Charles est un pêcheur discret qui pêche aussi bien les rivières que les lacs de son département en toute simplicité.
Il pratique essentiellement du bord, sans bateau, sans bait rocket et ses parties de pêche excèdent rarement les 48 heures. La plupart du temps, il part pour la journée avec un matériel restreint.
Il a pris ces dernières années un nombre considérable de gros poissons dans des eaux du Domaine Public.
Ses résultats forcent l’admiration et son obtenu sans aucun artifice, Charles n’est pas du genre à succomber aux dernières modes du moment. Il nous dévoile dans cet article sa façon d’aborder ses pêches.
Les facteurs météorologiques…
Depuis bien des années, la météo c’est considérablement transformée, avec des climats très changeants d’une semaine à l’autre, voire même d’un jour à l’autre.
Que ce soit sur une montée de températures ou l’effet inverse, une chute brutale, rien n’est plus terrible pour notre passion qui en dépend énormément.
Un facteur que nous avons bien du mal à maîtriser. A contre effet, quand nos saisons préférées peuvent s’avérer correctes et démarquées, nous pouvons ainsi réaliser de belles pêches…
Mais c’est bien Dame Nature qui décide.
Je pense que l’on se penche tous sur nos smartphones afin de regarder ce que la météo nous annonce. Pour ma part, se sont bien toutes ces informations m’aident à m’adapter et construire ma pêche du mieux possible en fonction des aléas climatiques.
Mettre en place l’amorçage…
Que ce soit en rivières, gravières, canal ou autres, je ne me déplace que très rarement au bord de l’eau sans un amorçage préalable.
Mises à part quelques rares zones d’exceptions que je pêche de temps à autre, j’amorce toujours mes postes avant de les pêcher.
Si la distance ou l’affluence de monde m’en empêche, j’amorce mon secteur quand j’arrive et je reste sur le poste les premières 24 heures sans tendre mes lignes.
Cela peut s’avérer frustrant, mais souvent payant… Je me base sur mon expérience et non celle des autres, après tout, ce que font les autres, je m’en préoccupe peu.
Quand la saison est clémente (en général de mai jusqu’à fin octobre) en gravières, j’amorce au moins une fois 48 heures minimum avant ma pêche, le matin de préférence, mon but étant de faire des touches en journée en conditionnant les poissons de jour et réduire la pression de pêche la nuit.
Ma quantité va dépendre du cheptel (quand j’en suis informé), autrement tous restent à découvrir et dans ce cas, j’y vais au feeling.
Avec un cheptel assez peuplé en carpe, j’amorce en moyenne 5 bons kilos de bouillettes sur une large zone.
Nous doublerons les quantités quand je pêche à deux tout en élargissant la zone de pêche. J’utilise aussi de temps à autre de la graine comme de la noix tigrée, cacahuètes ou encore du maïs, surtout si mon secteur est envahi d’indésirables.
Si par exemple ma zone est colonisée par les silures, ce qui m’est arrivé quelques fois, je n’hésite pas à pêcher derrière mon amorçage.
Les carpes peuvent souvent se trouver pas très loin, une petite astuce qui m’a rapporté, il y a peu de temps, sur deux pêches différentes, deux magnifiques miroirs de 19 et 23,500kg.
En plan d’eau de moyenne superficie entre 10 et 20 hectares, les poissons sont amenés à passer en 48 heures d’amorçage au minimum deux, voire trois fois sur mon amorçage, tandis qu’en rivières, ce seront plusieurs bancs de carpe différents et tout types de poissons qui passeront régulièrement et assez souvent.
En utilisant les mêmes quantités en rivière, je réduis à 24 heures mon amorçage préalable (en saison estivale) pour être à peu près sûr qu’il reste un peu d’appâts dans le fond quand j’arrive pour tendre mes lignes. Puis, plus tard dans la saison, je varierais mes quantités et mes heures d’amorçages quand la température de l’eau descendra en dessous des 12 degrés et que le métabolisme des carpes commencera à se réduire.
Placement des lignes
J’ai vécu une anecdote qui me fait réagir différemment aujourd’hui sur la pose de mes cannes.
En pêchant une gravière d’une trentaine d’hectares avec énormément d’herbier, j’avais pour habitude de poser mes lignes justes derrière un gros mur d’herbiers sur un fond relativement propre.
En début d’année, c’était jouable, mais la pleine saison venue, les herbiers ont pris de plus en plus d’ampleur.
Difficile, même impossible de trouver une trouée propre pour poser un montage du bord.
Donc pas trop le choix, après trois essais infructueux, je pêcherais en plein dans les herbiers en prenant soin toutefois de sentir dans ma tresse mon plomb qui touche le fond.
Quand cela est arrivé, j’ai reposé ma canne sur mon détecteur en prenant soin de ne pas tirer sur ma ligne afin d’éviter de garnir mon hameçon d’herbe.
Mes trois cannes sont tendues et ma psychologie en prend un coup ! Je n’ai seulement que 24 heures devant moi et qu’une seule ligne qui pêche sur un fond à peu près propre, ça ne sera pas simple à négocier…
Mais finalement, cela s’est avéré être tous l’inverse !
A peine une heure de pêche qu’une de mes cannes qui se trouve en plein dans les herbiers signale un départ canon ! Je prends contact avec un poisson hors norme qui après un combat puissant affiche exactement 27,800kg sur le peson !
Je n’en reviens pas… Une canne qui à mon gout étais mal posée.
Je retente ma chance, je replace ma ligne et se sera seulement le lendemain matin que ma deuxième canne, placer aussi dans les herbiers, se manifestera et me chassera toutes mes idées noires avec une commune de 19kg.
A ce moment-là, je comprends que les carpes envahissent les herbiers et son fixé sur leur friandise de premier choix, les dreissènes. Ma seule canne que je pensais la mieux placée restera désespérément sans action…
En conclusion, rien n’est écrit, chaque saison est différente, comme chaque secteur, une des clefs de la réussite est de pouvoir se remettre en question et s’adapter du mieux possible à chaque moment et chaque situation en fonction des caprices de nos chères carpes et de la météo…