Cela fait déjà un bon bout de temps que je n’ai plus mouillé mes lignes dans le canal. Je connais cette eau comme ma poche.
En tant que chasseur de rats, j’étais sûr et au bord de l’eau tous les jours et bien que j’aie fait de la pêche mon travail, la chasse aux rats me manque.
Attraper des rats musqués et faire de l’exercice quotidiennement dans la nature donne au dernier instinct primitif en moi un certain degré de satisfaction. En tant que petit garçon, j’ai toujours été un peu différent à ce sujet et cela ne changera jamais.
Je suis arrivé assez tard hier soir. J’aurais pu arriver plus tôt, mais c’est entièrement de ma faute, trop occupée par toutes sortes de choses, y compris une rénovation.
Ma tête est trop occupée par d’autres choses et c’est au détriment de la pêche. La nuit dernière, c’était calme, ce qui n’est pas surprenant étant donné l’immensité de l’eau par rapport au faible cheptel.
C’est maintenant le matin et ma vue est vraiment fantastique.
C’est un moment où la vapeur du matin se dissous lentement dans l’air sec et un peu frais.
Ceci, combiné à la lumière rasante jaune d’or des premiers rayons du soleil d’un nouveau jour, donne une ambiance paradisiaque.
C’est du moins ce que j’imagine avec une lueur céleste. Ce qui est amusant, c’est que depuis que je pêche, mon horloge interne sait exactement quand commence le jour.
C’est peut-être le moment le plus important de la journée pour un carpiste. Toute la vie sous-marine semble vouloir apercevoir les premiers éclairs de lumière à la surface de l’eau.
Tout comme la carpe qui pense avoir un jeu libre pendant un certain temps et sans peur, traverse la surface de l’eau et me fait ainsi connaître sa cachette.
Je ne sais pas si vous avez ça aussi, mais quand je pêche, mon regard est automatiquement concentré sur l’eau, pour ainsi dire.
C’est inconsciemment une sorte d’habitude, cela attire naturellement mon attention.
Un peu de magie
Je sais que c’est le moment où l’on peut s’attendre à avoir un départ. D’une certaine manière, la pêche à la carpe n’est pas toujours quelque chose de prévisible.
Oui, je sais, nous voulons toujours comprendre le comment et le pourquoi et je ne suis certainement pas différent à ce sujet.
Cependant, en plus de l’expérience et des connaissances, il y a aussi la partie sur laquelle nous n’avons aucun contrôle.
Ce sentiment ou « water sense » comme le disent si bien les Anglais, peut nous donner ce petit plus. Et parfois, les choses arrivent par pur hasard.
Bien que le canal ait toujours été une eau magique pour moi, j’ai senti venir la première touche. Une belle carpe bien trapue avec un motif d’écailles en forme de rangée se glisse dans mon épuisette.
Cela fait immédiatement penser à une vieille connaissance que j’ai attrapée ici plusieurs fois. Mais qui, à sa manière, a toujours réussi à éviter mon album photo.
L’histoire veut qu’il y ait dix ans, j’ai attrapé une linéaire, ce qui d’ailleurs est une rare apparition ici sur les eaux publiques.
J’avais alors demandé à un passant de faire quelques photos et cela s’est avéré être une erreur très stupide. Tout était flou ou pas bien cadré du tout.
Les photos étaient bonnes pour la poubelle. Quelques années plus tard, j’ai attrapé à nouveau exactement la même carpe.
Le poisson en question n’avait pas beaucoup grandi et, en plus de sa robe spécifique, il était facilement reconnaissable à sa queue particulière.
Cette fois, j’avais amené un copain de pêche qui allait prendre des photos ! Alors c’était bien ! Du moins, c’est ce que je pensais.
Vous l’avez deviné, ça a mal tourné aussi… D’une certaine manière les photos qui ont été prises ont disparu et je ne les ai jamais eues en ma possession.
C’est à ce poisson que le pense en relâchant la petite trapue. Probablement sa rangée d’écailles évoque en moi ces souvenirs.
Alors que je laisse gentiment repartir cette petite carpe dans son élément, je suis presque sûr que je vais rattraper la linéaire du passé.
Puis, incroyablement, peu de temps après, je pose avec elle devant l’objectif ! J’arrive à peine à croire ce qu’il m’arrive.
J’ai pensé à ce poisson juste avant la capture. D’ailleurs, l’ambiance est vraiment géniale avec le faible ensoleillement matinal et la brume sur le canal.
Indésirables
Mais tout n’est pas parfait. En décrochant mon dernier poisson, j’ai constaté que ma bouillette d’eschage était bien attaquée par les crabes.
Heureusement, j’ai bouclé la bouillette sur le cheveu. De cette façon la bouillette reste bien plus longtemps sur le cheveu.
L’esche devient de plus en plus petite certes, mais elle reste très longtemps pêchante, malgré l’acharnement des crabes.
Puis, même si la bouillette ne fait plus que la taille d’un petit-pois, bien souvent cela suffit encore pour prendre une carpe avec.
Quand on est embêté par des indésirables, il est important d’adapter nos esches et la façon de pêcher. Voici les conseils que je peux vous donner à ce sujet.
Conseil N°1
Conseil N°2
Une autre façon d’occuper les crabes ou écrevisses un peu plus longtemps est l’utilisation d’un produit appelé « boilie wrap ».
Plus celui-ci est lisse mieux c’est. Personnellement, je n’aime pas les wraps perforés car il arrive que la pointe de l’hameçon se coince dans l’un des trous et dans ce cas le montage n’est plus opérationnel.
Il vaut mieux utiliser un wrap lisse sans trous. Soit dite en passant, vous pouvez facilement améliorer vous-même la diffusion de l’esche en perçant de très petits trous avec une aiguille à bouillette. Parce que ces trous sont petits, vous évitez que l’hameçon ne s’y coince.
Conseil N°3
Vous pouvez facilement rétrécir le wrap autour de votre appât à l’aide de vapeur.
Vous pouvez aussi utiliser un briquet, mais vous risquez de brûler le wrap et que l’esche sente le plastique brûlé.
Lorsque les écrevisses sont très actives, vous pouvez appliquer une deuxième couche de wrap que vous placez perpendiculairement à la première couche.
Vous passez ensuite le cheveu à travers la partie doublée, en utilisant un stop bouillette allongé. Cela rend l’esche quasiment indestructible.
Conseil N°4
Le prochain conseil que je peux vous donner est d’utiliser une bouillette qui ne contient pas de produits carnés.
Je préfère une bouillette dure au parfum sucré/fruité.
Il suffit de stocker des bouillettes dans un bocal de sel pour obtenir des esches très dures.
N’ayez pas peur d’amorcer avec des bouillettes sèches dures comme de la pierre car les carpes n’auront aucun mal à les broyer avec leurs dents pharyngiennes.
Conseil N°5
Empêchez la bouillette de rouler facilement !
En coupant les côtés de la bouillette d’eschage avec un cutter celle-ci se déplace moins facilement lors des manipulations par des petits poissons.
Cela aide certainement à éviter que votre bas de ligne ne s’emmêle.
Conseil N°6
Amorcez régulièrement pour éviter que les crabes ou écrevisses s’acharnent uniquement sur vos esches.
Si vous amorcez régulièrement des bouillettes normales plus molles, l’esche restera intacte beaucoup plus longtemps et les chances d’attraper une carpe augmenteront considérablement !
Conseil N° 7
Vérifiez régulièrement votre esche et n’attendez pas trop longtemps pour la remplacer !
Surtout sur les eaux infestées d’écrevisses ou de poissons-chats, il est important de vérifier régulièrement si le montage est encore pêchant.
Déplacer votre montage légèrement peut également aider.
Durant la nuit les crabes et écrevisses sont beaucoup plus actifs. Cela peut en faire un choix judicieux de ne pêcher que pendant la journée !
Ici, sur le canal, il est pratiquement impossible de pêcher pendant le pic de migration des crabes.
L’esche reste sur les cheveux pendant 30 minutes maximum malgré l’utilisation de wrap.
Une fois l’esche détruite, elles attaquent tous les composants en plastique et en silicone.
Les cônes des agrafes-plomb sont simplement coupés, tout comme les aligneurs de ligne et les tubes anti-emmêleur. J’évite donc de pêcher le canal pendant cette période.
Une matinée pleine d’action
Après la vieille linéaire, je prends encore plusieurs carpes, pas des grosses, mais des jolies. Le compteur s’arrête à 6.
En général, je ne fais pas de grandes sessions sur le canal. Les poissons de canal se déplacent assez rapidement.
Vous ne pouvez pas les garder sur place longtemps avec votre amorce. Il est préférable de changer de poste régulièrement.
Je n’ai pas beaucoup de temps et généralement, je rentre chez moi après environ 12 heures de pêche.
Lorsque vous connaissez bien le canal, vous pouvez avoir une idée assez précise de comment les carpes s’y déplacent.
Ainsi, il est possible de pêcher efficacement plusieurs postes dans la journée.