Le Sommaire | Carp Lsd Article
La réussite de la pêche de la carpe est souvent assimilée à la pêche de nuit. Pourtant celle-ci n’est pas indispensable pour avoir de bons résultats, loin de là, et peut même dans bien des cas être totalement contre-productive !
Bien qu’en effet certains plans d’eau s’avèrent être globalement plus productifs la nuit et c’est notamment le cas lors des périodes de fortes chaleurs sur la grande majorité des eaux il est tout à fait possible d’obtenir d’excellents résultats en ne pêchant que la journée.
En fait cela fait déjà plus de 20 ans que dans 95% des cas je ne pêche plus du tout la nuit et je n’ai absolument pas l’impression que cela me pénalise, bien au contraire !
Rien que pour le plaisir
Quand j’étais plus jeune j’étais bien plus fanatique dans ma passion. Pendant de nombreuses années la pêche de nuit était essentielle pour moi, ça rajoutait quelque chose de magique à ma pêche.
Le fait de vivre et pêcher dans l’obscurité ajoutait beaucoup de mystère et je trouvais ça tellement plus excitant qu’en journée !
La nuit la nature est complètement différente ; notre perception des choses qui nous entourent change, s’amplifie, nous entendons toutes sortes de bruits bizarres d’animaux qui se font très discrets le jour.
Et puis nous prenons régulièrement des carpes qui elles semblent être bien plus actives une fois le soleil couché.
Je ne saurais pas vous dire combien de nuits j’ai pêché durant ma jeunesse mais il y en a eu beaucoup.
J’ai aussi eu ma phase de guerrier où j’étais prêt à affronter tous les éléments pour arriver à mes fins.
Tempêtes glaciales et pluies torrentielles sur les grands fleuves ou grands lacs de plaine, vivre des semaines entières dans la boue comme un cochon, parfois physiquement épuisé et bien malade. Je l’ai fait, et à l’époque ça m’a parfois rapporté très gros.
Et un jour je me suis dit qu’il était temps de me calmer et de vivre ma pêche autrement. Je n’avais plus envie d’accepter (ou de m’imposer) autant de contraintes.
A vrai dire, j’en avais tellement pratiqué, que pour moi la pêche de nuit avait beaucoup perdu de son côté magique.
Finalement, prendre les carpes la journée était tout aussi agréable, sinon plus. Mon but principal a donc été de prendre un maximum de plaisir avec un minimum de contraintes.
Mais comment allais-je être efficace dans ma pêche en ne pêchant que la journée ?
La réponse à cette question ne s’est pas fait attendre longtemps. En basculant sur une pêche de jour exclusive en adaptant mon approche, j’ai vite compris que ce n’était pas seulement bien plus agréable, mais pouvait également être tout aussi efficace, voire même plus efficace !
Être sur les poissons !
Ce qui donne l’impression que les carpes sont plus faciles à piéger dans le noir vient surtout du fait qu’elles sont souvent plus mobiles durant la nuit.
Elles se déplacent plus et sur de plus grandes distances. Du coup, même installé sur un poste très moyen (et peu ou pas productif le jour), il y a plus de chances que celui-ci soit quand-même visité par des carpes à un moment donné.
Il faut aussi noter que ce qui fait que la nuit nous semble plus propice pour piéger les carpes, est le fait même que pêcher la nuit ruine souvent nos chances pour la journée. On verra plus loin comment cela s’explique.
Pour être efficace la journée il faudra tout d’abord distinguer « zones de tenue » et « zones ou parcours d’alimentation ».
Les zones de tenue sont celles où les carpes se reposent pendant leur phase de digestion et où elles trouvent la tranquillité et un certain confort durant la journée.
Les zones ou parcours d’alimentation constituent les zones visitées ou les trajets empruntés par les carpes qui sont activement à la recherche de nourriture.
Ces endroits sont souvent plus visités le soir, la nuit et le matin et varient selon le biotope, la configuration d’un plan d’eau, les températures, les courants/vents, etc.
Dans les moments de l’année où la pêche est compliquée (faible activité alimentaire) il est crucial de pêcher près d’une zone de tenue (dans les alentours directs de cette zone) sans pour autant trop déranger la zone elle-même.
Toute carpe s’écartant légèrement de cette zone durant la journée est susceptible de se nourrir un peu si elle tombe sur quelque-chose de comestible qui la stimule suffisamment (nos appâts !).
Au printemps et en été les alentours directs d’une (parfois grande) zone de tenue sont très souvent de bonnes zones de pêche pour les coups du matin et du soir.
Durant l’automne et par souci de se faire des réserves pour l’hiver, les carpes deviennent naturellement plus actives/mobiles la journée aussi, et dans ce cas c’est souvent la direction du vent qui nous donne une bonne idée des meilleures zones de pêche et d’interception.
Les carpes peuvent alors mordre à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit.
En hiver il faut vraiment être au plus près des carpes qui se déplacent à peine. Autrement dit il faut les pêcher dans leur (petite) zone de tenue qui est le plus souvent un point profond ou une zone très encombrée.
Les zones de tenue hivernales sont généralement petites ce qui signifie qu’il faut placer les lignes avec grande précision.
Généralement la journée donne de bien meilleures chances pour réussir.
Bon, jusque-là ce sont des généralités, mais il existe bien-sûr des exceptions à ces règles.
Par exemple, en plein été, après une phase de forte chaleur, une grosse perturbation météo (gros vents, pluies, orages) peut déclencher une grosse activité alimentaire temporaire avec des carpes très mobiles durant toute la journée aussi.
Dans ce cas ce sera le plus souvent la direction du vent qui déterminera où se situent les bonnes zones de pêche.
Un temps exceptionnellement doux sur plusieurs jours en hiver peut aussi rendre les carpes temporairement plus mobiles/actives en les poussant à s’écarter un peu de leur zone de tenue principale.
Quoi qu’il en soit, le plus important pour réussir ses pêches de jour est d’être sûr de pêcher là où se trouvent les carpes, et de ne pas bêtement attendre sur un poste quelconque en espérant que quelques poissons passent par-là tôt ou tard, ce qui vous fera perdre énormément de temps.
Bien qu’il y ait de rares moments dans l’année où les carpes ferment vraiment la bouche pour de bon pendant quelques jours/nuits, la plupart du temps l’absence des touches la journée indique simplement que votre zone de pêche reste stérile parce que les carpes sont ailleurs.
Il est donc important de savoir, de comprendre ou de découvrir où les carpes se tiennent durant la journée.
Construire la nuit pour mieux récolter la journée
Dans le contexte d’une session de plusieurs jours, voire même 1 ou 2 semaines, le temps joue en notre faveur et on peut tenter de construire sa pêche à l’aide d’un « amorçage de mise en confiance ».
Si les carpes sont naturellement plus mobiles et plus actives durant la nuit cela veut dire que notre amorçage est plus susceptible d’être consommé une fois le soleil couché.
Le problème de la pêche non-stop 24/24 est que cela ne nous permet pas de bien construire.
Car si les premières carpes qui arrivent sur l’amorce et consomment les appâts se font piquer, on crée en permanence une forme de stress sur la zone.
Les premières carpes à consommer notre amorce sont les moins prudentes, on les appelle les « poissons pilotes ».
Dans le contexte d’un amorçage constructif leur rôle est de mettre en confiance les autres carpes autour qui sont plus méfiantes et hésitantes.
En capturant rapidement tous les poissons pilotes, les autres, plus méfiantes, s’enfuient ou deviennent encore plus méfiantes.
Bref, à vouloir capturer rapidement les premiers poissons faciles qui arrivent sur notre zone la nuit, on ruine les chances de pouvoir toucher d’autres poissons par la suite, et notamment nos chances de toucher des carpes durant la journée.
Amorcer une zone le soir sans pêcher la nuit permet donc de mettre un maximum de poissons en confiance pour ensuite pouvoir mieux cibler les plus difficiles/méfiants aussi.
De plus, en amorçant bien le soir puis en faisant un rappel léger le matin, les carpes vont vite comprendre que les appâts sont en permanence disponibles sur la zone traitée.
Pour que cela fonctionne bien, celle-ci doit être assez conséquente dans le but de stimuler les carpes à nager pour trouver les appâts.
Généralement au bout de 48 ou 72 heures un bon nombre de carpes aura compris où les trouver et reviendront systématiquement à chaque fois qu’elles auront envie de s’alimenter.
Une approche sélective
Effectué au bon moment au bon endroit cet amorçage d’accoutumance stimulant portera déjà ses fruits au bout de 1 ou 2 jours et peut même créer une forte addiction dans les jours suivants.
On constate également que le comportement alimentaire des carpes se modifie progressivement.
Non seulement elles seront de plus en plus mobiles pour chercher spécifiquement nos appâts dispersés sur une grande surface (et cette mobilité rend nos montages plus agressifs/efficaces !), mais elles auront également tendance à arriver sur la zone de plus en plus tôt et de la quitter de plus en plus tard, rendant déjà les soirs et matins plus productifs.
Et en outre les plus gros poissons ayant des besoins alimentaires supérieurs et étant de ce fait plus opportunistes, sont aussi les plus susceptibles de revenir sur la zone durant la journée pour y ramasser quelques appâts.
Ainsi on constate dans la très grande majorité des cas qu’en ne pêchant que la journée, le poids moyen de nos prises augmente considérablement !
Il s’agit d’une approche sélective, et c’est encore plus le cas si on amorce exclusivement avec des bouillettes dures de 25mm plutôt qu’avec des 18/20mm.
Le coucher du soleil
L’un des meilleurs moments pour toucher les carpes – et c’est encore plus vrai en été et dans les moments où la pêche est dure – se produits dans les 1 ou 2 heures après le coucher du soleil.
Perso j’aime bien pêcher jusqu’à 1 heure après le coucher du soleil. Ensuite je remonte mes lignes, j’amorce toute ma zone de pêche et je me couche.
Je laisse les carpes tranquilles toute la nuit et même si je me réveille souvent au lever du jour je ne retends pas mes lignes immédiatement.
Je prends d’abord largement le temps de boire un ou deux cafés et j’observe l’eau pendant au moins une heure.
Les carpes se montrent souvent assez facilement tôt le matin (sauts et marsouinages) ce qui me permet de déterminer si elles restent sur la zone amorcée ou si elles s’en écartent.
Ensuite je place mes lignes avec assez peu d’amorce là où je les vois, même si c’est en dehors de la zone amorcée la veille au soir.
Une fois que les carpes se nourrissent en toute confiance de mes billes sur ma zone amorcée je peux être sûr qu’elles les saisissent aussi en toute confiance quand elles les trouvent ailleurs.
Le plus important est donc de pêcher à l’endroit où elles se trouvent au moment où on tend les lignes le matin.
Je ne suis jamais pressé. 9h30 – midi est un excellent créneau au printemps et en été. En automne c’est souvent bon de 11h jusqu’au coucher du soleil. Et lorsque la pêche s’avère vraiment compliquée je pousse une heure de plus le soir en pêchant un peu dans le noir, le temps d’enregistrer quelques départs sans pour autant remettre les cannes après.
Par ailleurs, en fin d’après-midi je replace mes lignes sur la zone où je les nourris la nuit et où je sais qu’elles vont arriver dans la soirée.
Quand on n’a qu’une seule journée
Pour une pêche à l’arrache d’une seule journée (mis à part en automne quand les carpes restent bien mobiles et suivent les vents) il est important de bien connaître l’endroit que vous pêchez, de savoir sur quelle zone les carpes se regroupent ou se retirent durant la journée (généralement donc une zone de confort tranquille).
Ici on ne cherche pas à construire mais à prendre une ou plusieurs carpes le plus rapidement possible.
Idéalement vous tendez vos lignes directement sur leur zone de tenue ou au moins juste autour et vous essayez de les stimuler avec une assez faible quantité d’amorce.
Il y a encore quelques années, je vous aurais conseillé de « leurrer » ces carpes peu actives avec des pop-ups franchement décollées (de 10 à 20 cm !) et aux couleurs éclatantes (orange ou rose fluo) avec très peu (ou même pas) d’amorce autour pour provoquer un réflexe alimentaire par un effet « tape à l’œil » (les carpes sont de nature assez curieuses).
Toutefois, je constate que sur la plupart des eaux que je pêche les carpes comprennent de mieux en mieux le danger de telles présentations, et qu’une simple bouillette dense présentée sur le fond fonctionne souvent mieux.
Donc, je choisis ma présentation selon la pression de pêche des eaux que je pêche.
Dans les eaux peu pêchées les esches bien décollées fonctionnent encore à merveille sur les carpes peu méfiantes même peu actives, mais sur les eaux plus pêchées je présente le plus souvent mes esches sur le fond, de préférence sur une tache dure et propre avec quelques appâts autour (mais pas de façon trop concentrée en spot).
Une présentation alternative comme une pop-up très peu décollée sur un Ronny rig ou un petit Chod près ou dans/sur herbiers peut bien fonctionner aussi et cela quel que soit le degré de pression de pêche.
Dans tous les cas, si vous n’habitez pas loin de l’endroit que vous comptez pêcher une seule journée (de temps en temps), je vous conseille vivement d’amorcer 2 ou 3 fois à l’avance sur et juste autour d’une zone de tenue repérée à l’avance, et de préférence le matin.
1 à 2 kg de billes à chaque fois, bien éparpillées sur une grande surface, suffisent pour bien préparer le coup.
Cet amorçage préparatoire multiplie quasi systématiquement vos chances de réussir le jour J.
Et dans ce cas oubliez définitivement les esches décollées et pêchez uniquement avec des bouillettes denses, exactement les mêmes que celles utilisées pour l’amorçage auparavant.
Je placerais d’abord mes lignes juste autour ou aux abords de la zone de tenue avec seulement quelques appâts libres autour de chaque montage.
Si cela permet de dérouler régulièrement je ne changerais rien. Si cela ne fonctionne pas (ou plus au bout de quelques heures) je mettrais mes lignes directement au cœur de la zone de tenue principale sans aucune amorce autour.
Ne pas rater les bons créneaux
Quand on peut librement gérer son emploi du temps comme on veut, on a l’énorme avantage de décider d’aller à la pêche lorsque les prévisions météo sont favorables. Le fait de pouvoir pêcher pendant les bons créneaux permet d’être nettement plus efficace dans sa pêche.
Pour la pêche de jour, les vents forts qui brassent bien la surface de l’eau sont très bons à condition que l’air ne soit pas trop froid.
En été, vent, pluie et orages après une grande vague de chaleur réveillent les poissons. En automne les dépressions sont excellentes pour les pêches diurnes mais même s’il fait beau la pêche peut encore bien fonctionner car c’est la bonne saison.
En hiver la luminosité d’un soleil qui brille dans un ciel clair augmente nos chances de toucher des carpes en plein milieu de la journée, alors qu’un temps pluvieux mais doux après une période froide et sèche peut créer une activité durant toute la journée.
L’activité reste toutefois faible en eau froide. Il ne faut donc pas forcer sur l’amorce et placer les lignes au plus près des carpes.
Pour le printemps j’ai changé d’avis il y a quelques années.
Bien que le beau temps fasse monter les carpes sur les hauts-fonds ou les incitent à s’aventurer dans de faibles profondeurs en bordure, je préfère quand même un temps (légèrement) pluvieux et doux avec un peu de vent.
Cela crée une meilleure activité générale avec des résultats bien plus réguliers.
Le « stalking »
Le stalking ou la pêche à roder se pratique spécifiquement le jour.
C’est une pêche excitante mobile avec une logistique réduite au strict minimum (le plus souvent on pêche juste avec une seule canne).
Cette pêche se pratique surtout sur certains types d’eaux intimes. Je pense notamment aux étangs peu profonds ou « park lakes », ou encore aux canaux et rivières de petit gabarit.
L’idée est de chercher des carpes en bordure ou à courte distance (des fouilles ou autres signes trahissant leur présence) puis de placer une ligne le plus discrètement possible (pour ne pas les faire fuir) avec peu ou pas d’amorce à proximité.
Généralement, si les carpes s’alimentent et s’intéressent à votre appât la touche ne se fera pas attendre, ça peut aller très vite.
Si au bout de 15 ou 20 minutes il ne se passe toujours rien, c’est que le ou les poissons ne s’alimentent pas du tout ou sont partis ailleurs, et vous en chercherez donc ailleurs pour une autre tentative.
Parfois on passe plus de temps à chercher les carpes qu’à les pêcher mais le jeu en vaut la chandelle.
Une autre façon de pratiquer la pêche à roder consiste à amorcer légèrement, et le plus souvent à la graine, plusieurs petits postes stratégiques en bordure, puis de les pêcher avec une seule canne les uns après les autres pendant 20 ou 30 minutes chacun.
Ces pêches mobiles se pratiquent soit au flotteur (permettant une pose de la ligne plus discrète), soit avec un montage de fuite avec un tout petit plomb (28-40g) et une ligne bien détendue.
Pêche au zig
À certains moments de l’année quand les carpes évoluent entre deux eaux (notamment en plein jour au printemps et en été) il peut être payant de les pêcher au zig, mais c’est une discipline que je ne maîtrise pas suffisamment pour pouvoir vous donner de vrais bons conseils.
Je ne l’ai pas assez pratiquée et à vrai dire ce n’est pas ma pêche, tout comme la pêche au clip/spomb.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que sur les eaux que je pêche je n’en ai pas (eu) besoin pour réussir. Tout ce que je sais en ce qui concerne la pêche au zig est que cela fonctionne sur certaines eaux ou postes et pas du tout sur d’autres.
Si cela vous intéresse davantage vous trouverez plusieurs bons articles à ce sujet sur ce site. Je vous conseille de les consulter.
À vous de voir
Je comprends que pour les inconditionnels de la pêche de nuit il peut être difficile d’accepter de relever ses lignes quand le soleil se couche pour ne les retendre que le lendemain matin quand il fait déjà jour.
Le sentiment de passer à côté des touches qui se seraient probablement produites durant la nuit constitue une barrière psychologique difficile à surmonter.
Et pourtant, s’accrocher à ses certitudes et rester figé dans sa routine est le meilleur moyen de ne plus progresser et de s’assurer de passer à côté de plein de choses !
À ceux qui ne sont pas vraiment convaincus ou à ceux qui souhaitent en savoir plus sur comment être très efficace dans sa pêche durant la journée, je suggère de lire mon dernier livre « Journal d’un Pêcheur de Carpes ».
L’ouvrage est disponible ici :
https://www.leon-hoogendijk.fr/produit/journal-dun-pecheur-de-carpes/