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15 Questions à Leon Hoogendijk

Éternelle passion…
Offrez-vous l’expérience d’un géant !

Figure iconique de notre passion, incontournable, unique, Leon nous régale de son amour pour la pêche de la carpe à travers ses écrits dans les revues, ses vidéos et ses livres depuis plus de trente ans !

Il traverse les générations de pêcheurs avec une constante et haute cote de popularité et participe activement à tous les niveaux aux nombreux développements que cette pêche a connus ces trois dernières décennies.

Son dernier livre, sorti en début d’année, connaît un gros succès. Un ouvrage original puisque Leon nous relate avec précision et tout en détail ces trois dernières saisons de pêche.

Il se livre totalement et nous ouvre les portes de son savoir-faire, de ses immenses connaissances, de sa façon bien à lui de penser, d’aborder, de traquer cet extraordinaire poisson qu’est la carpe !

Pas de langue de bois, de sujets tabous, il dévoile tout, comme dans cet entretien en exclusivité pour Carp LSD !

INTERVIEW CARP LSD

1-Comment as-tu découvert la pêche de la carpe ?

J’ai baigné dedans depuis mon enfance. Mon père m’emmenait avec lui quand j’avais 4-5 ans. Il pêchait les carpes dans les polders avec une canne à coup en bambou renforcé avec du gros Nylon.

Dès l’âge de 6-7 ans, j’avais ma propre canne et je pêchouillais déjà des petites carpes à la pomme de terre cuite et au pain.

Dès l’âge de 11 ans, j’ai pu m’acheter ma première vraie canne à carpe, avec l’argent que j’avais gagné en cueillant des tomates pendant les vacances scolaires d’été.

C’était une Shakespeare International Carp en fibre de verre de 10 pieds 1,5lbs, que j’ai équipé d’un moulinet Shakespeare 2200 Ball Bearing, un vrai bon ensemble.

Puis, j’ai commencé à m’intéresser à la lecture (livres et magazines) pour apprendre le plus possible sur la carpe et sa pêche.

À l’âge de 14 ans, j’ai commencé à travailler à plein temps et tout l’argent que je gagnais était dépensé pour la pêche.

À 16 ans j’étais déjà équipé comme un pro, et j’étais à fond dans cette pêche. C’étaient les années 70, avant l’ère de la bouillette.

On connaissait encore mal la carpe et on avait encore tout à apprendre. Mais c’était une époque formidable et la pêche était vraiment magique…

2-Quelle est ta situation professionnelle ?

Après avoir travaillé à l’usine pendant de nombreuses années, je me suis mis à mon compte fin 2000.

Actuellement je suis en profession libérale avec plusieurs activités liées à la pêche de la carpe.

Je suis auteur-éditeur, concepteur de cannes et d’appâts, et je travaille également pour les sites CARP LSD et CARP RUSH TV.

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3-Plutôt pêcheur de longues sessions ou adepte de pêches rapides ?

J’aime les deux, mais pour des raisons pratiques, je préfère le plus souvent des sessions de quelques jours.

Sur un périmètre proche d’où j’habite, je n’ai pas beaucoup de possibilités pour faire des pêches rapides.

Certes, j’ai la Saône devant ma porte, mais vers chez moi la rivière s’est beaucoup appauvrie depuis une douzaine d’années.

Beaucoup de grosses carpes sont mortes de vieillesse, il en reste très peu, voire pratiquement plus de tout.

Les petites communes sont surreprésentées et ne grossissent pas. Beaucoup stagnent entre 6 et 11kg.

En descendant une soixantaine de kilomètres en aval la situation semble être bien meilleure, mais pour moi c’est trop loin pour faire des pêches rapides.

Pour vraiment trouver des eaux intéressantes (où du moins qui pour des raisons bien précises m’intéressent personnellement aujourd’hui) je suis obligé de faire des trajets d’au moins une heure.

Donc quand je pars, c’est souvent pour au moins 2 ou 3 jours. Cela dit, même si je pars à la pêche plusieurs jours de suite, ma pêche peut être composée de multiples pêches rapides.

C’est le cas par exemple quand je pratique la pêche à rôder sur le canal et que je change de bief plusieurs fois par jour.

J’adore aussi les grandes sessions avec un binôme, notamment en automne, car bien souvent on peut vraiment construire sa pêche avec une stratégie d’amorçage spécifique.

Cependant, je ne me vois pas faire une grande session tout seul, car au bout de quelques jours la solitude commence à me peser…

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4-Niveau destination, tu es plutôt privé ou public ?

100% public. J’y prends mon pied et j’y prends encore régulièrement de beaux poissons peu connus voire complètement inconnus.

Ce n’est pas le cas sur les privés où c’est souvent l’usine et où tous les poissons sont connus de tous.

Chacun son truc, mais les privés ne sont pas faits pour moi.

5-Côtés présentations, tu es plutôt dense ou flottante ?

J’utilise les deux selon les conditions et ma façon de pêcher (leurre, spot ou zone).

Les flottantes nous permettent parfois de tirer notre épingle du jeu quand les carpes sont mobiles mais assez peu actives sur le plan alimentaire.

Cela arrive régulièrement au printemps.

Dans ce cas il faut « leurrer » le poisson.

En revanche, quand sur une eau j’amorce régulièrement pour accoutumer au mieux les carpes à mes bouillettes, je n’utiliserai que les billes denses pour l’eschage. C’est bien plus cohérent et efficace.

6-Quel est ton montage de prédilection ?

Il est expliqué en détail dans mon dernier livre.

Il est à la fois relativement simple mais très bien réfléchi dans le sens ou chaque élément qui le compose joue un rôle utile et essentiel pour son bon fonctionnement global.

C’est le fruit de plusieurs années de réflexion et de tests, et il est extrêmement polyvalent.

Il réduit considérablement le nombre de recraches et permet clairement de piquer bien plus de carpes que n’importe quel autre montage que j’ai utilisé.

Mais pour bien l’expliquer et le comprendre, il faudra bien plus de place que celle qui m’est accordée ici.

7-Ton appât préféré ?

Bien évidemment la bouillette, et si je devrais en choisir une seule pour le restant de mes jours ce sera le Pro Catcher Tutti Frutti.

Plus instantanée je meurs !

Elle prend des carpes partout.

Si l’on m’accorde d’en choisir une deuxième, ce serait le Krill Mussel que j’utiliserai pour les campagnes d’amorçage et grandes sessions.

Le pouvoir addictif de cette bouillette sur les carpes est vraiment impressionnant.

Bien sûr, je suis conscient qu’il existe d’autres bouillettes qui ont certainement les mêmes qualités, mais je ne peux que me baser sur celles que je connais le mieux et qui ont toute ma confiance.

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8- Tu es du style à benner lourd ou préfères-tu des amorçages légers et ciblés ?

Par définition, je n’aime pas benner lourd car cela peut dans bien des situations complètement compromettre la pêche ou du moins bien retarder les touches, mais il arrive quelquefois que le bennage soit justifié, par exemple sur un grand lac pour assurer qu’un nombre conséquent de carpes se fixe durablement sur une zone de pêche.

Toutefois, cela ne peut que fonctionner si les carpes sont très actives sur le plan alimentaire. Il faut être sûr de le faire au bon moment au bon endroit.

La plupart du temps je préfère amorcer légèrement mais régulièrement. Les rappels réguliers et raisonnables s’avèrent très souvent être bien plus efficace que le bennage.

Pour être au top la quantité d’amorce doit être ajustée en fonction du nombre de carpes présentes sur une zone de pêche et en tenant compte de leur degré d’activité alimentaire.

Ce n’est pas toujours facile à évaluer.

Pour les pêches rapides ou lorsque je sais que les carpes ne sont que très peu actives je n’amorce pratiquement rien.

Mais dans ce cas il est très important d’être sur les poissons, sur leur zone de tenue.

9-Quel matériel emploies-tu ?

Cannes N-Power Genius TT 12’6” 3,5lbs, moulinets Shimano Ultegra 5500 XTD lorsque je pêche à plusieurs cannes.

Pour la pêche à rôder j’utilise une canne Stalker 9 pieds 3lbs.

Les bobines de mes moulinets sont remplies de tresse 0,26mm et j’utilise systématiquement une tête de ligne en gros Nylon 0,50mm d’au moins une dizaine de mètres de long.

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10-D’après toi, quelles sont les qualités essentielles pour être un bon pêcheur de carpe ?

L’ouverture d’esprit. Ne jamais être sûr de rien et en permanence se remettre en question.

Ce n’est que comme ça qu’on avance.

Chaque eau est différente, et même sur un même plan d’eau le comportement des carpes évolue en permanence en fonction de la pression de pêche (même faible), en fonction des tendances météo qui varient d’une année à une autre, en fonction du biotope qui lui aussi évolue et change avec le temps.

Il faut être en permanence à la recherche de pièces manquantes d’un grand puzzle qu’on aimerait compléter, tout en sachant qu’il nous manquerait toujours quelques pièces car le puzzle lui-même change avec le temps.

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11-As-tu un mentor, un pêcheur qui t’a fortement influencé ?

Voici dans l’ordre les pêcheurs qui m’ont influencé de façon importante au cours de ma vie.

1 : Rini Groothuis.

Pas connu en France. Il s’agit d’un très grand pêcheur de carpes hollandais célèbre dans les années 70-80.

J’ai appris les bases en lisant ses articles dans les magazines et je me suis amélioré notamment en m’imprégnant du savoir-faire qu’il transmettait dans ses livres.

2 : Richard Walker qui est à la base de la véritable culture carpe.

Cet homme, à lui tout seul, a posé toutes les fondations qui ont permis à la génération suivante de grands penseurs de déclencher une véritable révolution dans la pêche de la carpe.

Les véritables bases de la pêche moderne de la carpe, c’est lui !

3 : Rod Hutchinson.

Rod ne m’a pas vraiment inspiré sur le plan technique. Ce n’était pas un grand technicien, ni même un très grand pêcheur.

Par contre, pour son époque, il maîtrisait à fond le domaine des appâts, et cela à tous les niveaux.

Mais ce que j’appréciais le plus chez lui était la pureté de sa passion pour les carpes, sa modestie, son extrême gentillesse et sa philosophie assez rationnelle concernant tous les aspects de la vie.

Rod était un grand homme avec un grand cœur, un vrai modèle ! Il m’a permis de relativiser beaucoup de choses et de devenir une meilleure version de moi-même aussi.

Rod, c’est la sagesse, pas la sagesse absolue mais celle avec ses défauts naturels qui nous rendent plus humaines…

4 : Didier Moine, mon binôme pendant 25 ans et qui nous a quitté bien trop tôt.

Dans la pêche (et même dans la vie en général) Didier était le prolongement de mon cerveau (et donc de mon âme) et je sais que c’était réciproque.

L’époque que nous avons traversée ensemble était fantastique, et les choses que nous avons vécues et découvertes ensemble dans la pêche sont tout simplement énormes.

Malheureusement il n’est plus là, mais d’une certaine façon il est toujours présent en moi, il vit en moi, il fait partie de ce que je suis.

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Didier Moine

5 : Christophe le boulanger.

Mon binôme actuel. Mon coach aussi qui me pousse en permanence à penser ou voir les choses autrement.

Il est rationnel comme moi. Il n’y a que la vérité qui nous intéresse.

Sa façon différente de voir les choses me permet d’aborder la pêche avec encore plus d’ouverture d’esprit, et donc je continue à apprendre et à progresser.

Ce que nous avons en commun est notre approche purement scientifique de la pêche, et dans ce domaine nous sommes très complémentaires.

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Christophe le boulanger

12-Quel est ton regard sur les réseaux sociaux ?

Je m’en sers surtout comme outil de communication professionnelle, et dans le cas de ma page Vintage Passion pour partager ma passion pour la culture carpe et les objets vintages.

Je tente aussi de répondre à toutes les questions que je reçois sur mon Messenger, à condition que les questions soient formulées de façon que je puisse répondre en quelques lignes, car sinon je passe toute ma vie à répondre.

Pas la peine de m’envoyer tout un chapitre pour m’expliquer un plan d’eau, pour me demander ensuite comment je l’aborderai avec quelles approches, montages et appâts et selon quelle saison.

Cela me prendra une demi-journée pour répondre correctement.

Et puis, mes livres sont faites pour répondre à toutes ses questions dans les moindres détails.

Quant à mon égard sur les réseaux sociaux, on y voit beaucoup de bêtises et de choses malsaines, les pseudo-experts dans tous les domaines, des « m’as-tu vu » et j’en passe.

La connerie humaine s’y exprime dans toute sa splendeur.

J’en consomme avec beaucoup de modération en faisant bien le tri pour éviter de me polluer l’esprit.

Certains de mes amis très bons pêcheurs n’ont pas de Facebook et le vivent très bien.

Quand on a besoin d’un profil Facebook pour exister « virtuellement » en tant qu’humain c’est qu’on passe à côté de la vraie vie.

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13-Comment envisages-tu l’avenir de la pêche de la carpe en France ?

Je n’envisage pas grande chose car les choses évoluent tellement vite qu’on se fait tout le temps rattraper par de nouvelles réalités.

Je pense toutefois qu’il y aura de plus en plus de privés (à cochons) et de façon générale que le domaine public risque de s’appauvrir lentement mais sûrement faute d’un manque de moyens et d’intérêt public, et due à une mauvaise gestion piscicole dans laquelle les décideurs n’écoutent pas les vrais experts et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Dans un premier temps, les carpes vont continuer à grandir et grossir dans toutes les eaux qui hébergent des poissons de bonne souche et qui sont généreusement amorcées par les carpistes, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose car si prendre des très gros poissons devient trop facile on risque de s’en lasser au bout d’un moment.

Autre ombre qui plane sur notre loisir : si nous ne faisons pas plus pour motiver les enfants et jeunes d’aller à la pêche j’ai peur que d’ici 2 ou 3 décennies la pêche loisir devienne une activité marginale qui n’intéresse plus grand monde.

Il faut vraiment que la fédération et les AAPMA s’investissent à fond dans la promotion de notre loisir auprès des jeunes (écoles de pêche, gratuité du permis, campagnes de communication ciblées, etc.), et peut-être les grands acteurs commerciaux de la pêche loisir devraient eux aussi mettre leur main dans la poche à ce niveau pour éviter un grand effondrement qui, sur le moyen terme, menace directement leur propre survie !

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14- Tu viens de sortir ton dernier livre, le septième que tu publies sur la carpe. Peux-tu nous exposer les grandes lignes de ce nouvel ouvrage ?

En gros ce livre sous forme de journal de bord raconte dans les moindres détails trois années de pêche (souvent avec mon binôme Christophe le boulanger) sur différents plans et cours d’eau avec son lot de défis et ses difficultés que nous tentons de surmonter à l’aide des approches et stratégies adaptées et bien réfléchies, mais aussi grâce au développement d’un montage dont les propriétés changent complètement la donne !

Les bons résultats sont souvent au rendez-vous, parfois même ils sont exceptionnels, mais il y a aussi quelques échecs, quelques plantages.

La chance et la malchance ont aussi leur mot à dire, c’est inévitable dans la pêche.

Le livre raconte surtout comment nous analysons notre pêche, jour après jour, pour trouver « le truc qui marche » ou, même quand ça marche très bien, pour tenter d’être encore plus efficace le lendemain.

La pêche est un jeu de construction et de stratégie logique, et dans le contexte d’une session il s’agit d’un jeu d’échecs où il faut anticiper plusieurs tours à l’avance pour obtenir le meilleur résultat possible.

Le livre explique la logique scientifique de ma pêche, avec de nombreuses preuves à l’appui.

15 Questions à Leon Hoogendijk | INTERVIEW CARP LSD
Le dernier livre de Leon est disponible ici : https://www.leon-hoogendijk.fr/produit/journal-dun-pecheur-de-carpes/

15- Quels sont tes projets pour cette saison en matière halieutique ?

Mis à part un grand réservoir que j’ai très envie de (re)pêcher durant l’automne je n’ai pas d’autres projets pêche bien définis au moment où j’écris ces lignes (février 2022).

J’aimerais faire une belle session avec mon ami Philippe Lagabbe.

Je pense que je vais partir un peu à gauche et à droite en mode freestyle et me laisser guider par mes envies.

On verra bien où le destin m’emmènera.

La seule chose qui est sûre c’est que j’ai envie de prendre mon pied au bord de l’eau…

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