Bipppppppppppp, ce calme ne pouvait durer, à peine la canne empoignée que je me prends une secousse de malade ! Quel rush de fou !
Jeremy m’aide pour enfiler mon gilet puis nous traçons sans perdre une minute à la rencontre de cette furie. Je suis persuadé d’avoir piqué un silure.
Après de nombreuses spires de tresse ravalée sur mon moulin et la colère de la bête maîtrisée mon doute est levé.
Le rêve de tout pêcheur !
Ce n’est pas celui d’un silure, le combat est typique d’une grosse carpe, lourd et lent, d’ailleurs plus besoin de moteur, c’est elle qui nous tracte. Quelle force ! A part regarder ma tresse fendre la surface en me contentant de grappiller quelques décimètres de temps à autre, je n’arrive pas à faire grand-chose.
Le moment est intense, il nous tarde vraiment de découvrir ce terrible adversaire. Ce n’est qu’après d’interminables minutes qu’un énorme remous crève enfin la surface. Un poisson gigantesque apparaît sous nos yeux ébahis ! Whaoouuu, mais c’est quoi ce fish de malade ?
Le suspens est terminé, mais en ayant vu ce monstre et le sentant vouloir regagner le fond, la pression monte encore d’un cran. Pourtant pas de quoi s’affoler, ce soir nous sommes bénis et la chance est avec nous, dès sa deuxième apparition sait bien finie pour elle, elle est à nous !!!
De retour sur notre base flottante, nous avons bien du mal à la hisser à bord. En voyant le poids de la bête s’afficher à l’écran du peson, nous comprenons bien pourquoi. Nous venons de vivre le rêve de milliers de pêcheurs…
Face à cette géante de 30,200kg, nous ne pouvons contenir notre joie et nous nous sautons dans les bras !
Je vous laisse admirer ce poisson de fou et reprendre votre souffle car ce n’est pas fini…
Recouchés dans nos duvets, alors que nous avons encore du mal à réaliser ce qu’il vient de se passer, un autre RX s’emballe. Cette fois tout est bloqué, sur le trajet nous avons beau nous passer la canne à tour de rôle, nous ne parvenons, ni l’un ni l’autre, à sentir quelque chose. Arrivés à l’aplomb de ce point de blocage, je comprends mieux ce qu’il s’est passé. Le poisson s’est tout simplement réfugié dans le gros massif d’herbier qui se situait à proximité du spot.
Pendant que mon frère tient la canne et que je déchiquette bout par bout l’herbe enroulée sur ma tête de ligne, je lui annonce le visage fermé que c’est fini pour nous. J’ai mon agrafe et mon plomb dans les mains. Nous sommes dégoûtés. Alors que je cherche mon montage dans cette dernière et lourde touffe d’herbe, quelque chose d’incroyable et inespéré se produit.
Je hurle à mon frère de regarder à bâbord, une énorme masse vient d’apparaître en surface couchée sur le flanc à quelques mètres de nous. Putain c’est elle ! J’aperçois mon bas de ligne que je cherche et mon hameçon ancré dans sa gueule.
Je réalise alors que mon clip plomb est resté coincé dans l’herbier et a coulissé sur ma tête de ligne quand la carpe l’a traversé. Le moment est critique mais heureusement elle attend inerte et bien sagement juste le temps qu’il me faut pour finir de libérer ma ligne de ce bordel.
Alors que ma tête de ligne est encore dans mes mains, Jérémy tente désespérément à bout de bras de glisser l’épuisette sous cette masse immobile. Grrr, c’est trop court. Délicatement, je tire un peu, il ne manque plus que 50,40, puis 30cm mais les 20 derniers sont de trop. Splash, la bête se réveille, je sens le fil s’arracher de ma main, elle vient de mettre un violent coup de queue pour replonger, mais heureusement pour nous, elle l’a fait du bon côté du filet.
Nous mettons dans l’épuisette avec euphorie un colosse de 27,200kg !
Cette nuit est irréelle ! Dire que nous aurions pu passer à côté de ça si nous avions bougé la veille… Il faut toujours aller au bout des choses. La pêche ne tient à rien.
Finir l’année en beauté
A peine rentrée de cette session de fou, déjà une nouvelle date est fixée pour un 96 heures seul en octobre. Malheureusement pour moi, vu le mauvais temps et les rafales de vent annoncées pour toute la durée de cette session, je suis obligé de me rabattre sur un plan B au dernier moment et de laisser le cabine à la maison.
La pêche sur ce nouveau géant a bien failli être stérile, mais je rentre tout de même avec le souvenir d’un fish d’une quinzaine de kilos. C’est loin d’être le plus beau, mais je ne suis pas capot.
La saison touche à sa fin pour moi, mais avant de ranger les cannes, une petite sortie Fox est prévue chez Constant à Fully’s Lake en novembre.
La pêche aux spécimens est mise de côté pour cette fois, mais je n’y perds pas au change car nous partageons un vrai moment exceptionnel entre renards.
Il n’y a encore rien de sûre mais il n’est pas impossible que j’aille chercher quelques rayons de soleil dans le sud courant décembre pour bien finir l’année. J’ai envie de tenter ma chance sur un barrage que je n’ai encore jamais essayé mais que j’ai dans ma ligne de mire depuis de longues années.
Mi-décembre, les températures clémentes annoncées puis la dispo de mon pote Jean-Paul ne pouvaient pas mieux tomber, c’est parti pour la dernière. Le plus important pour moi est de retrouver mon pote avec qui je n’ai pas pêché depuis un bon bout de temps, mais évidemment, même si j’ai déjà fait une excellente année, je ne suis pas contre un petit bonus.
Ce jour, étant parti assez tôt, nous avons l’après-midi devant nous pour découvrir les lieux et choisir notre poste. Il y en a un qui nous plaît bien, mais vu son exposition en plein vent glaciale, nous préférons nous installer à l’abri d’une pointe toute aussi prometteuse.
Après avoir mis en place notre campement 3 étoiles, nous effectuons un sondage à l’aide de nos bateaux amorceurs. A nos pieds se trouve une cassure puis un fond assez uniforme s’étend jusqu’au lit de la rivière passant un peu plus près de la berge d’en face.
Notre stratégie est simple, nous placerons chacun de nos montages de façon à faire un triangle d’interception depuis la bordure vers le large et ce en alternant nos distances de pêche. Au moins si une carpe traverse la zone elle devra tomber sur l’un de nos pièges. Vu que nous ne pêcherons pas la première nuit, nous nous contentons d’amorcer en enchaînant sur un bon apéro, un bon repas et une bonne nuit.
Le lendemain, dès la fin de notre petit-déjeuner nous plaçons soigneusement nos montages sur nos zones amorcées de la veille. Au dernier moment, je décide de placer l’un des miens simplement en spot dans le tombant du lit de la rivière avec un bonhomme de neige et une poignée de mes billes favorite, les Suprêmes Ecrevisses Malgré une première journée qui s’écoule sans la moindre touche, nous décidons de ne rien changer pour la nuit et laisser pêcher tel quel. Vers 22h extinction des feux, au chaud dans nos duvets, l’estomac bien rempli nous pouvons ronfler comme des cochons.
A 23h nous sommes réveillés tous les deux en sursaut. Il nous semble avoir entendu un bip. Alors que je m’assois sur le bord de mon bed et m’apprête à enfiler mes pompes, ma centrale nous confirme que nous n’avons pas rêvé. En saisissant la canne, j’encaisse un rush de court instant puis plus rien.
A part d’étranges vibrations me donnant l’impression de trainer une grosse branche d’arbre sur le fond, je ne ressens rien d’autre. Canne pliée en deux, inquiet, je continue de tirer, car j’ai l’impression que si j’arrête tout va se bloquer. Pourtant, au bout d’un moment, le bras épuisé de pomper comme un malade, je n’ai pas le choix que de faire une courte pause. J’ai beau attendre quelques secondes, c’est mort, il ne se passe rien. Je suis dégoûté d’avoir loupé mon premier poisson mais je n’ai pas le choix, il faut absolument que je ramène cette ligne sur la berge et que je décroche cette saloperie que je traîne.
Face à la courbure inquiétante de la canne puis en entendant le sifflement strident de la tresse prise au vent, Jean-Paul ne peut s’empêcher de rire en me demandant si je n’ai pas peur de la péter. Nerveusement mes rires accompagnent les siens, heureusement le matériel Fox est éprouvé. Continuant de ramener décimètre par décimètre, d’un coup, à une trentaine de mètres du bord en plein effort, un relâchement dans la ligne se fait ressentir.
Alors que je pense m’être enfin décroché de cette merde et que je m’apprête à ramener mon montage, contre toute attente, un bon coup de boule me rappel à l’ordre ! J’ose à peine croire ce qu’il m’arrive et sommes tous deux surpris par ce revirement de situation. Percher en hauteur sur mon caillou, je combats maintenant normalement avec ce qui me semble être un beau poisson.
Nous rions de nouveau en repensant à l’allure de la canne et à ce que j’ai pu mettre à ce fish. Loin de moi l’idée de vouloir jouer les bourrins, mais la situation ne m’en a vraiment pas laissé le choix. Après quelques minutes à tourner en bas de la cassure le poisson commence enfin à donner des signes de faiblesse. Lentement, les premiers mètres de ma Snag Leader rejoignent mon moulin puis dans la lueur de nos frontales une belle masse écaillée apparaît.
La surprise semble de taille et vue d’en haut, j’annonce à mon pote qu’il s’apprête à épuiseter une carpe dans les 25kg. En refermant les mailles du filet autour de la bête, Jean-Paul se tourne vers moi et s’exclame : « Mais t’es pas fou toi ?!? Descends de ton rocher voir de plus près ». Une fois en bas, JP me regarde en sourcillant puis en hochant la tête. De nouveaux rires éclatent face à ce que nous découvrons. Heureusement que la ligne n’a pas cédé !
Le poisson est si lourd que nous n’arrivons même pas à décoller le filet depuis la berge sans se mettre les pieds dans l’eau. En trois sauts de cabri, me voici cuissardes enfilées, prêt à sortir ce bloc de son élément. Une fois en sécurité dans mon Carpmaster, nous prenons le temps de bien taré le sac de pesé puis d’admirer cet incroyable poisson.
En soulevant chacun une poignée du peson et face à l’effort que nous dégageons pour y arriver, un regard ahuri est échangé. Avec le chiffre affiché sous nos yeux, nous avons bien du mal à réaliser l’enchaînement de ce qu’il vient de se passer.
Tu parles d’une putain de branche ! J’ai envie de rire, de pleurer de crier. Je viens de prendre une incroyable commune de 31,500kg !!! C’est ma deuxième carpe de plus de 30kg cette année et la cinquième de ma vie. Que dire ?? Je ne sais moi-même pas quoi en penser tant je suis encore gâté.
Pour parfaire cette session mon ami prendra à son tour un poisson d’un peu plus de 20kg et je terminerais cette folle année avec un dernier fish de 21,600kg.
Je ne sais pas encore ce que me réserve l’année 2020 mais après avoir pris d’énormes poissons en gravière, grand lac et barrage, je peu d’ores et déjà me fixer de nouveaux objectifs.
La traque des spécimens continue…
La 1ère partie c’est ==> ici