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La canne à Chris Yates vendue aux enchères…
La canne en bambou refendu Richard Walker MK IV Avon utilisée par Chris Yates quand il a capturé sa carpe record nommée « The Bischop » (51lbs 8ozs, soit 23.380 kgs) à Redmire Pool en 1980 a été mise en vente par la maison Angling Auctions le 30 septembre 2017.
Le blank de cette canne avait été réalisé en 1953 par Richard Walker lui-même qui initialement l’avait donné à son ami Don Baker. C’est l’une des très rares cannes MK IV à posséder un porte moulinet à visse (la très grande majorité des cannes MK IV sont équipées de bagues de serrage).
La canne est accompagnée d’un certificat d’authenticité signé par Chris Yates lui-même. Malheureusement, après avoir capturé son record, Chris a eu un accident avec cette canne, ce qui avait cassé l’anneau de scion.
La canne avait été réparée mais faisait désormais 5 cm de moins (3m au lieu de 3m05). Elle avait été revernie à plusieurs reprises aussi. Finalement cette canne, au moment de sa revente, était dans un état assez lamentable, mais sa valeur historique a poussé un collectionneur passionné (et financièrement à l’aise) à débourser près de 10.000,00 € (tous frais compris) pour devenir le nouveau propriétaire.
L’ancien propriétaire l’avait lui-aussi emporté lors d’une vente aux enchères en octobre 1997, lorsque Chris, en difficulté financière, avait mis en vente plusieurs objets de son équipement de pêche personnel.
Où trouver une canne vintage en bon état ?
Nombreux sont ceux qui suivent ma page Facebook « Peche & Vintage Passion » (https://www.facebook.com/peche.vintage.passion/) et qui me demandent par message personnel où se procurer une bonne canne vintage.
Personnellement j’ai constitué ma collection de cannes soit en achetant directement à d’autres collectionneurs (mais il faut les connaître, et la plupart sont des Anglais et Hollandais), soit en achetant à des antiquaires professionnels britanniques qui proposent leurs marchandises sur leur site Internet, ou encore via l’Internet en participant à des ventes aux enchères.
Je vous déconseille fortement d’acheter des cannes vintage sur Ebay, moins chères certes, mais le risque d’être déçu est énorme. On ne connaît pas la provenance des cannes proposés sur Ebay, elles sont souvent en très mauvaise condition (anneaux oxydés, blank bien fatigué, emboîtement avec du jeu), et les photos sont presque toujours trompeuses.
En Angleterre il existe deux maisons de ventes aux enchères très sérieuses, Mullocks (https://www.mullocksauctions.co.uk/) et Angling Auctions (http://angling-auctions.co.uk/).
Les deux organisent plusieurs fois par an des ventes aux enchères du matériel de pêche vintage et proposent à chaque fois un catalogue avec des centaines de produits de qualité (dont des cannes à carpes vintage en bambou refendu et en fibre de verre).
Leur catalogue est publié sur leur site Internet un mois avant la date de la vente, vous pouvez le consulter puis vous inscrire pour tenter vos chances. Une fois inscrit (c’est gratuit) vous pouvez sélectionner un ou plusieurs produits et faire une offre. Par exemple, pour une canne (ou toute autre objet) vous pouvez fixer un prix maximum de £200,00 par exemple.
Le jour de la vente en salle on tient compte de votre offre. Si par exemple dans la salle l’offre maximale enregistrée est £150,00, vous remportez la canne pour £160,00. Je fais régulièrement de très bonnes affaires sur ces sites.
Par contre comptez entre 20 et 30% de supplément pour couvrir la commission pour la maison de vente et les frais d’envoi vers la France. Vous avez à faire à des professionnels, les cannes sont soigneusement emballées dans des tubes et envoyées avec assurance.
La solution la plus facile et la plus rapide est d’acheter votre canne chez un antiquaire professionnel. Certes, vous payez les cannes au prix fort (leur valeur réelle en fait), mais leur provenance est connue, la description de leur condition est précise et juste et il n’y aura aucune mauvaise surprise.
Les deux sites Internet que je peux vous recommander sont Vintage Fishing Tackle (https://vintagefishingtackle.co.uk/) et Antique Vintage Fishing Tackle (http://www.antiquevintagefishingtackle.co.uk/index.html).
Combien coûte une canne à carpes vintage ?
Voilà une autre question qui m’est posé très souvent. En fait tout dépend de ce que vous voulez, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Tout d’abord clarifions le terme « vintage », nous parlons des cannes à carpes utilisées entre 1950 et 1980, avant l’ère de la bouillette, donc principalement des cannes en bambou refendu et en fibre de verre, presque toujours des modèles 10 pieds (plus rarement 11 pieds) assez paraboliques de 1,5 lbs, 1,75 lbs et parfois 2 lbs.
La solution la moins chère est d’opter pour une canne en fibre de verre des années 70, par exemple une Alan Brown, une Jack Hilton ou une Gerry Savage. Comptez pour un modèle en bon état environ 150€ et pour une « comme neuve » environ 200€.
Pour une Hardy Richard Walker Carp, plus prestigieuse vous allez débourser entre 175 et 200€ pour un exemplaire en bon état et environ 250€ pour une canne « comme neuve ».
Aux enchères ces cannes partent souvent jusqu’à 30% moins chères. Les cannes en fibre de verre sont à la fois solide et très facile d’entretien. Les cannes en bambou refendu sont plus délicates et plus chères aussi.
Pour une B James and Son Richard Walker MK IV en très bon état produite à partir de 1957 il faut compter environ 300€ pour une version « refurbished » (modèle restauré par un professionnel) et jusqu’à 400€ pour un modèle 100% original si vous achetez chez un antiquaire ou à un collectionneur.
Aux enchères vous pouvez espérer remporter une telle canne à moins de 200€, mais ce n’est jamais gagné d’avance. Les versions produites entre 1952 et 1956 sont plus rares et beaucoup plus chères mais la qualité de leurs blanks est légèrement supérieure. Toutefois ces dernières intéressent surtout les collectionneurs puristes.
D’autres ateliers que B James and Son ont produit de belles cannes à carpes MK IV en bambou refendu entre 1955 et 1970, souvent proposées 30 à 50% moins chères.
Les moulinets vintage à privilégier
Vous avez enfin votre canne vintage (ou jeu de 2 cannes, c’est encore mieux) et vous vous demandez avec quel type de moulinet l’équiper. Le choix n’est pas très difficile.
Selon les époques certains modèles étaient incontournables. Pour les cannes des années 50-60 le Mitchell taille 300 oviforme est LA référence. C’était également le moulinet préféré du grand Richard Walker.
Mais attention, ce moulinet existe en de nombreuses versions sorties les unes après les autres avec à chaque fois quelques évolutions.
Le Mitchell 300 est vraiment le modèle de base, le 350 est la version rapide (remplacée plus tard par le 400), le 300 C la version de luxe (avec roulements à billes et aiguilles), et le 410 est le modèle le plus abouti, avec roulements, galet tournant et un frein amélioré (c’est le modèle que je préfère).
On les trouve très régulièrement sur Ebay à des prix très raisonnables (40 à 100€ selon le modèle pour un exemplaire en très bon état).
Pour la même époque le Hardy Altex N°2 était aussi très réputé, mais là on parle d’une Rolls Royce qui déjà dans les années 50 coûtait très cher. On les trouve parfois sur Ebay.uk mais il s’agit souvent d’exemplaires mal conservés.
Mieux vaut tenter d’en repérer un sur les catalogues des maisons de ventes aux enchères où les exemplaires en bon état partent souvent entre 100 et 150€. Pour un exemplaire « comme neuf » chez un antiquaire comptez entre 300 et 400€.
Pour les cannes en fibre de verre des années 70 vous pouvez également choisir un Mitchell, bien qu’à cette époque il y avait deux autres marques qui proposaient des moulinets de qualité supérieure : ABU et Shakespeare. Les carpistes de l’époque juraient par les ABU Cardinal 44 (remplacé ensuite par le 4) qui aujourd’hui restent chers à l’achat car très recherchés par les collectionneurs.
Les Shakespeare Ball Bearing 2200, 2205 et 2210 qui techniquement étaient supérieurs aux ABU et possédaient un frein d’une douceur inégalée étaient aussi beaucoup utilisés par les pêcheurs de carpes, et on les trouve régulièrement sur Ebay à des prix beaucoup plus raisonnables (75-125€ pour un modèle en très bon état).
Détecteurs de touche vintage
Que choisir comme détecteur quand on pêche avec des ensembles canne-moulinette vintage ? Rien ne vous empêche de poser votre canne ancienne sur un détecteur de touche moderne, après tout ce qui compte surtout ce sont les sensations que l’on éprouve en combattant une carpe avec un ensemble vintage.
Mais pour rester dans le style vous pouvez aussi opter pour les anciens détecteurs de touche à antenne tels que les Rolon, les BJ ou les Heron (ces derniers étaient les premier détecteurs de touche pour la carpe, inventés par Richard Walker). Vous les trouvez régulièrement à petit prix sur Ebay.uk.
Une autre option est de choisir pour les tout premiers Optonic (Hi and Lo) qui, sortis autour de 1980, étaient les premiers détecteurs à roulette. On les trouve assez facilement à des petit prix sur Ebay également.
Ils sont bien plus pratiques que les détecteurs à antenne dont le réglage est délicat et qui souvent se mettent à sonner dès que le vent se lève un peu.
Pages Facebook dédiés aux icônes anglais du passée:
Pour ceux d’entre vous qui s’intéressent à la culture carpe anglaise et qui comprennent l’anglais, deux pages Facebook sont incontournables. Tout d’abord la page Chris Yates « A Passion For Angling » (https://www.facebook.com/groups/42904576726/) qui retrace tout ce qui est relative à Chris Yates, puis la page Jack Hilton Appreciation Society (https://www.facebook.com/groups/jackhilton/) qui elle est dédiée à le grand Jack Hilton.
Ces deux pages, régulièrement actualisées, regorgent de petites anecdotes délicieuses sur nos deux héros du passé.
Petit mensonge commercial ?
Richard Walker a toujours proclamé qu’il avait pris sa carpe record Clarissa à Redmire Pool en septembre 1952 avec une canne prototype MK IV, mais certains de ses proches pensent qu’en réalité il avait pris ce poisson légendaire sur une MK III.
En fait à l’époque il avait réalisé 5 prototypes différents, les uns après les autres : une canne MK I (un modèle très basique en partie en bambou plein), une MK II (en bambou refendu), une MK III (de construction trop complexe pour être commercialisée), une MK IV (très bien équilibrée) et une MK V (jugée trop puissante).
Finalement peu de temps avant de capturer Clarissa la MK IV avait été sélectionnée pour être produite en série par l’atelier B James and Son. Toujours est-il que les proches de Walker nous ont apporté des témoignages qui révèlent que Walker préférait lui-même sa MK III qu’il a continué à utiliser pendant plusieurs années après la capture de Clarissa.
Le soupçon est grand que Walker avait pris Clarissa sur une MK III également, mais étant donné que la production commerciale de la MK IV était déjà lancée il valait mieux raconter un petit mensonge.
Finalement la MK IV s’est largement imposé comme modèle de canne à carpes de référence et le design et spécifications de cette canne ont dominé le marché des cannes à carpes pendant plus de 30 ans.
Même les cannes à carpes en fibre de verre des années 70-80 étaient en ce qui concerne leur longueur, action et puissance encore largement inspirées des MK IV !
L’indémodable pomme de terre
Plus classique je meurs, la pomme de terre est probablement l’appât le plus instantané qui existe et était déjà utilisé avec succès pour la pêche de la carpe au début du siècle dernier.
Même si d’autres appâts tels que le maïs (et bien d’autres graines), le pâté de viande, les pâtes molles réalisées à partir de différents types de farines, les fromages, le pain, etc, sont utilisés depuis très longtemps aussi pour séduire les carpes, la pomme de terre est incontestablement l’appât qui a été le plus utilisé jusqu’aux années 70.
Pourquoi la pomme de terre, une fois cuite, intéresse-t-elle autant les carpes ?
Nous n’avons pas de réponse claire à ce sujet. Une pomme de terre cuite contient environ 80% d’eau, 2% de protéines, 16% de glucides et 2% de fibres.
Elle contient également des quantités intéressantes de vitamine B6, B3 et C, mais comparé à d’autres types d’appâts la pomme de terre reste un aliment relativement pauvre en nutriments.
Le goût n’est pas exceptionnel non plus et elle dégage peu d’odeur. Et pourtant, elle prend des carpes partout ! Encore aujourd’hui, quand je pêche de façon mobile en mode vintage au flotteur je la préfère au maïs, et elle marche très bien en hiver aussi !
Le maître des graines et de l’attraction
Alors que dans les années 70-80 en Angleterre les « bait freaks » (obsédés des appâts), inspirés par Fred Wilton (père religieux de la théorie HNV), se cassaient tous la tête sur la valeur nutritive de leurs appâts (principalement des pâtes molles riches en protéines de lait), un autre pêcheur de carpes très talentueux avait choisi une autre voie et cartonnait partout avec des graines et autres appâts hautement attractifs.
Son nom ? Rod Hutchinson ! Dans les années 1972-73-74, Rod avait des résultats extraordinaires sur le fameux Redmire Pool en pêchant avec des haricots verts et bruns, des pois d’érable, des fèves, des haricots aux yeux noirs, du maïs, des haricots rouges et du chènevis.
Ensuite il s’est penché sur les pâtes molles qu’il composait en y incorporant des birdfoods et a découvert la terrible efficacité du Robin Red ! Mais pas seulement. Il était aussi le premier à utiliser le Nectarblend, le Prosecto, le Red Factor et le PTX, tous des birdfoods et valeurs sûres encore largement utilisés dans les recettes de bouillettes aujourd’hui.
Mais l’histoire ne finit pas là. Une fois que les bouillettes se sont imposées comme appâts ultimes pour la pêche de la carpe Rod était parmi les premiers à nous proposer des arômes légendaires tels que le Scopex, le Maple-Cream, le Méga-Spice et l’Utra-Spice, le Monster Crab ou encore le Mulberry Florentine dont il est le concepteur et qui ont connu un succès planétaire !
Un montage déjà bien réfléchi en 1954 !
Au début des années 50, confrontés à des problèmes de décrochage, les pêcheurs de carpes cherchaient une solution. C’est en 1954 que Richard Walker (encore lui, toujours lui !) apporta la solution.
Walker avait déjà inventé le plomb « arlesey bomb » (plomb aérodynamique à émerillon) pour pêcher les grosses perches en grand lac et eut l’idée de l’utiliser pour pêcher la carpe combiné avec des petits appâts ou appâts naturels.
Selon lui, en pêchant ainsi, grâce au plomb, l’hameçon était tiré vers le bas au moment de la touche, ce qui augmentait considérablement la chance de piquer la carpe dans la lèvre inférieure au moment du ferrage.
Ses essais étaient concluants : l’une des premières carpes capturées ainsi était une miroir de 34 lbs, la deuxième plus grosse carpe britannique prise à la ligne après son propre record de 44 lbs deux ans plus tôt !