Le début du mois de mars a vu naître un nouvel acteur de la scène halieutique : Le Carpiste Artisanal Français (CAF).
C’est en pleine période de crise que cette initiative voit le jour pour rappeler aux carpistes que nous avons également d’excellents producteurs sur notre territoire et qu’il est grand temps de les soutenir.
Pour vous présenter ce projet, nous avons choisi le biais d’un format « Question/Réponse » avec l’un des initiateurs de cette plateforme.
Bonjour, pouvez-vous présenter le Carpiste Artisanal Français de façon générale ?
– Le Carpiste Artisanal Français qu’on diminue généralement en « CAF », est une plateforme internet sur laquelle sont regroupés plusieurs artisans qui croient en la qualité artisanale des produits, au savoir-faire Made in France ainsi que la volonté de soutenir l’économie locale.
Nous avons ressenti le besoin en cette période de pandémie assez particulière, de donner un coup de pouce à nos artisans en développant une union autour de ces valeurs.
Nous souhaitions également démontrer aux pêcheurs que les artisans Français proposent des produits de qualité.
Actuellement, on parle beaucoup de revenir à une consommation locale dans la presse.
En tant que carpiste, nous pensons que cette doctrine s’applique à nous pareillement et il est justifié de proposer une alternative à la consommation de produits venus d’autres pays européens.
Pourquoi regrouper des artisans en une seule plateforme ? Qui sont-ils ?
– Comme on dit, l’union fait la force. Il est clair que chaque artisan a une certaine capacité de communication, de marketing, etc.
Néanmoins, cette capacité est assez faible lorsqu’on la compare à l’arsenal de certaines écuries européennes.
C’est de ce postulat que nous avons fait le choix de regrouper les efforts commerciaux ainsi que les efforts de communication de plusieurs artisans pour permettre à ces derniers de se faire entendre d’une voix plus forte au milieu de la jungle des rouleurs.
Les artisans qui sont visibles sur notre plateforme sont finement sélectionnés pour répondre du mieux possible à la définition de l’artisanat.
Nous nous assurons qu’ils partagent notre philosophie et notre volonté d’informer le consommateur sur les forces des produits artisanaux français.
Définir un artisan est quelque chose d’assez compliqué, comment procédez-vous ?
– Effectivement, il n’existe pas de définition universelle d’un artisan et en toute rigueur, le mot d’artisan n’existe pas dans le domaine de la pêche à la carpe.
Cela dit, en faisant une simple analogie avec un autre monde tel que les boulangeries, nous pouvons proposer une définition de « l’artisan rouleur ».
Selon nous, un « artisan rouleur » est une petite entreprise déclarée de taille « familiale » qui propose des appâts dédiés à la pêche à la carpe, qui sont préparés dans un laboratoire aux normes de taille raisonnable à partir de matières premières sélectionnées et assemblées sur place.
Avant de sélectionner un artisan et par implication, ses produits, nous procédons à une longue phase de discussion avec l’artisan lui-même pour comprendre ses modes de production et sur la façon dont il s’approvisionne en matières premières.
Nous discutons également avec des clients et des testeurs pour avoir leurs retours, leur avis, etc. Enfin, nous demandons des échantillons pour nous faire notre propre avis sur les produits.
A ce stade, nous ne trouvons pas tous les artisans français sur la plateforme, comment cela se fait-il ?
– Il y a plusieurs raisons pour cela. Nous avons contacté beaucoup d’artisans avant de lancer la plateforme. Plusieurs étaient dubitatifs quant à la pertinence de cette plateforme et ont préféré ne pas participer à l’aventure dans un premier temps.
Pour beaucoup, nous nous sommes rendu compte par nous-mêmes que ce n’était pas vraiment de l’artisanat comme nous l’imaginons et nous avons préféré les refuser.
Il faut aussi garder en tête que cette plateforme ne peut vraiment être bénéfique que s’il existe un équilibre entre le nombre de consommateurs et le nombre d’artisans : trop de clients pour pas assez d’artisans limitent le choix des consommateurs qui risquent d’être déçus.
A l’inverse, s’il y a trop d’artisans pour pas assez de clients, la plateforme ne sera pas suffisamment bénéfique pour les artisans ce qui est dommage. Nous jonglons donc sur cet équilibre.
Cependant, tous les artisans français sont les bienvenus et nous serons très contents de prendre contact avec eux.
Que pensez-vous des nouvelles normes Européennes/Françaises qui mettent de plus en plus de pression sur les artisans qui peinent à rester aux normes ?
– Je dois avouer que certaines normes sont difficiles à comprendre, surtout lorsqu’elles sont plus sévères que celles qui s’appliquent à l’alimentation humaine.
Toutefois, une règle est une règle et elle doit s’appliquer à tout le monde. Lorsque la règle est votée, il est trop tard pour râler, il fallait se battre avant.
Il est certain que les artisans mettent un peu de temps à s’adapter à ces nouvelles réglementations qui évoluent énormément, mais ils font des efforts certains qu’il faut souligner.
Ces difficultés ne sont pas propres aux artisans, tous les rouleurs européens mettent du temps à s’adapter ce qui est normal.
Quel message souhaiteriez-vous passer aux carpistes qui achètent des produits industriels ?
– Je souhaiterais leur dire deux choses, d’une part que certains produits industriels sont sincèrement excellents et que l’on peut réaliser de superbes cartons partout en Europe avec ces appâts.
Je leur dirai également que nos artisans font aussi d’excellents produits qui sont généralement moins chers et qui ont très largement fait leurs preuves.
Je sais qu’il est difficile de changer ses habitudes, mais parfois, il faut franchir le cap : la pêche est faite d’expérience à chaque sortie, tester des produits frais et artisanaux, c’est aussi un volet de cette phase d’expérimentation et je vous encourage fortement à l’entreprendre.
En addition, le consommateur artisanal participe au soutien de notre économie ce qu’il ne faut pas oublier en cette période de crise.
Pour finir, je souhaiterais rappeler que les multiples photos de poissons, les vidéos de rêve ainsi que les publicités que l’on voit un peu partout ne reflètent pas la qualité du produit, mais la qualité du « community manager » de chaque entreprise.
Seule la carpe qui malheureusement est muette comme on dit, aurait pu nous dire si elle préfère tel ou tel appât. Partant de cette affirmation, je vous invite à goûter à l’artisanat et vous verrez que, comme les carpes, vous finirez par en raffoler ! Osez et vous serez récompensés…