Une année sans bouillettes
5ème partie
Benjamin Balme
La saison estivale s’éloigne doucement, les plans d’eau vont retrouver leur quiétude et la fraîcheur devrait rapidement succéder à la canicule particulièrement marquée ces dernières semaines.
Je me réjouis par avance de retrouver une température décente pour arpenter de nouveau les berges de mes coins préférés.
Avant toute chose, revenons sur ces dernières semaines ou malgré des conditions difficiles, quelques poissons auront été séduits par des appâts simples et attractifs.
Je continue ma thérapie et je suis en bonne voie de guérison : « La bouillette c’est tabou, on en viendra tous à bout !!! ».
Pêche ou baignade ?
De mémoire d’échosondeur, il est difficile de trouver des traces d’une eau aussi chaude !
Entre la mi-juillet et la mi-août la température de l’eau a frôlé à certains endroits les 30°C ! Cette température, idéale pour les baigneurs frileux l’est nettement moins pour les pêcheurs que nous sommes.
D’une manière générale, la pêche a semblé bien compliquée cet été. Les informations que j’ai pu récolter auprès de mes amis passionnés semblent confirmer que l’activité des poissons est restée bien calme lors de cette période de canicule.
Pour ma part, j’ai réussi à prendre quelques poissons sur le fleuve lors d’un épisode pluvieux qui a entrainé une rapide montée des eaux.
A l’abri du courant, j’aurais réussi à séduire quelques poissons lors de cette nuit bien agitée.
Pour cela, j’avais au préalable préparé ce poste avec une dizaine de kilogrammes de blé et de noix tigrées.
Une approche basique qui me permettra de concentrer quelques poissons sur cette zone de tenue.
Encore une fois, je serai surpris par la faible activité des poissons blancs, alors que les carpes resteront bien actives sur le coup.
A la fin du mois d’août, je profite de conditions météorologiques instables pour arpenter un lac de ma région.
Durant quelques pêches rapides, je capturerai de nombreux poissons sur des spots bien marqués avec un appât fantastique : la pomme de terre !
La pomme de terre, un appât d’une autre époque ?
Avec l’avènement de la bouillette, de nombreux appâts historiques ont été complètement mis de côté par les pêcheurs désireux de nouveautés et suivant la mouvance rapportée par la presse halieutique.
En discutant avec de nombreux jeunes passionnés, je suis surpris de constater que plusieurs d’entre eux n’ont jamais eu l’occasion de pêcher avec un autre appât qu’une bouillette.
Pourtant les plus anciens, dont j’espère ne pas faire encore partie ont usé leurs casseroles pour cuire toutes sortes de graines ou l’indémodable pomme de terre, appât roi pour tout bon pêcheur qui se respecte.
La patate (nom donné à ce tubercule) est cultivée depuis plus de 10 000 ans par les Amérindiens.
Sans faire son histoire, longue de plusieurs centaines d’années, elle est cultivée depuis le XVIIIème siècle en France et a permis d’éviter de nombreuses famines.
En effet, la pomme de terre présente des qualités nutritives intéressantes. Elle contient notamment de nombreuses vitamines et minéraux et bénéficie d’un fort taux de glucides (amidon).
De plus, sa facilité de culture en fait un des aliments de base pour l’humanité. Appréciée par l’homme, elle l’est aussi par les carpes.
Les premiers grands noms de la pêche l’avaient bien compris et l’utilisaient sans modération.
La pomme de terre attire les carpes grâce notamment à son taux de glucides assez élevé mais aussi par sa couleur jaune particulièrement attractive.
De par sa texture, elle peut être utilisée crue, mi-cuite, cuite ou bien en purée. C’est donc un appât que l’on peut facilement personnaliser.
Pour ma part, j’aime avoir des pommes de terre bien cuites pour l’amorçage. Pour l’eschage, il est important de choisir des variétés à chair ferme (comme la Franceline par exemple) mais aussi de ne pas trop cuire pour garder un appât relativement résistant qui tiendra sur le cheveu.
Durant mes pêches de ces dernières semaines, j’ai beaucoup utilisé des variétés nouvelles (Roseval ou Safrane) qui sont relativement petites et qui peuvent se cuire entières avec la peau.
Après une cuisson rapide ne dépassant pas les 10 minutes, vous obtiendrez ainsi une patate dont la surface est relativement molle et l’intérieur encore bien ferme.
Une autre astuce qui marche très bien consiste à faire tremper durant 2 jours des pommes de terre crues dans de l’eau et du sucre.
Vous obtenez alors un appât relativement ferme et gorgé à cœur. En procédant de cette manière, j’ai pu confectionner plusieurs pots d’appâts pour l’eschage qui se gardent facilement dans le sac de pêche.
Il est aussi possible d’ajouter un filet ou un bout de collant sur l’appât pour garantir une protection lors d’éventuelles attaques des poissons blancs.
L’avantage du tubercule réside également dans la taille et la forme que vous pouvez donner à l’appât.
Comme pour la bouillette lors de sa fabrication, il est possible de confectionner des appâts de différents diamètres en fonction des lieux fréquentés.
Enfin, le dernier point positif de cet appât reste encore une fois son coût (moins de 0.60€ du kg) et sa faculté à bien se conserver, à condition de le stocker à l’abri de l’humidité et de la lumière.
Sa capacité à intéresser les carpes est exceptionnelle et il est possible de l’utiliser dans toutes les conditions de pêche.
Je compte bien continuer mes approches à la pomme de terre cet automne sur d’autres lieux bien fréquentés pour approfondir le pouvoir de ce tubercule sur des poissons méfiants et éduqués.
J’ai vraiment hâte de poursuivre cette approche sur cette fin d’année qui devrait encore réserver de bien belles surprises.
J’ai l’impression de reprendre les bases de la pêche et de me retrouver 25 ans plus tôt, un réel plaisir.
Bonne pêche à tous.