Appâts

LES ADDITIFS ATTRACTANTS

Leon Hoogendijk

Les différents additifs utilisés dans les appâts à carpe ont le rôle de stimuler les sens olfacto-gustatifs (ou les chémorécepteurs) chez la carpe afin d’évoquer sa curiosité ou, mieux encore, de l’inciter à se nourrir par le déclenchement d’un reflex alimentaire.

Cela semble fort intéressant mais dans la pratique, les choses ne sont pas aussi simples que ça. Pour mieux comprendre le sujet, il faut d’abord savoir comment fonctionnent les principes de stimulation chez la carpe.

Chez la carpe l’odorat et le goût sont deux sens bien distincts. Contrairement à nous autres humains (notre bouche et notre nez communiquent), chez la carpe il n’existe pas de communication entre ces deux sens.

Avec son nez (narines à double ouverture avec à l’intérieur de nombreuses petites cavités recouvertes d’une membrane très sensible) la carpe peut « sentir » des produits ou substances aromatiques solubles dans l’eau ou encore ceux qui sont dispersés sous forme de micro particules ou micro gouttelettes.

Quant au sens gustatif, la carpe possède d’innombrables bourgeons du goût (organes récepteurs des saveurs) qui sont concentrés sur et dans sa bouche, notamment sur ses lèvres et ses barbillons, et qui couvrent également d’autres parties de son corps, dont la ligne latérale et le ventre. Avec ces bourgeons la carpe peut goûter à distance, c’est ce qu’on appelle la « télégustation ».

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La carpe peut sentir et goûter, mais dans le milieu aquatique les deux sens se confondent…

Les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur l’éventuelle prédominance de l’un de ces deux sens chez la carpe, même si une carpe avec des narines bouchées ne goûte que sur de très faibles distances.

Je ne peux m’empêcher de croire que dans la perception et l’interprétation des odeurs et saveurs les deux sens se confondent chez la carpe. Par conséquent, quand l’un des deux sens est inhibé, l’autre est perturbé et perd considérablement en efficacité. Le corps d’un poisson baigne dans un liquide (l’eau) qui véhicule les molécules aromatiques provenant de certaines substances solubles ou des particules dégagées par nos appâts, et non les odeurs volatiles que ces derniers peuvent seulement dégager dans l’air.

Le goût de nos appâts est donc infiniment plus important que leur odeur car on peut dire que la carpe sent plutôt le goût et non l’odeur de certains aliments.

Le problème est que percevoir un goût et être stimulé par celui-ci sont deux choses différentes. Ce problème est encore compliqué davantage par le fait que l’eau dans laquelle nage la carpe véhicule des centaines de signaux olfacto-gustatifs différents qui proviennent d’autant de sources différentes.

Puis il existe des variations locales du pH de l’eau et notamment de la matière organique dont sont composés certains types de fonds (à ne pas sous-estimer en eau stagnante) qui influent sur l’activité chimique des nourritures et appâts et donc la détection de ceux-ci par la carpe. C’est un domaine dans lequel nous ne maîtrisons pas grand-chose mais qui peut expliquer pourquoi certains additifs sont très efficaces sur certains plans d’eau et moins sur d’autres.

Cela explique pourquoi sur certains plans d’eau précis, certains additifs semblent être plus efficaces à certaines époques de l’année ou sur certains types de fond. Le pH global d’un plan d’eau peut varier au cours d’une année et le pH des fonds peut changer encore beaucoup plus d’un endroit à un autre, notamment durant les phases de décomposition de certaines matières organiques.

Ceci dit il serait compliqué voire impossible d’analyser le pH du fond et d’y adapter ses appâts à chaque partie de pêche. Le pH, celui des additifs solubles et non celui de l’eau, doit quand même être pris en compte dans le choix d’un appât adapté à certains types d’approches, comme nous le verrons plus loin.

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Le pH de l’eau et le pH du fond influent sur la perception et l’efficacité de certains additifs.

Revenons au sujet de la stimulation. Pour qu’un signal olfacto-gustatif émis par un additif naturel ou synthétique stimule au point de déclencher un réflexe alimentaire chez la carpe, il est nécessaire que cette dernière puisse le détecter puis l’associer instinctivement à une source de nourriture comestible (de préférence de bonne qualité).

Une carpe qui auparavant n’a jamais rencontré d’appâts contenant ces additifs n’en est pas capable ! Dans ce cas l’appât en question n’intéresse la carpe qu’une fois qu’il ne dégage pratiquement plus de signaux provenant de cet additif (donc après une immersion prolongée), quand la saveur de certains ingrédients de base devient suffisamment perceptible.

C’est une règle générale, mais les quelques carpes (une minorité) qui par nature sont beaucoup plus curieuses que les autres risquent quand même de « goûter » bien avant et suivant la situation, elles entraînent plus ou moins rapidement d’autres carpes dans leur comportement alimentaire.

L’acceptation d’un appât contenant des additifs qui en quelque sorte masquent la saveur des ingrédients de base est donc basée sur une forme de reconnaissance alimentaire qui est avant tout le résultat d’un processus d’apprentissage. Dans certaines situations (et notamment sur les eaux vierges) l’utilisation des additifs peut jouer contre nous en rendant l’appât moins efficace voire même complètement inefficace (sauf dans le cas des sweeteners et quelques produits spécifiques qui sont naturellement attractifs et sur lesquels nous reviendrons).

Toutefois, dans les eaux déjà bombardées de toutes sortes de bouillettes, la carpe a appris à associer des billes rondes et relativement dures à une forme de nourriture, peu importe l’arôme dominant qu’elles dégagent en les manipulant. Dans ce cas, elle est donc susceptible de tester quasi instantanément tout nouveau type de bouillette, même si les signaux émis par celle-ci lui sont complètement étrangers.

C’est la reconnaissance alimentaire d’une nourriture par rapport à sa forme spécifique et sa présence régulière, associé ou non à certaines couleurs. L’odeur dégagée n’a aucune incidence ici.

Arômes concentrés hydrosolubles

Parmi les arômes solubles dans l’eau que les Anglais appellent « flavours » et les Français « parfums » on distingue à la fois des arômes naturels et artificiels. Les naturels sont basés sur des substances aromatiques concentrées naturelles (par exemple obtenus par distillation) qui sont ensuite diluées alors que les arômes artificiels sont entièrement à base de produits de synthèse. Les arômes artificiels souvent appelés « nature identique » sont en fait des copies synthétiques d’arômes ou substances aromatiques naturels.

Ces produits synthétiques n’ont pas grand-chose en commun avec les produits naturels. La plupart des autres arômes concentrés hydrosolubles aux noms fantaisistes appartiennent à la même catégorie, sauf qu’ils n’ont pas d’équivalent naturel et qu’ils sont souvent le résultat d’un mélange (blend) de plusieurs autres arômes hydrosolubles déjà catalogués. Les noms que l’on donne aux arômes artificiels ne sont pas significatifs pour leur composition.

Ainsi deux arômes fraise peuvent être deux produits qui sont chimiquement complètement différents l’un de l’autre. Il se peut aussi que l’un soit très efficace dans un appât alors que l’autre sera carrément répulsif !

Dans leur goût les arômes artificiels sont plus ou moins représentatifs d’une note aromatique isolée d’un produit naturel et non de l’arôme ou la saveur naturelle que procure ce produit naturel dans son ensemble. Vous pouvez vérifier ceci vous-même en goûtant un arôme fraise dilué dans un peu d’eau. Bien que cette eau sente la fraise elle aura un goût fort désagréable (amer) qui, pour se rapprocher un peu du goût d’une vraie fraise, aura besoin d’être légèrement sucrée.

Une fois sucrée cette solution devient buvable, mais cela n’a pas vraiment le goût d’une vraie fraise et si vous réalisez la même formule en remplaçant l’eau par du lait le goût sera encore complètement différent. Dans une recette de bouillette la perception du goût d’un arôme est donc aussi influencée par la saveur des ingrédients et le goût des autres additifs solubles qui se confondent les uns avec les autres.

Deux types de bouillettes différents avec le même arôme artificiel auront donc un goût complètement différent, même si pour notre « pif » elles sentent pareil. Ceci explique certainement pourquoi certains arômes sont plus efficaces dans certains types de mixes ou en les combinant avec certains autres additifs.

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A l’origine les arômes, qu’ils soient naturels ou artificiels, proviennent de l’industrie alimentaire (humaine ou animale, il existe des centaines de milliers de références !), à ma connaissance, il n’y a aucune firme qui développe ce type d’additif spécialement pour les appâts à carpes et vu l’offre qui existe, je ne vois pas l’utilité d’une telle démarche.

La solubilité des différents types d’arômes dépend notamment des solvants utilisés dans leur composition. Ces solvants ont pour rôle de diluer une substance aromatique extrêmement puissante à une concentration qui permet de les doser plus facilement et plus correctement (généralement 1 pour 1000, ce qui signifie que le goût de l’arôme final est mille fois plus puissant que celui du produit qu’il est sensé imiter ou représenter) et de rendre l’arôme soluble ce qui permet d’obtenir des mélanges homogènes dans leurs applications.

Cette solubilité est intéressante pour nous dans le sens où elle permet à l’arôme d’être actif dans l’eau (l’arôme se diffuse) et d’être facilement détecté par une carpe. De là à dire qu’un arôme va chercher des carpes à plusieurs mètres de distance…

Franchement, si à une certaine époque cela me semblait encore imaginable, aujourd’hui, je ne le crois plus du tout ! En eau stagnante, la télégustation d’un arôme diffusé par un appât individuel est un phénomène qui se produit au mieux sur une distance de quelques décimètres, dans le cas d’une concentration d’appâts peut-être sur un mètre (au bout d’un certain temps).

Et dans le courant ? Eh bien, tout l’arôme diffusé (les quantités sont vraiment dérisoires) part en aval sur une petite ligne droite avant de se mélanger dans une masse d’eau trop importante et trop en mouvement pour que les signaux, même s’ils demeurent détectables, puissent guider une carpe jusqu’à la source. Et l’effet de désorientation s’amplifie au fur et à mesure que le courant est plus fort.

Ce n’est pas mieux ! Attention, ici on parle uniquement d’attractants solubles et non des particules d’amorce qui, dans le courant, se déplacent en traînant sur le fond.

Aie, je sens que là j’en fais bondir plus d’un ! Je suis désolé mais j’ai trop souvent vu des carpes passer juste à côté de quelques bouillettes bien groupées (parfois à bien moins de 50 cm) pour les voir devenir folles quelques mètres plus loin en tombant sur une autre petite concentration de bouillettes (ou même une seule bouillette) qui se trouvait là par hasard exactement sur leur chemin ! Ce problème n’existe pas si l’on amorce de façon plus dispersée car les carpes, après être tombées plusieurs fois par hasard sur une bouillette, comprendront vite qu’en cherchant elles peuvent en trouver davantage.

A quoi servent donc les arômes, me demanderez-vous ? Principalement à donner un label gustatif distinct à nos appâts, parfois aussi à améliorer globalement leur goût et, si possible, à exciter les carpes qui s’approchent très près des appâts, mais certainement pas à attirer les carpes de loin !

Evidemment certains d’entre vous me confrontent ici forcément à cette fameuse théorie du combi-flavour que j’ai pondue, il y a déjà plus de 30 ans (premiers essais en mai 1985, pour être plus précis). Le combi-flavour (combinaison d’un arôme hydrosoluble et d’un arôme à base d’huile, liés grâce à l’emploi d’un émulsifiant spécifique) est une autre histoire. En eau stagnante sa diffusion est verticale et droite, et monte jusqu’en surface. Un arôme hydrosoluble seul ne se déplace pratiquement pas en eau stagnante.

Le combi-flavour en revanche est actif, grâce à la densité de l’huile qui est inférieure à celle de l’eau et qui entraîne les arômes vers la surface. Toujours faut-il que cette diffusion verticale et très étroite se trouve (encore par hasard) sur le chemin d’une carpe qui patrouille entre deux eaux, qu’elle sache associer les signaux détectés à une présence de nourriture sur le fond, et en plus qu’elle ait suffisamment envie de manger cette nourriture pour aller la chercher ensuite.

La théorie du combi-flavour est juste, mais son efficacité relative, car elle dépend de plusieurs paramètres difficilement contrôlables. Ceci dit j’ai à plusieurs occasions obtenu d’excellents résultats avec, alors que sur d’autres appâts on ne voyait pas grande chose. A chaque fois cela se produisait en été, une saison où les carpes évoluent souvent entre deux eaux !

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Les solvants les plus utilisés pour les arômes alimentaires hydrosolubles classiques sont le Glycérol (ou Glycérine), le Mono Propylène Glycol, l’Iso Propanol (ou Iso Propyl Alcool), le Diacetine, le Triacetine et l’Alcool Ethylique (ou Ethanol). Leur degré de solubilité varie.

L’Alcool Ethylique est très fluide, très soluble, il convient donc théoriquement comme additif destiné aux bouillettes à texture plutôt fermée et notamment en le surdosant (X 2) en hiver. Le Glycérol au contraire est très épais, ce qui ralentit considérablement sa diffusion dans l’eau.

Ce solvant est donc théoriquement plus approprié pour des bouillettes à texture plus perméable ou poreuse (granulométrie plus importante) et des pêches d’été. Vous avez bien remarqué dans ces constats le mot « théoriquement », car en réalité, j’ai très bien réussi avec des arômes basés sur ces deux types de solvants dans différents types de bouillettes, et cela aussi bien en hiver qu’en été et avec des dosages fort variables, bien que l’Alcool Ethylique se soit montré beaucoup plus tolérant au niveau des surdosages.

Au niveau des dosages encore quelques remarques. En règle générale les arômes acides (faible pH) ne se prêtent pas du tout au surdosage ou « boosting », sauf dans le cas d’une pêche avec un appât isolé sans amorce ou, éventuellement, seulement accompagné de quelques bouillettes normales sur fil soluble. Une bouillette boostée n’est pas destinée à la consommation. Son rôle est de piéger la carpe en évoquant sa curiosité et non en l’incitant à se nourrir.

De ce fait, il n’est pas logique d’associer une bouillette boostée à un amorçage qui a toujours pour but de conditionner les carpes sur (et donc de les exciter avec) des bouillettes normales. Je l’ai déjà dit et je me répète : si on a besoin d’une bouillette boostée pour avoir des touches (ou pour avoir plus de touches) sur un poste amorcé avec des bouillettes normales, c’est que soit ces dernières ne remplissent pas leur rôle et ne valent pas un clou, soit qu’on s’est planté gravement au niveau des quantités de bouillettes d’amorçage. Dans les deux cas l’esche boostée ne sert qu’à réparer l’erreur initialement commise !

Soyons clair sur la signification réelle du mot « boostage ». Ce n’est pas tremper une bouillette pendant quelques secondes dans un liquide de boostage ou arôme pur, car le peu de liquide qui se colle ainsi sur la peau d’une bouillette disparaît quasi instantanément dès l’impact de la bouillette dans l’eau, ou du moins dans les quelques secondes qui suivent.

C’est franchement ridicule de croire qu’un liquide de boostage pénètre dans une bouillette en quelques secondes. Même après 48 heures de trempage l’absorption est très relative (une bouillette n’absorbe quasiment pas les solvants ou de l’huile).

Vous ne me croyez pas ? Vérifiez le vous-même en mélangeant un colorant jaune ou rouge à votre liquide de boostage et en coupant une bouillette en deux après les avoir laissé tremper pendant 48 heures. Vous verrez que le colorant se concentre sur un mince film en surface et n’entre pas du tout à l’intérieur de la bouillette !

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Ceci dit, un trempage de 48 heures suffit probablement pour renforcer le goût en surface de la bouillette pendant la première heure d’immersion dans l’eau. Pour moi le vrai boostage consiste à multiplier le dosage de l’arôme et du sweetener par 5 lors de la confection des bouillettes, puis il faudra les couper en deux (juste avant leur usage) et retourner l’une des deux demi sphères avant d’enfiler les deux sur un cheveu.

Là, on aura vraiment un appât qui pète au niveau des signaux olfacto-gustatifs ! Il va de soi qu’une telle bouillette ne sert qu’à l’eschage et jamais à l’amorçage. En tant qu’esche elle est susceptible d’être manipulée par une carpe curieuse attirée par les puissants signaux (ce qui suffit pour la piquer), en tant que nourriture (amorçage) elle sera très probablement refusée.

En usage normal, en les mélangeant aux œufs et en respectant les dosages indiqués, les arômes hydrosolubles ne sont pas très actifs et ne transforment pas une mauvaise bouillette en bonne bouillette. L’importance de ces produits est largement exagérée.

Réfléchissons un peu : pendant la cuisson puis pendant le refroidissement on en perd déjà plus de la moitié (diffusion accélérée par la chaleur + évaporation) et presque tout en ce qui concerne le manteau et la peau. Une bouillette cuite et refroidie ne sent plus du tout pareil qu’une bouillette crue, sauf si on la coupe en deux, ce qui nous indique que l’arôme est assez bien préservé au centre de la bouillette, mais seulement au centre !

L’imperméabilité de la peau (inévitable avec les œufs !) empêche ensuite la diffusion du peu d’arôme qui est éventuellement resté dans le manteau. Cette imperméabilité est quasi totale quand la bouillette contient des caséines et un peu moins important quand il s’agit d’une bouillette birdfood dont la texture permet plus facilement l’absorption de l’eau qui est nécessaire pour qu’un arôme puisse sortir (par réaction d’échange entre ces deux liquides).

Quand on dit qu’une bouillette birdfood diffuse mieux c’est vrai, mais cela concerne surtout la diffusion des saveurs des ingrédients qui composent le mixe et non pas de l’arôme qui se trouve principalement au centre et qui ne bouge pas.

Le fait de congeler et de décongeler les bouillettes dans un emballage hermétique aide à mieux repartir l’arôme concentré dans le noyau dans toute la bouillette mais ne la transforme pas encore en bombe. Couper les bouillettes en deux est sans doute la meilleure solution pour optimiser la diffusion de l’arôme, mais c’est une vraie corvée et cela rend l’amorçage au Cobra impossible.

Il existe pourtant un moyen efficace de renforcer la diffusion des arômes par des bouillettes entières. Pour cela, il faudra utiliser un mixe à granulométrie importante (qui résulte en une texture plus aérée), laisser sécher les bouillettes pendant plusieurs jours après leur cuisson (il faut qu’elles soient vraiment très sèches) puis les traiter par une technique de nappage que j’ai mise au point dans les années 80 et que je pratique encore régulièrement aujourd’hui, et cela principalement pour des pêches rapides (12 à 24 heures).

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Le produit de nappage n’est rien d’autre qu’une solution d’eau (80%), d’arôme hydrosoluble (10%) et de sweetener à base de NHDC et Acésulfame-K (10% – un autre type de sweetener hydrosoluble fera aussi l’affaire). Le fait que cette solution est pour 80% composée d’eau garantit une bonne pénétration dans la bouillette qui a soif car elle est bien sèche.

Vous pouvez me croire, cette solution à l’eau pénètre beaucoup plus profondément qu’un arôme pur (là encore vous pouvez le vérifier avec un colorant). Une demi-journée de nappage (il faut que les bouillettes à traiter soient bien mouillées sur toute leur surface, n’en mettez pas davantage), de préférence dans un emballage fermé et gardé à l’ombre et au frais, suffit pour que tout le produit de nappage soit absorbé par les bouillettes.

Une fois dans l’eau, la diffusion (l’échange) est bonne parce que la bouillette avait déjà absorbé l’eau du liquide de nappage. En appliquant cette méthode, je vous conseille de diminuer ou d’annuler l’addition d’arôme aux œufs, bien qu’un peu de sweetener ne fasse pas de mal. Généralement, j’applique cette méthode à l’ensemble des bouillettes d’eschage et d’amorçage mais elle permet également de « booster » les bouillettes d’eschage avec lesquelles on pêche de façon isolée ou sur une assiette de pellets.

La question brûle sur votre langue : quels sont les meilleurs arômes ? Franchement, j’ai l’impression que ceux qui stimulent réellement les carpes en eau vierge sont très rares. L’effet de la très grande majorité est dans ce cas nul voire même négatif !

Le Scopex de chez Rod était longtemps l’un de mes arômes préférés que je considérais instantané mais je l’ai toujours associé à un sweetener volontairement surdosé. Avec du recul, je pense que c’était surtout le fait d’avoir une bouillette très sucrée qui était efficace au niveau de l’acceptation et de l’attraction instantanées. Le goût du Scopex était toléré et ensuite apprécié. Je ne suis pas sûr du tout que le Scopex en lui-même (sans sweetener) soit un arôme au pouvoir stimulateur instantané.

Toujours est-il qu’en le combinant avec un sweetener il est bon. Le Scopex est un bon exemple car à la fin des années 80 et au début des années 90 c’était incontestablement l’arôme le plus vendu, donc le plus utilisé et le plus populaire. C’était ni plus ni moins un véritable phénomène de mode. Le fait que des milliers de carpistes l’utilisaient avait forcément comme résultat qu’énormément de carpes étaient prises avec cet arôme – ce qui ne veut pas forcément dire « grâce à cet arôme ». Et puis, c’était le grand Rod Hutchinson qui l’avait inventé – et Rod était l’un des personnages les plus influents sur la scène carpe des années 80.

Le fait que beaucoup de plans d’eau étaient amorcés (pour ne pas dire bombardés !) avec des bouillettes au Scopex contribuait incontestablement aussi à son efficacité. Mais en analysant la situation de plus près on se rend compte qu’il ne suffisait pas de mettre du Scopex dans une bouillette pour prendre automatiquement beaucoup de carpes – il y avait aussi beaucoup de carpistes qui avaient de mauvais résultats en pêchant au Scopex, mais vu l’immense popularité de l’arôme, celui-ci n’était jamais remis en question.

En réalité le Scopex était très efficace dans une bonne bouillette (bon mixe) et pour ceux qui pêchaient bien, et nettement moins efficace dans une bouillette de mauvaise qualité ou pour ceux qui pêchaient mal. Vu sous cet angle, à quoi doit on attribuer les bons résultats du Scopex ? Voilà une légende qui s’évapore, enfin presque car dans le cas spécifique du Scopex de Rod nous savons que son effet n’est pas nul.

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Le légendaire Scopex de Rod est en soi un bon arôme, mais ce n’est pas un additif irrésistible comme certains ont envie de croire…

Dans le domaine des arômes, au fil des années, il y a eu d’autres vedettes et stars dont, dans la plupart des cas, le succès était tout simplement le résultat d’un appui médiatique par plusieurs grands pêcheurs et/ou des campagnes de marketing bien menées par certaines grandes marques.

Soyons clairs, il existe des arômes qui se marient à merveille avec certains types de mixes mais il me semble complètement irréel d’attribuer l’efficacité d’une bouillette uniquement à l’arôme qu’elle contient. On constate que dans une bonne bouillette (bon mixe), après une phase d’accoutumance, certains arômes produisent de meilleurs résultats que d’autres qui, pour certains, sont franchement mauvais (accoutumance ou pas). Des mauvais arômes, il y en a plus que l’on croit !

Ceux qui sont mauvais le sont soit simplement de par leur goût qui ne plait pas vraiment aux carpes, ou par leur acidité associée à un surdosage créant dans ce cas souvent un effet répulsif. Si cela est le cas comment se fait-il que ces derniers nous soient proposés dans les rayons ?

La réponse est simple : pour composer leur gamme les firmes d’appâts choisissent leurs arômes dans un catalogue d’un grand fabricant d’arômes alimentaires, et beaucoup d’entre eux le font sans les avoir testés correctement sur le terrain…

Revenons aux bons arômes, donc ceux qui semblent influer positivement sur le goût des différents types de bouillettes. Ceux qui m’ont bien réussi à l’époque où je roulais encore mes propres billes sont, entre autres, le Scopex, le Peach (pêche), le Mégaspice, l’Ultraspice et le Monstercrabe de chez Rod, le Pistache de chez Cypro, puis des arômes Peanut (cacahuète), Peach (pêche) et Strawberry (fraise) à base de Mono Propylène Glycol que je me suis directement procurés chez un fabricant d’arômes alimentaires aux Pays Bas. J’en ai essayé beaucoup d’autres et j’ai souvent été déçu. Attention – je le répète, ici les noms ne veulent rien dire !

Le Scopex d’une autre marque par exemple n’a rien à voir avec le vrai Scopex de Rod, seul leur nom est identique ! Parmi les bons arômes que je viens de mentionner seuls le Monstercrabe et le Peanut m’ont convaincu de leur pouvoir stimulateur instantané, notamment en les appliquant en nappage (selon la méthode que j’ai expliquée plus haut) et dans le cas du Monstercrabe en l’associant à l’Agent Secret de chez Rod qui n’est pas un arôme dans le vrai sens du terme mais qui se présente sous forme d’un liquide hydrosoluble et qui selon moi est surtout efficace de par son goût très particulier.

J’ai d’ailleurs noté que l’Agent Secret, en le mélangeant aux œufs, est notamment très efficace en très faible dosage et qu’il perd en efficacité au fur et à mesure qu’on augmente son dosage.

A titre indicatif, j’ai obtenu les meilleurs résultats en le dosant à seulement 2 ml pour 6 gros œufs de 70 gr (+ 5 ml de Monstercrabe et 5 ml de sweetener NHDC Sweet Power Liquid, une combinaison terriblement efficace associée à un bon mixe, carné ou birdfood, peu importe).

Mis à part ces quelques exemples et quelques autres arômes qui sont utilisés dans ma gamme actuelle de bouillettes, et qui ont tous prouvé plaire aux carpes, je ne suis jamais tombé sur des arômes vraiment miraculeux (bien qu’il en existe incontestablement de très bons que je n’ai encore jamais utilisés), et pour relativiser le tout, je dois dire que j’ai également eu des résultats formidables avec des bouillettes qui contiennent comme seul additif un sweetener, donc sans arôme additionné, et cela aussi bien en plan d’eau (ou rivière) vierge qu’en plan d’eau sous pression, bien que dans ce dernier cas la différence se voit un peu moins car les carpes ont pris l’habitude d’accepter/tolérer les arômes, même ceux qui leur sont inconnus.

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Les arômes peuvent constituer un plus mais ne sont pas toujours indispensables. Certains types de bouillettes n’ont absolument pas besoin d’un arôme additionnel pour être très efficaces.

Le débat sur les arômes ne se terminera jamais. Il est impossible de déterminer à quel degré un arôme contribue à l’efficacité d’une bouillette dans laquelle beaucoup de choses se mélangent. Nous savons qu’un arôme n’est pas indispensable mais nous savons aussi que certains arômes plaisent aux carpes, que ce soit de façon instantanée ou après une phase d’accoutumance.

Si toutefois on décide d’utiliser un arôme, autant que ce soit un produit qui de façon isolée crée rapidement un effet positif. Il n’est pas compliqué de tester l’éventuelle efficacité d’un nouvel arôme. Dans le cas de mes arômes préférés je savais qu’ils étaient bons bien avant de les utiliser et même sans m’intéresser à ce que d’autres carpistes ont pu prendre avec.

Comment ? J’ai quelques amis qui sont de fanatiques pêcheurs au coup et à qui je donne toujours les nouveaux additifs à tester avant de les essayer moi-même. Ce qu’ils font est très simple : ils testent trois amorces de fond, une sans additifs, une autre avec le nouvel additif et une troisième avec l’additif et un sweetener. Si l’amorce avec seul le nouvel additif (donc sans le sweetener) leur réussit au moins aussi bien que celui avec le sweetener c’est bon signe.

Si en plus ça attire beaucoup de tanches ou, mieux encore, des bancs de brèmes, c’est que l’additif est vraiment spécial – je ne connais aucun produit qui plaise aux brèmes et non pas aux carpes ! Si c’est l’additif combiné au sweetener qui gagne avec une avance considérable c’est que l’additif est seulement toléré.

Si c’est l’amorce neutre qui gagne le match contre celle avec l’additif c’est que ce dernier ne vaut pas grand-chose. L’avantage avec les amorces pour la pêche au coup est qu’une bonne partie de l’additif se libère quasi instantanément. Leur effet est donc mesurable sur les poissons en temps réel car si les signaux olfacto-gustatifs de l’additif ne leur plaisent pas ils ne s’intéressent que très peu à l’amorce, ou l’ignorent carrément.

Je laisse mes amis toujours « jongler » avec les produits pendant plusieurs semaines avant de leur demander un bilan global. Si celui-ci est positif, ils m’en demandent encore, et il est temps de se pencher sur le casse-tête des dosages dans les bouillettes. Le bon dosage est un facteur important.

Certains arômes (ou autres additifs) sont plus efficaces en très faible dosage, d’autres montrent une grande tolérance aux surdosages. Parfois les résultats lors des tests sont surprenants. Ainsi j’ai découvert que le vrai Scopex de Rod est efficace aussi bien en très faible dosage qu’en surdosage (jusqu’à 20 ml pour 6 œufs !). Dans ce cas je le surdose systématiquement dans les bouillettes destinées à des pêches rapides ou pêches hivernales avec peu d’amorce.

Huiles essentielles

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Les huiles essentielles sont des substances organiques qui sont notamment responsables de l’odeur de certaines plantes. Elles sont obtenues par un procédé de distillation ou de pression appliquée à des épices, des fleurs, des plantes, des buissons ou des arbres. En surdosage elles peuvent devenir toxiques.

Elles sont sensibles à la lumière ce qui explique qu’elles sont toujours conditionnées dans des flacons en verre de couleur ambré foncée. Contrairement à ce que beaucoup de carpistes supposent, il ne s’agit pas d’huiles dans le vrai sens du terme. Ce sont en réalité des essences aromatiques pures dont certaines sont d’ailleurs très solubles dans l’eau.

Très à la mode vers la fin des années 80, elles sont beaucoup moins utilisées dans les appâts à carpes d’aujourd’hui. Quant à leur efficacité, j’ai toujours eu des doutes sérieux sur leurs hypothétiques propriétés de stimulateur ou leurs effets positifs sur le plan métabolique chez la carpe.

Il est vrai que certaines huiles essentielles peuvent avoir des effets positifs sur l’organisme de l’homme mais de là à supposer qu’elles ont les mêmes effets sur les carpes est franchement ridicule ! L’organisme et le métabolisme des carpes sont trop différents des nôtres. A ma connaissance, jusqu’à aujourd’hui aucune recherche scientifique concernant l’effet des huiles essentielles sur l’organisme des poissons n’a été effectuée. Oublions donc définitivement toutes les théories sur les effets bénéfiques de ces produits sur nos carpes.

Nous devons simplement les considérer comme des produits aromatiques extrêmement concentrés, tellement concentrés que quelques gouttes par kg de mixe créent déjà une note aromatique si dominante qu’elle masque bien souvent trop les saveurs des ingrédients et autres additifs (dommage !).

Je trouve que travailler avec des produits qui se dosent à 2 ou 3 gouttes est une tâche très délicate. Certains arômes hydrosolubles contiennent des huiles essentielles, mais dans ce cas elles sont coupées avec des solvants qui rendent leur dosage plus aisé et améliorent considérablement leur diffusion.

Ce que j’ai toujours trouvé curieux est le fait que ceux qui proclament l’efficacité des huiles essentielles les utilisent quasi systématiquement en combinaison avec d’autres additifs plus conventionnels. J’ai moi-même flirté avec ces produits à une époque. Utilisés seuls (sans autre additifs) je les ai trouvés très inefficaces et parfois même répulsifs.

Utilisées en faible dosage et en les combinant avec d’autres additifs les huiles essentielles sont souvent « tolérées » mais loin d’être instantanées ! A ce propos, dans les tests de comparaison j’ai toujours trouvé qu’une version sans huile essentielle est au moins aussi efficace et bien souvent plus efficace !

Le fait que certains carpistes ont obtenu de bons résultats avec des bouillettes contenant des huiles essentielles ne suffit pas pour attribuer leur succès uniquement à l’emploi de celles-ci. Les autres paramètres qui entrent en jeu (l’influence des autres ingrédients et additifs utilisés, l’approche globale du pêcheur, les conditions de pêche, etc.) ne peuvent être ignorés dans ce contexte.

Personnellement je considère donc que les huiles essentielles sont peu appropriées et ont peu d’intérêt en tant qu’additif dans les appâts à carpes.

Stimulateurs d’appétit

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Les stimulateurs d’appétit ou exhausteurs de goût nous permettent de renforcer la note gustative de nos appâts. Dans l’industrie alimentaire animale, ces produits sont surtout connus sous le nom « Multi Fonctional Palatants » (MFP – très populaires aux Etats Unis) et servent à tromper le discernement alimentaire chez les animaux. Ils permettent par exemple de nourrir les poussins avec de la farine (au lieu d’insectes) ou les veaux avec des substituts qui grâce à un MFP peuvent passer pour du vrai petit lait.

Les produits qu’on trouve dans les rayons d’appâts à carpes sont le plus souvent composés de deux nucléotides (Adénosine Mono Phosphate et Inosine Mono Phosphate) coupés avec du sucre (ou substituts de sucre) ou du Mono Sodium Glutamate (un sel qui sert aussi d’exhausteur de goût dans certains aliments humains, notamment les soupes et bouillons déshydratés et les gâteaux apéritifs), parfois renforcés par un substitut de sucre (sweetener), un arôme en poudre et/ou des épices.

 

Leur solubilité globale permet des mélanges très homogènes dans une bouillette (en les mouillant d’abord avec un peu d’eau pour ensuite les mélanger aux œufs à l’aide d’un mixeur). Ils stimulent considérablement la perception du goût chez les poissons. Ils permettent aussi de stabiliser le goût d’un appât ce qui donne une impression de fraîcheur prolongée, même si l’appât en question n’est pas idéalement conservé.

Je déconseille toutefois de les utiliser dans ce but car cet effet trompeur se retourne très rapidement contre nous. Par contre, en tant qu’additif aromatique je les considère très utiles dans les mixes simples (neutres) dont les ingrédients manquent un peu de saveur.

Epices

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En ce qui concerne les épices, je peux être très bref. Personnellement, je les ai trouvées assez efficaces combinées avec un sweetener ou du miel dans des pâtes molles mais moins efficaces dans les bouillettes, bien qu’elles puissent servir (à faible dosage !) à personnaliser le goût de ces dernières dans le contexte d’une campagne d’amorçage d’accoutumance. Celles que j’ai trouvées les plus efficaces dans les pâtes molles sont le poivre blanc, le curry, la poudre d’ail ou d’ognon et le paprika.

Acides aminés

Dans l’eau, il existe de nombreux organismes qui libèrent des acides aminés. Je pense ici au phytoplancton, zooplancton mais aussi et notamment aux mollusques et aux nombreuses larves d’insectes qui font partie de la nourriture naturelle des carpes.

Il est incontestable que les acides aminés libérés dans l’eau jouent un rôle très important dans la stimulation alimentaire chez les carpes car ils permettent à celles-ci pas seulement de détecter la présence d’une nourriture, de l’identifier instantanément puis de la guider vers la source, mais ils sont aussi responsables de l’envoi vers le cerveau de certains signaux (de par une réaction chimique, d’après certains du type « électro-physiologique ») qui déclenchent des réflexes et comportements alimentaires.

A titre d’exemple il est prouvé qu’une combinaison de L-Valine, L-Glycine et L-Alanine (dans la nature libérée par les vers de vase), dans des proportions et quantités spécifiques, évoque la curiosité d’une carpe envers la nourriture source, même si celle-ci lui est complètement inconnue. C’est magique, c’est génial, me direz-vous.

Oui, ce serait effectivement le cas si ce n’est que cela fonctionne seulement quand cette combinaison est libérée dans l’eau en infime quantité, à peine mesurable. La science sur les pouvoirs stimulateurs chimiques des acides aminés est bien réelle mais, hélas pour nous, absolument impossible à maîtriser dans les appâts ! Ce qui reste toutefois (théoriquement) exploitable est le goût, souvent de note sucrée, que développent certains acides aminés sous forme soluble quand ils sont présents en quantité suffisante. On va y revenir dans un instant.

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Les théories sur les acides aminés nourrissent les fantasmes des pêcheurs depuis déjà de nombreuses décennies et les fabricants d’additifs pour appâts se servent pleinement de cette superstition pour vendre leurs produits miracles. Les pêcheurs sont souvent confortés dans leurs théories en s’appuyant sur les nombreux rapports scientifiques qui existent dans ce domaine mais qui sont souvent très mal interprétés.

J’ai beaucoup de mal à attacher une grande importance à des résultats obtenus avec des expériences scientifiques qui visent à déterminer le pouvoir stimulateur de certaines substances sur la carpe.

Les tests se font invariablement avec un dispositif connu sous le nom d’olfactomètre (voir schéma) qui consiste à observer les réactions de quelques carpettes de quelques cm (des alevins qui n’ont pas du tout les mêmes besoins alimentaires que des poissons adultes !) dans un aquarium où, dans un coin on introduit et libère progressivement des substances solubles mélangées à l’eau et dont on tente de contrôler les concentrations qui peuvent varier de quelques mg à quelques gr par litre d’eau.

Je comprends tout à fait que ce type d’expérience peut aider les scientifiques à mieux comprendre les comportements et réflexes alimentaires des poissons envers certaines substances ou produits. Mais je ne peux concevoir que ces tests peuvent indiquer aux pêcheurs comment maîtriser l’effet des acides aminés dans leurs appâts, d’autant plus qu’en comparant des tests similaires effectués par différents groupes d’études sur des carpes de différentes souches (qui génétiquement n’ont pas forcément le même héritage au niveau de la reconnaissance alimentaire instinctive) on voit que ceux-ci ont donné aussi des résultats parfois très différents au niveau des combinaisons et concentrations qui montrent un effet positif sur les poissons !

Je trouve que les conditions dans lesquelles s’effectuent ces expériences sont trop aléatoires et artificielles pour qu’on puisse en tirer quelque chose d’utile en tant que pêcheur.

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A : Introduction d’eau enrichie avec d’infimes quantités d’acides aminés (individuels ou combinées). B : Introduction d’eau neutre. C : Evacuation d’eau. D : Distributeur d’acides aminés solubles.

Autre élément de confusion : dans le cas où certaines combinaisons d’acides aminés sont libérées en forte concentration, les scientifiques sont incapables de déterminer si un éventuel effet positif (stimulateur) mesuré sur la carpe est le résultat d’une stimulation purement olfactive et dont l’interprétation conduit ensuite à une réaction alimentaire, ou d’une stimulation chimique plus complexe (électro-physiologique) qui provoque directement cette réaction sans passer par une phénomène de décryptage.

Je pense que dans le domaine des acides aminés nous devons seulement retenir l’éventuel intérêt que représentent certains produits appelés « complexes » tels que les Sense Appeal, le Minamino, le Bio-ade, et autres « Liquid Food » proposés par de nombreuses firmes, qui ne sont rien d’autre que des nourritures liquides presque complètes, à l’origine souvent conçues non pas pour la pêche mais pour nourrir des personnes âgées, malades ou encore des sportifs de haut niveau !

Ces nourritures contiennent une grande variété de nutriments dont un bon pourcentage d’acides aminés du type « L » bien équilibrées sous forme soluble (donc très digestes) et dont le goût dans l’ensemble plait généralement beaucoup aux carpes. Ces produits sont donc positifs de par leur label olfacto-gustatif peu dominant à notre sens mais tout de même bien perceptible par les carpes.

Toutefois, l’emploi de ces produits est très délicat parce que leur efficacité dépend en grande partie de leur fraîcheur. Le mieux c’est de les conserver au frigo, ce qui n’est jamais le cas entre le moment de leur fabrication et le moment où un pêcheur l’achète !

Ils craignent la lumière et les températures élevées (cuisson) qui les détruisent partiellement (ce qui explique qu’il faut les doser très généreusement pour pouvoir mesurer leur effet positif dans une bouillette) et limitent considérablement la conservation des appâts au bord de l’eau. À cause de toutes ces contraintes j’ai définitivement abandonné leur utilisation.

Alternatives

Il existe de nombreux autres attractants dont certains constituent d’excellentes alternatives à ceux traités dans cet article. Certains sont peu connus et utilisés discrètement par seulement une poignée de carpistes, ou ont connu un bref succès puis ont ensuite été presque totalement oubliés.

D’autres ont mis le temps à s’imposer mais sont aujourd’hui reconnus comme valeurs sûres (je pense ici à l’excellent acide N-butyrique). Il peut s’agir de produits complexes (molécules aromatiques obtenues par des procédés divers) difficilement trouvables et hors de prix (essence d’asticot), ou encore des produits très simples, pas chers et pourtant aussi très efficaces (soupes et bouillons déshydratés).

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On a aussi parlé beaucoup de la bétaïne. Nombreuses sont les firmes qui proposent ce produit dans leur gamme aujourd’hui, sous une forme ou une autre ; en tant qu’additif soluble, en poudre ou directement incorporé dans les appâts et amorces. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

La bétaïne, dans le monde médical aussi connu sous le nom TMG (Trimethylglycine) est produit par tous les organismes vivants. Toutefois, seules certaines plantes de la famille des Chenopodiaceés (dont la betterave à sucre) ainsi que de nombreux animaux invertébrés aquatiques produisent la bétaïne en quantité plus importante.

La Bétaïne HCL (Hydrochloride), une copie synthétique (dérivé chimique), est très populaire chez les nutritionnistes en tant que complément nutritionnel utilisé pour optimiser la digestion de certaines protéines (en stimulant les réactions enzymatiques), notamment chez les personnes âgées.

C’est un produit non toxique et chimiquement stable. Ce qui est intéressant pour nous est le fait que de nombreux animaux invertébrés aquatique, qui constituent une nourriture de premier choix pour de très nombreux poissons dont les carpes, produisent de la bétaïne naturellement et en forte concentration !

On peut donc supposer que la bétaïne utilisée sous forme soluble dans nos appâts crée un label qui permet aux carpes d’identifier ceux-ci instinctivement en tant que source de nourriture. Avec un peu d’imagination, on peut même supposer qu’une fois détectée, la bétaïne stimule les carpes au point de déclencher un réflexe alimentaire assez prononcé.

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Je suis incapable de vous dire avec certitude si la bétaïne possède aussi des propriétés bénéfiques dans la flore intestinale des carpes, comme c’est le cas dans le métabolisme humain, mais cela me semble quand même plus que probable, vu la présence de la bétaïne dans les nourritures les plus consommées par les carpes, et sachant qu’avec le temps les carpes finissent toujours par trier ce qui est bon pour leur santé !

Quoi qu’il en soit, sur le terrain la bétaïne a largement prouvé être un bon attractant. Ceci dit, et c’est valable pour tous les attractants, elle ne fera pas manger les carpes qui n’ont pas faim !

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