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Une pêche miraculeuse au domaine Carp Avenir

de Antony Muller

Les manuels de pêche ont été remplacés par des vidéos. Pour apprendre à pêcher la carpe, le jeune pêcheur que j’étais à l’époque a dû passer un temps fou sur la toile, ceci afin d’y dénicher d’innombrables courts-métrages, observer et essayer de comprendre les différentes approches et techniques…

Regarder tous ces grands pêcheurs traquer ces énormes poissons et les entendre préconiser leurs montages de l’espace qu’ils réalisaient si bien.

Mais trop souvent si complexes pour le jeune que j’étais, que je ne parvenais vraiment pas à comprendre leurs véritables utilités. La plupart de leurs explications étaient d’ailleurs du véritable charabia pour moi…

Cependant, ils sont tout de même parvenus à me donner l’envie de vivre mes propres expériences et découvrir seul, des choses simples qui m’ont toujours réussi jusqu’à présent.

Pour capturer de très gros poissons et accéder au bonheur suprême, comme eux, j’ai décidé de quitter tous mes anciens lieux de pêche pour m’orienter vers les plans d’eau privés.

Malgré ce que certaines personnes peuvent encore en penser, certains établissements disposent d’étendues d’eau vraiment impressionnantes, abritant souvent des cheptels de taille conséquente.

D’ailleurs, je dois admettre qu’ils m’ont rapidement permis d’établir mes premiers records ! Ils n’étaient pas réellement exceptionnels, mais pour ma part, j’avais déjà franchi un grand pas vers les objectifs que je m’étais préalablement fixés, à savoir que la moyenne de poids de mes prises avait rapidement grimpé, avoisinant désormais, les 15kg, contre 7 ou 8, auparavant !

De nouveaux horizons m’attendent pour de nouvelles aventures…

A la recherche d’autres destinations…

Un beau jour, en me promenant sur les réseaux sociaux, j’ai eu la chance de tomber sur la publication d’une gravière nommée Carp Avenir.

Vingt minutes après, en contemplant tous les poissons d’exceptions qu’elle hébergeait, j’étais à la limite de baver sur mon clavier d’ordinateur. C’était à peine croyable, voir autant de spécimens me paraissait très impressionnant.

En continuant ma visite sur leur site, je suis tombé nez à nez sur un magnifique esturgeon nommé Cuba : record de France de sa catégorie (60 kilos). Ça fait tout de même un sacré bébé !!!

Bouche bée et les rétines fracturées, j’ai immédiatement arrêté de faire défiler toutes ces photographies et je me suis empressé de trouver le numéro de son proprio. Téléphone en main, je l’ai composé et appelé pour réserver. C’est fait, une session de 48 h est calée !

Rien de mieux que de pouvoir aller pêcher dans un lieu comme celui-ci, surtout que j’allais également avoir le privilège d’y fêter mes trente printemps !

Après d’interminables mois d’attente, le jour J est enfin arrivé et il est désormais temps d’aller charger mon matériel. Je plaisante, car l’attente était tellement insupportable que je l’avais déjà effectué depuis plusieurs semaines. Une petite pincette s’impose, ouille ! 

Je ne rêve absolument pas, cette fois nous y sommes vraiment !

En voiture !

Direction, un petit village nommé Jayat, dans l’Ain, le département où se situe cette magnifique gravière. Trois heures de volant plus tard et une sortie malencontreusement ratée à deux reprises, j’arrive finalement à destination, elle se trouve là, devant mes yeux…

L’émerveillement est total ! Son eau est turquoise, j’y aperçois de beaux herbiers en bordure et sa superficie dépasse allègrement tout ce que je m’étais imaginé jusqu’à présent !

Excité comme jamais, je descends rapidement de mon camion, et attaque immédiatement le montage de mon campement car mon envie d’aller y déposer mes lignes était vraiment trop pressante !

J’équipe mon embarcation de ses rames et embarque avec moi, une de mes deux cannes et un seau rempli d’appâts. Après avoir effectué un minutieux sondage, cette prospection me permettra à terme de trouver un trou dans 6 mètres d’eau.

Je dépose ma ligne munie d’un stick de billes broyées et quelques Frolics en bataille en guise d’amorçage, allez hop, demi-tour. Je retourne sur ma rive pour y déposer ma seconde canne à environ 1,50m du bord, son rôle étant principalement d’intercepter le moindre poisson qui pourrait vagabonder le long de cette berge.

Deux options, qui me paraissaient vraiment adaptées à la situation du moment ! 

Ma stratégie se confirme vite et s’avère d’ailleurs payante car, l’attente sera de courte durée… La canne de berge s’emballe et produit son premier départ, Biiiippp !

Puis s’ensuit un court silence, suivi de deux bips de retour. Bip…bip… Pffff, la poisse !

Je pense immédiatement avoir à faire à une brème, mais non, elle repart de plus belle, une déroule de folie !

Contact !

Et là, impossible de freiner ce poisson qui déambule en réalisant plusieurs allées et venues entre ma berge et le large.

Après un superbe combat de 35 minutes, une tête énorme finit par remonter et percer la surface, laissant apparaître un magnifique gulden diamants de 35+. À cet instant précis, les yeux pleins d’étoiles, je considérais que ma session était déjà faite.

Mais bon, il me restait tout de même 46 heures à pêcher, aller, on y retourne ! Plusieurs heures s’écoulent, mais rien ne bouge, le soleil se couche et laisse place à une nuit très reposante.

Déterminé, le jour est à peine levé que je relance directement la machine en allant réalimenter mes deux spots. De plus, cette deuxième journée était spéciale, car c’était celle de mon anniv’!

Mes deux coups sont à peine réactivés qu’une grosse cartouche retentit sur ma canne de droite, celle qui est au large.

Stupéfait, j’aperçois la plus belle chandelle que je n’avais jamais eu la chance de voir jusqu’à ce jour, un véritable monstre qui était en train de sauter à plus de 150 mètres de mon poste.

C’était Mister Cuba !

Il m’a offert une sacrée surprise en venant me saluer le jour de mes trente ans !

Un cadeau inoubliable pour cette masse de deux mètres de longueur, un vrai bijou de la nature, et bien entendu, ma plus jolie capture jusqu’à aujourd’hui.

D’ailleurs, je lui dois beaucoup car, grâce à lui, de nombreuses opportunités se sont présentées à moi. 

Curieusement Mister Cuba revient régulièrement me rendre visite, et le plaisir que j’éprouve lors de nos rencontres est toujours aussi intense qu’à la première !

Encore tout excité de ce qui venait de m’arriver, je suis allé reposer ma canne sur la même zone.

Et, il n’a pas fallu attendre trop longtemps pour que mon détecteur s’emballe de nouveau, mais cette fois pour une jolie demoiselle bien en chair.

Puis se sont enchaînés d’autres départs qui m’ont permis de mettre quatre nouveaux fishs au sec. Je ne pouvais vraiment pas rêver mieux pour clôturer la session en beauté.

Ça y est, il est 12h et il est désormais temps de remballer. A peine rentrée, il me tardait déjà de revenir faire une session dans ce magnifique endroit, mais la saison froide arrivait vite, et le plan d’eau fermait jusqu’en mars.

Tant pis, je me programme une session de 96h pour la réouverture. Et là, un mois avant, le propriétaire du plan d’eau (Florian) annonce qu’il allait remettre un poisson, mais pas n’importe lequel, une magnifique koï de 17kg nommée la Wanted !

Je suis immédiatement tombé sous le charme de ce bijou ! De plus, il y a ajouté une offre vraiment unique en son genre, car celui qui parviendra à la piéger, bénéficiera d’une pêche gratuite à vie à la Gravière !

Suite à cette annonce, une pression de folie m’envahit, il me fallait cette Wanted à n’importe quel prix, tant de pêcheurs en auraient rêvé !

Afin de combler l’attente qui devenait de plus en plus insoutenable, et d’être au top pour ma prochaine session, j’ai commencé à m’intéresser de près aux koïs et à la façon dont j’allais aborder ma future pêche.

D’ailleurs, plusieurs semaines de tests avaient été réalisées avant le grand jour !

Le jour temps attendu est là

Tout était prêt, il ne restait plus qu’à aller chercher mon collègue, c’est parti, go ! Mon téléphone se met à sonner, c’est Florian qui m’appelle, et en général quand il le fait ça craint !

Il m’annonce finalement que le poste que j’ai réservé est resté inactif pendant 96h et me demande si je veux en changer. De mon côté, je m’empresse de demander à mon collègue ce qu’il en pense et me répond que ça lui est complètement égal, super ! 

Borné de nature, je lui réponds donc que je reste sur mon idée de départ et à ce que l’on dit généralement la première est souvent la bonne ! Non ?

Florian me dit que c’est d’accord et me souhaite bonne chance, avec un petit rire qui en disait long…

A 13h30 nous y sommes, cette eau turquoise est devant nous, il n’y a plus qu’à ! Installation du campement effectué, place au sondage pour pouvoir y déposer les cannes.

Plusieurs options étaient possibles, mais au vu des températures, seules deux d’entre elles ont retenu toute mon attention, un plateau et une jolie trouée.

Allez, petite préparation de quelques sticks, en début d’année, je privilégie toujours la discrétion et la légèreté, car nos dames y sont plus réactives, surtout dans une eau à 8 degrés !

Bref, ça y est, tout est en place maintenant et un bon café pour se réchauffer s’impose. Plusieurs heures se sont écoulées et je ne vois toujours rien venir.

Je commence tout doucement à douter et à repenser à ce que Florian m’avait dit auparavant.

Je décide donc de réactiver avant la nuit pour laisser ma zone active. Et effectivement, à 23h, première touche dans la trouée, une carpe cuir de 21kg, de quoi se mettre en condition.

Petite séance photo terminée, on y retourne, et à peine revenu de ma dépose, rebelote !
Confiant dans mon approche, il était désormais temps de retirer ma deuxième canne car, la pression de pêche est inutile en cette saison, et ma trouée était bel et bien active, donc tout allait pour le mieux.

Et effectivement, les poissons se sont enchaînés toute la nuit…

Une nuit de folie !!!

 

Une nuit blanche pour commencer, mais quelle nuit !

Il est désormais 13h, 24 heures se sont écoulées et 18 poissons au sec, incroyable ! Mais la session continue, on ne lâche rien.

Il reste 72h de pêche et bien sûr, les touches n’arrêtaient plus, le rythme était vraiment soutenu ! Les trois jours qui ont suivi étaient identiques, un résultat vraiment très satisfaisant, voire très impressionnant avec 58 fishs au sec, dont 14 koïs et 17 poissons passant les 20kg, sans oublier les nombreux esturgeons, mais toujours pas de Wanted !

Les koïs s’enchaînent, mais toujours pas la moindre trace de celle tant recherchée !

Nous arrivions à la fin de la session, déterminé, je regarde mon collègue et lui demande si un nouveau road trip de 24h pourrait éventuellement l’intéresser ?

Pour lui, il n’y avait toujours aucun souci. J’appelle donc Florian pour lui demander s’il y a une disponibilité pour 24h sur un autre poste, et il me répond : -Bien sûr, cependant le poste est resté capot 72h et je m’aperçois qu’il ne rigole plus en raccrochant !

Ce n’est pas grave, on y va, car j’avais vraiment envie de savoir si ce carton plein venait de mon approche, ou si c’était juste le poste qui était productif.

On charge tout et on y retourne ! Arrivé au poste, une belle plage de sable me faisait de l’œil sur ma gauche, mais bon, seulement 80cm de fond…

Allez ce n’est pas bien grave, la journée était ensoleillée, pourquoi pas, ça pourrait peut-être déclencher une touche.

Je dépose un stick à 1m du bord et c’est parti ! Quinze minutes plus tard biiiiiiip, incroyable ! Premier fish ! Allez, on redépose et à peine revenu biiiiiiiiip ! Fish !

Je regarde mon collègue et lui dit que je crois que ce n’est pas le poste qui est la source de notre réussite, il rit en me disant de ne pas m’inquiéter, la prochaine sera toute jaune ! Bref, je redépose et là j’enregistre une cartouche digne de ce nom !

Contact, un fish jaune énorme monte directement en surface, c’est la Wanted, une panique m’envahit immédiatement, car elle fonçait tout droit sur un arbre immergé… Pas une seconde à perdre, je saute dans le bateau !

Le nylon tendu, il ne fallait surtout pas la décrocher, mais mon corps faisait n’importe quoi, impossible de gérer le moteur et mon stress, incroyable !

J’en tremblais comme un gamin devant ses cadeaux de Noël, mon collègue se fendait d’ailleurs la poire, je pense qu’il se moquait, mais bon, je suis tout de même parvenu à arriver sur la zone et à la diriger délicatement dans le triangle. Yesssssss !

J’en ai crié à réveiller un mort ! Elle était là, devant mes yeux, quel bonheur ! Sans perdre de temps, une petite photo dans l’épuisette pour Florian, histoire de le charrier un peu (rire) !

Et c’est parti pour un mémorable shooting photo avec cette jolie demoiselle. Une robe sublime et une morphologie de malade mental, j’en avais les larmes aux yeux, le fish d’une vie était là, dans mes mains. Mais quelle session !!!

12, 13, 14 :

Les miracles existent vraiment !

Une pêche gratuite à vie sur ce domaine, un rêve éveillé. D’ailleurs, j’ai mis du temps à m’en remettre, croyez-moi !

C’est pour ça les amis, ne lâchez jamais rien car tout est possible, il suffit juste d’y croire ! Les miracles existent vraiment !

Huit poissons auront suivi cette koï, et je clôture cette session de folie avec pas moins de 69 fishs au sec !!!

Repose en paix ma belle… et merci !

Toujours y croire…

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