Le Sommaire | Carp Lsd Article
Par Leon Hoogendijk
Quel que soit l’endroit que l’on pêche, pour mettre toutes les chances de son côté il faut savoir anticiper dans son approche en analysant un certain nombre de paramètres.
Cela est possible si l’on connaît le plan d’eau que l’on pêche et c’est encore mieux quand on peut deviner le comportement des carpes qui y vivent quel que soient les conditions de pêche que l’on affronte.
De ce point de vue il faut dire que chaque plan d’eau est différent.
Toujours est-il que dans chaque plan d’eau les carpes anticipent elles-aussi leur comportement et leurs déplacements face à des conditions et situations précises ou changeantes.
Bien que j’aime les sessions de plusieurs jours voire d’une semaine ou même plus, il m’arrive aussi très fréquemment de partir juste une petite journée à la pêche. En fait j’aime bien les deux.
Si les conditions météo sont favorables et que je ne me trompe pas de poste, les sessions de plusieurs jours me permettent de construire ma pêche de façon optimale avec une stratégie d’amorçage spécifique et adaptée à une situation précise.
Dans le meilleur des cas j’obtiens un bon résultat global, dans le pire des cas ça commence mal mais j’ai toujours le temps et la possibilité de rectifier mon tir en changeant d’approche, de poste ou de plan d’eau afin de tirer mon épingle du jeu.
Sur une journée de pêche on n’a pas droit à l’erreur.
Pour réussir il faut immédiatement être sur les poissons, ou du moins être sûr que les carpes traversent votre zone de pêche au cours de la journée.
Depuis quelques années mes « petites journées de pêche » se passent le plus souvent sur les gravières de ma région dont la superficie varie grosso modo entre 6 et 30 hectares.
Je ne pêche pas forcément celles qui hébergent les plus gros poissons (et où il y a du monde en permanence) mais plutôt celles qui sont un peu délaissées malgré le fait qu’elles produisent quand même de beaux sujets.
Si possible je les pêche en semaine, c’est un avantage certain car j’y suis encore plus tranquille.
Toutefois, pour ceux qui n’ont la possibilité de pêcher que le week-end, ce que je vais expliquer dans cet article est valable aussi.
LA MÉTÉO ET SON EFFET RÉEL SUR L’EAU ET LES CARPES
Les différents paramètres météorologiques influencent directement et de plusieurs façons le comportement des carpes et leur degré d’activité.
Mais attention ! Il s’agit d’un sujet dont la complexité est encore très largement sous-estimée et de fait mal comprise.
Beaucoup de carpistes s’intéressent surtout à la météo du jour même où ils vont à la pêche, sans considérer ce qui se passe au niveau des vents et températures des jours précédents, ce qui je pense est une grave erreur.
Il faut savoir que les carpes aiment se trouver dans ce que j’appelle des « zones de confort » ou l’eau est un petit peu plus chaude qu’ailleurs avec un taux d’oxygène suffisant.
Concernant l’oxygène, rares sont les cas où ce facteur pose réellement problème.
Un taux d’oxygène trop bas se trouve principalement dans les faibles profondeurs avec une eau stagnante à l’abri du vent où l’eau chauffe de façon excessive lors d’une période caniculaire, ou encore la nuit sur les zones peu profondes envahies d’herbes denses.
Il faut donc se concentrer sur la température de l’eau et là, les petites variations peuvent avoir de grandes conséquences !
L’idée que les carpes suivent le vent est fortement ancrée dans l’esprit des carpistes et du coup les postes situés face au vent sont souvent les plus convoités.
En réalité ce choix n’est justifié que dans le cas où la température de l’air est suffisamment supérieure à celle de l’eau.
Ainsi, l’eau chauffée en surface, poussée par le courant de surface créé par le vent, va s’accumuler et former une masse d’eau plus chaude également en profondeur vers la berge face au vent.
De plus cette masse d’eau est bien oxygénée et les carpes s’y sentent bien.
Toutefois, cette zone de confort ne se crée pas instantanément et les zones situées derrière le vent où « en théorie » l’eau va se refroidir ne deviennent pas d’emblée inconfortables pour les carpes.
Selon l’ampleur de la différence de température entre l’eau et l’air, la force du courant de surface créée par le vent, et selon les profondeurs, la « bascule » se produit sur un laps de temps plus ou moins long.
Dans certains cas cela va très vite (notamment sur les eaux peu profondes de faible superficie), dans d’autres il faudra parfois plusieurs jours avec un vent stable avant que cela ait réellement un impact sur le comportement et les déplacements des poissons.
Le soleil peut considérablement accélérer le processus par phénomène de rayonnement chauffant, mais là encore ce n’est pas systématique.
La prise au vent d’un plan d’eau est à prendre en compte.
Si la partie du plan d’eau située derrière le vent se trouve également à l’abri du vent il se peut qu’avec un beau soleil cette partie d’eau stagnante chauffe encore plus vite que le côté exposé au vent !
Attention aussi aux gros écarts de températures entre le jour et la nuit !
Même si le mercure monte bien dans la journée, si la nuit est très fraîche et que le vent persiste, l’eau refroidit très vite et les carpes ne seront pas forcément au rendez-vous sur la partie située face au vent le lendemain matin.
En revanche une nuit même très fraîche mais sans vent n’a que très peu d’impact sur la température de l’eau.
Seule la pellicule de surface sera concernée par le refroidissement mais plus en profondeur la température ne bougera pas.
En règle générale les vents froids (quand l’air est bien plus froid que l’eau) ne sont pas bons et poussent les carpes à se diriger vers des zones situées à l’abri du vent et éventuellement un peu plus profondes où la température sera plus stable.
J’irai même plus loin en disant que les carpes sont capables d’anticiper leur déplacement en fonction d’une chute de température importante qui n’a lieu que le lendemain !
Ces dernières années je le constate de plus en plus, les carpes qui sont des animaux à sang froid ressentent ce genre de phénomène à venir et savent comment éviter au mieux cette désagréable expérience d’une chute de température trop brutale qui a un effet négatif sur leur organisme.
Croyez-moi, les carpes qui connaissent bien leur habitat savent instinctivement où se trouvent (ou où se trouveront) les zones de confort selon les conditions du moment et même à venir !
En fin d’année, quand la météo annonce l’arrivée d’un temps très froid sur plusieurs jours, on constate souvent un soudain pic d’activité chez les carpes (notamment chez les gros sujets !) avant qu’elles ne ferment leur bouche durablement.
Là encore les carpes ressentent bien ce qui les attend et anticipent clairement cette situation à venir.
LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE
Les carpes n’aiment pas non plus les variations trop rapides de pression atmosphérique qui peuvent radicalement stopper leur mobilité et freiner leur activité alimentaire pour un certain temps.
Nous n’avons toujours pas trouvé d’explication rationnelle à ce phénomène, mais qu’il existe est sûr et nous constatons fréquemment les choses suivantes :
1 : Une pression qui monte en flèche ou qui descend très rapidement freine l’activité des carpes.
2 : Une très haute pression (+ de 1025 mb) ou une très basse pression (- de 1005 mb) est souvent mauvaise pour l’activité des carpes.
3 : Une pression moyenne et relativement stable sur plusieurs jours entre 1012 et 1015 mb est plutôt bonne pour la pêche.
4 : Une pression moyenne stable qui ensuite descend lentement est souvent excellente pour la pêche.
Bien sûr il existe des exceptions à ces règles car d’autres paramètres jouent aussi un rôle dans l’activité des poissons mais il est intéressant et souvent payant de tenir compte de tous les paramètres quand il s’agit de choisir le bon poste et la bonne approche pour une journée de pêche.
INTERPRÉTER L’ENSEMBLE DES PARAMÈTRES POUR FAIRE LES BONS CHOIX
En observant la courbe des températures, la force et la direction du vent, le taux d’ensoleillement et l’évolution de la pression atmosphérique durant les quelques jours avant le jour J il est plus facile de deviner à la fois le degré d’activité/mobilité des carpes et les zones qu’elles sont susceptibles d’occuper ou de fréquenter lors de votre journée de pêche.
Selon les cas le choix du poste sera plus ou moins crucial.
Bien sûr, par temps doux sur une eau relativement peu profonde et bien brassée par un vent sur toute sa superficie, les couches d’eau se mélangent bien, et les carpes seront plus mobiles en occupant bien plus l’espace.
Dans ce cas de nombreux postes peuvent s’avérer être productifs et une simple pêche d’interception permettra de dérouler sur des poissons de passage.
En revanche, quand la météo est telle que des écarts non négligeables de températures se créent entre différentes zones du plan d’eau, il faut absolument pêcher la ou les zone(s) de confort pour optimiser vos chances de réussir.
Et pour ne pas se tromper de poste, la météo des jours précédents est susceptible d’être plus importante que celle du jour même !
L’analyse des paramètres météorologiques et leur influence sur la température de l’eau selon la dynamique des courants va vous permettre de mieux anticiper votre approche en termes de choix de poste et stratégie d’amorçage.
Vous n’avez pas forcément besoin d’une grande mobilité ou activité des carpes, le plus important est d’être sur les poissons !
Même les carpes peu actives sont prenables, soit avec très peu d’amorce ou avec une esche isolée, du moment qu’on assure qu’elles tombent dessus !
Tout cela est quand même bien compliqué me direz-vous, et vous avez raison, cela l’est.
D’autant plus que selon la forme du plan d’eau, le relief autour, la présence d’îles et/ou de baies, et selon la topographie des fonds, les courants et contre-courants peuvent être très complexes et les zones de confort ne se trouveront pas forcément là où l’on s’y attend.
LA SONDE MAGIQUE !
Pour y voir plus clair je me sers depuis déjà pas mal d’années d’une sonde (la Fish Hawk) pour mesurer la température sur toute la colonne d’eau.
Cet instrument que je peux lancer à la canne me permet non seulement de constater la différence de température à différents endroits mais aussi de vérifier si oui ou non il y a une thermocline.
Si c’est le cas, le choix du poste et de la profondeur de pêche se fait en fonction de celle-ci.
En se servant régulièrement de cette sonde on apprend comment les conditions météorologiques influent réellement la température de l’eau partout sur un plan d’eau et les conséquences que cela peut avoir sur le déplacement et comportement des carpes.
C’est une aide précieuse qui me permet d’être bien plus efficace partout !
LA PRESSION DE PÊCHE
Les plans d’eau à faible densité de carpes et où la nourriture naturelle est abondante s’avèrent être très sensible à la pression de pêche.
Ici, dès qu’il y a plusieurs pêcheurs qui tendent leurs lignes, le comportement des carpes peut changer radicalement, au point même qu’elles se retirent sur une zone où elles se sentent le plus en sécurité, même s’il ne s’agit pas de la zone le plus confortable du moment.
Ici les carpes s’adaptent à la situation et leur sécurité passe avant leur confort.
Dans de tels cas c’est à vous de deviner où se trouvent les carpes et, dans la mesure du possible, de rapprocher vos lignes le plus possible des poissons, sachant que ceux-ci seront peu mobiles.
Une zone de sécurité peut être une zone éloignée des berges ou encore une zone encombrée d’obstacles.
Il peut arriver que la zone de sécurité se trouve hors de portée de cannes, et il n’y a pas de solution autre que d’attendre une phase avec moins de pression de pêche qui incitera les carpes à circuler de nouveau librement un peu partout sans se sentir menacées.
DERNIER PETIT CONSEIL
Quel que soient les plans d’eau et les conditions du moment, l’idéal, si possible, est d’amorcer un poste la veille en adaptant la quantité d’amorce (dans mon cas toujours de la bouillette pure de 20 ou 25mm éparpillée sur une assez grande surface !) au degré de l’activité alimentaire des poissons.
Cela ne se fait pas purement au feeling mais bien plus en tenant compte de l’ensemble des paramètres que je viens de décrire.
Le fait d’amorcer la veille permet à la fois de mettre les poissons en confiance par rapport à vos appâts et de les inciter à revenir le lendemain dans l’espoir d’en trouver d’autres.
Cela ne peut qu’avoir un effet bénéfique le jour J !