Appâts

Appâts – matière à réflexion (1ère partie)

Sjef van den Hoven

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Nous sommes fiers d’accueillir le légendaire Sjef van den Hoven parmi notre équipe d’auteurs.

Les anciens doivent bien se rappeler du « Roi de Saint Cassien », celui qui avec son frère Henk et grâce aux articles d’Henri Limouzin a, au milieu des années 80, en quelque sorte semé les premières graines de la pêche moderne de la carpe en France, et cela avait carrément provoqué un tremblement de terre dans notre pays ! Déjà en 1985 Sjef et Henk étaient de véritables spécialistes des appâts.

Aujourd’hui Sjef nous fait l’honneur de nous transmettre dans un grand dossier publié en deux parties, toute sa vaste connaissance sur ce sujet.

Les résultats exceptionnels que Sjef et Henk van den Hoven obtenaient à Saint Cassien dans les années 80 n’étaient pas dus au hasard. À l’époque ils avaient toute simplement la meilleure approche et les meilleurs appâts !

C’est normal qu’ils avaient de très bons appâts car ils travaillaient tous les deux dans l’industrie alimentaire et connaissait tout sur à la fois les ingrédients et additifs, leurs interactions chimiques et la valeur nutritive réelle de leurs compositions. Ils étaient tout simplement les tout premiers carpistes à concevoir des bouillettes avec un raisonnement scientifique plutôt qu’en se basant sur des théories fantasmatiques.

Sjef et Henk n’ont pas seulement cartonné à Saint Cassien, ils ont également eu des résultats exceptionnels à Orient, sur les grands canaux belges et partout ailleurs où ils ont trempé leur lignes, mais peu de gens le savent car les deux frères se font discrets.

Grâce à leur connaissance toujours grandissante de la science des appâts ils ont toujours eu un pas d’avance sur les autres. Voici un dossier qui remet les idées en place et qui nous ramène dans la réalité. Il est temps d’écouter le « Sjef » !

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Dans les années 80 Sjef était déjà à fond dans les appâts, et ses résultats exceptionnels à Saint Cassien confirmaient qu’il était déjà sur la bonne voie !

Dans le domaine de la fabrication des bouillettes beaucoup de choses ont changé au cours des dernières décennies. Jusqu’à il y a plus de 20 ans, la préparation des bouillettes était un processus entièrement artisanal dans lequel le pêcheur fabriquait ses propres billes pour son propre usage.

Cela se faisait toujours en petites quantités à la maison, dans la cuisine ou dans le garage, à l’aide d’un pistolet à pâte, d’une planche à rouler, d’une casserole de taille normale avec de l’eau bouillante et quelques séchoirs.

Après séchage, les bouillettes les bouillettes étaient immédiatement utilisées ou congelées pour être utilisées plus tard.

Avec la popularité de la pêche à la carpe et l’augmentation constante du nombre de pêcheurs de carpes, il était inévitable que les professionnels s’intéressent à la production de bouillettes, et peu à peu des entreprises spécialisées ont largement remplacé les rouleurs amateurs. Les bouillettes, présentées dans des emballages qui tapent l’œil, sont entassées dans les rayons des magasins.

Les bouillettes « shelf life » ou « freezerbaits » sont désormais proposées dans toutes les couleurs, parfums et tailles.

Afin d’inciter les carpistes à choisir leur produit, les stratégies de marketing sont devenues des outils indispensables pour les producteurs et toutes les astuces sont bonnes pour que le produit se démarque de la concurrence.

Cela a conduit à l’accumulation de beaucoup de savoir-faire et de connaissances, en utilisant, entre autres, les connaissances scientifiques et l’expérience de bons carpistes, avec comme résultat des billes de qualité très attractives et efficaces. Tout va bien jusque-là.

Mais il y a aussi un côté négatif dans ce développement. Pour souligner le caractère distinctif de leurs produits, les spécialistes du marketing attribuent toutes sortes de pouvoirs et de spécificités à leurs bouillettes pour persuader les carpistes que leurs billes sont bien meilleures que celles des concurrents.

Pour le carpiste moyen en 2018 qui désormais n’a plus les connaissances et expériences de ceux qui faisaient leurs propres bouillettes maison dans le temps, et pour qui une bouillette n’est qu’une bille pour attraper une carpe, il est impossible de juger la véracité de ce que les fabricants et commerçants prétendent.

En me basant sur mon expérience professionnelle de la science alimentaire et sur plus de 30 ans de fabrication de bouillettes et de recherche dans le but d’améliorer mes billes, j’ai toujours tenté de rester le plus objectif possible dans mes jugements et conclusions concernant les bouillettes.

Mon opinion, mes jugements et mes théories sont seulement basés sur des faits et des résultats de tests. Cela ne vaut pas seulement pour les revendications et les affirmations sous l’angle commercial, mais aussi pour les affirmations et déclarations que j’ai pu lire dans les articles publiés dans les médias au fil des ans.

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Sjef travaille depuis plus de 40 ans dans l’industrie alimentaire et réalise ses propres billes depuis plus de 35 ans. Il connaît le sujet à fond !

En 2017 j’ai parlé d’un certain nombre de ces questions lors de plusieurs de mes conférences auxquelles assistaient des carpistes intéressés par le sujet. Cela a conduit à une discussion très intéressante.

Il était clair que tous ceux qui participaient étaient réellement préoccupés par ce sujet, et tous aspiraient à élargir leurs connaissances dans ce domaine. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire ce dossier pour votre magazine préféré.

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Dans ce dossier, un certain nombre de réclamations et d’allégations utilisées sont examinées et pesées pour vérifier leur exactitude. Dans la mesure du possible, je place un critère objectif à côté, mais parfois ma justification est basée sur des considérations théoriques et il n’est pas possible de fournir des preuves sans équivoque.

En tout cas, ce papier fournit de la matière à réflexion, et c’est bien cela mon intention : stimuler le lecteur de telle manière qu’il commence à mieux réfléchir et à essayer de se forger sa propre opinion sur la base d’une attitude critique. Cette introduction étendue a permis d’établir le cadre de ce dossier. Entrons maintenant dans les détails.

La fraicheur des ingrédients

« Nous utilisons que des ingrédients frais ». « Notre production à grande échelle nous oblige de réaliser les farines fraîches chaque semaine ». Ce sont des arguments mis en avant par les gros producteurs de billes, et qu’on peut lire dans certaines publicités.

Mais que valent ces arguments ? Qu’est-ce que veut dire « frais » ? On peut considérer un ingrédient comme étant frais quand au moment où il est utilisé il n’a pas d’odeur ou goût anormaux et qu’il ne provoque pas d’anomalie dans le produit final.

À titre d’exemple concret, un ingrédient couramment utilisé est la farine de blé complète. Au supermarché, elle est vendue pour la consommation humaine dans des sacs en papier simples sans aucune protection contre l’influence de la lumière avec une durée de conservation allant jusqu’à 2 ans après la date d’emballage.

Au moment du broyage, les grains de blé peuvent être récoltés et stockés environ un an plus tôt. Cela signifie que le consommateur qui achète le sac de farine de blé juste avant la date de péremption, et qui réalise son pain avec, mange donc du pain frais fabriqué avec un produit qui a déjà 3 ans !

Ce pain a bon goût. Il est absurde de penser que cette farine de blé ne conviendrait pas dans une recette de bouillette. Ce que l’homme peut manger ne serait pas assez frais pour nos carpes ?

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Ce que l’être humain peut manger et apprécie ne serait pas assez bon pour nos carpes ?

Soyons réalistes. La plupart des ingrédients entrant dans la fabrication des bouillettes ont une durée de conservation relativement longue, surtout s’ils sont stockés dans de bonnes conditions.

Cela signifie « pas trop au chaud et à l’abri de la lumière ». Une durée de conservation de 1 an ou (beaucoup) plus n’a rien d’exceptionnel, mais ceci s’applique aux ingrédients à faible teneur en matières grasses. Les ingrédients riches en matières grasses sont beaucoup plus sensibles à la détérioration.

La graisse s’oxyde (se décompose) sous l’influence de la lumière et de l’oxygène, ce qui conduit à un mauvais goût. Vous devez faire attention à cela. Les graisses oxydées dans votre bouillette conduisent à un goût anormal et cela diminue considérablement le pouvoir attractif du produit final.

Les produits tels que le soja gras grillé sont sensibles à l’oxydation des graisses, surtout si la température du grillage a été faible. L’activité résiduelle des enzymes du soja conduit à une forme accélérée de détérioration et à un goût différent. Les graines moulues et riches en huile sont aussi être sensibles à cela.

Dans la pratique je contourne ce problème en utilisant uniquement des ingrédients à faible teneur de matières grasses. J’ajoute les graisses nécessaires sous forme d’huile quand je confectionne mes bouillettes.

J’achète, en raison du prix inférieur, de préférence mes ingrédients en grandes quantités et je les stocke à la maison dans des tonneaux qui les protègent contre les influences de la lumière.

Les produits à faible teneur de matières grasses à base de blé, de maïs et de soja sont parfois stockés pendant bien plus d’un an et sont toujours bons. Si l’odeur n’est pas anormal quand j’ouvre le tonneau et que le goût est bon je sais qu’il n’y a rien à craindre.

Objectivement parlant, je n’ai jamais rien à jeter. Les ingrédients tels que les farines de poissons ont également une durée de conservation étonnamment longue s’ils sont bien emballés.

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Une belle commune de canal. Finalement c’est le goût de vos billes qui détermine si les carpes les mangent ou pas.

Dans le cadre de la durée de conservation des ingrédients, voici quelques exemples. Il y a quelques années, j’ai rendu visite à un producteur de bouillettes qui avait acheté un gros lot de semoule de blé à un prix canon car la marchandise avait déjà dépassé sa date de péremption de 3 ans.

Pourtant cette semoule avait un bon odeur et goût. Le producteur l’as utilisé dans sa production et cela ne l’as certainement pas fait vendre moins de billes, et personne ne s’en est plaint. Autre exemple, mais beaucoup plus extrême.

J’ai stocké de l’albumine d’œuf en 1995, il y a 22 ans. Chaque année, je vérifie la qualité en mélangeant une petite quantité avec de l’eau puis en la faisant cuire au bain-marie. Après 22 ans, il a toujours le même goût que le blanc d’un œuf fraîchement pondu !

Que voulez-vous de plus ?

J’aimerai donner au lecteur la réflexion suivante à ce sujet : Quelle importance a le fait qu’une bouillette est uniquement réalisée avec des ingrédients frais, si ensuite elle est emballée dans un sac transparent et exposé pendant des semaines ou des mois sous la lumière TL d’un magasin, de sorte que différents processus de détérioration ont une chance de se déclencher pendant la durée de conservation qui est parfois de 3 ans?!

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À base de…

Encore un slogan creux sur l’emballage : « Contient le vrai Robin Red » ou « À base de Robin Red ». Il peut aussi s’agir de Krill ou de Saumon ou de tout autre produit qui attire l’attention des carpistes. C’est merveilleux !

Nous savons tous à quel point Robin Red peut être efficace dans une recette de bouillettes. C’est incontestablement un ingrédient qui apporte une plus-value à nos billes.., à condition toutefois d’utiliser les bonnes proportions, donc bien plus qu’une pincée !

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Sjef a passé un temps fou à élaborer ses appâts et des dizaines de milliers d’heures à les tester sur des carpes !

Pour les initiés dans les exigences de la législation sur l’étiquetage et les déclarations sur l’emballage c’est une bonne chose que de plus en plus de fabricants de bouillettes spécifient les ingrédients utilisés dans leur produit sur les emballages.

Il serait encore mieux de mentionner les valeurs nutritionnelles basées sur de vraies analyses ou de bons calculs. Avec la mention des ingrédients et la valeur nutritive, il est possible de calculer assez précisément la quantité de différents ingrédients utilisés.

Je ne vais pas vous fatiguer avec ce calcul qui est impossible à décrire sans un exemple élaboré. Ce qui me frappe, c’est qu’avec certains fabricants (veuillez noter que je ne mentionne pas de noms et cela ne s’applique certainement pas à tous les fabricants), une revendication est liée à une quantité minime de l’ingrédient fonctionnel mentionné.

J’ai vu des exemples où la quantité de l’ingrédient, à laquelle on attribue l’efficacité de la bille, est certainement inférieure à 1%. Tout le monde comprend qu’avec moins de 1% de Robin Red, de Krill, de Saumon, etc., on ne fait pas la différence. La revendication sur l’emballage est encore moins qu’une phrase creuse. C’est comme un jus de fruit à la fraise qui contient moins de 1% de vrai jus de fraise.

La question est de savoir comment, en tant que carpiste non initié, vous interprétez les informations sur l’emballage. Voici un indice. La loi prescrit que les ingrédients utilisés mentionnés sur l’emballage sont classés par ordre décroissant de quantité.

Plus un ingrédient est mentionné en haut de la liste, plus son pourcentage dans la composition est important. Ceux en fin de liste ne sont que présents en faible pourcentage.

Faites attention à cela lorsque vous lisez l’emballage et que vous souhaitez tester toutes les fonctionnalités. N’oubliez pas que la revendication du fabricant est plus que proportionnelle au prix de vente du produit.

Ce que j’ai remarqué dans l’information sur les emballages des appâts est qu’on nous cache aussi pas mal de choses. C’est carrément scandaleux ! Un kilo de bonnes billes n’est pas donné, et au prix que le pêcheur paye il mérite d’être informé en toute transparence sur ce qu’il achète !

Les techniques de camouflage que l’on rencontre sont diverses. En mentionnant « céréales et produits céréaliers » le fabricant évite de nous indiquer quelles graines et/ou farines exactement sont utilisées. L’eau ne figure jamais comme ingrédient sur la liste.

Les conservateurs ne sont pas mentionnés en nature ou en quantité. D’autres additifs tels que les colorants, les arômes, les agents épaississants et les édulcorants ne sont pas ou seulement partiellement mentionnés.

Les informations nutritionnelles contiennent des erreurs grotesques (les pourcentages sont mathématiquement impossibles). Dans une discussion sur ce sujet avec l’un des plus gros producteurs de bouillettes, celui-ci m’a souligné que les informations sur l’emballage sont conformes à la législation. C’est peut-être exact, mais cela n’enlève rien au fait que la transparence est souhaitable.

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L’indispensable moulin électrique.

Pour la déclaration de la valeur nutritionnelle il existe des astuces pour tromper le client. Certains producteurs mentionnent soigneusement les taux de nutriments (protéines, lipides, glucides, fibres) que l’on trouve au moyen d’analyses en laboratoire.

D’autres producteurs se croient plus malins et calculent les taux en fonction des « ingrédients secs » utilisés. L’eau ajoutée n’est pas incluse dans leur calcul, de sorte que les taux qu’ils revendiquent sont bien plus élevés qu’ils ne le sont réellement.

Une bouillette moyenne contient facilement de 25 à 30% d’eau, de sorte que l’omission de l’eau conduit à des taux significativement plus élevés. Il est préférable sur l’emballage de déclarer que votre bouillette contient plus de 20% de protéines au lieu d’un maigre 15% !

Tout ceci conduit non seulement à une situation confuse pour le client pêcheur mais aussi, comme pour l’énumération des ingrédients, à une certaine forme de tromperie.

Un conseil pour évaluer la déclaration nutritionnelle : si la somme des pourcentages de nutriments est inférieure à 70%, alors elle est revendiquée avec certitude sur la base de l’analyse. Si la somme est supérieure à 80%, le calcul est basé uniquement sur les matières sèches (et vous pouvez réduire les taux revendiqués de 25 à 30% pour être dans le vrai !).

Rempli d’acides aminés attractifs !

La magie de ces dernières années : les attractants solubles. Quasiment toutes les marques les proposent, soit déjà inclus dans leurs billes, soit sous forme liquide en tant que soak, boost ou dip.

Très souvent, il s’agit d’un produit contenant des acides aminés libres sous forme d’un produit hydrolysé à base de protéines de poisson. L’hydrolyse est un procédé dans lequel de grandes molécules protéiques sont coupées chimiquement ou par des enzymes en plus petits morceaux. Le fait de « couper les protéines » conduit à un mélange de morceaux de différentes tailles.

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Les plus petites pièces sont les blocs de construction simples de la protéine : les acides aminés. La protéine est constituée d’une chaîne d’acides aminés. Tous les acides aminés présents dans la nature peuvent être présents dans la protéine.

Plus il y a d’acides aminés différents, et plus ils sont équilibrés entre eux, meilleure est la valeur nutritionnelle de la protéine. La protéine hydrolysée, avec les acides aminés libres, est facultativement concentrée ou mélangée avec une base neutre appropriée, puis munie d’une quantité substantielle de conservateur pour ensuite être proposé comme produit miracle dans un joli flacon.

Ceux qui ne l’utilisent pas passent à côté de quelque chose. Sans cette addition magique, il est presque impossible aujourd’hui de tromper les carpes « éduquées ». Et plus vous utilisez ce type de produit, plus vous mettez des carpes sur votre tapis.

C’est magnifique ! Vive les bénédictions du progrès à travers le niveau croissant de la connaissance. Mais.., pourquoi ça ne marche pas avec moi ?

Je lutte énormément avec les acides aminés, je trouve ça frustrant et je n’arrive pas à obtenir un succès pertinent et durable avec ça. Parfois, cela semble marcher, mais la fois d’après, sur un autre plan d’eau, ça ne marche plus.

En cherchant une explication à cela, je me suis immergé dans toutes les informations que j’ai pu obtenir à ce sujet, et à la fin j’ai trouvé une théorie qui atténue au moins mon propre échec. Je vous explique ma théorie mais en même temps je souligne que ce n’est que de la théorie. Je ne peux pas le justifier avec une argumentation concluante.

Pour expliquer la théorie, je dois zoomer sur le mécanisme par lequel la carpe détecte et évalue sa nourriture et qui l’incite à se nourrir.

La première étape pour trouver de la nourriture est de détecter cette nourriture à distance. Ceci est complètement guidé par les composants solubles dans l’eau que la carpe peut détecter grâce à un écoulement d’eau à travers la cavité nasale.

Les composants hydrosolubles tels que les acides aminés sont exceptionnellement bien détectés et dans le cas des acides aminés, il existe une relation directe avec les produits métaboliques de l’aliment naturel, de sorte que la carpe l’interprète naturellement comme la présence de nourriture.

Les acides aminés sont donc parfaitement adaptés pour mettre la carpe sur la piste de notre bouillette et pour le persuader de commencer à chercher la source de nourriture. Pour la détection des bouillettes à distance, les acides aminés fonctionnent réellement.

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Pour la détection à distance les acides aminés remplissent bien leur rôle.

 

Dans la deuxième étape de la détection de la nourriture, dans laquelle la carpe juge la nourriture sur son goût, cela devient une histoire complètement différente. L’hydrolysat que nous utilisons – et qui contient des acides aminés – est constitué d’un mélange inconnu d’acides aminés.

Au total, il y a environ vingt acides aminés différents qui peuvent et vont tous apparaître dans l’hydrolysat. Parmi ces vingt, il y a 8 acides aminés individuels dont le goût est apprécié par la carpe, mais il y a également 7 acides aminés individuels dont le goût n’est pas apprécié du tout. Une évaluation négative signifie que la nourriture (notre bouillette) n’est pas mangée.

Avec presque autant d’acides aminés négatifs que d’acides aminés positifs, je n’ose pas mettre mon argent sur ce que fera la carpe. Est-ce qu’elle mange ma bouillette ou est-ce qu’elle la recrache encore plus vite qu’elle ne l’a aspiré ?

Dans les mélanges d’acides aminés qui contient à la fois ceux avec une note positive et ceux avec une note négative, on ne sait pas exactement comment la carpe va évaluer la nourriture.

Peu de recherches ont été faites dans ce domaine, mais d’après les quelques recherches qui vont dans ce sens, il a été établi que même des mélanges d’acides aminés avec une note positive peuvent devenir négatifs dans l’évaluation du goût lorsqu’ils sont présentés en mélange.

Un aspect important est le fait que la composition de l’eau (y compris l’acidité, le pH) peut jouer un rôle important à cet égard. Cela signifie qu’un mélange peut conduire à une évaluation positive dans une eau, mais que dans une autre eau ce même mélange peut provoquer le rejet de la bouillette.

C’est un sujet tellement complexe et imprévisible que personne ne sait vraiment ce que nous faisons avec ces hydrolysats.

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Quelle que soit la taille d’un plan d’eau, avoir de bons appâts est essentiel pour bien pêcher !

En d’autres termes, quand il s’agit de l’évaluation du goût, les acides aminés sont des attractants très douteux. En fin de compte c’est le goût qui détermine si la carpe mange vos bouillettes ou non.

À quoi sert un attractant qui d’abord attire le poisson vers l’appât et ensuite fait que le poisson refuse de le manger ? Pour moi, l’utilisation des hydrolysats n’est rien de plus qu’un pari sur la chance et donc si discutable que je ne les utilise pratiquement plus. Pour ceux qui le font avec succès, vous avez ma bénédiction et je vous conseille de jouer également au Euro Millions !

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Précision : La partie sur les acides aminés que vous venez de lire a été rédigé au printemps dernier. Le temps passe et apporte parfois de nouvelles idées. À présent, nous sommes un an plus tard, mes connaissances sur l’attractivité des acides aminés libres ont évoluées ont et ma théorie a été ajustée, un peu nuancée.

Ce que j’ai décrit ci-dessus s’applique particulièrement à l’utilisation d’acides aminés libres comme attractants dans la pêche instantanée. Les acides aminés attirent incontestablement les carpes vers vos appâts, mais bien souvent ces derniers ne sont pas consommés directement à cause de leur goût répulsif.

Cependant, l’attraction primaire des acides aminés est si grande que la carpe continue à revenir sur la nourriture et à un moment donné, elle finira par ramasser et manger la bouillette en question. Une fois que la bouillette a été mangée plusieurs fois, le rejet du goût va se transformer en appréciation du goût.

La carpe apprend alors à associer le goût avec une forme de nourriture comestible. Si la bouillette est également nutritionnellement saine, il arrive un moment où elle va cartonner comme aucune autre. Il s’agit donc d’un attractant efficace sur le long terme, et dans ce contexte la forte attraction primaire à distance lui donne un avantage certain sur les nombreux autres types d’attractants.

Huile de poisson & matières grasses essentielles

« Une huile de saumon riche en graisses non-saturées Omega 3 et 6 ». « Un must absolu dans une bouillette de qualité à base de farine de poisson ». Sans doute vous avez déjà lu ces arguments dans les descriptions des huiles de poisson qui sont proposées aux carpistes.

Elles sont bien ces huiles de poisson. Rien de mal à cela, et c’est même une source d’acides gras insaturés, en particulier les Oméga 3 et 6, qui sont essentiels pour tous les êtres vivants. Mais que se passe-t-il s’il n’y a pas d’Oméga 3 et 6 dans nos billes ?

Y aurait-il alors un problème ? Développe-t-elle des symptômes de carence avec des effets négatifs sur sa santé ? Non, fort heureusement ce n’est pas aussi noir et blanc. La principale source d’acides gras insaturés pour la carpe se trouve dans sa nourriture naturelle.

Si les bouillettes sans matières grasses constituent sa nourriture principale pendant une certaine période elle adaptera d’elle-même (instinctivement) son alimentation à un moment donné pour combler certains déficits alimentaires.

C’est ainsi que cela fonctionne dans la nature, il existe d’innombrables exemples qui nous le démontrent. Ceci étant, on peut conclure qu’il est sage de nous assurer que les acides gras essentiels sont suffisamment présents dans nos bouillettes, car cela assure que les carpes peuvent les manger pendant de longues périodes sans ressentir un effet de carence. Mieux qu’une bouillette soit équilibré sur le plan alimentaire, plus longtemps elle sera efficace sur les carpes, c’est un point important pour les ALT.

Faut-il alors systématiquement enrichir ses billes avec ces fameuses et onéreuses huiles de poisson ? Vous pouvez le faire, mais ce n’est pas absolument nécessaire. Les huiles végétales simples et très bon marché peuvent également convenir à cette fin et, si elles sont utilisées correctement, elles conviennent encore mieux.

Les huiles végétales contiennent des acides gras essentiels insaturés (dont les Oméga), et ces acides gras sont indispensables pour le bon fonctionnement de l’organisme. Sachez qu’en réalité il y a seulement 2 acides gras essentiels. Essentiel signifie que le corps est incapable de produire ces acides gras lui-même. Ces acides gras doivent donc être présents dans l’alimentation.

Ces acides gras essentiels sont l’acide linoléique et l’acide alpha-linolénique. Si l’aliment contient suffisamment de ces deux acides gras essentiels dans des proportions équilibrées, l’organisme (celui de la carpe également) sera lui-même capable de produire les autres acides gras dérivés.

Cela se produit grâce aux réactions enzymatiques. L’acide linoléique est bien présent dans l’huile de tournesol et l’acide alpha-linolénique dans l’huile de lin. Le rapport requis est de 3 parts d’acide linoléique pour 1 part d’acide alpha-linolénique. En mélangeant 3 parts d’huile de tournesol avec 1 part d’huile de lin, vous obtenez le ratio correct de 3: 1. Faites attention !

L’huile de lin est très sensible à l’oxydation en raison de sa forte teneur en acide alpha-linolénique et sa qualité se détériore rapidement. L’huile de lin est mieux conservée dans des bouteilles sombres et dans un endroit frais. Le mieux c’est de stocker les billes au congélateur. Si vous trouvez cela trop contraignant, la combinaison de l’huile de tournesol et de graines de lin moulues est une alternative.

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Les huiles végétales conviennent mieux que les huiles de poisson.

J’ai dit plus tôt que les huiles végétales, si elles sont utilisées correctement, conviennent mieux que les huiles de poisson. La raison en est que les acides gras Oméga dans les huiles de poisson sont souvent des molécules instables qui se désintègrent rapidement.

Si vous achetez l’huile de poisson emballé en verre clair ou en plastique et qu’elle est maintenue pendant un certain temps à température ambiante, vous pouvez être sûr qu’il ne reste plus grande chose des acides gras Oméga souhaités.

Sous l’influence de la lumière les acides gras disparaissent très rapidement des huiles de poisson. Dans le traitement de ce sujet, lors de ma présentation en conférence, on m’a demandé si l’huile de poisson n’est pas préférable en raison du goût typique qu’elle a.

Je pense que, compte tenu de la faible concentration de composants aromatiques dans l’huile de poisson, cet effet disparaît complètement dans une recette à base de farine de poisson à laquelle on ajout éventuellement aussi d’autres attractants.

Personnellement j’utilise des huiles végétales depuis de très nombreuses années et j’en suis très satisfait.

Edulcorants – Sweet dreams are made of…?

Pour donner un goût bien sucré à nos billes on utilise généralement des édulcorants artificiels. Pour nous ces édulcorants donnent vraiment une saveur délicieusement sucrée à la bouillette, mais la question est de savoir si cela s’applique aussi à une carpe.

Il y a beaucoup de confusion quant à savoir si une carpe est capable de détecter oui ou non les édulcorants (à distance selon le principe de la diffusion) ou de les goûter à travers ses récepteurs gustatifs. Ce manque de clarté a été discuté pendant des années et a notamment conduit à l’apparition sur le marché de plusieurs nouveaux édulcorants ainsi que des édulcorants synthétiques, tels que la saccharine et le cyclamate, utilisés depuis des années.

Les nouveaux édulcorants sont notamment la NHDC et la Thaumatine (Talin). Ce sont des substances super douces et plus sucrées que les édulcorants standards tels que la saccharine. Alors que le pouvoir sucrant de la saccharine est d’environ 400 fois supérieur à celui du sucre ordinaire, le pouvoir sucrant du NHDC est d’environ 2000 fois supérieur celui de la thaumatine est des centaines de milliers de fois supérieur.

La thaumatine est donc uniquement vendue sous forme fortement diluée. La question est maintenant de savoir si le NHDC et thaumatine sont meilleurs que les édulcorants conventionnels ? J’ose en douter. Je vais vous expliquer pourquoi. La première différence entre les édulcorants conventionnels et le NHDC et la thaumatine est que les édulcorants conventionnels sont synthétiques et que NHDC et thaumatine proviennent de matières premières naturelles.

Le NHDC est un flavonoïde naturel provenant de la peau d’orange et thaumatine est une substance protéique dérivée des baies de l’arbre africain le katemfe. Le fait que ces édulcorants soient naturels et non synthétisés n’a aucune importance pour le goût en tant que tel. Le fait qu’ils sont plusieurs fois plus doux n’est également pas important. Cela conduit seulement à un produit sous forme diluée ou à un dosage plus faible afin d’obtenir la douceur désirée dans la bouillette.

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Victime d’une bille sucrée au dextrose.

 

Ce qui est important, c’est la différence de solubilité. Les édulcorants synthétiques sont extrêmement solubles. Ils ont également été développés pour une application dans les boissons non alcoolisées. La solubilité dans l’eau est alors un must. Le NHDC et la thaumatine sont tous deux très peu solubles dans l’eau. Cela signifie que la carpe ne peut en aucun cas détecter ces édulcorants à distance.

C’est exclusivement le goût qui est détecté lorsque la carpe saisit ou manipule l’appât. Les édulcorants conventionnels offrent donc un avantage. Il ne peut être exclu, en raison de leur degré de solubilité, qu’ils peuvent être détectés à distance et inciter la carpe chercher la source. La solubilité et donc la perceptibilité amènent le score à 1-0 pour les édulcorants conventionnels.

L’inconvénient possible des édulcorants classiques est le fait qu’ils peuvent avoir un goût amer ou métallique lorsqu’ils sont appliqués de manière unilatérale et en forte concentration. Il ne peut donc pas être exclu que le goût du NHDC et de la thaumatine soit mieux apprécié par la carpe. Une carpe déteste l’amertume.

Dans cette hypothèse, je suppose que le goût des édulcorants en tant que tels est expérimenté et reconnu par les carpes comme étant doux. Après tout l’énorme concentration de papilles gustatives dans la bouche d’une carpe justifie l’hypothèse que le goût sucré est bien détecté. Sinon, il n’y a pas d’explication pour le succès des bouillettes sucrées. Le meilleur goût du NHDC et de la thaumatine porte le score à 1-1.

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Les carpes n’aiment pas l’arrière-goût amer de certains édulcorants.

Le problème du goût amer des édulcorants artificiels peut facilement être résolu en mélangeant différents édulcorants, de sorte que la concentration des édulcorants individuels est fortement réduite et le problème du goût ne se pose pas.

Le mélange d’édulcorants artificiels avec le NHDC et / ou la thaumatine constitue une combinaison gagnante, réunissant tous les avantages des différents types d’édulcorants.

Le NHDC et la thaumatine ont un fort effet synergique. Cela signifie que, en combinaison avec d’autres édulcorants, ils renforcent l’effet des autres édulcorants avec comme résultat un mélange d’édulcorants avec un goût agréable, arrondi, pas amer et une solubilité considérable.

La force est dans l’ensemble et du coup le score passe à 1-1-2 (1+1=2). J’ai appliqué cette méthode avec des édulcorants pendant des années et suis très satisfait des effets que j’observe.

L’inconvénient de la thaumatine en particulier est qu’elle n’est pas stable lorsqu’elle est chauffée. Lors de la cuisson de la bouillette, une grande partie de son effet est annulée. Les autres édulcorants n’en souffrent pas car ils sont très résistants à la chaleur.

En fait, c’est un phénomène étrange qu’une carpe apprécie le goût sucré. Les sucres ne sont pas ou à peine présents dans sa nourriture naturelle et les carpes n’ont pas d’enzymes dans leur système métabolique qui indiquent la présence de sucres dans leur alimentation. La carpe ne peut pas ou à peine digérer les différents sucres (je ne parle pas d’amidons mais de sucres inférieurs).

Le meilleur exemple est le sucre ordinaire que nous avons tous dans le placard de la cuisine, le saccharose ou le sucrose. En d’autres termes, le sucre de betterave et le sucre de canne. La carpe n’a pas l’enzyme saccharase pour décomposer le sucre ordinaire. Cela signifie que le sucre ordinaire n’a aucune valeur nutritive pour une carpe.

Pour cette raison, la carpe n’apprécie le goût du sucre ordinaire, contrairement à ce que presque tout le monde pense, absolument pas ! Vous ne vous y attendiez pas, n’est-ce pas? Selon Van den Hoven, une carpe n’aime pas le sucre alors que tout le monde sait qu’une carpe aime les sucreries ! Qu’est-ce qu’il faut croire maintenant ?! Ne vous excitez pas, je vais vous l’expliquer.

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La carpe n’apprécie pas du tout le goût du sucre de table !

Une carpe aime le goût sucré, mais ce goût sucré doit être provoqué par le dextrose (= glucose) et non par le saccharose. Le dextrose est le sucre le plus simple qui existe, un soi-disant monosaccharide.

C’est une molécule de sucre unique qui peut être utilisée directement dans le métabolisme pour libérer de l’énergie. Ceci s’applique également à la carpe. Le dextrose est utilisé directement et d’autres glucides ou sucres tels que les amidons sont décomposés en glucose au moyen d’enzymes et ensuite convertis en énergie.

Il n’est donc pas surprenant qu’une carpe aime le goût du dextrose. Il sait instinctivement que le produit a une valeur nutritionnelle et qu’il est donc bon pour lui. Et la solubilité du dextrose est incroyablement bonne.

Il semble justifié de dire que la détection d’un goût sucré implique pour une carpe qu’il y a du dextrose dans la nourriture. Nous trompons donc nos carpes avec les édulcorants au fort pouvoir sucrant.

C’est pour cela que si j’utilise des édulcorants dans mes bouillettes, j’ajoute souvent une quantité de dextrose à mon mélange pour ne pas décevoir les carpes en perturbant leur organisme, ce qui ne serait pas bon pour l’efficacité de mes billes à long terme. Prenez cela comme un bon conseil !

Juste un petit mot encore sur le sucre ordinaire. Parce que je ne suis pas satisfait avec juste une base théorique, j’ai testé le sucre ordinaire dans une bouillette. Pour cela j’ai créé la douceur complète dans la bouillette en utilisant uniquement du sucre ordinaire et pas d’édulcorants et/ou de dextrose.

Cela signifiait que plus de 10% de sucre devait être utilisé sur la masse totale. Du coup la pâte était très collante et dure à rouler, et les bouillettes finales étaient aussi molles qu’une éponge, mais le résultat final était sans équivoque : je n’ai reçu aucune réponse positive. Les carpes ne les mangeaient pas !

Comment alors expliquer la terrible efficacité du maïs sucré me diriez-vous ? Eh bien, laissez-moi le préciser. Vous pêchez avec du maïs et non avec du maïs sucré.

La solubilité du sucre dans l’eau est si élevée que le sucre est éliminé du grain de maïs en une fraction de temps. Vous ne me croyez pas ? Jetez une poignée de maïs doux dans l’eau et goûtez les grains après quelques minutes…

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Résultat d’une bille bien conçue !

 

Dans la deuxième partie de ce dossier, Sjef continue avec un regard critique sur les freezerbaits (bouillettes congelées), les conservateurs dans les bouillettes de commerce, la cuisson à l’eau et la cuisson à la vapeur, l’utilisation du sel et bien plus encore.

Appâts – matière à réflexion (2ème partie)

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