Bateaux cabines, plateformes ou encore barques aménagées (de façon plus ou moins douteuse dans certains cas) émergent de plus en plus sur nos rivières et plans d’eau.
Est-ce un mode de pêche révolutionnaire ?
Une façon de décupler sa liberté ?
Une arme absolue pour faire des sessions d’anthologie ? Eh bien, je n’en suis pas intimement convaincu…
Tout d’abord, cette technique de pêche n’est pas si récente que ça, beaucoup de pêcheurs anciens ou non ont déjà péché depuis un bateau, barque ou Zodiac, bien avant que cette « mode » ne soit projetée sur le devant de la scène grâce aux vidéos et photos partagées via les réseaux sociaux.
Des prises de vues fantastiques, des vidéos idylliques qui donnent envie à beaucoup de franchir le pas et d’acquérir un base camp en quête de liberté et de fish à gogo.
Pas que des avantages…
Pour moi ces bases camps posent plusieurs problèmes, le premier étant la sécurité. On peut voir quelquefois flotter (par miracle) des embarcations complètement loufoques, des bases de barques douteuses complétées de bois et de fibres qui sont loin d’inspirer confiance.
Il faut toujours avoir à l’esprit que le fait de pêcher depuis l’eau est dangereux, et qu’une session de pêche, c’est avant tout pour se faire plaisir et non pour se noyer.
Beaucoup ne pensent pas aux conditions climatiques qui peuvent se dégrader d’une minute à l’autre, aux variations de niveau brutales que peuvent subir certaines rivières ou barrages… Et là, si vous êtes mal équipé et mal préparé, ça peut virer au vinaigre en une fraction de seconde, même avec une embarcation de qualité !
Il vous faut acquérir de l’expérience depuis les berges avant de vous aventurer sur l’eau !
Gérer la logistique
Le second souci et pas des moindres, c’est la logistique. Eh oui, pêcher depuis l’eau s’avère être fatiguant.
Le fait de manipuler les ancres, les cordes, les mousquetons, etc., de sans cesse faire la navette entre votre base camp et votre boat pour tendre les cannes, retendre éventuellement les ancres, et puis aussi les nuits où l’on ne dort pas aussi bien que sur la terre ferme, du fait du tangage quasi permanent, et bien c’est loin d’être de tout repos.
Je dirais même qu’à la fin d’une session en base camp, je suis rincé.
Penser aux autres…
Reste encore un gros point noir que je vois, ce sont les abus. Et oui, beaucoup ne pensent qu’à eux et se foutent du monde entier !
Certains lieux sont assiégés par ces bases camp, sans penser au reste des pêcheurs, y compris les pêcheurs de carnassier (eh oui il en faut pour tout le monde) et ça, je peux vous assurer que ça me fout en rogne.
Quel intérêt par exemple de pêcher en bateau sur des eaux où les berges sont exploitables dans leur quasi-totalité ?
Ou encore quel intérêt lorsque les eaux ne font que quelques hectares ?
Il ne faut pas perdre de vue que nous ne sommes pas seuls, et qu’au mieux la cohabitation entre pêcheurs sera, au moins de restrictions il y aura.
Je crains que d’ici peu des réglementations drastiques rentrent en vigueur concernant ces pêches, portant ainsi préjudice aux pêcheurs qui font ça dans les règles de l’art.
C’est malheureux car malgré ces problèmes, cette technique de pêche peut être un très bon outil lorsqu’on l’utilise intelligemment.
Le top pour la mobilité
Premièrement, pour la mobilité, il est vrai que pour des changements de postes rapides, il n’y a rien de mieux qu’un base camp flottant.
On lève les cannes, les ancres, et c’est parti pour un nouveau poste. Pas besoin de plier l’intégralité du matos pour le recharger et ensuite le décharger de nouveau, et ça, c’est plutôt qu’agréable.
Le second point positif, c’est l’accès à des zones sauvages impraticables du bord. Qui n’a jamais rêvé de pêcher des secteurs ou zones inaccessibles, en se persuadant que le carton à faire serait là-bas ?
Eh bien grâce à votre embarcation, vous pourrez enfin pêcher ce secteur qui a tant fait travailler votre imagination, et vous pourrez confirmer (ou non) que votre instinct a été le bon.
Le dernier gros point positif, c’est la sensation de liberté et d’inconnu. Vous voyez des paysages sous un autre angle, vous êtes seul sur votre base camp et vous êtes bien, libre, déconnecté de la vie active durant quelques jours (ou semaines pour les plus chanceux), vous pêchez des zones encore jamais explorées, l’excitation et l’imagination sont au plus haut, bref, c’est le pied !
Pas magique pour autant…
Est-ce pour autant que vous allez faire à coup sûr des pêches miracles à chaque session ?
Eh bien la réponse est non !
Malheureusement, les zones sauvages et inexploitées ne sont pas dans tous les cas visitées par les carpes, et heureusement, ça remet un peu d’équité dans toute cette histoire.
Personnellement, j’ai une plateforme depuis peu ainsi qu’un gros Zodiac (pour des sessions plus courtes) que j’utilise modérément voire très peu, tout d’abord car j’aime pêcher du bord, j’aime avoir de l’espace, me balader le long des berges au petit matin, avoir la chance de prendre une photo d’une biche et sa portée à la lisière du bois sans m’être fait remarquer, manger un bon barbecue avec les amis, comme quoi il n’y a pas forcément besoin de pêcher sur l’eau pour avoir cette sensation de liberté absolue.
Mais il n’y a pas que ça, je l’utilise peu car je me mets un point d’honneur à respecter les autres.
Je gonfle ma plateforme uniquement dans des lieux adaptés, de grandes étendues d’eau très peu fréquentées par d’autres pêcheurs afin de ne nuire à personne, et je vous garantis que ce genre de comportement, cela ne court pas les rues.
Quoi qu’il en soit, je pense que les bases camp flottant sont des outils merveilleux pour les baroudeurs en quête d’inconnu, mais ils sont à utiliser avec intelligence et sécurité afin de ne pas voir leur interdiction progressive.
Il ne faut pas en abuser et pour tous ceux qui n’en ont pas, rassurez-vous, de belles pêches du bord vous attendent !