Comme chaque saison depuis quelques années, mon temps est compté, j’ai ma grosse session estivale qui approche.
Je pars pour 15 jours en mode baroudeur dans l’inconnu total, direction les Landes. Puis, selon les résultats, je remonterai dans ma région en passant par le centre de la France qui est gorgé de grands lacs de barrage.
Partez avec moi dans cette aventure aux émotions uniques, à la découverte de grands lacs « en mode WILD CARP FISHING» !
Découvrez les revers de cette session et comment transformer une pêche « hard » en termes de résultat en session aboutie et complétement épanouissante !
Direction les landes… Un mauvais départ
C’est parti direction les grands lacs landais, près de ma région natale. Je ne sais pas où je vais exactement, mais j’y vais !
Habituellement, j’aime bien avoir quelques infos afin de préparer au mieux ma logistique et surtout connaître un minimum le cheptel.
Bref, ici dans cette aventure, c’est tout l’inverse ! Aucune info, aucune structure, aucune organisation, juste le bonheur pur de découvrir ces géants. Je fonce tête baissée.
Je prends la route, je ne sais pas où je vais exactement, sur quels lacs, il y en a tellement là-bas ! Une bonne baie battue par des vents, quelques sauts, pourquoi pas là ? Bref, tenter un coup de poker !
Première nuit, direction une vaste étendue de plusieurs centaines d’hectares. Je vais faire une nuit de transition, non pas pour m’installer en mode camping, mais comme je ne connais pas le cheptel, je ne veux pas jeter toutes mes forces dans ce lieu.
La première nuit se passe, en vain, la baie n’a rien donné. Je décide donc de bouger et j’arrive sur un autre secteur du lac.
Je décide de parsemer sur une très large zone de plusieurs dizaines de mètres pas mal de tiger nuts ainsi que du chènevis et des bouillettes bien sûres, pour créer un maximum d’activité sur le coup et pêcher principalement à la grosse bille afin d’éviter les touches des éventuels nuisibles. Je placerai 3 cannes eschées de grosses billes et une canne à la tiger. La deuxième nuit sera vierge de touche, la suite, on la devine…
Man vs wild
La pêche en solitaire, il faut vraiment avoir la foi, avoir la niac pour aborder ces vastes étendues. Parfois, les émotions se mélangent dans notre tête, seul, sur une île, seul sur son boat, seul à cogiter chaque soir au moment de replacer les cannes.
Quel appât mettre ? Changé de spot ou pas ?
Parfois, on a envie de tout plaquer, frustration, échec, angoisse, motivation en baisse, tout y passe, pas si simple de remonter la pente face à ces milliers d’hectares, face à la nature, seul dans toutes ces galères qui heureusement, aboutissent quand même souvent par ces moments uniques de plaisir de sentiment de réussite.
Ce moment si particulier, si intense entre une carpe géante et toi, qui, depuis toutes ces heures à ruminer, comble ton vide d’un coup d’un seul.
Sur un bip, puis sur un combat, puis sur cette séance photo qui restera encadrer chez toi dans ton bureau ou figer dans ton disque dur. Seul au monde, face à une nature toujours imprévisible, toujours si complexe à cerner.
Mais quel bonheur de croiser le fer avec une belle des grands lacs. Je ne cesse de vibrer au fur et à mesure que les années passent, toujours cette adrénaline si intense chaque saison, me fixant encore et encore des challenges toujours plus fous !
Pour ce début de session en revanche, c’est la stupéfaction et la frustration qui domine, pas de touches. Déjà pas mal de nuits réalisées, quoi faire ? Continuer… ? Je ne crois pas, je me fie à mon instinct.
De l’échec à la réussite, parfois, une session peut basculer en changeant ses horizons halieutiques. Assis sur mon level, sur un coup de tête, à défaut de ne pas avoir eu de coup de tête sur mes scions bien ancrés sur mon rod pod poussiéreux, je décide de plier les gaules et de redescendre plus bas, sur un autre lac du coin.
Le choix n’est toujours pas le bon, bien que l’on me dise que c’est un lac plus petit et plus « facile », je me casse les dents 24 heures dessus, alors s’en est trop pour moi.
Je décide de remonter dans le centre de la France, j’ai les « glandes » ! Ça sera à charge de revanche, je reviendrai un jour, je reviendrai !
J’étais prêt à baisser les bras, à renoncer, à repartir à la maison et en fait, c’est le coup du sort. Je suis allé me balader autour d’un lac du centre de la France, j’ai eu un feeling, je n’ai pas lâché et j’ai positionné le campement sur un poste accessible, le moral un peu dans les chaussettes, je l’avoue, à la suite de cette semaine un petit peu catastrophique en termes de résultats.
Je décide de pêcher au spot à moins de 70 mètres du bord, il y a déjà plus de 10 mètres d’eau. Je place mes cannes en escalier de manière à cibler 4 profondeurs différentes.
Je pêche en snowman pour une première et j’amorce environ 500g d’appât autour de chaque canne, graine et billes mélangées.
Stratégie amorçage : le dosage dans l’amorçage
Je partirai du dicton « qui peut le moins peut le plus » et non l’inverse ! En effet, plus les années passent, plus on s’aperçoit que les différentes stratégies ont été essayées au bord de l’eau.
Préamorçage, gros amorçage, single hook bait, 10 billes par canne, juste un sac soluble, etc. Ce qu’on peut retenir de sûrs, c’est qu’il ne faut jamais trop amorcer avec notamment des billes qui sont susceptibles de rester au fond de l’eau, car cela peut tuer le coup !
Ce que je préconiserai en ce qui concerne le dosage dans l’amorçage serait de commencer par 2 poignées sur chaque montage quand on installe ses cannes, cela représente 30 billes environ.
C’est selon moi un vrai compromis sans se poser trop de questions et sans prendre d’énormes risques.
Le plus important est d’évaluer surtout les nuisibles et comment réagit la bouillette au fond de l’eau, c’est-à-dire en combien de temps elle peut se dissoudre. C’est selon moi le plus grand critère à déterminer et le plus dur à évaluer d’ailleurs !
Une stratégie qui paye réellement et que j’utilise dans beaucoup de mes pêches, c’est de préparer son coup 24 heures avant avec 1 à 2kg de billes maxi sur la zone.
Dès lors qu’on place les cannes le lendemain, on sait à peu près sur quelle tendance s’orienter en ce qui concerne les touches et le passage de carpe ou pas.
Technique
En lac de barrage, j’utilise principalement des montages très costauds de minimums 45 livres en corps de ligne, une grosse tête de ligne en 60/70 centièmes.
D’un point de vue bas de ligne, j’utilise un gros hameçon solide fort de fer, mais surtout, j’utilise un sac soluble avec 5 bouillettes autour afin que dans les abysses (puisqu’en général on pêche dans 5 à 20 mètres d’eau en moyenne) le montage se présente du mieux possible et qu’il y est surtout des bouillettes autour du montage, car pour moi, c’est très important, car ce sont des poissons de passage, il ne faut pas louper le coche. En règle générale, il faut que la table soit dressée.
En lac de barrage, bien choisir son moment pour retendre ces lignes est toujours un choix délicat. Quand est-ce qu’il faut replacer ses cannes ?
Avec le temps, j’ai pu constater que le placement des cannes et l’heure à laquelle on pouvait les mettre en action (et par conséquent la bouffe qui va avec) était non seulement un choix déterminant, mais pouvait même changer la tournure de la session.
Ici, j’ai choisi de tout changer quand j’ai vu ces vagues de fou transcender ma zone de pêche en garde-manger dans toutes les couches d’eau, j’étais persuadé que les navires avaient fait le taf et il ne fallait pas que je loupe le coche !
C’est chose faite à peine posé et je capture une belle miroir qui se fait berner dans cette eau devenue trouble subitement !
En lac de barrage j’opte pour être le plus nomade possible. Je pars du principe qu’en 24h de pêche, je fais le point et s’il faut bouger, je n’hésite pas une seconde.
Équipé désormais de mes nouveaux bateaux et de mon big moteur 160lbs, je déménage en 6/4. Je me fie aux sauts en général pour choisir mon secteur.
Je me suis rendu compte que c’était une vraie solution et sûrement la meilleure arme pour ces lacs de barrage. Contrairement à certains lacs où un pré-amorçage pourrait s’avérer payant, je n’en suis pas convaincu en lac de barrage.
Astuces de grands lacs
Un clic et t’est sûr d’y être ! Mettre une frontale rouge sur son rod pod est une vraie astuce dès lors qu’on part combattre tout seul dans le noir afin de retrouver son spot le mieux possible et d’éviter de se perdre dans ces milliers d’hectares.
Le changement c’est maintenant !
Une des clefs de la réussite est très certainement le changement. Alors de quel changement parle-t-on ?
Le changement de lac dans mon cas, le changement de stratégie, certes, mais un changement de mental ! Surement une des bonnes clefs dans cette session qui démarrait très mal !
Ce fish prit sur un changement de météo et de lac surtout ! Quelquefois, changer son fusil d’épaule peut s’avérer payant ! Et oui, on néglige souvent le mental dans la pêche, certes, qui est complétement abstrait, mais qui a sa part du gâteau aussi.
La bouillette selon ma philosophie de pêche
Voilà plus d’une dizaine d’années que j’ai la chance de représenter quelques marques de billes à l’étranger : aux Pays Bas, en Allemagne et désormais en République Tchèque depuis cet été.
Une nouvelle aventure, un nouveau challenge qui pour moi va être super intéressant car Thomas Blasek voulait mettre en place des nouvelles bouillettes et compte sur ma présence au bord des lacs pour tester tout ça, j’en fais un vrai défi.
Il souhaitait développer sa marque en France et compte donc sur ma venue dans le team pour pouvoir apporter mes idées sur les appâts et développer sa gamme.
Voici 3 critères importants : le goût, l’attractivité et la digestibilité pour qu’une bille soit efficace. Telle est ma philosophie, simple mais tellement efficace !
J’ai parlé d’une bouillette Scopex ananas riche en sucre et goûteuses à Tomas. Il m’a tout de suite fait confiance là-dessus et dans la foulée, il m’a roulé 90kg pour que j’aille tester ça et les résultats ont été sans appel.
Je n’ai pas pu tirer de conclusion la première semaine où j’ai galéré dans les grands landais, mais la suite de la session me donnera raison quant à insister avec ces nouveaux appâts et comment les utiliser surtout.
Sur ces bouillettes Scopex, il est cependant trop tôt pour en tirer des conclusions certaines ! Les autres, les Banana Fish, elles, n’ont plus rien à prouver, notamment à Cassien !
Tout au long de cette session au gout wild, j’ai pu voir que partir vers l’inconnu dans de vastes espaces est un réel bonheur en termes de satisfaction personnel, de challenge et de difficulté, mais qu’en terme de résultats, c’est clair qu’il y a une forme de « perte de temps ».
En outre, l’avantage est de se remettre en question et de peut-être changer plus vite du fait que l’on n’a pas justement ce temps !
A la fin de cette histoire, j’en conclus tout simplement que finir avec 6 départs, 6 beaux fishs dont 2 très gros est un succès personnel à la hauteur de ce que je pouvais imaginer.
Ici, dans cette aventure, je cherchais juste à capturer un poisson dans chaque lieu que j’abordais parce que c’étaient des nouveaux endroits pour moi et donc aucune prétention de cartonner.
Il s’avère qu’à travers cette expérience, notamment celle des Landes, je m’en suis servi encore plus pour arriver encore plus fort, plus déterminé sur ces lacs de barrage et retrouver mes fondamentaux dans la pêche que sont, le plaisir, la simplicité et la patience.
Ce que je retiens dans cette wild session est que la persévérance a été le maître mot !