sonde envoie un signal de façon verticale sous le bateau vers le fond.

Le signal réfléchi par le fond est ensuite capté par la sonde et traité de manière à ce que nous puissions voir la profondeur et le profil (la structure) du fond tel qu’il se présente sous le bateau sur l’écran.

Avec le SI des signaux sont aussi envoyés à gauche et à droite du bateau, puis la sonde capte les signaux réfléchis de la même façon. Cette fois-ci l’appareil est en mesure de nous montrer le fond tel qu’il se présente à gauche et à droite de notre bateau.

L’image sur l’écran est assez impressionnante, cela ressemble presqu’à une photo aérienne d’un paysage, sauf que le paysage est le fond d’une rivière ou d’un lac ! L’image SI est très détaillée car conçue avec des signaux d’une fréquence bien plus élevée que celle utilisée par un sondeur 2D classique, c’est-à-dire 455 kHz ou même 800 kHz.

Cette dernière fréquence produit les meilleurs détails. Pour un sondage en 2D la fréquence est autour de 200 kHz, voire même 50 ou 80 kHz. Il existe des sondes « dual beam » qui travaillent avec deux fréquences, celle qui est la plus basse est utilisée pour les très grandes profondeurs en mer. Si on utilise une basse fréquence (50 kHz) en eau douce (sur nos eaux peu profondes) le signal traverse d’abord la vase avant de réfléchir.

Avec une sonde « dual beam » il est donc tout à fait possible de mesurer l’épaisseur d’une couche de vase, en mesurant d’abord la profondeur avec un signal de 50 kHz, puis en 200 kHz, la différence de profondeur indiquant l’épaisseur de la couche de vase. Sur un fond dur on ne trouve pas de différence.

Side Imaging ou sonder large !

Quelques réglages

1 – Largeur du champ de mesure (SI range)

Avec le SI il est possible de voir jusqu’à plus de 70m à gauche et à droite de votre bateau. Il est donc possible de balayer les fonds sur 140m de large ! La largeur de balayage SI est réglable.

Nous avons pris l’habitude de la régler entre 25 et 35m de chaque côté, car plus on balaye large moins on a de détails sur l’écran et il est plus difficile d’interpréter l’image. En réduisant le champ de balayage, l’image nous montre de façon plus réaliste (mieux proportionnée) les poissons, les obstacles ou toute autre structure.

Le réglage à 25m permet même de faire la différence entre différentes espèces de poissons. Si vous ne cherchez pas spécialement les poissons mais plutôt les herbiers, les bosses, les fosses, les cassures, etc, vous pouvez balayer plus large pour voir plus loin et gagner du temps.

Side Imaging ou sonder large !
1 : Profondeur / 2 : Chenal / 3 : Le fond à gauche / 4 : Le fond à droite / 5 : Herbes / 6 : Deux gros poissons (carpes…) / 7 : Poisson fourrage / 8 : Poissons de taille moyenne (tanches, brèmes…)

 

2 – Sensibilité

La sensibilité n’est en fait rien d’autre que le réglage des contrastes (couleurs claires et foncées). Les fonds durs n’ont pas besoin d’autant de sensibilité que les fonds mous. Trop de sensibilité donne une image trop claire, et pas assez de sensibilité une image trop sombre. Dans les deux cas on perd un peu les détails.

Il n’existe pas de réglage standard pour tous les cas de figure, c’est à l’utilisateur du sondeur d’effectuer le bon réglage (celui qui donne le plus de détails) pour chaque cas. En se déplaçant avec le bateau il faut surveiller le contraste de l’image et retoucher la sensibilité à chaque fois que cela s’avère être utile. C’est relativement facile à gérer.

Ce sujet m’emmène vers un aspect important du SI : la différentiation des fonds durs et mous par l’interprétation des couleurs ! Les fonds durs reflètent mieux le signal envoyé par le sondeur que les fonds mous, et par conséquent sont bien plus clairs sur l’écran.

Cela marche vraiment très bien. On peut voir de loin un plateau ou une surface de fond dur qui se distingue très bien des fonds mous autour. Nous cherchons régulièrement ces spots durs qui sont souvent des valeurs sûres.

N’avons-nous pas toujours cherché ces spots durs, même avant l’époque des sondeurs ? Ce qui change est qu’avec le SI on gagne énormément de temps !

Side Imaging ou sonder large !
Sensibilité minimale

 

Side Imaging ou sonder large !
Sensibilité maximale

 

Bon, pour être parfaitement honnête, les choses ne sont pas aussi simples que cela, et il faut de l’exercice et de la patience pour apprendre à vraiment bien interpréter les images qui défilent sur l’écran.

Il y a pas mal de choses qui reflètent bien les signaux du sondeur et qui par conséquent s’affichent de façon plus claire voire très claire sur l’écran.

Tous genres d’objets et d’obstacles comme par exemple une roche ou une souche sont affichés de façon plus claire. C’est le cas également des poissons. Il est important de savoir aussi qu’un fond (ou cassure) remontant reflète aussi mieux les signaux, à cause de leur angle par rapport à la sonde. C’est l’envers dans le cas d’un fond (ou cassure) descendant, qui s’affichera de façon plus sombre.

Side Imaging ou sonder large !
1 : Profondeur / 2 : Le fond à gauche / 3 : Le fond à droite / 4 : Herbier / 5 : Trou ou passage dans l’herbier (un spot très intéressant !) / 6 : Souches.

Ceci nous emmène vers un autre aspect très important de l’interprétation des images SI. Les ombres ! Imaginez votre sonde comme un soleil qui envoie des rayons.

De la même façon que le soleil crée des ombres, les objets que le SI détecte au fond de l’eau auront des ombres aussi. Et c’est justement grâce à ces ombres que vous allez pouvoir identifier les objets et les poissons.

Cela prendra un certain temps pour l’apprendre, mais vous verrez que les carpes n’ont pas les mêmes ombres que les brèmes, les brochets ou les silures ! Le plus souvent l’ombre d’une carpe ressemble à une sphère de couleur très foncé. On la distingue facilement d’un silure qui lui projette un ombre allongé avec la partie avant bien plus large.

L’ombre permet aussi de deviner la grandeur et la hauteur de certains objets, et de voir leur orientation, ou encore de voir les branches d’un arbre ou la hauteur à laquelle nagent les poissons. L’ombre nous donne donc des informations complémentaires utiles ou même indispensables pour une interprétation correcte de l’image du sondeur SI.

3 – Vitesse de défilement (Chartspeed)

Il s’agit ici d’un réglage un peu plus difficile à maîtriser, mais très important aussi pour un sondage SI. Il s’agit en fait de la vitesse à laquelle les images défilent de droite à gauche de l’écran. Mais il y a plus que cela…

Ce réglage détermine combien de fois un objet est touché par les signaux émis par la sonde et combien de fois l’image sur l’écran est renouvelée, et par conséquent la vitesse avec laquelle un objet défile sur l’écran.

Un bon sondage dépend aussi de la vitesse à laquelle le bateau avance. En règle général, plus on diminue la vitesse de défilement, plus on obtient de détails, mais cela a comme conséquence qu’un objet scanné se trouve en réalité plus loin derrière le bateau que l’écran nous suggère ! La vitesse de défilement de l’écran doit donc être au mieux adaptée à la vitesse du déplacement du bateau.

Avec un mauvais réglage les objets et poissons ne sont pas bien détectés avec comme résultat que l’image sur l’écran ne corresponde pas à la réalité. Avec une trop grande vitesse de défilement les objets et poissons sont allongés, avec une trop faible vitesse de défilement tout est compressé.

Side Imaging ou sonder large !
Un fond descendant (1) crée une ombre. Les signaux renvoyés par un fond remontant (2) sont plus forts, donc plus clairs sur l’écran. L’image nous montre ici un chenal assez large orienté de façon diagonale par rapport à notre bateau.

 

Conseils d’utilisation :

A – La bonne vitesse de défilement de l’image est indispensable pour obtenir une image qui se rapproche le plus possible de la réalité. Un bon point de départ est de régler la vitesse de défilement à la même valeur ou un cran en dessous de la vitesse de déplacement du bateau.

Si par exemple le bateau avance à une vitesse de 3 km/h, on règle la vitesse de défilement à 3 ou 2. Les pêcheurs de carnassiers jonglent beaucoup plus avec ce réglage que les carpistes.

Par exemple, pour bien analyser un banc de poissons fourrage, ils augmentent la vitesse de défilement, ce qui sur l’écran crée plus d’espace entre les poissons qui constituent le banc. Mais en poussant trop loin on perd trop de détails.

B – Pour le SI nous vous conseillons d’avancer avec une vitesse d’au moins 3 km/h.

C – Faites en sorte de toujours avancer à la même vitesse. Cela évite de changer trop souvent de réglages et permet de mieux se concentrer sur l’image qui s’affiche sur l’écran.

D – Avancez en ligne droite ! Si vous avancez en suivant une courbe l’image sera allongée sur un côté et compressé de l’autre…

E – Pour bien sonder une zone de bordure en SI, il faut réduire la largeur de balayage et diminuer la sensibilité du fait qu’un fond remontant reflète de façon plus forte les signaux.

F – La fonction zoom est très pratique. Pour mieux analyser un objet scanné, par exemple pour déterminer de quelle sorte de poisson il s’agit, ou pour voir s’il s’agit d’un poisson ou d’une souche, vous pouvez faire un arrêt sur image puis effectuer un zoom sur l’objet en question.

S’il s’agit d’un poisson très près du fond, vous pourriez voir un petit espace entre le poisson et son ombre. Quand il s’agit d’une souche, l’ombre part directement à sa base. C’est un exemple concret qui montre l’utilité de la fonction zoom.

G – En nous servant de notre sondeur SI nous avons remarqué que les carpes ne sont que très rarement toutes seules. On les trouve souvent par 3 ou 4. Seulement en hiver ou en période de frai, les carpes se regroupent en grands bancs. Si sur l’écran vous voyez 3 ou 4 gros poissons ensemble il s’agit presque toujours de carpes.

H – Sur un fond plat on remarque que les parties dures se situent souvent un peu au-dessus des parties molles. Dans la plupart des cas il s’agit d’une différence de profondeur d’à peine 10 cm.

Parfois on observe le contraire : une partie dure légèrement plus profonde que les fonds autour. Les carpes qui s’alimentent ou se regroupent sur une surface de fond molle finissent par faire disparaître la couche molle à cet endroit. Ce qui reste est une surface de fond plus dure légèrement plus profonde. Il s’agit toujours de petites surfaces, pas très faciles à détecter, mais elles constituent systématiquement des hot-spots !

I – Un sondeur SI possède aussi un excellent GPS. Cela permet l’enregistrement de « Waypoints » qui vous permettent de mémoriser tous les spots ou zones intéressants pour pouvoir les retrouver facilement plus tard.

J – Si vous découvrez quelques carpes à un endroit il ne faut pas hésiter à les pêcher à cet endroit précis, même si apparemment il n’y a rien d’intéressant. Les carpes ne sont pas là par hasard.

Elles ont comme habitude de toujours fréquenter les mêmes endroits en suivant toujours les mêmes routes lors de leurs déplacements. En découvrant ces endroits et routes, il est aussi possible d’exclure certaines parties d’un plan d’eau qui ne sont jamais visitées par les carpes.

K – Le conseil suivant est capital ! Si vous voulez scanner un plan d’eau dans le but précis de trouver les carpes, partez sonder le soir ou la nuit ! La journée les eaux semblent souvent être complètement désertées, comme si vous naviguiez sur une eau sans carpes, mais en sondant le même parcours la nuit vous verrez qu’il y a de la vie partout !

L’explication se trouve dans le fait que durant la journée les carpes évoluent souvent dans la couche supérieure de l’eau, ce qui fait que leur ombre se situe en dehors du champ de balayage. Les poissons en surface ne sont même pas détectés du tout.

Ce que nous avons surtout compris après quelques années de SI est que les carpes ont très souvent des habitudes précises et fixes, et que parfois elles arrivent à nous surprendre encore.

Il nous reste encore pas mal de choses à apprendre sur ces poissons, mais la technologie SI nous a permis de faire un bon pas en avant au niveau de la connaissance de leur comportement.

Ce n’est pas seulement valables sur les grands lacs et les fleuves mais aussi sur des petits plans d’eau ou encore les canaux.

Side Imaging ou sonder large !
Superbe spécimen capturé sur un spot stratégique repérés à l’aide du SI…

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