Cela fait déjà plus de douze ans que j’ai découvert ce plan d’eau caché au bord du centre-ville. C’était grâce à mon travail.
Le lac fait partie d’une partie historique des Pays-Bas. Il a été creusé pendant la 2ème guerre mondiale, et a servi de site d’exécution pour les occupants à cette époque. Le lac est à deux pas de mon travail et même si je peux facilement faire ce que je veux ici, j’ai complètement ignoré l’endroit durant les premières années.
Il y a quelques années le plan d’eau a été pris en charge par la municipalité. Depuis, je le pêche régulièrement en traquant ses magnifiques habitants. Dans cet article je vous raconte la session où j’ai enfin pu poser devant la caméra avec le spécimen que je convoitais le plus.
L’année dernière a été une année merveilleuse pour moi dans laquelle j’ai pu accueillir une grande partie de la population sur mon tapis.
Cependant, un poisson en particulier m’était encore échappé, comme chaque année. Ces dernières années, j’ai pu pêcher de très grosses carpes dans divers pays d’Europe, mais sur certaines eaux la taille des poissons n’a aucune importance.
Cette eau abrite des carpes miroirs aux écaillures magnifiques, et c’est exactement ce que j’adore le plus chez les carpes.
Pour d’autres carpistes il est très difficile d’accéder à ce lac, et avec la végétation abondante et sauvage qui envahit ses berges il n’y a que trois postes qui sont réellement pêchables.
Cette situation aide à assurer que l’endroit est à peine pêché. J’ai la chance d’avoir le privilège, grâce à mon travail, de pouvoir pêcher le côté intérieur du lac.
Cela me donne l’avantage de pouvoir pêcher un poste qui n’est pas accessible aux autres pêcheurs. Un autre avantage est que je peux profiter de mes pauses pour aller amorcer, ce qui me fait gagner un temps précieux.
Pour moi il est important d’optimiser mon temps de pêche qui est limité en raison de mon travail et de ma famille.
Mon père m’a enseigné de prendre des notes lors des parties de pêche. De nos jours je ne l’écris plus dans un cahier mais je note tout dans un dossier sur le Cloud.
Ces dernières années je concentre ma pêche principalement sur deux eaux, l’une que je pêche le matin et l’autre le soir.
En notant tout on découvre vite quels sont les spots et les heures les plus productifs. L’année passée je pêchais surtout une rivière le soir alors que je réservais mes sorties matinales au lac. Bien sûr c’est toujours en automne qu’on peut espérer faire les meilleures pêches, et c’est aussi valable pour ce lac.
Sur la rivière la pêche était déjà devenue très compliquée, alors je décide de concentrer mes efforts davantage sur le lac.
Cet automne, je veux essayer autre chose. Je pêcherai avec une ligne sur l’amorçage avec une bille dense identique aux billes avec lesquelles j’amorce, mais je placerai une deuxième ligne avec une pop-up en dehors de l’amorçage.
Je ne suis pas quelqu’un qui expérimente beaucoup avec des bas de lignes et montages, mais dernièrement mon neveu m’a montré le Ronnie Rig et sans l’avoir essayé ce montage m’inspirait confiance.
Normalement le jeudi je m’occupe de ma fille, mais ce jeudi-ci j’ai l’occasion de passer ma journée au bord de l’eau. C’est une occasion de plus pour traquer ce sublime spécimen que j’appelle « la Perle » et que je n’ai toujours pas pris. Je quitte la maison de bonne heure.
Mes cannes sont déjà montées pour ne pas perdre du temps. Le poste est amorcé depuis plusieurs jours.
En arrivant je vois déjà des carpes sauter et buller, de toute évidence il y a une grosse activité. Étant donné que je pêche contre des branches je ne prends aucun risque et je vais rester collé derrière mes cannes.
Cela me permettra de ferrer instantanément les touches et de bloquer le poisson. Je place mes deux lignes en amorçant juste une poignée de billes Baitology autour de chaque montage.
Au bout de seulement un quart d’heure je prends déjà un premier poisson : une petite commune qui se défend plus que bien.
Au moment de la mettre à l’épuisette c’est l’autre canne qui part et peu de temps après je me trouve avec deux jolis poissons dans le filet !
Quel début de session !
L’amorçage a très bien marché, les carpes s’acharnent dessus et en l’espace de deux heures je ne prends pas moins de sept carpes parmi lesquelles plusieurs miroirs d’ouf. C’est typiquement un jour où tout ce passe pour de mieux.
Je décide de faire un petit break pour manger un sandwich puis je replace mes deux lignes. Entre-temps un ami carpiste est arrivé me rejoindre.
Je lui dis penser qu’après sept poissons les choses vont sûrement se calmer mais j’ai à peine fini ma phrase que j’ai de nouveau un départ sur ma canne de gauche.
Dès le ferrage je comprends que j’ai à faire à un poisson d’un autre calibre qui part latéralement pour passer derrière un arbre immergé situé à gauche. Sans hésiter je saute dans l’eau pour pouvoir le suivre et éviter le pire.
C’est bien pour ça que je pêche ce poste habillé en waders, sinon ce poste est trop risqué. Mais en poursuivant le poisson je mets deux fois de suite mon pied dans un trou et mes waders prennent de l’eau, une eau qui fait 10° Celsius !
Non seulement c’est très désagréable mais c’est aussi dangereux. Il faut vraiment faire attention avec ça !
Après un combat titanesque de plus de 15 minutes je réussis à épuiser l’une des plus grosses communes du plan d’eau. J’envoie vite un petit message à mon neveu pour lui dire que le Ronnie Rig est top. Quelle superbe journée !
Alors que je relâche la grosse commune l’autre ligne part. C’est encore une très belle miroir.
Après les photos je décide de remplacer mes bas de lignes pour des neufs. Je n’aiguise jamais mes hameçons, en cas de doute sur le piquant je préfère les remplacer.
Après avoir replacé de nouveau mes lignes il se passe rien pendant un petit moment. C’est bizarre, après toute cette action j’apprécie cette pause de tranquillité.
Mais la pause est de courte durée. Je vois l’un des scions bouger, le fil se tend, je ferre et la canne m’est presqu’arrachée des mains. Wow, c’est quoi cette brutalité ?!
La canne se plie à l’extrême, je n’arrive pas à stopper ce fish. Heureusement le poisson part à droite, en direction d’un autre arbre couché.
Par expérience je sais qu’en plongeant la canne dans l’eau la carpe devrait passer sous cet arbre sans problème.
Tout se passe bien. Le poisson tient bien le fond. Mon ami qui est toujours là me regarde et me dit que ça a l’air d’être du lourd encore. Juste pour plaisanter je lui dis « Ça doit être la Perle. Ça ne peut qu’être elle ! ».
Après encore plusieurs rushes pendant lesquels le poisson a failli atteindre des obstacles il se montre enfin pour la première fois en surface. Et là c’est le choc : je vois des écailles énormes sur les flancs de cette énorme miroir bien foncée ! Le battement de mon cœur accélère.
Je tremble. J’ai du mal à croire ce que je vois. Nous arrivons à épuiser le poisson dès le premier coup et en tirant le triangle contre la berge nous nous penchons en avance pour bien le voir.
Incroyable, c’est bel et bien la Perle, enfin ! La sensation de bonheur que je ressens à ce moment précis est indescriptible…
Après la session photo et après avoir remis la Perle dans son élément mon ami et moi célébrons cette capture avec une petite bière.
Il me reste encore quelques heures de pêche alors je remets mes lignes dans l’eau. On verra bien. Eh bien, ce n’était pas encore fini.
Je prends encore deux véritables bijoux dont une linéaire parfaite. Je termine la journée avec 11 carpes sur le compteur.
Non seulement le nombre de captures était exceptionnel, mais aussi la taille moyenne des poissons (pour ici), et leur beauté.
La cerise sur le gâteau était bien sûr la Perle, un poisson qui ne se fait presque jamais prendre et que je voulais depuis des années.
Quelle façon de clore mon année de pêche. Une année où ma copine a insisté après de moi de faire plus avec ma passion, en écrivant des récits comme celui-ci.
Une année aussi où la firme Baitology m’a demandé de rejoindre leur team, une collaboration que je n’ai pas regrettée d’ailleurs…