La pêche à la carpe nous permet de vivre des moments intenses au bord de l’eau. Chaque pêcheur aborde cette passion avec les défis et challenges qui lui sont propres.
Pendant longtemps, j’ai voulu réussir le défi de capturer une carpe sous la neige, ce qui m’a valu de nombreuses heures au bord de l’eau dans des conditions parfois extrêmes.
Depuis ces prémices hivernales, qui remontent à plus de 20 ans, j’avoue avoir un réel plaisir à parcourir les berges verglacées. Toutes ces heures accumulées m’ont fait comprendre que la saison froide n’est pas la plus facile à aborder, mais avec de bons appâts, il est possible de tirer son épingle du jeu.
Les graines en eau froide, quelle plus-value ?
Souvent considérées comme peu digestes en eau froide, les graines sont rarement utilisées en hiver. De par son pouvoir attractif, seul le maïs doux est régulièrement cité pour charmer quelques poissons apathiques.
Loin de m’arrêter sur des idées préconçues ou sur la simple lecture d’une étiquette pour vérifier si le taux de protéine dépasse les 30%, j’utilise depuis très longtemps un large panel de graines toute l’année et surtout lorsque la température de l’eau se refroidit.
En cette période froide ou l’activité biologique tourne au ralenti, il est possible de miser sur bons nombres d’appâts qui ne resteraient pas dans l’eau plus de 10 minutes en plein cœur de l’été sous la pression des indésirables affamés.
En hiver sur mes pêches rapides je pars du principe qu’il faut davantage séduire que nourrir.
Pour cela, l’utilisation de graines aux formes et tailles variées reste une approche simple et très efficace.
L’autre intérêt réside notamment dans la diversité des variétés dont nous disposons, mais aussi les possibilités multiples de préparation et de personnalisation.
Rendre ses appâts encore plus attractifs !
Encore une fois les possibilités sont nombreuses et permettent d’accommoder les graines avec bons nombres d’addictifs. Les plus connues restent les produits sucrant qui participent à rendre encore plus attractifs vos appâts. Il est possible d’utiliser un large panel comme le sucre, le miel, le sucre de canne, le sirop de glucose ou encore les nombreux sirops présents dans le commerce.
Personnellement, pour bons nombres de graines, j’apprécie d’ajouter simplement un peu de sucre ou de miel lors de la cuisson.
Une petite astuce qui marche très bien en hiver (mais aussi le reste de l’année) est d’acheter directement du maïs concassé que l’on trouve dans toutes les coopératives agricoles.
Une fois le maïs trempé dans de l’eau, vous pourrez le faire cuire avec du lait et du sucre. Ce mélange est explosif en hiver. Le maïs concassé, imbibé de lait va créer sur le fond un substrat visuel blanchâtre. Ce marquage associé au goût du lait sucré ne laissera pas les poissons indifférents !
Ça pique !
En hiver, le pouvoir des épices est bien connu dans le monde des appâts. C’est sans aucun doute la saison la plus propice pour utiliser des aromates pimentés. Les graines peuvent parfaitement être assaisonnées pour l’hiver avec des ingrédients comme le piment, le Raz El Hanout, le Robin Red ou le poivre.
Personnellement j’incorpore les épices uniquement avec quelques graines broyées et des farines végétales que j’utilise en method feeder. L’attractivité des farines végétales est certainement décuplée en hiver car avec la diminution de l’activité des poissons blancs, il est alors possible d’entretenir un spot beaucoup plus facilement. Entre décembre et mars, j’ai toujours un sceau d’amorce dans mes affaires de pêche.
A cette farine, souvent constituée d’une base végétale (maïs, blé, chènevis), j’additionne systématiquement quelques graines broyées. J’obtiens ainsi une amorce assez grossière qui diffuse lentement. Cette mixture est la base de ma pêche pour tenter de séduire rapidement les poissons en maraude.
Les farines du commerce sont nombreuses sur le marché et très efficace. Il est aussi possible de confectionner des farines fraiches avec un bon broyeur ou un moulin à café. L’avantage de préparer ses farines est encore une fois de bénéficier de farines fraiches et de pouvoir choisir sa granulométrie.
Quelle graine utiliser en hiver ?
Lors de l’hiver 2017, ou je n’ai pêché qu’avec des graines, j’ai remarqué la plus-value du Lupin. Cette légumineuse constitue un appât assez peu utilisé en hiver. Pourtant, c’est une graine très digeste et particulièrement attractive (fort taux de glucide). Elle dispose également d’une très faible densité dans l’eau lui permettant de se poser délicatement sur le fond.
Ce dernier point peut en hiver se révéler vraiment intéressant notamment sur des poissons « tatillons », moins enclins à se nourrir à cette période de l’année.
Les graines de petites tailles sont aussi particulièrement bien adaptées aux pêches hivernales. Le blé, graine indémodable et appréciée par tous les poissons fouisseurs reste la plus attractive en eau froide. Avec l’apparition de filets résistants comme le MAD Guardian Mesh, il est alors possible d’emmailloter n’importe laquelle de ces petites graines. Cette approche est vraiment très efficace, notamment en amorçant avec quelques boules d’amorces.
Enfin les traditionnels maïs ou autres noix tigrées restent des appâts attractifs toute l’année.
Un maïs surcuit, bien éclaté ou une noix tigrée sucrée bien gluante constituent la base de la pêche à la carpe et prennent des carpes même quand l’eau ne dépasse pas les 5 degrés. Pour séduire les poissons, il faut veiller de ne pas avoir la main trop lourde sur l’amorçage et privilégier l’attractivité.
Selon le lieu de pêche et sa faculté à produire des poissons en hiver, une pelle de petite graine et 2/3 boules d’amorce me semble une bonne base pour marquer un spot.
Encore plus vrai que le reste de l’année, l’expression disant qu’il est plus facile d’en mettre que d’en enlever prend tout son sens lorsque l’on pêche en plein cœur de l’hiver.
Cette saison froide, souvent délicate à aborder peut parfois réserver de bien belles surprises. Les graines, redoutables et utilisées depuis des décennies sont excellentes pendant les longues journées d’hiver. Avec les centaines de références de bouillettes qu’ils existent aujourd’hui sur le marché, le pêcheur a parfois oublié que quelques grains de blé pouvaient encore séduire les carpes.
A l’heure ou l’eau se fige, ou la glace prend place petit à petit, n’hésitez pas à sortir prendre l’air vivifiant au bord de l’eau. Avec une approche simple et attractive, vous aurez peut-être la chance de démarrer l’année de la meilleure des façons…