Une année sans bouillettes
4ème partie
Benjamin Balme
Cela fait bientôt 6 mois que j’arpente les rivières et lacs de ma région avec un seau de graines et quelques boules d’amorce en guise de friandises.
Cette approche relativement basique et attractive m’aura permis au fil de l’hiver de capturer de nombreux poissons. A l’heure où le printemps pointe le bout de son nez, je réfléchis aux différentes stratégies que je vais mettre en place.
Quels appâts pour contrer les hordes de poissons blancs, quelles quantités pour contenter les carpes affamées ?
Bref, tout comme les arbres, mon cerveau bourgeonne. J’ai hâte de me retrouver au bord de l’eau pour peaufiner mon approche à cette période de l’année incontournable pour tout bon pêcheur de carpes qui se respecte !
Le garage déborde !
Après un rapide passage chez mon détaillant pour refaire un peu de stock en graines, les grands bidons bleus sont bien pleins.
Me voilà prêt à en découdre avec les poissons que je pense affamés pour cette saison tant attendue. Avec l’expérience, je commence à être rodé sur la préparation des appâts.
Toutes les semaines, je fais du stock en noix tigrées cuites que je peux laisser aisément plusieurs mois dans un seau hermétique.
Pour les autres graines comme le maïs, le lupin, le blé ou le pois, je prépare des petites quantités avant mes amorçages et mes parties de pêche.
Pêchant quasiment toutes les semaines, je dois bien vous avouer qu’il faut anticiper et être un peu organisé quand on a décidé de laisser durant une année les appâts sous vide !
Cette étape de préparation prend beaucoup de temps et d’énergie pour m’assurer d’avoir quotidiennement des appâts frais et opérationnels.
Il faut aussi s’assurer de bien stocker les appâts secs, à l’abri de l’humidité et des rongeurs de toute sorte.
Pour cela les grands bidons hermétiques restent une valeur sûre. Cette étape de préparation est longue et fastidieuse mais elle me permet de pouvoir personnaliser mes appâts.
Mes approches restent relativement simples mais j’apprécie sucrer les graines. Pour cela j’utilise du sucre en poudre à raison d’environ 1kg pour 10kg de graines sèches.
Mélanger pour gagner en attractivité
De nombreux pêcheurs utilisent systématiquement une gamme d’appâts ou un seul parfum de bouillettes. Personnellement j’ai toujours aimé mélanger les goûts et les saveurs.
L’utilisation de graines n’échappe pas à la règle. J’apprécie combiner de petites graines avec des plus grosses.
Cette stratégie me permet de tapisser le fond avec de petites particules et garantir toujours quelques gros appâts sur mon coup.
En cette fin de printemps, j’ai pêché des gravières où les poissons blancs sont nombreux et voraces. En pêchant de la sorte, je pouvais voir qu’il restait systématiquement quelques grosses noix tigrées sur mon coup même si une bonne partie des petites graines avaient disparu.
C’est aussi un moyen de rendre attractif son spot de pêche sur du plus long terme avec le passage répété des poissons blancs qui attirent à un moment donné la curiosité des plus gros.
Pour éviter de devoir replacer et amorcer mes spots trop régulièrement, je déversais systématiquement au moins 2kg de graines par canne.
Cette approche est particulièrement bien adaptée à cette période de l’année où les poissons s’alimentent copieusement.
Mon mélange préféré est la combinaison du blé et de la noix tigrée. Je vous ai déjà présenté dans un précédent article tous les bienfaits de la noix tigrée qu’il est possible d’utiliser en toute saison.
Le blé reste pour moi la graine attractive par excellence.
Il est encore très utilisé par les pêcheurs au coup mais assez peu par les pêcheurs de gros poissons.
Pourtant, hormis sa petite taille qui attire l’ensemble de la faune piscicole, il dispose de ressources très intéressantes pour la carpe.
En effet, cette graine est pauvre en protéines mais très riche en amidon (glucides) et donc essentielle pour l’apport d’énergie aux poissons.
Pour son utilisation, je n’hésite pas à la sur-cuire légèrement (au moins 30 minutes). Le blé devient alors bien mou et d’une attractivité exceptionnelle.
Son coût de revient très bas (moins de 0,50 centime du kg) permet de l’utiliser en quantité quasi illimitée.
Cette graine peut s’accommoder avec de nombreux autres appâts et il est aussi possible de l’utiliser en esche en l’incorporant dans un filet ou en collant soigneusement les graines sur un appât en plastique.
J’aime aussi booster mes pop-up avec cette graine. Pour cela rien de plus simple, réalisez un caramel puis appliquez-le sur votre pop-up.
Ensuite il suffit de saupoudrer le blé et de laisser sécher.
Vous avez ainsi un appât attractif, très sucré et bien enrobé.
Mai ou août ?
Cette année 2017 continue à proposer des conditions météorologiques particulièrement extrêmes au niveau des températures.
Le printemps 2017 restera encore une fois dans les annales des ingénieurs de météo France.
Personnellement, je n’ai jamais connu de si faibles précipitations depuis l’hiver sur ma région, ce qui peut laisser présager une fin d’été compliquée pour nos lacs et rivières mais aussi pour les espèces qui les occupent.
A l’heure où j’écris ces lignes, les premiers signes de mortalité commencent à apparaître sur les étangs peu profonds et végétalisés de ma région.
J’espère que la météo changera rapidement et permettra d’éviter des catastrophes sur notre beau domaine halieutique.
N’étant pas spécialement un adepte des pêches estivales, je dois bien vous avouer que ce printemps caniculaire ne m’a pas spécialement ravi !
Pourtant durant ces quelques semaines, j’ai encore passé de nombreuses heures au bord de l’eau (une douzaine de nuits et quelques pêches rapides en journée).
Après une session ratée sur un grand barrage de l’Est de la France ou malgré notre acharnement et notre mobilité avec mes amis « bouilletistes », nous ne verrons pas la queue d’un cyprin, je repartirai donc m’amuser sur mes terrains de jeu favoris.
Durant cette période, le Rhône aura revêtu un manteau laiteux ne laissant rien présager de bon pour la pêche.
Depuis plusieurs années, nos amis suisses lâchent de grandes quantités de sédiments qui occasionnent une montée d’eau mais surtout un lessivage de limon.
Ces « lâchés » entraînent une montée du taux de matière en suspension et une coloration « ciment » de l’eau. Autant vous dire que pour la pêche, cela ne laisse rien présager de bon !
Malgré tout, j’arriverai à prendre quelques poissons avec mon approche céréalière. J’ai aussi pris plusieurs silures à la graine durant mes pêches rapides, ce qui montre encore une fois l’opportunisme exceptionnel de ce poisson.
Malgré tout, je reste assez déçu de ce printemps qui n’aura pas été à la hauteur de mon investissement.
Je capturerai cependant de jolis poissons en pleine santé et contrairement aux mois précédents, la moyenne de poids aura été beaucoup plus intéressante.
On se retrouve maintenant dans quelques semaines pour analyser l’été, saison propice aux coups de soleil mais pas toujours évidente pour la pêche !
Bonne pêche estivale et n’oubliez pas la crème solaire.