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Hauts-fonds sous pression !

Corentin Boucheix

Rames en main, le regard bloqué sur le sondeur, je rame entre les différents waypoints enregistrés dans mon boîtier GPS. Il est très tôt, le lac est un vaste miroir et l’activité des poissons en surface vient briser ce silence infini. L’écran de mon sondeur profile des montagnes russes, le secteur est plein de hauts-fonds !

Oui nous sommes bien dans le bras Sud de Saint-Cassien. Je sais que ces spots évidents sont intéressants, mais que bien souvent seule une approche adaptée fait la différence pour espérer y toucher du poisson…

The Spot 

Hauts-fonds sous pression !D’une manière générale, quelle que soit la flotte où nous posons les cannes, rivière, grand lac ou gravière, les plateaux sont souvent des spots que nous privilégions pour avoir des résultats facilement. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer l’intérêt et la régularité de ces spots qui déroulent à peu près partout et si souvent.

Premièrement, moins profonde l’eau y est plus chaude. La nourriture naturelle s’y développe généralement bien et offre une zone d’alimentation aux carpes, et ceci toute l’année. Deuxièmement, les poissons se déplacent généralement entre deux eaux et lorsqu’ils arrivent sur un haut-fond, ils tombent directement sur l’amorce proposée.

Troisièmement, j’ai souvent constaté que les carpes aiment se tenir à proximité de ces plateaux, dans les cassures et tombants voisins, notamment en journée. Pour finir, ces zones moins profondes sont également des zones de confort thermique lorsque les eaux sont fraiches.

Quand les conditions de pêche sont normales, les facteurs ci-dessus, alimentation, passage, tenue et confort font des hauts-fonds des spots incontournables pour toucher du poisson partout et toute l’année.

Hauts-fonds sous pression !
Coco sympathique pour mon pote Nico, un pêcheur très technique !

Attention Danger

Hauts-fonds sous pression !
Une touche en pleine journée, le résultat d’une approche adaptée !

Mais lorsque l’on parle de lacs ou biefs de rivière à pression de pêche, l’équation change complètement. Les plateaux sont très faciles à identifier pour les pêcheurs, à l’échosondeur ou à la canne. Et finalement, on se retrouve dans une situation, pour les eaux les plus populaires où il y a presque toujours un montage pêchant en place sur ces spots. Ces hauts fonds providentiels aux allures de spots parfaits deviennent alors au fil du temps, dangereux pour le poisson.

Certains pêcheurs décident, parfois à juste titre, de s’orienter sur les spots alternatifs moins évidents que le bon vieux haut-fond du coin pêché et repêché toute l’année en mode copier/coller. Mais le bras sud de Saint Cassien est un bon contre-exemple, puisque la plupart des plateaux y sont encore productifs, lorsqu’ils sont bien pêchés, même après plusieurs décennies de pression et des séries de poissons capturés tous les ans ! Je pense que la qualité de l’approche est définitivement la clé essentielle pour toucher et continuer à toucher des carpes sur ces haut fonds sous pression.

Underwater

J’ai beaucoup plongé en apnée lors de mes dernières sessions et cette expérience a changé ma façon d’aborder certaines zones, notamment les hauts-fonds. Auparavant j’aimais pêcher ces zones au spot ou avec une zone d’amorçage en fonction de leur superficie. Je positionnais presque toujours les montages sur l’extrémité du plateau la plus proche de mon poste pour dégager mes bannières de la zone amorcée. Sur le papier cela me paraissait être une bonne approche en termes de discrétion.

Hauts-fonds sous pression !
Dépose et observation en apnée, arme absolue pour contre la pression de pêche !

Mais en réalité, en plongeant sur les spots, je me suis rendu compte que mes bannières, que ce soit de la tresse ou du Nylon étaient beaucoup plus visibles que ce que je pensais. Les poissons qui montaient sur le plateau ne pouvaient pas les louper. Les lignes avaient beau être bien plaqués sur la zone plate du haut-fond, au niveau du tombant, elles ressortaient comme des câbles électriques dans le ciel !

Bien que les zones que je pêchais fussent bonnes, les résultats étaient finalement aussi moyens que l’approche que je décris ci-dessus. Je touchais généralement un à deux fishs de façon aléatoire et après plus rien. J’étais souvent contraint de changer de poste pour continuer à capturer des carpes. Je ne bougeais pas toujours dans la bonne direction et tout ça se soldait régulièrement par des capots avec des semaines à 2 ou 3 poissons grattés en instantané sur différents postes.

Les zones où je me mettais en place étaient des hot-spots, mais je savais maintenant que je n’avais pas la meilleure approche pour construire ma pêche dans la durée. Un jour d’été par le plus grand des hasards, j’ai découvert quelque chose d’intéressant.

Un peu de recul

Hauts-fonds sous pression !J’étais sur une grande pointe avec un vaste plateau à 100m sur ma gauche. La profondeur moyenne du secteur était d’environ 8 à 10m et sur le haut-fond variait de 3 à 6m. J’avais déjà touché 2 poissons le premier jour, probablement car j’avais réalisé un préamorçage conséquent qui avait mis les poissons en confiance. En effet, j’avais décidé d’être généreux et de leur envoyer 30kg de bouillettes très haut de gamme, sucrées et instantanées, sur 2 jours avant de pêcher.

En arrivant, j’ai enregistré 2 touches quasi-simultanées sur le coup du soir et le lendemain mes Delkims restaient muets alors que les poissons sautaient dans le secteur. Ils se manifestaient derrière le plateau. Soudain, j’ai décidé de changer ma stratégie en pêchant le tombant derrière le plateau.

Hauts-fonds sous pression !Et en déposant mes montages en apnée je me suis rendu compte que la discrétion était bien meilleure car les lignes étaient parfaitement plaquées en reposant sur la butte formée par le plateau. En décalant ma zone d’amorçage dans ce tombant j’obtenais finalement une vaste zone ou mes lignes étaient parfaitement plaquées et réellement invisibles. Quand la veille, je suivais mes bannières en apnée pour vérifier si mes montages étaient pêchant, dans cette nouvelle configuration, il m’était impossible de retrouver les montages en plongée, c’était juste parfait !

Ainsi, je me suis mis cette fois-ci à capturer plusieurs poissons par jour ! Malheureusement, après trois jours de pêche, les résultats sont devenus moins bons. Les conditions météo étaient assez stables et j’avais l’impression que mon spot commençait à être littéralement poncé !

Pole position

Le fait de plonger plusieurs fois par jour sur la zone me permettait d’ajuster correctement les quantités d’amorces. Dommage pour mon porte-monnaie, j’étais contraint d’utiliser énormément d’appâts car je me suis vite rendu compte que les brèmes étaient présentes en masse et consommaient à elles seules 4 à 5kg de billes par demi-journée. J’utilisais pourtant des bouillettes de 20 à 27mm légèrement déshydratées et dures que les brèmes grattaient et détruisaient frénétiquement !

Hauts-fonds sous pression !
Une des big miroir de Cassien prise sur l’un des nombreux hauts fonds du bras sud !

Je voyais l’état des fonds évoluer et je savais si les carpes étaient passées dans la journée ou non. Et je constatais régulièrement que les poissons s’alimentaient sur le spot mais je n’avais pas de départs pour autant !

Hauts-fonds sous pression !
Un amorçage ajusté à l’aide d’observations subaquatiques !

Sous l’eau, je m’apercevais que sur les mètres carré où je déposais mes montages, le substrat était devenu plus dur. Ces taches dures correspondaient exactement à mes points GPS, marqués dans le tombant du plateau, alors qu’à la base les fonds étaient couverts d’une fine couche de dépôt mou. J’ai alors décidé de décaler mes pièges de quelques mètres, juste à côté, sur des zones qui n’avaient pas été nettoyés. J’avais l’impression de faire l’inverse de ce que j’aurais fait logiquement.

Et ce changement d’approche m’a à nouveau rapporté quelques touches supplémentaires par la suite. Les carpes étaient sûrement davantage en confiance sur des zones plus sales et plus molles plutôt que sur les taches nettoyées ayant déjà apporté des touches.

Le fait d’avoir une approche différente avec des lignes parfaitement plaquées et des montages légèrement déplacés après une touche, m’aura permis de prendre plus de poissons et surtout sur un laps de temps plus important.

L’observation et la dépose des montages en apnée plusieurs fois par jour est loin d’une pêche classique sans bateau. Toutefois, avec de la précision il est aussi possible depuis la berge, d’optimiser son approche sur des pêches de hauts-fonds sous pression.

J’espère que cet article pourra vous motiver à vous remettre en place sur des hauts-fonds délaissés que la pression de pêche a rendue plus techniques à aborder. Je suis convaincu que dans certains cas, il y a toujours une belle pêche à y faire.

Tight Lines !

 

Hauts-fonds sous pression !
Coup du soir réussi !

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