de Morgan Ménager
Les pêches rapides représentent pour ma part 90% de mes sorties au bord de l’eau.
Je suis étudiant en apprentissage loin de mon domicile, mes semaines sont bien chargées, et je n’ai donc pas la possibilité de pêcher.
Alors mes sorties se déroulent principalement le week-end, ce qui est le cas pour pas mal d’entre nous.
L’été, les jours sont relativement longs et les poissons sont actifs, il est donc plus simple de conclure de belles sorties.
Mais l’hiver, il en est tout autrement ! On a peu de temps et peu de choix sur la météo lors de ces petites traques en saison hivernale. C’est pour cela qu’il faut s’adapter et ainsi mettre toutes les chances de son côté.
Dans cet article, je vous fais part de mes tactiques d’approches hivernales lorsque je n’ai que quelques heures devant moi. Je développerais une de mes journées type pour réussir ou du moins avoir toutes les chances de mon côté pour pendre quelques jolies photos avec dame carpe.
Cela ne révolutionnera pas la pêche de la carpe, loin de là ! Cela reste du partage et ces quelques détails auxquels on ne pense pas forcément peuvent déclencher des touches ou améliorer vos résultats…
Bien choisir sa destination et son poste
Lors de mes pêches hivernales, je ne cherche pas à découvrir de nouveaux terrains de jeux, cela s’avère souvent être une perte de temps.
Le travail de recherche est compliqué l’hiver avec très peu, voir aucune activité à la surface de l’eau. Je m’oriente donc sur des destinations déjà connues. Le travail est nettement facilité !
De la triche ? Non c’est de l’aide et du temps de gagner simplement. Lorsque l’on pêche régulièrement dans un même lieu, nous connaissons les substrats du fond, les spots potentiels qui abriterais les carpes, etc.
Le fait d’être munis de ces connaissances avant même d’avoir mis les pieds sur les berges nous offre du temps et ce temps est précieux en hiver, car une pêche hivernale de journée ne dure pas plus de 7/8 heures.
Si vous avez plusieurs destinations en têtes, préconisez un lieu où les poissons sont nombreux ou moins difficiles à traquer. Le but est de se faire plaisir, pas de se casser systématiquement les dents.
Privilégiez des destinations où l’accès des berges reste simple pour gagner du temps lors de l’installation sur le poste.
Vous me direz peut-être que je conseille trop la facilité, mais quand le thermomètre frôle le négatif, je pense que peu de personne aime attendre dans des conditions climatiques telles et rentrer avec le compteur à zéro en fin de journée…
Cela reste un point de vu bien sûr et le capot fait aussi parfois partit du jeu. Cependant le confort est appréciable lors de ces conditions. Nos parties de pêches doivent rester un plaisir pas un calvaire, même en hiver.
Les spots propices
Une fois le terrain de jeu choisi, c’est au tour du poste d’être sélectionné. Pour cela, deux critères principaux entrent en compte : la température de l’eau et la pression de pêche que le cheptel endure sur les différents spots…
Personnellement j’opte en première ligne pour un spot abrité des vents froid et le plus exposé au soleil.
Un détail qui fait souvent gagner un ou deux degrés à la température de l’eau. Sachant que le métabolisme de la carpe est déjà très ralenti voir complètement à l’arrêt lorsque l’eau est en dessous de 4-5°, une température supérieure dans une zone du plan d’eau montant à 6-7° peut déjà être signe potentiel de présence !
Cette zone plus propice peut déclencher une éventuelle alimentation des poissons.
Ensuite, le deuxième facteur important à prendre en compte est la pression de pêche que subit l’étang en général, ainsi que la pression subit sur ce poste en hiver.
Il est clair que si les poissons prennent des plombs et amorçage sur la tête non-stop, ce n’est pas ce qu’il se fait de mieux…
S’ils sont sans cesse piqués et dérangés dans cette zone, ils seront contraints de la déserter ou de se méfier lorsqu’ils s’alimenteront dessus. Une zone d’eau plus chaude n’est pas forcément synonyme de carton hivernal en vue de la pression de pêche exercé sur celle-ci.
On peut jouer aussi aux niveaux des fonds, des hauts-fonds, des îles, si le milieu s’en compose. Ces éléments abritent de bonnes zones et sont souvent de bonnes réserves de nourritures avec des substrats assez changeant offrant une diversité exploitable par les carpes.
C’est pour cela qu’il est bénéfique de pêcher sur un lieu que vous connaissez bien, vous avez plus de cartes en main.
Nous trouvons des zones très intéressantes auxquelles les autres n’avaient pas pensé. Des zones qui nous réservent parfois quelques belles surprises…
L’approche du spot
Voilà mon point préféré car il dépend d’une multitude de facteurs : le lieu géographique, les conditions météorologiques ainsi que la température de l’eau, le spot sélectionné par rapport au plan d’eau, la pression de pêche, vos préférences et plein d’autres encore…
Je vais donc, pour faire court, expliquer une de mes approches type en hiver. J’ai pris comme exemple une de mes destinations fétiches :
J’ai choisi une gravière d’environ 25 hectares de mon département que je connais plutôt bien, elle fait partie des milieux où je me suis expérimenté dans la pêche de la carpe et d’ailleurs, je continue d’en apprendre.
Cette gravière comporte plusieurs baies, les berges ne sont pas linéaires, on trouve une presque-île, de gros haut fond et quelques spot plus profond. Une multitude de hot spots me diriez-vous…
Oui mais en raison de la pression de pêche, un peu moins… La profondeur moyenne est d’environ 4-5 mètres (jusqu’à 7m). La température de l’eau est de 5°C variable suivant les spots et les profondeurs.
On y trouve de nombreux sujets, pas des records à battre, mais le plaisir du combat est là, même en hiver, elles ont la santé !
Arrivé sur le poste avant le lever du jour, je m’installe de nuit et aux premières lueurs du soleil je suis déjà prêt à poser les montages. Je ne cherche pas vraiment de signes d’activité puisque l’hiver il est très rare que le poisson se déplace beaucoup. Je cherche surtout à optimiser mon temps de pêche.
Le spot propice que j’ai sélectionné se trouve sur une berge exposée au soleil toute la journée et qui est abritée des vents du Nord.
L’eau est plus chaude de 2° par rapport au reste de la zone. Dans cette zone les substrats sont variés. Sable et cailloux de 0 à 75m de la berge, une surface relativement plane de 4,5m de fond. Puis une légère fosse où il y a de la vase argileuse entre 75m et 80m avec 5m de fond.
Derrière ça, un gros haut fond de cailloux qui remonte jusqu’à 1m voir moins sous la surface un énorme plateau brise vent. Je trouve une multitude de choix sur un même poste. Tout ce que j’aime.
Le cordon de vase légèrement plus profond me paraît intéressant. De plus ce spot est rarement pêché. La vase est trop souvent délaissée par les carpistes et c’est un tort selon moi.
Ce poste subit une forte pression de pêche tout de même, mais il est très souvent mal exploité. Je vais envoyer mes montages là où les carpes n’ont pas l’habitude de les voir. Faire la différence peut être un risque, mais c’est pour moi la différence qui joue sur la réussite…
L’amorçage
Cotés amorçage, l’attractivité est de mise contrairement à la nutrition étant donné la température de l’eau. Les poissons « pinaillent » sur la nourriture quand l’eau est froide… J’amorce donc avec un mixe que je prépare.
Il est composé de différentes farines, de micro-pellets, d’asticots et de liquide aminol, des produits qui font rentrer les carpes dans une petite phase d’alimentation sans les rassasier, juste une stimulation…
Mon amorçage peut varier selon l’endroit. C’est à vous aussi de l’adapter en fonction de vos connaissances.
Amorcer sans nourrir est une stratégie que j’aime mettre en œuvre en hiver pour conserver les poissons sur mes spots sans avoir de coupures ou du moins limiter le temps d’attente des départs.
En effet, les carpes vont rester aux alentours des spots légèrement amorcé avec une envie de se nourrir sans être saturées, elles auront donc un désir constant de manger et resteront sur le spot.
J’amorce mon petit spot de vase avec mon spod-mix préalablement préparé. Puis je pose mes deux montages. Un en plein sur le spot amorcé et l’autre en périphérie de quelques mètres.
J’aime mettre un montage en périphérie. La raison ? Bien souvent, les carpes ne rentrent pas directement dans l’amorçage.
Elles sont « tatillonnes » et préfèrent regarder les quelques poissons blancs encore actifs s’exciter en plein milieux du spot. Ils repoussent les particules en dehors de l’amorçage. Les carpes les mangeront avec moins de craintes de se faire piéger, les particules sont hors amorçage donc hors de danger…
Elles sont parfois plus malignes qu’on ne le pense… Il n’y a qu’à les observer pour s’en assurer !
Et les montages ?
Pour ma part, les deux montages seront identiques, du simple et efficace : un Stiff rig avec un cheveu souple, discret et robuste. Monté avec un River-force Hook taille N°12 et une pop-up de 12mm.
Ici, l’effet de la pop-up sera de décoller l’hameçon du fond, ainsi le montage sera agressif, prêt à piquer à la moindre petite aspiration. De plus ce sera toujours pêchant, même sur la vase, là où je vais armer les pièges…
Pour cette journée, deux cannes suffisent et un seul spot amorcé. Je diminue considérablement la pression de pêche sur le poste et cela se confirme en vue des résultats !
Du plaisir, du poissons avec quelques degrés et un soleil timide. Satisfait de cette journée dans le week-end, je repars pour une semaine avec de bons souvenirs de ma sortie et une furieuse envie de très vite recommencer, mais cela reste une autre histoire…