Sessions - Récits

La rivière folle !

Alan Blair

Je suis très heureux car grâce au travail, je reçois de nombreuses invitations pour la pêche. Il y a tellement de gens gentils et généreux. Il n’est tout simplement pas possible d’accepter toutes les invitations.

C’était le cas par rapport à mon ami Tobias en Allemagne. Cela faisait plusieurs années qu’il me proposait de venir pour partager l’expérience de sa pêche d’hiver.

Par ailleurs, il avait fait la même proposition à Steve Briggs et Simon Crow. Je lui avais dit que je n’avais pas le temps, que j’avais trop de boulot, mais quelque chose m’intriguait. Il m’avait envoyé des photos avec des carpes dans des paysages complètement enneigés. C’était vraiment spécial.

Et dans les derniers mails qu’il m’a envoyés, il commençait carrément à me provoquer : « Tu es un minou Alan ! Tu n’es pas à la hauteur, tu ne supportes pas la boue et tu ne supporteras pas les conditions météos dures de l’Allemagne de l’Est à cette époque de l’année ! Il s’agit d’une pêche de vrais hommes ici ! »

Non seulement il m’a tenté avec les photos de ces carpes épiques dans un endroit incroyable, mais c’étaient tout autant les mails provocateurs que je recevais de lui qui m’ont fait mordre à l’hameçon.

Alors nous avions enfin planifié une session, mais malheureusement ma mère est tombée malade et je suis allée en Nouvelle-Zélande pour la voir, donc j’ai dû annuler. J’étais vraiment frustré, Oli et moi avions programmé cette session dans le cadre d’un tournage d’Eurobanx sur la pêche hivernale.

L’année dernière, 2019, j’ai enfin eu l’occasion de faire une première petite pêche sur cette « rivière folle » comme Tobias l’avait décrit.

Un mystérieux lac

Cette session faisait partie d’un voyage d’une semaine à travers l’Allemagne pour visiter des magasins et avoir des réunions. Bien sûr, plutôt que de rester dans des hôtels, j’ai passé cette semaine à pêcher les nuits avec Thilo Schulze dans et autour de Berlin.

Nous avons pêché les lacs de parcs et quelques autres endroits, mais je voulais surtout pêcher cette rivière. Je n’avais jamais vu un endroit pareil, ni pensé que quelque chose comme ça pourrait même exister auparavant !

La rivière traverse un lac vide. Au printemps, en été et au début de l’automne, ce lac fait à peu près 160 ha. Un grand plan d’eau, complètement uniforme en profondeur et entouré de petites villes et villages.

Sa seule raison d’être est la défense contre les inondations. Pendant les mois d’hiver, si la région devait recevoir de fortes pluies ou de la fonte des neiges, les autorités pourraient remplir ce lac d’eau pour protéger les habitations environnantes contre les inondations.

Une rivière qui traverse un lac vide…

À chaque extrémité du lac se trouve un barrage de très haute technologie et ceux-ci contrôlent et régulent le débit provenant de la rivière et, si besoin est, le retiennent et remontent le lac.

Alors je me suis retrouvé en Allemagne de l’Est à regarder le paysage lunaire stérile de ce lac vide. Le fait qu’à certains moments c’était un lac n’était pas vraiment pertinent pour le voyage, mais cela signifiait que tout ce qui vivait dans le lac pour le reste de l’année était concentré et contenu dans ce système fluvial. Les poissons ne peuvent pas passer le barrage, c’est impossible.

Ils pourraient descendre en aval mais uniquement en cas d’inondations très importantes.

Ce que j’ai appris en passant plus de temps là-bas, c’est que je n’ai jamais vu de poisson descendre vers le barrage situé en aval. Pour une raison quelconque, ils étaient toujours à au moins 100 mètres du barrage. Peut-être y ressentent-ils le danger ? Qui sait.

Pour vous donner une idée de la nature de la rivière sous le barrage se trouve un lieu de reproduction pour les saumons. C’est une rivière rapide à saumon. Un projet de repeuplement de saumon côté aval y interdit toute forme de pêche.

Nous allions donc pêcher en amont du barrage où la rivière traversait le lit du lac vide et une courte portion de rivière rurale au-dessus du lac avant le barrage situé en amont. Au total, il s’agit d’environ 7km de rivière sinueuse et rapide.

En moyenne, elle mesure 30 à 40 mètres de large, avec une profondeur de 1,50m lorsqu’elle est à son niveau normal.

Immobiles comme des statues

Quand l’eau est claire la pêche est visuelle. Pour commencer nous sommes allés faire une promenade au-dessus du lac et ma toute première vue sur l’eau était après m’avoir frayé un chemin à travers des roselières denses jusqu’au bord.

Alors que je m’approchais de l’eau j’ai vu des vagues partir dans tous les sens. Malgré le courant rapide, c’était la même chose que lorsque vous entrez dans une baie peu profonde et effrayez les poissons qui paniquent et s’enfuient.

Je suis resté perplexe. Je n’avais pas vu de poisson, juste toutes ces vagues. Toby m’a dit de ne plus bouger. Il n’y avait pas grand-chose à cet endroit. C’était juste un peu plus profonde ici avec en amont un arbre couché qui freinait le courant.

Nous sommes restés immobiles comme des statues et avons regardé ces carpes fantômes quitter le courant rapide pour revenir à cet endroit un peu plus calme. D’abord une, puis cinq, puis quinze…

C’était hallucinant ! Dès que l’on a bougé elles sont reparties dans le courant rapide. J’étais impatient d’y tendre ma ligne. Quand on les voit comme ça on devient fou. Et il y avait même une grosse dans le tas. Que demander de mieux ?!

La force du courant est énorme !

Thilo et moi avons couru vers la voiture et nous avons vite pris une canne. Il n’a pas fallu longtemps pour attraper la première carpe. En utilisant un single hookbait Citruz Cultured la touche s’est produite après seulement quelques minutes : une belle commune longue et fuselée. Je n’oublierai jamais ce premier combat.

On apprend tout le temps, et ici j’ai appris que lors d’une touche les carpes ne comprennent pas tout de suite ce qui se passe ce qui permet de les tirer vers la surface et de les épuiser tout de suite. Mais si vous ne le faites pas assez rapidement et que le poisson repart vers le courant ce n’est plus du tout la même histoire.

Lors de ce premier combat la carpe a réussi à se retourner pour partir dans l’eau rapide et m’a fait un rush très violent d’une bonne centaine de mètres, avec moi qui avec mes cuissardes la suivait dans la rivière, et j’ai failli me faire emporter par le puissant courant !

Il a fallu au moins 20 minutes pour maîtriser le poisson près d’un pont situé au moins 150 mètres en aval de l’endroit où je l’avais piqué. C’était purement une question de tirer le plus fort possible pour sortir le poisson des courants forts.

Je combattais plus le courant de la rivière que le poisson en fait. J’ai quand même réussi à prendre ce premier poisson. C’était un superbe moment à partager avec Tobias.

Thilo est resté sur place en espérant que les carpes reviennent pendant que Toby et moi nous promenions en aval. On pouvait voir un peu partout des cratères creusés par les carpes. Le lac avait baissé depuis seulement six semaines et donc les fonds sur lesquels nous marchions étaient encore mous.

Non seulement nous pouvions voir où les carpes s’étaient nourries, mais aussi sur quoi. Il y avait des moules et des coquilles d’escargot éparpillés autour des cratères.

Nous avons trouvé quelques poissons et j’ai attrapé une petite commune d’environ 6kg. Thilo nous a rejoints et nous avons continué notre chemin plus loin dans le lit du lac et hors des baies et des roselières des cours supérieurs.

Il faisait très froid avec aucun endroit pour se mettre à l’abri et ce premier après-midi nous avons pêché pendant seulement une heure. Thilo a ferré un poisson et une fois de plus nous avons appris comment il ne fallait pas faire !

Thilo est resté en amont dans la rivière en serrant son frein autant qu’il osait, mais il aurait dû suivre le poisson. Ce que nous avons rapidement compris c’est qu’une fois le poisson ferré il fallait le suivre pour essayer de le sortir du courant, sinon c’était foutu.

Le poisson de Thilo a fini par décrocher…

Nulle part pour se mettre à l’abri du vent…

Nous sommes allés pêcher un étang dans un parc cette nuit-là, et il a commencé à neiger. Nous sommes revenus sur la rivière le matin avant d’aller bosser dans un magasin de pêche pour le reste de la journée.

Le paysage était blanc partout et la rivière m’attirait. Je n’étais pas censé être là ce matin, on avait du boulot mais je n’ai pas pu résister. Quand je peux voir les carpes dans l’eau, je deviens complètement dingue. C’était un beau matin glacial et nous avons pêché avec une canne chacun. Thilo a eu le premier choix de poste cette fois-ci, mais c’est ma ligne qui est partie en première et j’ai pu faire une autre méga commune !

Encore une fois, c’était avec une simple esche Citruz sans aucune amorce. Et voilà, ma première expérience du système fluvial fou de Tobias et il ne s’était pas trompé. C’était compliqué de marcher dans la boue, avec nulle part où se mettre à l’abri des vents glaciaux, mais pour tout ce qui pourrait potentiellement décourager un pêcheur à la ligne, pour moi, le plaisir de la récompense de l’expérience était décuplée.

Je suis rentré chez moi par avion mais je savais que j’allais revenir. Je me souviens que je me suis précipité au travail pour vérifier l’agenda, pour voir quand la prochaine tournée en Allemagne avait lieu afin de prolonger un peu mon séjour pour pouvoir pêcher la rivière. Je suis donc revenu une deuxième fois et cette fois, je savais exactement à quoi m’attendre.

Seconde expérience

Pour cette seconde partie de pêche, j’étais préparé aussi bien mentalement qu’en termes d’équipement. Cette fois-ci Thilo et moi avons été rejoints par Marc Voosen.

Mon vol a été retardé et nous sommes arrivés tard, dans l’obscurité, ce qui n’était pas un problème. Il y avait plus d’eau dans la rivière, elle était environ un demi-mètre plus haut que lors du voyage précédent.

L’eau était moins claire, mais nous avions tous des torches puissantes et nous avons marché dans l’obscurité sur toute la longueur du lac, longeant l’une des berges jusqu’au barrage. Nous avons identifié les zones où le courant était ralenti.

Nous ne pouvions pas bien voir les poissons mais nous voyions les vagues produites par ceux dérangés qui s’enfuyaient.

Il y avait quand même quelques endroits avec des fonds sableux et pratiquement à l’abri du courant où on pouvait voir quelques carpes, mais la majeure partie des poissons semblait être dans la section de la rivière à débit rapide dans la partie principale du lac.

Nous avons pêché la nuit mais nous n’avons rien pris. Même s’il y avait beaucoup de poissons concentrés sur une petite zone d’eau, il ne suffisait pas de simplement lancer une ligne pour les prendre les uns après les autres.

C’était la mi-février et il faisait encore un froid glacial. Les carpes avaient la vie dure dans cette rivière. Elles se battaient pour leur survie dans un torrent déchaîné. Elles ne s’amusaient pas à nager tranquillement à la recherche de nourriture.

Elles avaient toutes des marques de guerre, le ventre rouge et beaucoup de poissons avaient le bout du lobe inférieur de la queue qui était blanc et usé par les frottements sur le gravier et les rochers…

 

J’avais dormi à la belle étoile et je me suis réveillé couvert de givre blanc, mon existence au bord de cette rivière était aussi dure et impitoyable que celle des carpes qui y nagent. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être déçu, je venais de pêcher 12 heures pour rien.

Nous l’étions tous. Le temps avançait alors nous avons bougé pour tenter de retrouver des poissons, Thilo en amont tandis que Mark et moi descendions vers le barrage. Le soleil était levé et il était maintenant un peu plus facile de voir les carpes.

Nous en avons trouvé quelques-unes à vue, mais dans cette situation, le drone était un atout inestimable, et Mark l’a utilisé pour mieux localiser les carpes. Très vite il en a vu pas mal dans une baie en face et il leur a lancé une ligne. Cela a payé rapidement et il a attrapé une petite commune.

Une chaleur inattendue

À l’heure du déjeuner, nous nous sommes réunis à nouveau et maintenant il se passait quelque chose d’étrange : une véritable vague de chaleur s’abattait sur la région ! Nous nous sommes assis en short et tee-shirt et nous avons réfléchi sur la suite de notre pêche, avec des conditions totalement inattendues après une nuit très froide. Il faisait maintenant 18 degrés et nous espérions que cela pourrait faciliter la pêche.

Après le déjeuner, je suis allé me promener et suis tombé sur un banc de poissons parmi lesquels un très gros sujet, niché derrière un rocher à l’abri du courant. Mark a envoyé le drone pour mieux le voir, il était toujours là.

J’ai vite pris mes Scopes pour me mettre en action de pêche et cet après-midi j’ai pris deux carpes. La deuxième était un poisson vraiment sympa, mais je me souviens avoir pensé que c’était foutu pour la grosse. J’avais pris deux carpes, une brème et j’ai eu un décrochage. Avec tout ce dérangement la grosse a certainement dû s’enfuir.

N’ayant vraiment rien d’autre à faire, j’ai décidé de rester et de faire quand même la nuit là-bas, mais au fond de moi je ne le sentais pas. Sans surprise, nous étions tous bredouilles cette nuit-là, mais le lendemain matin, j’ai pris deux communes et Thilo a réussi à attraper une très belle miroir. La nuit avait été beaucoup plus chaude et le lendemain nous avions encore une fois un soleil radieux.

Nous sommes retournés dans le lac principal pour la dernière journée, mais ce n’est qu’à la dernière heure que j’ai réussi à prendre deux carpes. Mark nous avait laissé sa caméra sous-marine et j’ai réussi à obtenir l’une des touches en gros plan sur la vidéo.

C’était sur une partie droite de la rivière mais dans l’eau il y avait des pneus et d’autres obstacles qui freinaient le courant et les carpes étaient calées juste derrière. Le dernier poisson pris était une belle commune assez longue d’environ 35 livres, une belle façon de terminer ce petit séjour. J’avais attrapé 8 carpes au total et passé un bon moment avec les gars.

Ce n’était que dans l’avion que je n’arrêtais pas à penser que je devais absolument y retourner. Pourquoi ? D’abord car il n’y avait pas d’autres pêcheurs là-bas. Ensuite parce que c’est une pêche unique et très spectaculaire.

Après avoir ferré une carpe il faut la courir après puis tirer comme un fou avec une Scope 3,5lbs pour la sortir du courant. La force de ces poissons dans le courant est complètement dingue ! Puis tout le reste est extrême aussi à cet endroit, et j’adore.

Jamais 2 sans 3 !

De retour au bureau, je me suis de nouveau précipité pour consulter l’agenda et j’avais encore une animation à faire en Allemagne à la fin du mois de février. J’ai programmé deux jours de plus, et cette fois j’ai emmené Dan avec moi pour rejoindre Thilo, et Marc qui est également revenu pour aider au tournage.

Je dois souligner que Marc n’apprécie pas vraiment la pêche hivernale et que je pense qu’il s’y est lancé il y a environ 3 ans seulement, lors de son premier voyage avec moi !

Je ne sais pas combien de fois j’ai monté et descendu cette rivière entre les deux barrages… Peut-être huit fois et je n’avais fait que deux voyages. Chaque fois que je marchais le long des berges j’apprenais, trouvant toujours de nouveaux spots.

Maintenant, toutes les pièces du puzzle étaient réunies au point que lorsque je suis allé pour cette troisième fois, je me sentais vraiment bien préparé. J’avais emmené des hameçons renforcés, des plombs de 224g et des Scopes de 9 pieds. J’étais prêt à aller les matraquer comme il le faut !

Quelques heures après avoir quitté l’avion je regardais depuis un pont, qui était notre camp de base, une rivière en furie, pensant « ce n’est pas possible purée ! ». Le niveau avait monté de 1,50m et les torrents étaient impressionnants. J’avais beau avoir pensé être bien préparé, mais là, je me suis dit que cela allait être très compliqué voire impossible.

J’aurais pu aller ailleurs, mais j’ai décidé de tenter le coup quand même, et ce fut en fait ma meilleure pêche à cet endroit, même si les conditions étaient extrêmement difficiles.

Même si les poissons n’étaient plus aux mêmes endroits et que je ne pouvais plus les voir, le fait de connaître la configuration du lit de la rivière m’a permis de comprendre où les trouver et comment les pêcher.

Ce voyage a donc été fantastique, et j’ai attrapé très rapidement la première carpe. Une touche d’ouf et un rush quasi inarrêtable pendant lequel j’ai couru plus de 150m après le poisson !

Le courant était si fort que j’ai finalement terminé le combat plus de 200m plus en aval sous un pont qui traverse le lac, en calant l’épuisette contre un poteau ! J’ai fini épuisé par terre dans la boue avec les mains gelées. Le combat avait été long et brutal, et le poisson dans le filet ne pesait pas plus de 7 ou 8kg !

Il m’a fallu au moins 20 minutes pour récupérer et regagner suffisamment de forces pour sortir le poisson et le mettre sur le tapis. C’était vraiment une pêche extrême !

Sur cette rivière déchaînée amorcer n’avait aucun sens. Pour quand même stimuler un peu mieux les carpes nous fixions de la pâte autour de nos plombs et nous comptions sur l’efficacité des billes Cultured. Le dernier matin, Thilo a attrapé un autre miroir vraiment sympa.

En pêchant depuis l’autre berge de la rivière, j’avais déjà pris deux petites communes. Pendant qu’ils filmaient son poisson, j’ai eu une touche, et environ 20 secondes plus tard, la deuxième canne qui était juste de l’autre côté d’un ponton flottant à 15m en aval est partie aussi. Là c’était la grosse panique pour moi.

La joie dans la plus grande confusion !

J’avais une canne pliée à fond dans les mains alors que l’autre était posée sur une pique avec le talon cloué au sol avec des grandes sardines, et le frein bien serré. Je l’ai laissé sur la pique pour d’abord m’occuper du premier poisson, un bon fish d’environ 16kg que j’ai pu épuiser assez rapidement.

J’ai ensuite calé l’épuisette avec le poisson sur le ponton flottant et j’ai ramassé la deuxième canne. Le poisson sur celle-ci avait pris pas mal de fil. J’ai couru 150 mètres en aval, peut-être plus. Le fil (un fluoro de 0.40mm) était coincé dans les roches à plusieurs endroits mais par miracle j’ai réussi à le libérer sans qu’il ne casse. De nouveau en contact avec le poisson, j’ai crié à Marc « J’adore cet endroit ! ».

J’ai attrapé ce deuxième poisson et me suis allongé dans la boue en souriant comme un idiot.

C’est alors que Dan a crié : « L’autre épuisette fout le camp ! ». J’ai coincé celle que je tenais en bordure en la bloquant à la base des bras, en enfonçant la poignée de ma Scope dans la boue jusqu’au moulinet !

Cela devait tenir je me disais. J’ai couru vers la première canne et l’épuisette s’était renversée. C’était peut-être le plus gros poisson que j’avais attrapé ici et je craignais le pire. Quand j’y suis arrivé et que je l’ai soulevé le poisson était encore là.

Quel soulagement ! Je me suis calmé, j’ai sorti le poisson et l’ai mis dans un sling avant de retourner nonchalamment vers la deuxième canne. Nous ne l’avons pas sur la vidéo mais la canne avait disparu ! Tout ce qui restait était un trou et une tracée dans la boue, et tout était parti, la canne, l’épuisette et la carpe !

J’ai fait une bonne centaine de lancers avec un gros plomb pour tenter de rechoper le fil de l’autre canne. J’ai lancé partout et j’ai raclé. J’ai perdu deux plombs dans les rochers comme ça et il ne me restait plus qu’un seul plomb dans ma poche.

C’était mon dernier espoir pour repêcher ma canne. Pas mal de lancers plus tard, j’ai enfin réussi à choper le corps de ligne et lentement mais sûrement, tout est revenu, la canne, l’épuisette et même la carpe, c’était incroyable !

Depuis que nous étions arrivés ici le niveau de la rivière n’avait cessé de monter. Rien que ce matin-là elle avait monté de plus d’un mètre et bientôt elle allait remplir le lac entier.

Avec 3 heures restantes, nous nous sommes regardés et avons convenu qu’il était temps de quitter les lieux. J’avais fait trois voyages incroyables et vécu des pêches hivernales complètement folles.

D’après Tobias, une fois que la rivière remplit complètement le lac, les poissons deviennent fous et s’alimentent avec frénésie sur les zones nouvellement inondée, après avoir été piégés dans le lit de la rivière pendant plusieurs mois. J’aimerais bien y retourner encore une fois pour vivre tout ça de près…

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