Une année sans bouillettes
3ème partie
Benjamin Balme
Cet hiver 2016 que nous venons de vivre ne restera pas dans les mémoires des amateurs de froid et de bonhommes de neige.
Quelques fortes gelées et des flocons épars sur la mi-janvier m’auront permis d’espérer une belle photo d’une « écaillée » sous la neige mais malheureusement les semaines qui suivront ne ressembleront pas spécialement à un temps de saison…
On range les Anoraks…
Le mois de février 2017 restera comme l’un des mois de février les plus chauds depuis 100 ans avec une moyenne nationale supérieure de 3 à 4 °C.
C’est donc en petit sweat que je reprends le chemin du fleuve pour espérer croiser les poissons que je pense réchauffer pour l’occasion.
La température de l’eau est encore froide car malgré le soleil généreux, l’eau est encore principalement alimentée par la fonte des neiges sur le massif alpin.
Cette période de transition est toujours délicate à aborder. Pour ma part, je vais continuer à pratiquer une pêche attractive pour tenter de séduire un poisson enclin à s’alimenter.
Pour l’occasion de vais privilégier une graine que j’aime utiliser en toute saison : la noix tigrée.
Cette graine issue du souchet, une plante commune en Afrique est aujourd’hui à la mode chez les pêcheurs, mais aussi dans le monde de la diététique. Et oui, vous qui pensiez que les carpes étaient les seules à consommer ce tubercule, détrompez-vous !
La noix tigrée est à la mode dans les chics quartiers parisiens et pourrait bientôt devenir un produit très « bankable ».
Quelques articles récents sur Vogue ou sur des sites spécialisés en cosmétique/diététique auront fini de convaincre les plus sceptiques.
La noix tigrée dispose de valeurs énergétiques remarquables, de propriétés innovantes (prévention de maladies coronaires, réduction du mauvais cholestérol, régulation de la fonction intestinale) mais surtout est appréciée pour son goût.
C’est sur ce dernier point que cette graine m’intéresse car beaucoup de pêcheurs l’utilisent uniquement en eau chaude pour contrer les poissons-chats et restent sceptiques sur son potentiel en eau froide du fait de sa faible digestibilité.
Son fort taux de sucre naturel (qui peut être complété avec du sucre en poudre, du sucre de cannes, des sirops divers et variés) reste un exceptionnel atout pour séduire les poissons difficiles de l’hiver.
En cette saison, quand les poissons n’ont pas encore repris une activité alimentaire régulière, je limite donc les quantités et l’utilise surtout en farine ou broyée.
L’objectif est bien d’être attractif avec un appât très appétant. Pour cela, j’utilise mon vieux moulin à café qui me permet en fonction de ma volonté, d’obtenir des copeaux grossiers ou avec un peu plus de broyage, une farine très fine.
Il est tout à fait possible de préparer ses postes avec des quantités limitées.
Sur le fleuve, j’irai éparpiller avant mes pêches rapides quelques poignées sur les bordures, histoire d’intéresser quelques poissons à ce mets sucré.
Des poissons qui répondent présents !
Entre le mois de février et début avril, j’enchaînerai une bonne quantité de pêches rapides (environ 250 heures) sur des laps de temps très courts allant d’une nuit à une demi-journée.
Les conditions du fleuve n’étaient pas spécialement optimales car les niveaux sont restés bas pour la saison et contrairement aux années précédentes, peu de crues ont incité les poissons à passer à table.
Malgré tout l’attractivité de la noix tigrée s’est particulièrement fait remarquer car j’ai pris de nombreuses carpes sur ces laps de temps très courts.
Comme nous l’avons vu, cet appât à l’avantage de pouvoir s’utiliser à toutes les sauces : farine, broyée, entière.
On peut donc facilement l’incorporer dans un sac soluble et augmenter encore son pouvoir attractif.
Un autre point très intéressant par rapport à d’autres graines réside dans le choix des tailles.
En effet, on trouve de petites noix tigrées facilement dans le commerce mais on peut aussi sélectionner des tailles beaucoup plus grosses notamment pour escher (jusqu’à 30mm).
Même si le prix est un peu plus élevé que le maïs (on peut les trouver à 2,60€ le kg), je dois bien avouer que j’ai toujours des noix tigrées dans mon sac de pêche.
Sa conservation permet de préparer de grosses quantités et de les garder dans des seaux hermétiques en toute sécurité.
Cette graine a aussi d’autres intérêts, elle plaît énormément aux carpes et reste peu consommée par les autres poissons.
Pour pêcher des secteurs envahis de poissons blancs en tout genre, où la moindre croûte de fromage jetée à l’eau peut créer un tsunami de barbeaux, je peux vous dire que mes tubercules n’ont suscité que peu d’intérêt pour le reste de la faune piscicole locale.
J’ai pu aussi pêcher quelques lacs de ma région qui se sont révélés encore une fois très productifs sur des eaux où la température ne dépassait pas encore les 10 degrés.
On tare le peson…
Cette approche décalée me permet aussi de pouvoir analyser mes captures et garder un œil sur la taille des poissons sur des biefs du fleuve ou des lacs que je connais bien.
Si je pratique la pêche c’est d’abord pour me retrouver en pleine nature et prendre un grand bol d’air.
Je dois bien avouer que la taille des poissons ne m’a jamais vraiment intéressé. Cependant d’une manière générale, j’ai remarqué que sur ces dernières pêches, j’ai pris de nombreuses petites communes typiques du fleuve (localement appelées « saucisses ») d’un poids compris entre 7 et 10kg.
Si je regarde mes dernières années de pêche, sur des approches plus « standards », je prenais moins de poissons de ce calibre.
Il est difficile de tirer des conclusions sur un laps de temps aussi court, nous aurons certainement l’occasion de développer ce sujet à la fin de l’année.
Les graines, aimants à petits poissons ?
Personnellement je n’en suis pas convaincu ! Ce qui est certain, c’est qu’une bonne quantité de graines mélangées (noix tigrées, lupins, maïs…) concentre énormément d’activité sur le coup et conditionne positivement les poissons.
En tout cas, avec la remontée des températures de l’eau, je vais pouvoir commencer à augmenter sensiblement la quantité d’appâts et j’espère pouvoir vivre de très bons moments au bord de l’eau dans les prochaines semaines.
On se retrouve dans 2 mois pour analyser le printemps, la saison des amours chez les carpes est une période particulièrement propice pour se retrouver au bord de l’eau.
Bonne pêche à tous.