Le Sommaire | Carp Lsd Article
Ernesto Kamminga
Connaissez-vous suffisamment le mode de vie des carpes au printemps ?
Je pense que c’est dans la nature humaine d’être plus motivé encore pour aller à la pêche au printemps.
Ce n’est pas que je ne pêche pas en hiver, mais au printemps cela a toujours « plus de sens » d’aller au bord de l’eau.
C’est probablement une combinaison du soleil printanier qui gagne en puissance, de l’alouette chantante, mais aussi des arbres et arbustes dont les bourgeons s’ouvrent et d’innombrables autres détails que l’on ne peut observer qu’au printemps.
Je dois aussi avouer que mon œil est sensible à ces détails apparemment insignifiants. Ce sont souvent ces petits « moments de plaisir » qui font oublier les soucis du quotidien.
Car même dans la pêche de la carpe, tout se résume souvent aux petits détails qui font finalement la différence !
Le printemps est en fait l’une des périodes les plus difficiles pour obtenir des résultats réguliers.
Il n’est bien sûr pas surprenant que la météo ait un impact évident sur les captures. Cependant, de nombreux carpistes oublient que la carpe est un animal à sang froid et qu’elle n’est pas non plus une espèce de poisson indigène.
Ces 2 facteurs déterminent en grande partie le comportement du poisson au début du printemps.
Le troisième facteur est l’influence des hormones qui joueront un rôle dans le comportement du poisson dans une période printanière un peu plus tardive.
Si vous gardez tout ceci à l’esprit en faisant vos choix, vous êtes déjà sur la bonne voie !
Température, métabolisme et activité
Il est important de savoir que la température ambiante a une influence directe sur le métabolisme (lire : appétit) de la carpe.
Un animal à sang froid ne peut pas réagir aussi rapidement à un changement de température qu’un animal à sang chaud.
Nous savons tous qu’un vent froid du nord n’est pas vraiment bon pour la pêche.
Pour la carpe un changement de température implique donc un certain temps d’adaptation.
Il est vrai qu’une température croissante est plus favorable qu’une baisse de température.
Une grande partie de mes connaissances est venue de l’observation de la carpe. Les voir nager et observer comment les différents poissons réagissent est extrêmement intéressant et donne une grande satisfaction.
Je ne peux pas expliquer autrement pourquoi je peux les observer pendant des heures sans les pêcher et quand même rentrer chez moi avec un sentiment de grande satisfaction.
C’est pourquoi je vais partager avec vous quelques-unes des expériences que j’ai acquises.
Quoi qu’il en soit, lors des premiers jours ensoleillés du printemps j’avais déjà vu que les carpes avaient besoin de se réchauffer avant d’entrer en activité.
Ce réchauffement s’est traduit par des carpes inactives dans les couches d’eau supérieures ou en surface.
Et peu importe ce que je faisais pour les attraper (oui je ne regarde pas toujours), ils n’étaient pas intéressés par mes appâts ou amorces soigneusement placés.
La seule chose sur laquelle je réussissais parfois à attraper un poisson était avec un montage zig, mais cela aussi était loin d’être satisfaisant.
La chose étrange était que les quelques poissons qui étaient en dehors du groupe principal étaient toujours plus actifs.
Spécialiste en carpes koïs
Ce phénomène m’a préoccupé pendant un certain temps jusqu’à ce que j’en parle à un passionné de carpes koïs car j’étais curieux de connaître son idée à ce sujet.
En fin de compte, les individus nageant seuls étaient significativement plus actifs que les poissons regroupés.
Je lui ai dit ce que j’avais observé et s’il pouvait avoir une explication à cela.
Il m’a dit que les carpes qui sont proches les unes des autres en hiver pourraient libérer une phéromone qui les met dans une sorte d’état d’ivresse.
Je sais que la diffusion de certaines substances est d’une grande importance dans la communication inconsciente entre les animaux.
Cependant, une autre possibilité et je pense plus évidente est que les déchets émis par les carpes, dont la concentration est plus élevée lorsqu’elles sont rapprochés, peuvent influencer le niveau d’activité.
Et parce que je n’avais fait mes observations que sur des eaux stagnantes, cela pouvait aussi jouer un rôle.
Car pour être honnête, je ne comprends pas vraiment quel bénéfice une phéromone pourrait avoir pour la carpe en hiver ou en tout début du printemps. Bref, on ne comprend toujours pas tout et c’est tant mieux !
Espèces de poissons indigènes
Une espèce de poisson indigène est presque toujours mieux adaptée aux circonstances qu’une espèce exotique.
Les carpes préfèrent une température d’eau plus élevée, cela est enraciné dans leurs gènes, pour ainsi dire.
C’est pourquoi une carpe met plus de temps à démarrer que nos espèces de poissons indigènes. C’est aussi la raison pour laquelle les brèmes sont actives beaucoup plus tôt que les carpes au début du printemps.
Comme je l’ai mentionné au début, le système digestif de la carpe dépend de la température de l’eau.
Après tout, les bactéries présentes dans les intestins et les organes qui aident à digérer les aliments ne fonctionnent qu’à une certaine température.
Ajoutez à cela le fait qu’une carpe aime naturellement une température plus élevée que nos espèces de poissons indigènes, alors il est clair qu’il vaut mieux pêcher avec un appât avec un signal alimentaire relativement discret.
C’est pourquoi les pop-ups aux couleurs éclatantes fonctionnent si bien au printemps. Dans la plupart des cas, ces appâts très visibles ne fournissent pas de stimulus alimentaire, et sont donc principalement saisi par curiosité.
Vous voulez devenir un meilleur pêcheur ?
Pendant cette période, j’ai moi-même eu de très bons résultats avec le zig rig. L’esche artificiel n’est munie d’aucun attractant.
J’amorce régulièrement avec un zig-mix. Pas tant pour l’attraction mais plus pour éveiller la curiosité des carpes afin que ce nuage alimentaire fonctionne comme une « enseigne » pour ma présentation en zig.
Les carpes ne saisissent le zig parce qu’elles ont faim mais purement par curiosité, comme avec les pop-ups fluo.
Un autre gros avantage de la pêche au zig pendant cette période est que vous pouvez pêcher dans les couches d’eau supérieures (lisez les couches d’eau mieux réchauffées par le soleil).
Pour la pêche au zig, il faut sortir un peu de sa zone de confort. C’est une façon complètement différente de pêcher. Cependant, ne vous y trompez pas, lorsque vous maîtrisez cette technique vous avez un sacré joker en main !
Et soyez honnête, qu’est-ce que quelques semaines de pratique et d’apprentissage pour devenir un meilleur carpiste ?
Lorsque vous comprenez leur mode de vie, vous avez un très grand avantage !
Ce qui est important, c’est de connaître le mode de vie d’une carpe. Après tout, vous ne pouvez vraiment attraper un poisson et ajuster vos techniques et tactiques que lorsque vous entrez réellement dans la peau du poisson.
C’est pourquoi je veux vous dire ce qui suit afin que vous puissiez mieux comprendre ce qui se passe.
J’ai toujours été étonné du fait que les carpes sont souvent alevinées en hiver.
Bien sûr je comprends qu’un pisciculteur est payé au kg et que les carpes pèsent plus en hiver et peuvent être transportées plus facilement.
Il serait pourtant préférable d’attendre l’automne lorsque l’eau est encore aux alentours de 15 degrés.
Les poissons peuvent alors s’habituer à leur nouvel environnement et aussi récupérer pour l’hiver (leur système digestif fonctionne toujours bien à cette température), mais le plus important est qu’ils puissent gérer leur stress.
Parce que le stress tue vraiment. Lorsque vous transportez une carpe glacée et que vous la « jetez » ensuite quelque part, vous pouvez imaginer que cela entraîne beaucoup de stress.
Si vous le faites à un moment où toutes les fonctions du poisson fonctionnent encore correctement, l’animal se débarrassera également de ce stress beaucoup plus rapidement et sera moins sensible aux maladies.
Quoi qu’il en soit, ce que je veux dire, c’est que nous pensons souvent comme un être humain et oublions à quel point un poisson à sang froid est très fortement influencé par la température de l’eau.
En exagérant on pourra dire qu’une carpe est plus morte que vivante en hiver. Après tout, l’eau au fond est d’environ 4 degrés et c’est la même température que son corps.
Il est logique qu’une carpe doit se réchauffer au printemps. Toutes les fonctions doivent être redémarrées, des fonctions qui n’ont pas ou peu été utilisées depuis des mois.
En fait, tout le système digestif d’une carpe peut s’effondrer complètement en raison de l’état passif.
Vous pouvez imaginer que cela ne fonctionne pas tout de suite de manière optimale au printemps.
Je pense aussi qu’il vaut mieux pour une carpe qu’elle ne se sature pas trop vite avant la période hivernale.
De nombreuses eaux reçoivent beaucoup d’amorce dès la fin d’été, de sorte que les carpes sont déjà si grosses fin septembre qu’elles n’ont presque plus faim en automne.
Cela signifie que ces poissons jeûnent encore plus longtemps, ce qui rend le démarrage de plus en plus difficile au printemps.
À mon avis, il vaut mieux que cette période d’inactivité ne dure pas trop longtemps. Tant pour les pêcheurs que pour les poissons.
Hormones & frai
Assez parlé de chaleur et de digestion ! Jusqu’à environ 14° degré la carpe ne se nourrit que modérément au printemps.
Cependant, lorsque l’eau se réchauffe plus, ils ont également plus d’appétit et amorcer légèrement jouera également en votre faveur.
Mais alors un autre problème entre en jeu et c’est la période de frai. Les hormones jouent un rôle important et plus il fait chaud, plus elles influent le comportement de la carpe.
Avant le frai les décrochages sont plus fréquents. La raison pour laquelle cela se produit est inconnue de la grande majorité des carpistes.
Ne doutez pas tout de suite de vos montages, tout est lié à l’état hormonal de la carpe.
J’ai moi-même souvent vu que les carpes frottaient parfois leurs flancs sur le fond et l’appât.
Bien sûr, elles sont parfois (faussement) piquées et se dépiquent rapidement. Leur comportement alimentaire est également différent pendant cette période (heureusement courte).
Les hormones se précipitent dans le corps et cela signifie qu’elles saisissent les appâts de façon très agitée et ne sont souvent pas piquées correctement.
Ce n’est pas la faim qui les anime, mais plutôt une sorte de réflexe de ramassage d’appâts.
Cependant, que pouvez-vous faire en tant que pêcheur ?
Lorsque vous piquez une carpe ailleurs que dans sa bouche, le risque de la décrocher est bien sûr très élevé et vous ne pouvez pas y faire grand-chose.
Toujours est-il que cela pourrait stresser d’autres carpes qui se trouvent à proximité ce qui réduit vos chances d’en prendre ensuite.
Il faudra donc pêcher avec un montage qui pique moins facilement ailleurs que dans la bouche.
Une bonne solution est l’utilisation d’un hameçon du type circle (pointe bien incurvée vers l’intérieur).
Le 2ème problème concerne les carpes qui prennent mal les appâts et se piquent mal.
La meilleure solution ici est de faire en sorte que l’hameçon entre dans la bouche le plus profondément possible.
Évitez alors les cheveux trop longs. Il est préférable de pêcher l’esche très près de l’hameçon. Personnellement, j’aime utiliser le Bow Rig.
Avec celui-ci la boucle est fixée sur la tige de l’hameçon et l’esche se positionne contre l’hameçon.
Avec ce montage il est pratiquement impossible pour une carpe de ramasser l’esche sans que l’hameçon ne disparaisse dans sa bouche !
Cependant il est très important que vous utilisiez des esches équilibrées/allégées tels que les wafters.
Après tout, un wafter sera aspiré plus profondément dans la bouche en raison de son faible poids et donnera ainsi plus de chances à l’hameçon de pouvoir s’accrocher correctement.
La meilleure période
Le printemps est-il définitivement très difficile ou y a-t-il aussi des périodes où les poissons mordent bien ?
Ce qui est vraiment une très bonne période, c’est la semaine qui précède le début de la ponte. Malgré le fait que les poissons soient complètement saturés d’hormones, ils ont souvent un appétit énorme juste avant le début de l’acte.
À ce moment précis on peut réaliser une très bonne pêche et si vous faites les choses correctement, capturer assez facilement les plus gros poissons d’un plan d’eau.
Parce que les plus gros poissons (généralement les femelles) sont séparés des mâles pendant cette période et cela nous donne un avantage en tant que carpistes.
Bien sûr, les semaines juste après la ponte sont également très bonnes. Après tout, les poissons ont dépensé beaucoup d’énergie pendant le frai et doivent s’alimenter pour récupérer.
Il vaut certainement la peine de bien amorcer pendant cette période. Il est vrai que la ponte se fait parfois par phases, de sorte que certaines carpes ont frayées et d’autres non.
Le frai n’est jamais pareil à cet égard.
Dans des conditions exceptionnellement favorables, il peut même arriver que toutes les carpes frayent en seulement 24 à 48 heures.
Autrement dit, observez bien ce qui se passe pour pouvoir adapter votre approche au mieux ensuite, notamment en termes de quantité d’amorce.