Le Sommaire | Carp Lsd Article
Le début de la formation du plateau calcaire ardéchois remonte à environ 125 millions d’années. Je n’étais malheureusement pas présent à cette époque lointaine. Toutefois, j’accorde ma pleine et entière confiance aux géologues et historiens qui ont étudié le sujet.
Le profil de la rivière que nous connaissons tous aujourd’hui reste quant à lui quasi inchangé depuis près de 400000 mille ans.
Au fil de l’eau qui serpente au travers des méandres multiséculaires des gorges, on retrouve une topographie des fonds très spécifique. Aux radiers succèdent des fosses et autres rapides qu’il faut prospecter afin de poser ses montages avec le maximum de chances de réussite.
Je vous propose un petit flash-back estival au pays des carpes gorgées de soleil…
Repérage
La fédération de pêche Ardéchoise n’étant pas réciprocitaire, il est nécessaire de s’acquitter d’un timbre spécifique pour pêcher dans ce département. L’achat de ce précieux sésame m’aura permis d’obtenir quelques informations précises sur les différents secteurs à prospecter en priorité, que je ne connais pas encore.
En règle avec la législation locale, riche des conseils du dépositaire et de mes propres expériences sur cette rivière, je me suis mis en quête de mes futurs terrains de jeu.
Le souci principal est de trouver des accès qui permettent une installation aisée, surtout pour des sorties de quelques heures. En effet, de nombreuses berges sont privées et d’autres sont tout simplement inaccessibles en raison de la hauteur des gorges.
Accéder à la rivière est une chose, mais localiser les poissons en est une autre. Cette fois les eaux limpides permettent de dégrossir relativement rapidement les zones à prospecter en priorité.
J’ai parfois commis l’erreur lors de mes précédents repérages de prospecter en priorité les zones calmes et peu profondes. Toutefois, il n’est pas rare d’apercevoir les carpes justes sous les chutes d’eau en plein courant. La profondeur est parfois très faible cependant, les poissons trouvent en cet endroit une eau fortement oxygénée.
Cette année trois postes ont retenu mon attention, ils seront prospectés à tour de rôle en fonction des résultats obtenus et de mon envie de changement.
Amorçage préalable
Afin de parer à la majorité des situations, je pars avec 30kg de bouillettes. De manière à favoriser la sérénité familiale et éviter toute altercation liée à une diffusion d’effluves pour le moins exotiques, elles sont enfermées dans des bacs étanches. Ceux-ci trouvent place au milieu du chargement nécessaire à l’ensemble de la famille.
Les postes reçoivent avant chaque sortie environ 4kg de bouillettes. Les appâts sont disposés sur une zone assez large afin de capter les poissons tout en évitant la concentration des indésirables qui peuplent ces eaux courantes.
En effet, les barbeaux et autres chevesnes sont légion et ils ne manquent pas de s’inviter à la table dressée.
Première sortie et première désillusion
La zone est située derrière la veine de courant principal. Le poste plus profond, est en outre protégé de l’activité importante des estivants en quête d’une baignade rafraîchissante.
Toutefois, de fortes pluies tombées sur le plateau ardéchois sont venues gonfler le débit de la rivière. Le verdict est sans appel, les montages trop légers roulent sur le fond. Je relance les lignes régulièrement, mais j’ai commis l’erreur du débutant.
Je n’ai pas amené avec moi des lests d’une forme et d’un grammage suffisant. J’en suis donc réduis à observer le vol d’un aigle qui profite des vents thermiques pour balayer les gorges de son vol majestueux. Ce premier raté m’amènera à migrer très vite vers un nouveau poste.
Les départs s’enchaînent
Un peu déçu de m’être ainsi fourvoyé sur cette première sortie, je me suis déplacé sur un nouveau bief situé quelques kilomètres en aval. Le débit a chuté aussi vite qu’il était monté.
Les conditions sont réunies il me semble pour mettre au tapis les premières Ardéchoises.
Le principal avantage de ce poste, c’est qu’il m’est possible de tendre les cannes sans lancer. Il me suffit d’avancer dans l’eau et de tendre en limite de courant en essayant de trouver un endroit propre entre les galets.
Quelques billes sont jetées quelques mètres en amont. La dernière canne est positionnée de la même manière dans une zone calme sur un fond sablonneux. Tout pêche proprement et l’attente sera de courte durée.
La canne placée au plus près de la chute d’eau naturelle dans moins d’un mètre d’eau se cintre et le moulinet commence à chanter joyeusement. Une jolie commune rejoint le tapis de réception après m’avoir livré un combat tout en puissance. Décidément les poissons se méritent et le matériel est mis à rude épreuve.
La belle rejoint rapidement l’onde après avoir posé pour la postérité. Je profite de l’instant avant de replacer le montage à l’identique.
Les minutes qui suivirent me gratifièrent de quelques instants magiques en ce lieu.
En effet, j’enregistre trois touches quasiment simultanées. N’ayant que deux mains, un pêcheur descendant l’Ardèche en canoë est venu m’épauler pour mettre au sec un des poissons.
Son fils déjà amoureux de la nature et des poissons qui la peuplent, c’est fait un plaisir de remettre à l’eau ces deux sauvageonnes. Il gardera sans doute un souvenir marquant de ses premières graciassions.
Le départ de mes hôtes signera la fin des hostilités pour cette première soirée. Bien entendu, je réamorce généreusement le poste avant mon départ pour favoriser mon retour fixé au lendemain.
Retours gagnants
Les deux soirées qui suivirent m’ont permis de mettre au tapis cinq nouveaux poissons avec en prime une jolie miroir. Elles sont minoritaires sur l’Ardèche, mais l’objectif est atteint, car j’ai réussi à avoir des touches sur toutes les cannes positionnées sur le poste.
Je décide alors de bouger pour un dernier coup du soir. Coup de poker ou d’épée dans l’eau …
Dernières heures sur la rivière
Pour cette dernière sortie, j’ai choisi un poste que je connais déjà. Il est situé sous une chaussée artificielle, en bordure de falaise. Comme pour les soirées précédentes, j’ai amorcé avec plusieurs kilos de billes.
J’ai réalisé l’année précédente, de belles pêches sur cette zone, et c’est donc confiant que je propulse mes montages dans l’onde agitée. La distance de pêche étant beaucoup plus grande, j’utilise un montage Héli-chod rubber couplé à un bas de ligne très court. Je ne suis pas un grand lanceur et ceci me permet d’optimiser mes chances de pêcher avec un montage parfaitement positionné.
Malheureusement, cette dernière soirée ne me procurera pas de touches. Mes détecteurs n’émettront que quelques bips intempestifs liés au courant et à la dérive de différents déchets végétaux.
Je reste toutefois pleinement satisfait de ces quelques coups du soir. Ils m’ont permis de redécouvrir des carpes argentées qui nagent dans un lieu chargé d’histoire. Le dépaysement a été total et même si le poids moyen des poissons reste faible, le plaisir de pêcher est toujours intact.
Enfin, je profite de ce petit récit pour une fois encore remercier mon épouse si patiente. Elle me permet d’assouvir ma passion tout au long de l’année, y compris lors de ses vacances annuelles. Nombreuses sont celles dans la communauté des pêcheurs de carpes qui ont le même état d’esprit.