Le partage pour passion…
Il est loin le souvenir de cette première rencontre, celle qui a tout changé, en offrant à Eric une passion indélébile, qui a orienté sa vie.
Ce jour béni, une carpe lui avait arraché le cœur en lui infligeant un marsouinage, hameçon en bouche, à quelques mètres de la berge pour enchaîner avec un rush violent qui ne lui laissa pas le temps de mieux la contempler ! Quel choc et quelle déception !
Depuis, c’est l’amour fou entre Cyprinus Carpio et Eric. Une passion qu’il aime partager à travers ses écrits. Et pour cela, comme pour leurrer les carpes, il ne manque pas de talent…
Rencontre avec un pêcheur de grand talent que nous sommes fiers d’accueillir dans notre équipe et que vous aurez le plaisir de lire régulièrement sur Carp LSD !
1-Comment as-tu découvert la pêche de la carpe ?
Aussi loin que puisse remonter ma mémoire, mes souvenirs sont ceux des odeurs de vieux livres de pêche jaunis par le temps, ceux que ma grand-mère me déposait délicatement sur mon édredon, lorsqu’elle me m’était à la sieste.
Effectivement, fils de parents divorcés et d’un père déserteur, c’est chez elle que je me réfugiais lorsque ma mère devait aller travailler dur pour joindre les deux bouts.
Pour ainsi dire, la pêche a toujours été une véritable histoire familiale, pourrions-nous dire, une véritable tradition qui n’a jamais cessé de perdurer.
C’est avant tout, ma jeune tante qui m’a fait découvrir la pêche, cette pratique passionnante que son père, donc mon grand-père, lui avait transmise avant qu’elle ne le fasse pour moi. Ramener du poisson à la maison à cette époque était une réelle fierté, voire, devenu une nécessité…
Eh oui mes ami(e)s, nous ne roulions pas sur l’or et mangions notre poisson !
Cette fierté était d’autant plus grande lorsque je voyais le regard émerveillé de ma grand-mère quand je ne rentrais pas bredouille, ce même regard parfois humide, qui savait dissimuler une profonde tristesse lorsque je lui posais cette maladroite question : « il est où grand-père ?” ce à quoi elle répondait difficilement : “il est à la pêche mon petit”.
C’est seulement lorsque j’ai eu l’âge de comprendre, le cœur lourd, qu’elle était finalement parvenue à m’avouer son douloureux décès. Excellent pêcheur, chasseur, piégeur, pour ne pas dire un poil braconnier, il nous a transmis son virus dont je ne guérirai probablement jamais.
Poursuivons… Canne en fibres de verre en mains, celle de mon grand-père, c’est en pêchant un bras mort de la Marne que tout a commencé, plus précisément du haut d’un pont en pierre, sur lequel j’étais assis à califourchon.
Je ciblais les chevesnes et autres blancs en pêchant devant la sortie d’une de ses trois vannes, qui était fermée… mon toulousain s’enfonce, et en ferrant, ma ligne se retrouve soudainement plantée sur un obstacle indéfini ?
Quel fut mon grand étonnement en voyant remonter mon bouchon, puis une carpe monstrueuse qui avait aspiré mon duo d’asticots rouges.
Ligne rompue, celle-ci s’est engouffrée dans le courant avec mon hameçon de 18 au bord des lèvres, pour finalement regagner les profondeurs en me saluant ironiquement à l’aide de sa caudale surdimensionnée.
Une rencontre inoubliable qui m’avait réellement subjugué ce jour-là et donné l’envie d’étudier d’un peu plus près ce fascinant poisson.
Cette nouvelle orientation s’est d’ailleurs renforcée quelques années plus tard, lorsque j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer un pêcheur anglais qui venait pêcher nos canaux tous les hivers, avec un matériel digne d’un film de science-fiction et une approche plutôt déconcertante. Ses confidences aidant…
Le secret des bouillettes et du montage au cheveu n’en était plus un et leurs usages allaient me faire prendre un véritable tournant dans ma vie de pêcheur de carpes…
2-Quelle est ta situation professionnelle ?
J’ai eu l’immense privilège de pouvoir être le directeur de publication, le rédacteur en chef et maquettiste d’un célèbre magazine que j’ai tenté, tant bien que mal, de remettre en route : CARPE Magazine.
Malheureusement, n’étant pas parvenu à réunir les fonds nécessaires à la réimpression de ce dernier, j’ai été contraint d’annoncer publiquement mon retrait professionnel de la scène médiatique.
Un mal pour un bien, dirons-nous ! Ainsi, je vais pouvoir en profiter pour rattraper le temps perdu avec mes proches, entretenir mes passions, mais également pouvoir aider Carpe LSD du mieux que je le pourrais.
Je travaille désormais chez S.Carp , une entreprise qui m’apporte tout ce dont j’avais besoin (considération, respect, amicalité, franchise, honnêteté…) et notamment des produits extraordinairement efficaces…
Avoir l’opportunité d’intégrer votre équipe de véritables passionnés est une chose qui m’honore vraiment. À côté de cela, j’exerçais et exerce toujours le métier de chauffeur routier pour une société de transport ardennaise.
3-As-tu des sponsors ?
Effectivement, j’ai depuis peu la chance de pouvoir vivre un rêve éveillé en ayant intégré une prestigieuse firme anglaise, dont la qualité des appâts ne laisse plus aucune place aux doutes, car je les utilise avec succès depuis mon plus jeune âge.
Hormis NUTRABAITS, j’aime tout de même avoir la jouissance d’une certaine liberté quant à mes choix, sans être obligé de devoir rendre des comptes à qui que ce soit.
Rebelle dans l’âme, j’effectue donc mes achats en fonction de mes réels besoins, sans faire de discrimination par rapport à telles ou telles marques. “J’aime rester libre”.
4-Plutôt pêcheur de longues sessions ou adepte de pêches rapides ?
Lorsque j’étais plus jeune, je considérais que pour devenir un bon forgeron, je devais nécessairement forger plus que de raison.
De nature excessive, j’ai déserté les bancs du collège pour celui de mon siège de station que je traînais sur toutes les berges possibles.
Cette tendance a d’ailleurs perduré jusqu’à mes trente ans, où, et ce, malgré ce que certains pourront en penser, je délaissais prioritairement le travail pour pouvoir aller pêcher à plein temps. « Vivre de pêche et d’eau fraîche ! ».
Mes sessions carpe commençaient donc le dimanche et se terminaient le dimanche suivant, à midi.
En fait, je ne rentrai que par stricte nécessité, juste pour me doucher et refaire le plein de provisions et d’appâts.
Bien qu’elles m’aient vraiment permis d’évoluer, elles m’ont également fait prendre conscience qu’il était tout à fait possible de réussir en ne pratiquant que quelques heures par jour.
J’ai d’ailleurs fait la connaissance, par la suite, de certains pêcheurs qui m’ont ouvert l’esprit sur une technique que j’expérimente encore aujourd’hui, et qui me permet désormais d’être encore plus performant lors de mes pêches de courte durée (n’excédant généralement pas les trois jours).
5-Niveau destination, tu es plutôt privé ou public ?
Peu importe, d’une manière générale, j’aime beaucoup le challenge et réussir là où tout le monde échoue.
D’ailleurs, mes capots entretiennent la flamme, et comme le dit si bien ce dicton « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
D’une manière plus philosophique, nous pourrions également dire que nous ressortons toujours victorieux de nos défaites.
6-Tu es du style à benner lourd ou préfères-tu des amorçages légers et ciblés ?
Partant du principe simple que je ne vais pas à la pêche pour nourrir les poissons, mais avec l’espoir de pouvoir en leurrer quelques-uns, le chemin qui mène à mon épargne est court, car mes dépenses sont forcément réduites et me permettent ainsi de faire de réelles économies.
Le second paramètre qui vient renforcer ce principe est que je ne pêche qu’à deux cannes, voire une, donc oui effectivement mes amorçages sont généralement légers et ciblés.
En fait, je mets en place des stratégies qui me permettent de garder le poisson actif et présent sur mes zones de pêche, sans avoir à… (la suite au prochain épisode).
7-Côtés présentations, tu es plutôt dense ou flottante ?
J’ai longtemps cru à tort que la densité d’une bouillette dense avait la particularité d’améliorer le fonctionnement de mes montages.
Effectivement, en toute logique, lorsqu’une carpe aspire une dense, la difficulté qu’elle peut rencontrer lors de cette aspiration est forcément plus conséquente qu’avec une bouillette flottante.
Dans mon esprit, cette difficulté s’appliquait également lors du rejet, mais il n’en était rien, et je dirais même que c’était tout le contraire.
D’ailleurs, il suffit d’observer les poissons se nourrir dans leur milieu et en aquarium, pour s’en convaincre !
De ce fait, j’équilibre systématiquement tous mes appâts, qui doivent être capables de décoller le plus rapidement possible lors de l’aspiration.
Dans ce cas précis, j’ai par ailleurs constaté que l’utilisation d’un cheveu très souple s’avérait être utile, complémentaire et extrêmement efficace.
Les avantages qu’un appât équilibré peut nous apporter sont nombreux…
8-Quel est ton montage de prédilection ?
Inconditionnel du montage au cheveu, un simple nœud sans nœud réalisé à l’aide d’une tresse souple reste mon montage de prédilection, pas de tarabiscotages !
Cependant, le soin que j’apporte à sa réalisation est à la hauteur de ma personnalité : très exigeant ! Je ne laisse rien à la merci du hasard, “simple, mais réfléchi”.
Exemples : si j’ai le moindre doute sur la perfection d’un nœud, je le refais sans hésiter. Sur le piquant de mon hameçon : poubelle !
9-Ton appât préféré ?
Sans conteste, des bouillettes de qualité, et de préférence, celles que j’aurais pris soin de rouler !
La raison : le capital confiance qu’elles m’apportent…
10-Quel matériel emploies-tu ?
Deux cannes me suffisent, car elles me permettent de ne pas trop mettre de pression sur mes zones de pêches, et elles me garantissent également d’obtenir de meilleurs résultats…
Pour ce faire, j’ai en ma possession des cannes Léon Hoogendijk N-POWER GENIUS XP 12’6 / 3.5 lbs, équipées depuis peu de moulinets Daiwa Emblem SCW QD OT.
11-D’après toi, quelles sont les qualités essentielles pour être un bon pêcheur de carpe
Savoir accepter de se remettre en question, et admettre quand nous faisons fausse route.
À titre d’exemple, j’ai rencontré des personnes ayant des approches et une réflexion très intéressantes qui sont parvenues, malgré moi, à remettre en question mes nombreuses années de recherches.
Contrairement à certains, je ne manquerai pas de mentionner leur talent dans mes prochains articles, et même reconnaître ceux, qui parmi eux, pêchent beaucoup mieux que moi, et ils sont nombreux !
Il ne faut pas que de l’honnêteté intellectuelle pour le faire, mais aussi savoir faire preuve d’humilité.
D’une manière générale, un bon pêcheur doit porter un profond respect aux poissons, quel qu’il soit !
Être respectueux d’autrui, de son environnement, rester lucide et simple : deux principes incontournables sur lesquels on peut toujours s’appuyer, ce merveilleux cocktail qu’un célèbre pêcheur appelait à l’époque : l’élixir de bon sens… Il se reconnaîtra.
12-As-tu un mentor, un pêcheur qui t’a fortement influencé ?
Non pas réellement de mentor, hormis peut-être celui qui ne m’a jamais ménagé, parfois même poussé dans mes pires retranchements pour que je puisse être capable de vous écrire ces quelques lignes aujourd’hui… Il se reconnaîtra.
Concernant les pêcheurs qui m’ont beaucoup influencé, ils sont au nombre de deux : Léon en premier lieu et Alexandre (un ami d’enfance) qui avait le don de me mettre les nerfs en boule, tant ses résultats étaient déconcertants par rapport aux nôtres.
Cela dit, il m’a également poussé à me surpasser !
13-Quel est ton regard sur les réseaux sociaux ?
Comment pourrais-je cracher dans la soupe !
Les réseaux sociaux souvent décriés à tort sont de merveilleux outils lorsqu’ils sont utilisés à bon escient, ils permettent à des parfaits inconnus (marque comprise) de partager et se faire connaître ou reconnaître, sans avoir à débourser un seul centime, pourquoi sans priver !
14-Comment envisages-tu l’avenir de la pêche de la carpe en France ?
Je n’ai pas vraiment envie de l’envisager, mais objectivement, je pense que de moins en moins de jeunes gens pratiqueront la pêche de la carpe dans les années à venir.
D’ailleurs, toutes les pêches connaissent un sérieux déclin du nombre de leurs pratiquants, celui des enduros n’est également pas épargné et ne cesse d’être revu à la baisse, un facteur témoin de la popularité de notre pêche.
Sans oublier, la pêche de nuit et l’appauvrissement de nos cours d’eau publics qui sont deux autres problématiques, que je me proposerai peut-être d’aborder dans de prochains articles…
15-Des projets ?
M’investir activement pour les personnes qui m’accorderont leur confiance, sera ma seule préoccupation… et CARP LSD en fait parti.