Appâts

Cuisson, séchage et conservation

Objectif bouillette maison | 4ème partie

Maintenant que vous êtes équipés pour réaliser de bonnes bouillettes « maison », je vous propose, dans cette dernière partie de cette série d’articles, de vous parler de trois points très importants : la cuisson, le séchage et la conservation.

Une fois les bouillettes roulées, le travail est encore loin d’être achevé. Il reste à cuire les appâts avant de les sécher et assurer leur conservation.

Trois points essentiels qu’il convient de bien maîtriser pour éviter les mauvaises surprises et mettre en péril toute sa production.

La cuisson

Objectif bouillette maison | Cuisson, séchage et conservation
La cuisson est une étape très importante !

Pour obtenir un appât avec une bonne texture qui tient bien au cheveu et suffisamment longtemps sous l’eau, la cuisson est un passage obligatoire. Et à ce sujet, les idées reçues ne manquent pas…

Combien de fois ai-je entendu que la cuisson à l’eau détériorait les valeurs nutritives et attractives de nos appâts !

Beaucoup de pêcheurs inquiets à l’idée de voir tous leurs additifs liquides – qui ne sont pas donnés – s’envoler après ébullition, ont opté pour une cuisson vapeur.

Ce qui de mon point de vue revient grosso modo au même que la cuisson à l’eau. L’appât est soumis à la même température et seule la surface de la bouillette cuite à l’eau baigne, son cœur reste préservé, tout comme pour une cuisson vapeur.

Donc peu d’intérêt à mes yeux à part pour les très gros rouleurs. Je continue de cuire mes bouillettes à l’eau et je peux vous assurer qu’elles conservent bien tous leurs attraits, l’odeur tenace qui s’en dégage en témoigne !!!

Et puis si la cuisson détériorait les protéines et autres éléments essentiels à la bonne nutrition, nous humain, aurions de sérieuses carences…

Sachez qu’à ébullition, le cœur de la bouillette monte en température aux alentours de 85 degrés, pas de quoi éradiquer toutes les qualités intrinsèques de l’appât !

Au contraire la cuisson est indispensable et permet de rendre les bouillettes plus digestes en éliminant certaines substances toxiques.

Trop souvent, et pour les raisons évoquées plus haut, le carpiste a tendance à réduire le temps de cuisson à moins de 3 minutes, ce qui est une erreur.

Un réchaud tripatte puissant est idéal pour cuire les bouillettes dans une grande casserole. Personnellement, je cuis par série de 3,500kg pendant 7 minutes.

A partir de la sixième minute, l’eau recommande à bouillir et se maintient ainsi une minute, ce qui est parfait pour obtenir des appâts bien ferme.

Le séchage

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Le séchage dans des petites cagettes en plastique est idéal

Le séchage comme la cuisson est une étape à ne pas sous-estimer pour obtenir de bonnes bouillettes qui se tiennent bien.

La qualité du séchage dépend essentiellement de l’endroit où les appâts reposent. L’idéal est de les sécher dans une pièce dotée d’un système d’aération avec un taux d’humidité en dessous de 55%.

Pour optimiser le séchage, un ventilateur est le bienvenue. Généralement, dans de bonnes conditions, il faut compter 48 heures avant d’obtenir des appâts prêts à pêcher.

En présence de forte humidité dans l’air, ce temps sera allongé. Disposez vos appâts dans des cagettes en plastique et ne les surchargez pas afin que l’air puisse circuler correctement.

Pendant la phase du séchage, n’oubliez pas de brasser régulièrement les bouillettes, au moins deux fois par jour.

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Pour optimiser le séchage utilisez un ventilateur !

La conservation

Objectif bouillette maison | Cuisson, séchage et conservation
Dans des filoches, les bouillettes à l’air libre se déshydratent. Il peut arriver qu’elles commencent à blanchir, mais ne sont pas fichues pour autant. Un rinçage à l’eau et un séchage leur donneront une seconde jeunesse !

Pour conserver efficacement des bouillettes maison plusieurs possibilités sont envisageables.

La congélation

C’est la méthode la plus simple et la plus fiable pour conserver durablement des bouillettes sans altérer leurs propriétés. Il faut juste posséder un congélateur, et même un grand modèle pour les gros rouleurs.

Un modèle de 300 litres vous permettra de conserver environ 120 kilos de bouillettes. L’idéal est de stocker les bouillettes dans des sacs de 2kg pour avoir la possibilité de disposer de petites quantités et ne pas devoir décongeler trop d’appâts d’un coup si le besoin ne se fait pas sentir.

Car comme toute bonne bouillette maison, une fois décongelées, elles ne mettront que quelques jours avant de commencer à moisir.

A moins de les stocker par petites quantités dans des filoches, dans une pièce bien sèche et aérée et de les brasser au moins une fois par jour.

Dans ce cas, elles finiront par se déshydrater pour devenir dures comme des cailloux. Au bord de l’eau également, si le temps n’est pas pluvieux, les bouillettes dans des filoches peuvent se conserver des semaines.

Cela peut être une parade à la belle saison pour décourager les indésirables poissons chats et écrevisses. Et pas d’inquiétude, au niveau de l’attraction, après immersion, au bout de quelques heures, elles finiront par s’attendrir et se désagréger petit à petit comme des bouillettes standards.

En Angleterre, chaque magasin de pêche a son congélateur et propose des bouillettes « frozen » sans conservateur. La bouillette fraîche congelée sans conservateur est une véritable institution dans ce pays.

La majorité des pêcheurs sont convaincus qu’une bouillette congelée est supérieure en termes d’attractivité à une bouillette du commerce.

En France, ce marché est encore confidentiel, les carpistes français ne semblent pas aussi exigeants avec leurs appâts, c’est avant tout le prix qui semble dicter leur choix.

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La congélation reste l’un des meilleurs moyens de conserver efficacement ses bouillettes de longs mois durant !

Le sel

Voici un produit naturel qui permet de conserver efficacement ses appâts.

Après séchage, placez les bouillettes dans des seaux en prenant soin de mettre suffisamment de sel. Démarrez avec une couche de sel de quelques centimètres, puis une couche de bouillette, ainsi de suite.

Il faut environ autant de sel qu’il y a de bouillette. Laissez les appâts dans le sel une semaine.

Ensuite vous pouvez les sortir, tamisez le sel et placez vos bouillettes dans des sacs plastiques ou dans des seaux, elles se conserveront ainsi plusieurs mois sans broncher.

Le sel absorbe l’eau et de ce fait, déshydrate la bouillette. Il faut le prendre en compte par exemple quand on amorce au cobra, car un appât déshydraté est moins dense et perd en distance.

L’eschage est également compromis car les appâts se fendent assez facilement au moment du passage de l’aiguille.

Pour parer à ce problème, il suffit de conserver des bouillettes dans une boîte hermétique avec un dips « maison ». Tant qu’elles seront dans le liquide, elles ne moisiront pas.

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Après une semaine dans le sel, les bouillettes peuvent être tamisées et stockées dans des seaux ou sacs sans risque de moisissure !

Les conservateurs prêts à l’emploi

Certaines firmes proposent des conservateurs liquides à incorporer dans les œufs.

Ces produits sont généralement assez chers et ne rêvez pas, ne rendront pas vos bouillettes hermétiques aux moisissures comme peuvent l’être les bouillettes que l’on trouve dans le commerce.

Cela permet de conserver au mieux ses appâts quelques semaines dans de bonnes conditions, guère plus !

Certains emploient des produits chimiques comme par exemple le sorbate de potassium.

J’ai même lu récemment dans un groupe sur Facebook une personne qui se prétendait professionnelle dans le domaine et qui recommandait d’en mettre 75 grammes par kilo !!! C’est du pur délire !

Ce produit n’est pas sans risque sur les poissons et l’environnement. Il est avant tout destiné à la conservation des produits alimentaires périssables comme les yaourts par exemple.

La norme européenne autorise 0,6%, soit 6 grammes maximum par kilo. Pour conserver des bouillettes avec ce genre de produit, il ne suffit pas de mettre des doses importantes, mais de maîtriser de A à Z la conception d’un aliment et/ou des bouillettes.

Cela passe par une connaissance accrue des différentes phases de fabrication et d’avoir une structure avec du matériel professionnel, comme par exemple un local tempéré avec une stabilisation du taux d’humidité, une cuisson et un séchage efficace réalisé par des souffleries et bien d’autres paramètres qu’un rouleur lambda ne pourra jamais obtenir dans son garage.

Forcer la dose de ce genre de produit et une hérésie et nuit gravement à l’environnement. De plus, pour avoir une bonne expérience des conservateurs depuis des années, je peux vous assurer qu’une bouillette contenant un fort taux de ce type de produits chimiques est nettement moins prenante, les poissons préfèrent de très loin le naturel…

Les Anglais le savent depuis bien longtemps, ce n’est pas pour rien qu’en Angleterre les bouillettes sans conservateur vendues congelées dans les magasins ont la faveur des meilleurs pêcheurs…

Alors de grâce ne jouez pas les apprentis sorciers et respectez les eaux que vous pêchez.

Merci pour la Nature…

Réaliser de bonnes bouillettes « maison » a plusieurs avantages. Coût de revient et qualité de l’appât sont les plus probants.

Mais il y en a un autre non négligeable, prendre du poisson avec ses bouillettes roulées avec amour et passion est un « luxe » qui demande, certes quelques sacrifices, mais qui est tellement gratifiant qu’il vous apportera beaucoup de satisfaction dans votre passion. A vous de jouer… DAVID TARTAGLIONE

Objectif bouillette maison | Cuisson, séchage et conservation
Quel bonheur de prendre des carpes avec des appâts confectionné par ses soins… !

 

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