Vous vous souvenez des DVD chez nos détaillants de pêche locaux, dans les petites pochettes en carton ? Cela remonte maintenant à une bonne dizaine d’années et ce récit, à la suite de mon voyage, part certainement de là…
Depuis gosse, je visionne des heures et des heures de vidéo de pêche, de toutes les firmes, toutes pêches : à la carpe, lac, canal, petit étang et de toutes les destinations possibles.
Comme beaucoup de ma génération, j’ai appris l’anglais avec « Bryan dans la cuisine », devant GTA San Andreas, mais surtout, devant des vidéos de pêche !
Je sais parler pêche pendant des heures en anglais sans réfléchir, mais il me faudra 2 minutes pour savoir demander mon chemin dans le métro londonien !
Dans ces vidéos, il y avait des spod mix, du jamais vu, des montages ultra sophistiqués, des techniques et du matériel qui faisaient rêver.
Mais surtout, il y avait des carpes fantastiques, très sombres, des écaillures qui font rêver.
Elles donnaient l’impression d’être dessinées ou taillées dans le bronze.
Le cadre et les postes étaient dignes d’un décor de film, alors qu’à cette époque, chaque pêche dans mes syndicats, je risquais les ligaments croisés tellement les berges ressemblaient à un champ de bataille (d’où ma carrière de footballeur pro interrompue, mais c’est une autre histoire… la bonne blague).
Un doux rêve
Enfin, j’étais jeune, c’était étranger et me paraissait intouchable, même du bout des doigts.
J’ai encore rêvé et regardé en boucle les vidéos des grands pêcheurs de ma génération.
Dix, voire quinze ans plus tard, ma passion est sûrement encore plus forte, et ce n’est plus intouchable, au contraire. Il me faut que quelques clics et heures de route pour y être !
Vous avez très certainement vu, même sans le savoir, des vidéos de ses lieux : LINEAR FISHERIES.
Des DVD /vidéos très connus d’énormément de marques qui y ont mis les cannes pour en faire la pêche comme nous la connaissons aujourd’hui.
De très grands pêcheurs ont foulé ces berges depuis 1973, s’il vous plaît ! Imaginez les pages d’histoire qu’on pourrait écrire là-bas, je voulais un jour en faire partie !
Ce projet, j’en avais déjà discuté avec un partenaire de crime, Thibaut, autour de notre pizza préférée, le chanceux ayant pu y faire une pêche, il y a quelques années.
Suite au bref aperçu que j’en avais eu durant nos visios, j’étais comme un enfant à l’écouter me raconter comment ça se passe là-bas.
C’est avec lui que j’ai concrétisé mes plus belles destinations, notre incroyable semaine à BLED, évidemment !
Ma première sortie sur les eaux turquoise à Orient ou sur le géant DER. Il a contribué de près ou de loin à ma semaine sur les canaux belges et Madine, et j’en passe !
Tout est relatif mais pour moi ce sont des destinations qui portent l’histoire de la pêche à la carpe et pourquoi nous nous y sommes intéressées.
Malheureusement cette fois nous n’avons pas réussi à nous caler ce voyage, il était retenu à Paris à éteindre des feux et sauver des vies.
Je profite donc d’un voyage à Londres avec ma compagne et des amis pour rentabiliser la traversée de la manche.
Quatre jours à Londres en vacances, puis moi, une semaine à LINEAR. Sans trop de mal, j’ai réussi à convaincre madame, le deal : pas un mot concernant la pêche de tout le weekend ! DEAL ! Ai-je réussi ?
Une fois la date fixée, mon premier réflexe : foncer sur leur site pour réserver ma pêche, mais là-bas on ne réserve pas.
C’est un réel Day ticket, ce qui laisse la possibilité de venir comme on le souhaite et prendre les places de libre.
Cela m’a relativement surpris et un peu inquiété d’être sans disponibilité, mais LINEAR, c’est grand, très grand…
L’étape suivante : la préparation, des heures et des heures de visionnage vidéo sur le complexe à prendre des notes très détaillées !
Discuter avec des contacts, trouver des infos sur des groupes Facebook ou des forums, des cartes des étangs avec les profondeurs, substrat etc.
Je n’ai vraiment rien laissé au hasard, je voulais gagner un maximum de temps de pêche.
J’ai plutôt l’habitude de faire des pêches avec le véhicule proche de moi, le matériel à disposition.
Là-bas il y a des parkings à certains endroits autour des étangs, le reste se fait au chariot. J’ai donc réduit au minimum le nécessaire pour limiter la charge lors des va-et-vient en chariot.
Le mien étant plutôt « léger » vu mon utilité, j’ai posté une story si une âme charitable pouvait m’en prêter durant la semaine.
A ma grande surprise on m’en a proposé un qui a été parfait, par le biais d’un ami que je n’avais jamais vu auparavant, comme quoi dans la pêche, il y a vraiment de bonnes personnes et un esprit de partage. Merci Lucas !
Je réserve le passage de la manche via l’eurotunnel, qui est plutôt onéreux au passage, et j’attends le jour J comme un enfant attend noël.
Après un contrôle de douane rapide, me voilà sur le QUAI 6, nous avons tous vu dans des vidéos ou story, la fameuse avancée dans le « tunnel blanc » et aujourd’hui, c’est mon tour, le voyage commence ici.
Le début d’un rêve de gosse qui se réalise, la traversée dure une trentaine de minutes avant de devoir rouler du mauvais sens !
Contrairement à ce que l’on peut penser, cela se fait très naturellement, on suit la file de véhicules, le flux. Le reste du voyage n’a pas posé de souci.
Me voilà à passer quelques jours formidables de tourisme à Londres avant la pêche.
En passant dans un parc pendant une promenade de mon compagnon de pêche, Milo, nous passons sur un pont.
Un coup d’œil par-dessus et là, un banc de carpe y stagne à l’ombre.
Le DEAL du voyage (ne pas parler de pêche) prend fin à ce moment-là, j’ai hésité une dizaine de minutes à aller chercher une canne et quelques affaires dans mon van !
Mais j’ai tenu bon.
Welcome !
Lundi retour en France en avion de ma compagne et des amis, je passe de la tenue de touriste à mon ensemble PROLINE.
Deux heures de route direction OXFORD, quelques courses au passage et enfin !
Me voilà devant ce panneau mythique : WELCOME TO LINEAR FISHERIES !
Après une série de selfies, j’avance vers ma première destination pour une ou deux nuits, Brasenose 2.
Il y a beaucoup de postes, mais beaucoup de pris, j’essaie donc d’anticiper la météo, le vent prévu ainsi que l’ensoleillement.
Malheureusement, les postes qui iraient selon les conditions sont pris. Je fais rapidement un tour en trottinant et je constate qu’il reste 3-4 postes de libre dans une petite baie au bout de l’étang, à l’abri du vent qui soufflait relativement fort.
Je m’y installe sans grande conviction. Comme à mon habitude en arrivant, je mets une canne au PVA bag.
Cela me permet d’essayer de prendre une carpe pendant mon installation, avant de créer des nuisances telles que le sondage, spomb, et voir s’il y a du poisson blanc.
En venant ici, je savais que je n’allais probablement pas dépasser les 10kg, et j’espérais une petite miroir brune avec une belle écaillure typique.
Au bout de 30mn, toujours une canne à l’eau. Je n’avais pas mis mon hanger ni allumé le détecteur.
Je vois mon fil se tendre et la bobine qui commence à dérouler.
Je prends contact, commence un très bon combat dans les eaux limpides de B2.
Je découvre en même temps qu’à cet endroit, il y a beaucoup d’herbiers.
J’ai les jambes qui tremblent et une boule au ventre tout du long de cette lutte, jusqu’à la libération, l’entrée dans le triangle magique !
Je jette un coup d’œil rapide pour apercevoir une belle miroir plutôt massive, je m’assieds quelques instants pour redescendre.
Je prépare le tapis, un sling, l’appareil photo et le peson, que je sors habituellement rarement, mais ici et au vu du contexte, allons-y !
Je replace rapidement ma canne au même endroit avec un sac soluble et je sors ce poisson de l’eau.
A la pesée : 16kg ! Ma première touche anglaise, mon PB anglais 16kg, incroyable !
Moi qui pensais à peine dépasser les 10kg pendant ma semaine.
Encore aujourd’hui, je me souviens de chaque moment du combat, de chaque détail de ce poisson, certaines touches ont plus de valeur que d’autres, pas vrai ?
Après sa remise à l’eau, un peu plus confiant, je m’installe pour la nuit qui approche. 2 cannes dans une trouée devant moi à 60 mètres, et ma troisième canne qui tournera au PVA bag avec une alarme sur le téléphone pour la relancer toutes les 2 heures.
Malheureusement, cette carpe a été la seule sur ce poste.
J’ai beau avoir cherché, je n’ai pas pu déclencher une touche de plus, ma première impression a finalement été la bonne.
Je fais le tour chez mes voisins, même constat. Au lendemain matin, premières heures, je remballe direction ST JOHN.
Une ambiance bonne enfant !
A Linear, la première heure, c’est 8 heures, je vous explique comment ça se passe pour y avoir un poste.
Donc à 8h, c’est l’ouverture des portails, vous avez déjà vu une vidéo des ouvertures des magasins durant les black Friday ?
Imaginez cela version dress code camouflage. Il y a des parkings annexes aux entrées ou les entrants attendent que les sortants soient passés.
Ensuite c’est le lâcher de pécheurs, les véhicules foncent à l’intérieur vers les parkings, la réservation des postes se fait avec un seau.
Le premier arrivé au poste libre voulu y pose un seau pour le réserver et cela laisse du temps pour revenir au véhicule, charger son chariot et revenir.
A 8h du matin, j’ai littéralement couru au coude à coude contre des Anglais pour avoir un poste.
Mais étonnamment tout cela se passe dans une très bonne humeur et ambiance, c’est limite du jeu et aucune animosité sur le premier arrivé.
L’ambiance au bord de l’eau est vraiment étonnante là-bas, il est très courant durant la journée que vos voisins où les gardes viennent discuter un moment avec vous, en partageant aux détails près toute son approche de sa pêche.
Les postes sont très rapprochés les uns des autres, vraiment très rapprochés, 15-20 mètres en moyenne, vos voisins font partie de votre pêche, ils prennent en considération toutes vos actions, appâts, vos rappel spomb, etc.
Lorsqu’un fait un rappels spomb, c’est le festival du spomb.
Lorsqu’un fait une touche, c’est un grand moment, Danny Fairbrass ne fait pas de cinéma dans ses vidéos, ils le font tous !
Ainsi que la tournée du plan d’eau pour vous le dire et partager les clichés de la capture, avec quel appât et montage.
Lorsqu’une carpe saute, vous entendez « heyyyyy »
Si vous faites une touche, votre voisin vient vous aider à mettre à l’épuisette en vous félicitant comme si c’était la sienne.
Il y a beaucoup de choses différentes je trouve par rapport à nos berges françaises, j’ai été très agréablement surpris, nous devrions prendre exemple je pense.
Après avoir joué du coude et parcouru 600 mètres de chariot, me voilà sur un des postes que je désirais après les informations glanées pendant mes recherches.
A mon arrivée, mes voisins me préviennent d’emblée que c’est très dur ces derniers jours.
Pourtant, elles sautent devant moi, à une trentaine de mètres, mon voisin de droite me dit qu’il est là depuis 2 jours, qu’il a essayé au sac soluble, zig, surface, rien n’y fait, il remballe.
Mais ST JOHN représente beaucoup dans l’histoire de la pêche à la carpe, je vais insister 2 jours à mon tour pour essayer d’y extirper le Graal.
Le dernier soir sur ST JOHN, au loin devant moi, il y avait un festival de saut, c’était sans cesse.
Je fais le tour de la berge pour voir si j’avais un meilleur accès à cette zone, et découvre un poste de libre droit devant qui ne l’était pas, il y a quelques heures.
Sur le retour de mon poste, une averse s’abat sur moi, un véritable déluge, je reste à l’abri sous le biwy le temps que celle-ci passe.
Une trentaine de minutes passent, je sors, empoigne mon seau et avance vers le poste de libre, quelle fut ma surprise quand j’y vois un spomb y décollé.
Dans le doute que ce soit le bon poste au vu de leurs proximités, je m’y rends, et finalement, il est pris…
Sous une pluie diluvienne quelqu’un avec plus d’audace m’a devancé. Je retourne à mon poste ayant pris un coup au moral, mais toujours déterminé
Avec une application, je mesure environ la distance des sauts, 150 mètres, par chance pour moi cette distance est atteignable.
Je tente un chod pile dans la zone des sauts à répétition, mais encore une fois, ces dames décident de garder la bouche fermée.
J’ai relancé toute les 2 heures le chod au clip, avec différentes couleurs, différentes hauteurs mais au petit matin, toujours pas de résultat malgré mes tentatives.
PVA bag, zig, rappel de spomb permanent, chod sur les signes d’activité, jour et nuit, j’ai très peu dormi et tout essayé.
ST JOHN est sur OFF, et ses carpes de bronze resteront encore un mystère pour moi alors qu’elles étaient devant moi…
Je ne voulais pas rentrer en France avec une seule carpe de faite, il me reste encore 24h et toujours motivé !
Une fin de session de rêve !
Même scénario, 8h du matin devant le portail BRASENOSE 1 à jouer des coudes.
Je pose un seau sur un des postes de libres à l’entrée, trottine le long de la berge, mais tout est booké.
Je retourne au poste réservé, m’installe rapidement et cette fois-ci, mon approche sera plus conventionnelle, plus « française ».
J’ai mon spod mix ; bouillette sweet maggots, chènevis, vers de terre et pellet.
Un seau entier à grande distance, les 3 cannes en périphérie pour commencer et les laisser rentrer doucement dans l’amorçage.
La météo était très changeante sur cette journée, je pouvais avoir un plein soleil et 30 minutes après, un déluge de vent et de pluie à me sortir les sardines du sol.
La première touche ne se fait pas attendre, une commune plutôt sympa ouvre le bal.
Comme si la semaine n’était pas assez compliquée, j’ai dû sauter dans les waders et aller la chercher, elle est arrivée au bord recouverte d’herbes, le rideau d’herbier très dense au bord l’avait bloquée.
Ce fut la même pour les touches suivantes. Le lendemain matin, exténué, target done, ma petite miroir brune aux belles écailles que j’espérais m’attendais dans mon sling, une grosse miroir (pour ici) et ma Target attend pour une séance photo, séjour réussi !
Le garde fut surpris de me voir sur un énième de leur plan d’eau cette semaine, d’après lui, une 16kg ici, la semaine était faite, le reste c’était du bonus.
Note à moi-même : La pêche sur LINEAR est compliquée, plus que prévu, les poissons sont en mouvement permanent avec le vent et généralement en grand banc.
En se disant que l’Angleterre avait des années d’avance sur nous niveau pêche, qu’elles ont tous vu, il faut s’adapter rapidement et rester en mouvement en permanence, j’ai vu des mecs changer de poste plusieurs fois par jour, voire d’étangs.
Il faut chercher l’activité sur la multitude d’étangs proposés sur le complexe et ne pas vouloir pécher les uns après les autres comme j’ai voulu faire.
Et curieusement, ne pas avoir la main légère sur l’amorçage.
Ce fut encore une aventure très enrichissante, humainement comme halieutiquement, l’approche de pêche était totalement différente à ce qu’on pratique généralement sur le continent, mais j’ai adoré !
L’atmosphère sur place est particulière, comme chaque place légendaire, on y ressent toute l’histoire de la pêche et la bienveillance.
Le cadre, faune et flore sont préservés, très verdoyant et agréable, même l’odeur de l’air est agréable.
LINEAR FISHERIES see you soon…
